Un diamant d'innocence [Coopian

« T’as raison, sa façon d’y remédier était tellement… » Ce point, je lui donne, parce que c’était bien l’aspect qui m’avait fait disjonctée. Faire face à son insensibilité. Constater combien elle ne serait pas touchée par la venue d’un bébé. Qu’il soit oui ou non le fruit du péché. Mais le pire, à la vérité, c’est que des enfants, je n’en veux pas. Qu’il est ridicule, ce débat. Cela dit, ce n’est pas pour autant que Sheng se doit d’y mettre son grain de sel. C’est entre elle et moi, même si c’est n’importe quoi.

Je préfère orienter la « discussion » sur autre chose, dans tous les cas, ma vengeance personnelle annoncée à haute et intelligible voix. « Pour les revendre après ? » Les paupières plissées, non, non, pour le plaisir de les collectionner, « Les offrir à tes copi… » néanmoins il se stoppe dans sa lancée, et tente de m’achever, « Merde, excuses. » je tente de comprendre où il veut en venir, le ridicule de ses dires, « C’est vrai, j’avais oublié. » L’illumination bientôt révélée. « T’as pas d’ami d’après ce que ton frère m’a dit. » Avec nervosité, je vais griffer le côté de cou, je sais qu’il veut me pousser à bout. « Ahah. » Mais des amis, j’en ai. C’est juste que je ne les ai jamais croisés. Qu’en ligne. Et ça me suffit. « Je n’ai pas besoin d’ami, nuance. » Je me suffis. Je m’entends bien avec moi. Et ce n’est pas compliqué de me tenir compagnie. Puis si en avoir veut dire traîner avec des gens comme Tobias, non merci. Mais il me faut tout de même lui souffler, et ce coup-ci, avec sincérité. « Tu ne vas pas acheter sa bague de fiançailles en promotion, t’es pas aussi con. » Quoi que, à la réflexion…

J’ai l’impression d’avoir visé juste parce que son regard se fait fuyant, il n’observe même plus les bijoux, semble penser à un je-ne-sais-quoi et moi j’ai envie de rajouter que Quand on aime, on ne compte pas, c’est ce qui se dit, je crois. Mais je me mords la langue plutôt que de continuer, j’ai déjà beaucoup trop parlé. Je ne suis pas habituée. Je vous le jure, ça m’épuise, la sociabilité. Puis finalement tombe la réplique, qui manque out de même de créativité. « Non, la tienne voyons. » Cette blague est démodée, au début de notre entrevue, je l’ai déjà faite. Tu vois, que tu as peut-être des soucis dans la tête. Même si l’hypothèse ne justifie toujours pas, pourquoi tu t’es comporté comme ça.

Et plus j’y réfléchis, plus je me dis que ce n’était qu’un plaisir coupable, qu’une envie de faire chier. D’être le gosse de riche par excellence, cruel et stupide, je pense. « Dis-moi. » Apostrophée, j’en sors de mes pensées, sans m’attendre à la suite, ça je peux l’avouer. « Elle qui est si partante pour l’avortement, pourquoi t’es là ? » Woh. Il l’a vraiment mal pris ma réflexion sur la promotion. On en est donc au point de remettre en cause l’intégralité de mon existence. J’en suis abasourdie. « Tu parles, tu parles… » et moi je coule, purée, je me noie. Je préfère lorsque je n’existe pas. « Mais tu ne sais rien. » Il a oublié tout plein de détails, ton super copain. Je ne devrais pas, sortir de chez moi. Je ne suis pas prête à supporter ça.