home to another one (norialex #1)

Ça, c'était la réaction espérée. Juste ce qu'il faut pour l'irriter et le faire rire. La bouffe vietnamienne commandée, je me penche pour attraper la télécommande de la télé et l'allumer, pour faire passer le temps et l'attente de la nourriture. Je regarde Alex du coin de l'oeil, essayant de me faire discret dans mes regards. Does he know? J'ai même pas envie de répondre à la question, ni même de la lui poser. "Merci, tu m'arranges grave. Je te revaudrais ça et les 400 autres fois que je te dois." Sourire en sa direction. Je soupire quand je repose mon regard sur la télé, essayant de trouver autre chose que BBC News qui n'arrêtait pas de parler de la réélection de l'autre canard à l'orange. J'ai pas demandé une seconde chaîne à la Fox News, ça a l'air plus fort qu'eux. "T'as pas eu la flemme de faire le linge comme ta flemme de remplir ton frigo, au moins ? J'aimerais bien ne pas réutiliser le même caleçon deux jours de suite, si tu vois c'que je veux dire." Et pile quand j'ai fini ma remarque, ça sonne à la porte, puisque c'est sûrement le livreur. Je laisse Alex se lever pour récupérer la bouffe, puis la poser sur la table. On perd pas de temps pour déballer et sentir la nourriture sous notre nez. "Merde, j'en rêvais depuis des jours, ça fait du bien." En plus, ça réchauffait de dingue vu les températures dehors. Je prends un rouleau de printemps que je trempe dans ma soupe, puis je croque dedans comme si ma vie en dépendait, lâchant un soupir de satisfaction derrière par la même occasion. "Si t'aimes pas, je tape les restes comme un ogre, t'en fais pas pour ça."

Il allait vraiment me rendre dingue un jour, dans tout les ens possible du terme. non déso, la lingère est pas passée, je me suis jamais servi d'une machine à laver le linge mon ton sarcastique répond clairement à sa question. Je n'étais certainement pas le meilleur pour remplir mon frigo, mais je devais quand même entretenir un minimum l'appartement, et ça comprennait le linge. De toute façon, avec la possibilité de voir mes parents débarquer du jour au lendemain, je préférais garder un appartement ordonné et propre que de risque de me faire tirer les oreilles par ma mère.
Je suis raisonnable, je devrais réussir à finir mon assiette c'était pas totalement vrai et Nori finirait certainement par engloutir la fin de mon plat. Est ce que je me sentais mal d'avoir commandé à manger alors que je n'avais pas eu le temps d'aller faire du sport depuis plusieurs jours? oui. Mais je pourrais certainement compenser en allant à la salle plus souvent une fois mes rendu passé.
Comme prévu, je n'arrive à avaler que la moitié de mon plat que je fini par pousser dans la direction de Nori avant de me laisser tomber contre le dossier du canapé, laissant échapper un long soupire.
je note l'adresse pour la prochaine fois, t'as vraiment des adresse incroyable

Bon, ce qui me rassure, c'est qu'il fait quand même l'effort de faire des machines et qu'il demandait pas à un valet de débarquer chez lui pour s'occuper des caleçons sales et des chaussettes dures comme du roc cachées sous le lit. Puis, la faim l'emportant, on commence à manger comme un troupeau de lions à jeun depuis des jours. J'engloutis ma soupe pho comme si ma vie en dépendait, ne prêtant même pas attention au programme sur lequel je m'étais arrêté. Mon corps se réchauffe petit à petit, comme si mes éraflures à vif n'étaient qu'un mauvais souvenir datant de quelques jours. Quand Alex pousse le reste de son takeout dans ma direction, je lâche un sourire en coin parce que c'était sûr qu'il n'allait pas tout finir, même avec ce qu'il disait plus tôt. Je viens chercher une crevette qu'il a laissé dans un coin de son bol en carton, la tenant par le bout de la queue avant de croquer au plus près pour en laisser le moins possible. "C'est l'un des meilleurs points quand tu..." Et si j'allais dire quand tu sors avec, je me suis arrêté presque illico presto. "...quand t'es pote avec un livreur." Pourquoi l'amour c'était aussi compliqué ? Ça me cassait les couilles. Je sais même pas si c'est réciproque ou si c'est juste pour le sexe. Ce qui serait pas étonnant, au vu des relations passées que j'ai pu avoir ; homme comme femme. "Dis, j'suis étonné, ça fait un bail que t'es pas sorti en soirée. Tu me racontes même plus tes aventures d'un soir comme si c'était les ragots de la semaine." Juste dans l'idée de tester les eaux et tester la jalousie, en vérité. Entre nous, oralement, on s'est clairement dit qu'on aimait juste s'envoyer en l'air et c'est tout. Mais et si ?

C'est vrai que je ne lui avait plus raconté mes fameuses aventures, c'était surtout parce que j'y mettais plus les pieds depuis un bon moment. "Certainement parce que j'ai plus d'aventure d'un soir depuis quelques temps." depuis qu'on se fréquente plus régulièrement qu'un couple à vrai dire, mais je garderais ce commentaire pour moi. Est ce que j'allais m'inventer une excuse et dire que j'étais débordé de travail? Je pourrais, mais j'aimerais pouvoir être honnête avec lui. Une pensée me traverse alors l'esprit, je tourne mon regard vers lui, un léger sourire en coin. Pourquoi? Mes galères relationnelles t'intéressent tant que ça? Galère que je m'imposais soit dit en passant. J'étais tellement obstiné à l'idée de suivre le chemin tracé par mes parents, par mon père que je m'étais convaincu qu'une relaiton avec une fille pourrait marcher. Ma première rencontre avec Nori en était bien la preuve non? Et c'était d'ailleurs par pure amitié que j'étais venu le chercher sur ce trottoir alors que j'avais clairement d'autre chose à faire, et que je venais de passer les 10 dernières minutes à chercher un magasin de sport dans le coin pour aller lui acheter un nouveau vélo.

Je dois faire taire l'énorme rôt qui veut sortir, essayant de l'étouffer avec quelques toussotements. Comme si j'avais jamais sorti ce que je viens de sortir à Alex. Comme si j'avais sous entendu que j'étais secrètement amoureux de lui et pas depuis hier. "Eh, tu me surprends, c'est inhabituel." Comme si je lâchais pas une pointe de jalousie au passage. Je mens mal. Ça fait mes affaires. "J'me souviens surtout qu'inviter des gonzesses dans ton appart c'était commun quand on s'est connus. Tu bouffes trop de copies en économie pour pas te préoccuper de ça ?" Ou il a sûrement des vues sur quelqu'un d'autre. Et là, ça ferait pas mes affaires. Hé, j'ai dit que j'étais pas jaloux. Je suis pas jaloux. Je. Suis. Pas. Jaloux. "Tu veux peut-être juste pas avouer que t'as un crush gigantesque sur une gonzesse de ta promo ?" Je dis, avec une pointe de teasing dans ma voix. Allez, j'essaye de te tirer un peu les vers du nez, lâche une info, j'ai besoin de savoir, t'es chiant à être aussi impossible à lire qu'un bouquin de médecine de sixième année...

Je me retiens de rire à ses commentaires, comme si à nous deux on avait pas un déficit en vitamine D équivalent à celui du comte Dracula. Déjà oui, j'ai plus de date avec les rapports d'activités et les bilans annuels fictif de mes cours qu'autre choseet puis c'était moins intéressant que de passer mes soirées avec lui et puis j'ai plus envie d'aller en soirée parce que je suis mieux assis sur mon canapé à discuter avec lui que de faire semblant d'apprécier des gens qui pètent plus haut que leur cul.
Je lève les yeux au ciel, un crush sur une meuf de ma classe? Il est définitivement ravagé le pauvre.Si tu veux tout savoir, oui j'ai un crush, mais pas sur une meuf de ma promo ni un gars d'ailleurs mais je te dirais pas qui c'est un rateau était la dernière chose dont j'avais besoin ce soir, si on pouvait juste kiffer la soirée devant un film de Noël bien nul et aller se coucher à une heure peu respectable ça m'allait tout autant.

Bilan fictif de la soirée : la Nori Nation isn't doing good, le crush qui se remarque clairement comme si c'était deux écoliers amoureux n'a pas l'air de prendre pied. "T'as besoin de contacts pour des soirées étudiantes, au lieu de soirées de riches coincés du cul qui vont juste parler du business de ton daron et rien d'autre ?" Un peu comme si c'était un morceau de viande qui allait être déchiré avec des crocs une fois les études finies. Alors que je lui balance une énième pique sur sa vie amoureuse, je me relève pour aller dans le placard où je peux habituellement trouver mes affaires, pour en tirer un jogging et un t-shirt clairement trop large qui lui appartenait. "Je vais appeler l'école, j'ai retrouvé le fourth grader qui s'est échappé de la colonie de vacances au Public Garden." Parce que sur le coup, on dirait juste une petite écolière frustrée. "Allez, balance ton crush, j'vais t'arranger un date et te trouver une bonne adresse pour manger derrière." Et si je pouvais le hurler ; ça aurait dû être MOI. Silent screaming intérieur de jalousie. Tu veux bien avouer maintenant que je puisse paraître comme un poisson hors de son bocal et faire comme si j'avais été trop loin dans mes paroles juste parce que je veux pas avouer t'avoir poussé à bout pour des conneries aussi futiles que le fait de t'aimer ? pause. C'est pas futile. "Bon, le temps que tu te décides, j'vais débarrasser la table et la nettoyer, après on se met un film bien daubé pour finir la soirée et s'endormir comme un vieux couple devant The Young and the Restless."

J'observe Nori se servir dans ce qui est devenu son placard, puisqu'à force il a bientôt la moitié de ses affaires chez moi. Est ce que ça c'est pas un move de couple, laisser ses fringues chez l'autre "au cas où". Je me retiens de soupirer et de rouler des yeux. le fourth grader t'emmerde cordialement et avec amour. Pourquoi un truc aussi simple était si difficile à dire?
Si j'avais eu un minimum de courage, je lui dirais clairement que c'est lui qui fait chavirer mon coeur depuis le jour où il a livré cette pizza à la con, et que depuis je m'arrrange pour que ce soit toujours lui qui se charge de mes livraisons parce que la simple idée de le voir devant ma porte me donnait des palpitations.
Je le regarde débarrasser la table, laissant un rire m'échapper attends au moins que je te déclares ma flamme avant de nous traiter de vieux couple par pitié Est ce que je venais vraiment de dire ça? Au vu du feu de forêt qu'était devenu mon visage, ouais visiblement j'avais dis ça. Au pire je dirais que c'était une blague non? finalement le rateau c'était certainement pour ce soir, what a great night

Voilà, ça, c'était la réaction d'écolière un peu frustrée que j'attendais. M'occupant de regrouper les déchets sur la table, que ce soit les baguettes en bambou, les bols en carton, les serviettes ou le boba tea que je finis de boire au passage, je m'arrête net à ses paroles. Je m'étouffe à moitié avec une boba ball que je réussis à recracher dans un bol vide, puis je tourne les talons comme si je n'avais rien entendu. "J'espère que j'ai mal entendu." Ou pas. Est-ce qu'il vient seulement de me balancer out of the blues comme ça que son crush il était sur moi ? Genre, comme ça ? J'essaye de chasser ça de ma pensée en mettant les déchets à la poubelle avec le plus de boucan possible, pour combler le silence à la con qui était en train de s'installer entre nous. "Parce qu'en vrai, à part baiser, laisser du linge chez toi, squatter ton pieu, ta douche, manger dans ton frigo, faire ta vaisselle, utiliser ton rasoir électrique le lendemain matin..." Et je continue à énumérer les tâches comme si c'était une liste de course, pour chasser le blanc qui s'installait dans la pièce. "...laisser mon vélo complètement défoncé dans le coffre de ta caisse à six chiffres, m'occuper de mes blessures comme si j'étais une demoiselle en détresse..." Un moment pour réfléchir. Je reste en mouvement, allant chercher le paquet de cigarettes dans mon sac à bandoulière pour m'en griller une au bord de sa fenêtre. "...avoir mon propre cendrier au bord de la fenêtre de ton salon..." Et j'ai oublié un truc important, laissant un moment de pause dans mon flot de parole ininterrompu sur ces quelques dernières minutes pour en sortir deux bières dans son frigo. "...avoir ma marque de bière favorite dans ton frigo..." J'apporte la sienne près de lui, la décapsulant avec ma bague en acier. "Ouais, je crois clairement qu'on est déjà un vieux couple. Sans l'être. Tu veux toujours que du sexe entre nous ?"

ouch? au moins je m'étais pas trompé sur l'issue de la conversation... quoi que? Je l'écoute déblatérer, énumérer toutes ses choses qui sont devenues normale pour nous, mais qui pour n'importe qui d'extérieur à notre soit disant amitié nous transformerait automatiquement en couple. Je le laisse continuer jusqu'à ce qu'il me pose la question. et toi? tactique nulle pour gagner quelques secondes avant de moi même débiter mon monologue. d'après toi pourquoi je sors plus? mh? juste parce que j'ai trop de travail? comme si ça m'avait dérangé avant. Je vais plus en soirée parce que je préfère mille fois passer mes soirées avec toi sur le canapé à matter des films de Noël en boucle. J'ai ta marque de bière préférée dans mon frigo parce qu'au moins comme ça, ça te retiens ici 5 minutes de plus. T'as un cendrier sur le bord de la fenêtre parce que je sais que c'est pas demain la veille que tu vas arrêter de cloper, mais je m'en fiche parce que c'est toi Alex, c'est le moment de porter tes couilles pour de bon. Au pire quoi? Je me prendrais une claque et je le reverrais plus jusqu'à ce qu'il me réclame ses affaires. pour répondre à ta question, non. Je veux plus. Je veux plus être "juste un pote" avec qui tu finis au pieu 4 soirs par semaine. Je veux pouvoir avoir une vraie relation, comme dans les film à l'eau de rose qu'on termine jamais oh mon dieu ferme la Alex tu deviens romantique je veux pouvoir t'inviter au resto sans me dire que ça peut être ambigu, j'ai envie de te faire découvrir des coins où t'as jamais mis les pieds Je m'emballais et ça n'allait rendre la chute que plus difficile. Alors maintenant je te retourne la question Nori, toi qu'est ce que tu veux?