Nervous System × Vahlia

Tout ce que je faisais attention, je les faisais sans rien attendre en retour. Je le faisais parce que j'en avais envie. J'avais toujours été comme ça. Aussi loin que je me souvienne. Aussi loin qu'on m'avait laissé faire. J'avais pris soin de mes sœurs de la même manière jusqu'à ce qu'on m'empêche de les voir.

Posant ma main sur la sienne pour essayer de la calmer, je m'installe quand la vendeuse s'occupe d'elle. Dans un autre contexte, je n'aurai pas été la à ses côtés. Il lui arrivait parfois d'avoir très côté purritin. Ça ne m'étonnerai même pas qu'elle ne veuille pas que je vois la robe avant le mariage. Je n'avais rien contre cette idée.

La voyant un peu perdue, je reprend la main sur la conversation avant de voir la vendeuse s'éclipser. Mon regard se porte vers Lia avant de lui demander. Tu pars sur une robe plus qu'un tailleur finalement ?

Dahlia tenait à des traditions, sans pour autant savoir pourquoi, ou dans quel mesure elle pourrait revenir dessus. Comme l’idée d’avoir la bénédiction de sa famille, ce n’est pas le passage de main qui l’intéresse, mais le soutien et l’inclusion de ses proches, ce qui reste vieux jeu. Et sur le même sujet, elle essayera ses robes avec son père et des amies à elle - si elle est assez proches pour ce qui n’est pas gagné. Mais pas V, qui lui aura la surprise à l’autel et devra verser quelques larmes. Oui, c’est non négociable, il doit être ému à ce point.

Alors que la vendeuse repart, elle se rapproche de Viktor pour attraper à nouveau sa main en secouant la tête. “ C’est pas vraiment mon truc, je sais que c’est chic.. Mais je sais pas, je replierais dessus si les robes ne me vont pas. ” Pas physiquement, tout pourrait lui aller, mais mentalment, il y a une tout autre frontière.

Questionner. Questionner tout ce qui pouvait nous entourer. Pourquoi faisait-on certaines choses ? Parce qu'on en avait envie ? Parce que la société nous demandait de faire ça ? Parce que la famille attendait que l'on fasse ça ? Cela faisait longtemps que je n'arrêtais pas de mettre en question tout ce qui pouvait être autour de moi. Et finalement ce n'était pas plus mal dans l'ensemble car je ne faisais plus que ce qui me plaisait. Evidemment il m'arrivait parfois de faire de mauvais choix et des erreurs mais c'était aussi de cette manière que je pouvais grandir. Faire des erreurs n'était pas un échec. C'était ne rien en tirer qui en était un.

Pour ce qui était des choix de Lia, ma marge d'acceptation était plutôt large. Il n'y aurait que si cela entrait en conflit violent avec mes convictions que ça pouvait devenir un sujet de discussion. J'acceptais de voir la robe seulement le jour J, ce n'était pas un problème.

Nouant mes doigts aux siens, je la regarde avec attention en continuant de caresser le dos de sa main du pouce. On verra bien ce qu'on va te trouver. Ne te force en rien dans tous les cas. On descendra à New York au pire. Montant sa main à mes lèvres avant d'en embrasser sa paume.

La brune n’était pas la plus facile à vivre. Des standard comme un plafond de verre, produit d’une vraie lutte pour s’approcher au plus près de cette vitre en espérant un jour le briser. En attendant, elle se questionne, puis se positionne sur tout ce qui l’entoure et ses objectifs. Avant même de penser à ses désirs, et c’est sûrement la plus grande différence dans la manière de penser du couple.

Un petit sourire de soulagement à ses mots, elle se sent comprise et rassurée. “ Mais j’ai pas envie de faire ça toute la journée, je suis pas superficielle au point de passer la journée devant le miroir. ” Et encore moins depuis quelques mois. Sa vision critique de son propre corps ne vaut pas le coup de la confrontation. Trop musclée, pas assez mince, pas assez de formes, pas assez de muscle pour augmenter ses performances. Elle les voudrait invisibles pour ne pas en subir la potentielle critique et seulement récolter les félicitations de ses succès sportifs.

Le bonheur avant les objectifs. C'était ma doctrine de vie depuis des années. Je ne voulais plus renier ce que j'étais pour rentrer dans un moule, des stats ou des normes. Pendant trop longtemps mon père m'avait conditionné à penser que je ne pouvais pas être le meilleur si j'étais moi. Mais c'était moi qui décidait ce que je voulais être au final et il m'avait fallu des années pour le comprendre.

Depuis ce qu'il s'était passé avec cette maudite photo, Dahlia n'avait plus le même éclat qu'auparavant. J'aurai voulu lui dire que les gens allaient oublier mais peu importe les efforts que l'on déploie, Internet n'oublie jamais. Un jour ou l'autre, cette photo pouvait très bien ressortir sans raison. Tout ce que je pouvais faire d'ici la, c'était qu'elle retrouve une confiance suffisante pour que le jour où ça arrive, cela ne lui fasse ni chaud ni froid.

On va doser dans ce cas. La tirant vers moi pour l'embrasser tendrement alors que j'entends les pas revenir dans notre direction.

Dans un premier elle s'était sentie détruite, comme si toutes ces dernières années de travail acharnés avaient volés en éclat. Même si psychiatre l'avait trouvé particulièrement refermée et fragile, ce qui avait pourtant si bien avancé. Alors, le travail pour réparer ce mal s'annonce long. Maintenant la brune peut faire semblant d'aller mieux, mais la comédie n'est pas sincère et ses proches le voient dans tous ces petits changements. Tous ces nouveaux interdit, parce qu'elle estime encore qu'elle doit contrôler les choses encore mieux pour contrebalancer. Sa psy classe encore ce mécanisme dans l'auto punition, et évidemment, Dahlia le nie.

Elle acquiesce avant de se laisser entrainer contre lui, dans un baiser tendre. Se relevant quand la vendeuse approche, ce n'était pas très décent à ses yeux une telle démonstration alors qu'ils se font servir. Leur conseillère leur montre une première et invite l'étudiante à passer en cabine. Une robe assez moulante, mettant en avant le décolleté de Dahlia d'une manière outrancière, de fine cordes habillant ses épaules en guise de sécurité. Une ouverture depuis le haut de sa cuisse. Tout cela dans un tissus Bleu Barbeau soyeux. En sortant pour enfin voir ce que ça pouvait donner, elle n'était pas très à l'aise, gardant la main devant sa poitrine, l'autre balayant les plis. " Ça ne va pas.. " Qu'elle exprime simplement en se scrutant