home to another one (norialex #1)

Si la soirée était déjà bien pourrie comme il faut, entre le surplus de livreurs et des commandes à livrer à l'autre bout du quartier, il a fallu qu'un chauffard me fasse perdre l'équilibre alors que j'avais les boissons dans une main et le reste dans le sac. Aux premiers regards et premières réactions, j'ai rien de cassé mais je me suis sûrement bien éraflé la peau par endroits ; en plus d'avoir un peu le goût du sang dans la bouche. Je me relève en soupirant, récupérant mon vélo complètement foutu par l'opération, pour me positionner sur le trottoir avec le peu de la commande qui reste. D'abord, j'appelle le client pour lui dire d'accepter l'annulation parce que j'ai eu un accident ; puis j'appelle Alex, qui habite à deux pâtés de maison d'ici, pour me récupérer vu l'état dans lequel je suis. "Alex ? Tu peux venir me récupérer ? J'ai eu un accident avec un fils de pute qui a pas regardé sa route. J'ai rien de cassé, pas de panique." Et après quelques banalités échangées, je raccroche pour lui envoyer ma position gps.

Il a pas mit bien longtemps pour arriver, s'arrêtant juste en face d'une sortie de garage le temps que je cale ce qui reste de l'épave à roues dans son coffre et que je monte à l'avant. "Merci, tu me sauves une soirée aux urgences et une facture de deux mille dollars d'ambulance, surtout que c'est que des égratignures." Parce que si j'avais pas arrêté des passants en disant que c'était que superficiel, mon compte en banque serait déjà en train de pleurer. "Putain, quelle soirée de merde."

@Alexandre De-La-Croix

La soirée se déroulait normalement de mon côté, j'étais en train de terminer mes derniers rendu de la semaine et de réviser pour mes évaluations, le tout en oubliant de manger évidemment. J'étais tellement concentré sur mes pages griffonnées que la sonnerie de mon téléphone me fit décoller de ma chaise. Un appel de Nori à cette heure n'était pas surprenant, quoiqu'il était un peu tôt tout de même.
J'avais peut être eu l'air calme au téléphone, mais je n'étais jamais calme quand il s'agissait de lui, surtout quand la conversation commençait par "j'ai eu un accident" ou quelque chose dans le genre. Si ça ne tenait que de moi, je l'aurais emmené aux urgences pour vérifier que tout allait bien, mais je pense qu'il m'arracherait la tête si j'osais prendre la route de l'hôpital avec lui en passager.

J'étais arrivé à sa localisation en 5 minutes à peine, il avait chargé son vélo, ou plutôt les restes de son vélo, dans mon coffre et il était maintenant assis à côté de moi sur le siège passager.
T'as encore des livraisons ce soir?
Même si j'étais né avec une cuillère en argent dans la bouche, je connaissais la situation de Nori, je savais qu'il pouvait difficilement se permettre de louper un jour de travail. Et puis c'était Nori, je pouvais bien abandonner mon travail quelques heures pour qu'il termine ses livraisons de la soirée.
Sinon on peut aller chercher de quoi te raccommoder et rentrer chez moi?
Vu l'état de mon armoire à pharmacie, il était mieux pour un étudiant en médecine qu'il ne tombe pas sur mes médicaments périmé et mes pansement paw patrol et reine de neiges...

@Noriaki Nomura-Chavez

Prenant un gros soupir une fois posé sur le siège passager, je ferme les yeux un court instant pour me recentrer sur moi et l'instant présent. Faire tourner la situation en boucle dans ma tête va certainement pas aider. "Nan, y'avait rien d'autre de prévu. Surplus de livreur, c'est la guerre pour chopper des commandes." Et en soi, ça m'arrangeait de couper court à la soirée parce que poireauter dehors alors qu'il fait froid était pas une partie de plaisir. "Ouais, on va plutôt faire ça. J'ai des doutes que t'aies juste de quoi désinfecter." La route jusqu'à la pharmacie de quartier n'est pas très longue, mais elle m'aurait surement épuisé si j'avais fait ça tout seul dans mon état. Je descends chercher le nécessaire avec les pourboires de ce soir qui passent dedans, puis on se dirige vers son appartement, dans le silence, parce que j'ai pas envie de passer ma soirée avec lui à râler. "J'emmènerai le vélo à la casse demain en rentrant des cours, si ça te dérange pas de garder la carcasse quelques heures." Et puis à peine arrivés, je pose mes affaires à l'entrée et je m'écrase dans son canapé sans penser à autre chose. "T'sais quand même que tu m'as rendu un service énorme ? J'ai arrêté de compter les faveurs que j'te dois, je serais pas sorti sinon." Et c'est presque malaisant de savoir que je lui dois autant de choses alors qu'il aurait juste pu dire non.

Je laisse Nori s'écraser sur mon canapé pendant que je ferme la porte derrière nous et je me retiens de rouler des yeux à son commentaire.
ça tombe bien, je compte pas non plus. Et tu sais très bien que si j'vais pas envie de venir, tu serais encore assis par terre à te geler le cul toujours dans la finesse, mais il était habitué. Je m'installe à côté de lui sur le canapé, me laissant glisser sur les coussins pour poser mes pieds sur la table basse.
il te faudra bien un nouveau vélo non? Il me semblait peu probable qu'il ai de quoi se payer un vélo digne de ce nom, moi par contre, même si je n'y connaissais rien, je pouvais me le permettre. Il fallait aussi que je trouve un moyen de lui payer ce qu'il venait d'acheter à la pharmacie, j'était quasiment certain qu'il allait refuser si je ne faisais qu'évoquer la possibilité de lui rendre ladite somme.

@Noriaki Nomura-Chavez

L'élégance et la finesse de ses mots étaient toujours aussi surprenantes, c'est peut-être pour ça que je l'adorais, au fond. Il était peut-être richissime, mais il était loin d'en donner l'impression. "Merci de penser à moi en ces temps ô combien froids, c'est agréable." Je dis, en rigolant, pour faire opposition à son langage familier. Je grimace quand je le vois poser les pieds sur la table basse, parce qu'il sait bien que je suis trop petit pour faire ça. "Ça ira, je vais bien en trouver un d'occasion sur internet ou sur le marketplace facebook. Avec l'argent de la casse, ça fera un peu de fric en moins à dépenser." Lâchant un énième soupir, je me redresse pour enlever quelques couches de vêtements, voir ce qu'il en est de l'état de ma peau qui a sûrement dû coller aux fringues par la même occasion. Je me penche pour attraper le petit sac CVS pour en sortir le désinfectant et les compresses. "Tu veux bien le faire à ma place ? Je crois que ce sera plus facile de voir où est-ce que je me suis éraflé." Parce que c'est tout le côté droit qui a mangé le sol. "Tu te souviens comment il faut faire ?"

J'avais la réponse à ma question, et je savais déjà quel détour je ferais demain en le ramenant chez lui. S'il voulait continuer à gagner un peu d'argent, il lui faudrait un vélo neuf, pas une épave du market place.
Je laisse mes yeux trainer sur lui alors qu'il retire ses vêtements, non je ne me cache même pas, il sais très bien ce qui ce passe à ce moment là dans ma tête.
il va sûrement falloir que tu me ré explique deux ou trois truc Je dis avant de me lever pour aller me laver les mains. ça fait partie des rares choses dont je me souvienne, toujours se laver les mains avant de manipuler quoi que ce soit.
la vache, tu t'es pas loupé le pauvre a tout le côté droit à vif, j'ose à peine imaginer à quel point il doit passer un bon moment.
Je m'assied à côté de lui sur le canapé, il a déjà sortit tout le matériel, il ne me reste plus qu'à me débrouiller pour qu'il ne fasse pas une attaque en constant que je ne me suis pas amélioré depuis la dernière fois.
Par quoi je commence?
@Noriaki Nomura-Chavez

Alors que je me désappe, il a l'air d'avoir au moins retenu de se laver les mains bien comme il faut avec du savon, des poignets jusqu'entre les doigts, sans oublier les pelles à merde qui servent d'ongles. "OK, alors, les compresses, tu touches pas le milieu, juste les coins. Après les avoir imbibées de désinfectant, tu les prends en parachute et t'evites de me faire hurler. Donc pas brutasse comme tu sais le faire au pieu." Ça, c'était personnel. "C'est à vif mais sûrement pas ouvert partout, tu te concentres surtout sur les plaies, le reste dans deux jours ce sera déjà plié." Je le laisse ouvrir les sachets de compresse, mettre du désinfectant et suivre mes instructions orales pour qu'il sache comment faire. Je lui dis de commencer par le bas, notamment le genou qui était plus à vif que le reste, puis le reste. Il s'y prend plus doucement que la dernière fois, je crois que l'avertissement perso un peu plus tôt a dû aider pour pas qu'il fasse de conneries. "Et pansements juste ce qui est un peu plus grave. le reste on s'en fout." Et une fois qu'il a fini, il reste plus grand-chose de ce que j'ai acheté, juste du désinfectant, un pansement ou deux et des compresses. Je lui dis qu'il peut les garder. "T'as pas un reste de bouffe dans ton frigo ? J'ai rien mangé, je suis complètement affamé."

Je suis ses instructions à la lettre, si bien qu'après un moment il est presque couvert de pansment. Et il n'a pas hurlé, ça doit vouloir dire que je me suis amélioré non?
il doit me rester un fond de pâtes, je sais pas si ça t'emballe, sinon je peux aller chercher quelque chose
Il était hors de question que je passe commande et que je laisse un pourboire à un autre livreur que Nori. Et autant dire que mes skills en cuisine étaient aussi bon que mes skills d'infirmier. En attendant qu'il se décide, je range les quelques compresses et le désinfectant qui reste dans le sac cvs, il faudrait que je pense à les ranger dans mon placard à côté des pansement paw patrol.
Je m'affale à nouveau sur le canapé à côté de lui, tirant la table basse vers nous pour qu'il puisse poser les pieds dessus cette fois. J'aimais bien l'emmerder sur sa taille, mais la situation ne se prêtait que moyennement à ce genre de blague.
ça va? t'es pas trop mal installé avec ton côté momie?

C'était pas vraiment surprenant qu'il ait rien dans son frigo, parce qu'entre le restaurant et les takeout, il ne mangeait pas grand-chose chez lui et ça ne faisait que se confirmer avec ce qu'il vient de dire. Pendant qu'il débarrasse la table basse, je réfléchis à ce que je pourrais bien commander ; parce qu'en vérité, avec tout ce qui m'arrive de livrer, je connais beaucoup de petites adresses et autres restaus obscurs un peu bouiboui qu'on ne soupçonnerait jamais de faire des trucs aussi bons. Je lâche un ronchonnement qui s'apparente plus à un rire à sa remarque. "Ce qui est bien, c'est que si ça avait été toi, on aurait dû utiliser deux fois plus de matériel en plus de te mettre un torchon dans la bouche pour que tu la fermes tellement t'es une chochotte." Et ça, j'en étais presque certain. "Il y a un super restau vietnamien dans ta rue, ça te tente ?" En vérité, rien que de penser à leur soupe pho, mon appétit grandissait encore plus qu'il ne l'était. Quand il sort son téléphone pour passer commande, je lui donne le nom de l'établissement puis ce que j'aimerais bien manger. Pendant qu'il commande ce qu'il veut à son tour, je me permets de regarder les notifications sur mon téléphone, que ce soit sur instagram ou sur discord, racontant mes péripéties au passage. "Je peux rester à pieuter chez toi ce soir ? J'ai la flemme de rentrer."

Je hausse un sourcil à son commentaire. La légende des petits colériques est définitivement vraie. je t'emmerde je réponds avec un rire. Qui aurait pu croire qu'avec nos situations si différente on s'entende si bien.
va pour le vietnamien Je passe rapidement la commande, sans même regarder le total, il ne reste plus qu'à attendre que la nourriture vienne à nous.
évidemment, tu sais qu'il y a assez de place ici comme si j'avais eu l'intention de le ramener chez lui avant demain matin. Si notre relation se tenait à une "simple" amitié avec quelques bénéfices (qui devenait assez fréquent on va pas se mentir), j'étais à peu près certain qu'il pouvait me demander n'importe quoi et que je lui donnerais sans même y réfléchir. Je ne voyais pas dans sa tête, dieu merci, mais j'espérais que ce que je ressentais pour lui soit au moins un peu réciproque et que je n'étais pas que son pote riche qui lui rendait des services quand il en avait vraiment besoin.
Après quelques minutes d'attente, on sonne à ma porte, annonçant l'arrivée de mon seul repas de la journée. Une fois nos sac récupéré, j'installe le tout sur la table basse, on dirait presque un banquet. bon app Nori