Nervous System × Vahlia

Le temps commençait à se rafraîchir, les journées se faisaient de plus en plus courtes. Une bonne excuse toute trouvé pour rester à l'intérieur mais pas ce matin. Prenant mon courage à deux mains, j'avais fait un sorte d'avoir une constante noire dans ma tenue avant de prendre la camionnette pour aller rejoindre Dahlia chez son père.

La musique à fond dans l'habitacle, il me fallut un petit peu moins de temps pour finalement arriver devant l'appartement. Je n'étais pas spécialement serein à l'idée de cette soirée, ce prof ne m'inspirait pas. Mais elle savait ce qu'elle faisait et je ne pouvais que lui faire confiance sur la question. L'espace d'un espace, je me demandais si je ne devais pas entrer dans son téléphone à lui, juste au cas où...

Levant le bras pour taper à la porte, je jette un coup d'œil sur ma montre pour regarder une notification avant d'attendre que ma belle vienne m'ouvrir.

Dahlia a pris sa décision au moment où elle a reçu cette lettre. Les soirées de Monsieur de Contrignac avaient une certaine réputation. Un événement festif et distingué avec un repas des plus appréciable préparé par les soins du couple. Une soirée de cluedo plongé dans une époque de poésie avec une sélection d’invités choisis par les hôtes. Des amis du couple, des élèves, des connaissances ou même collègues. Et d’après son cercle social, regroupant surtout d’autres premiers de la classe, n’importe qui n’est pas invité. Alors cette lettre, elle l’accepte, parce que les contacts et les opportunités valent bien une soirée à jouer à Cluedo. Son enseignant lui a confié le rôle de Mary Wollstonecraft ; une philosophe et écrivaine dont le féminisme a fortement construit celui que Dahlia représente aujourd’hui, avec les droits offerts par son “personnage”.

Bien sûr, elle avait tout de suite eu une pensée pour Lyssandre, qui ne comptait pas non plus sortir, celà reviendrait à le laisser seul. Il a rapidement compris. Puis, V, elle devra rater son concert. Son petit-ami ne semble pas aussi confiant dans la décision de Dahl, qui pourtant le rassure comme possible. Confiante et consciente que rien de mal ne pouvait s’y produire, et que, si l’on devait comparer les risques, c’est au bar où elle serait le moins en sécurité.

Cependant, pour cette soirée, il lui manque un costume, enfin, simplement une robe mais dont la nuance est très particulière. Connaissant le chic de la classe sociale de son professeur, elle n’allait pas s’humilier plus encore en se présentant dans n’importe quelle tenue. C’est pour résoudre ce problème que V frappe à la porte de la famille Wayne, mais seule la petite dernière était présente pour lui ouvrir, le sourire aux lèvres. “ Parfaitement à l’heure.” Et tant mieux pour lui, et pour elle.

@Viktor Jenkins

Je savais que cette soirée lui tenait à cœur. Et c'était une soirée dans son élément, il y avait des chances qu'elle y prenne du plaisir. Je ne pouvais pas laisser mon inquiétude lui gâcher la vie, il en était hors de question. Alors je ne pouvais que lui faire confiance et prendre sur moi. Non je ne lui en voulais vraiment pas pour le concert et j'étais sincère quand je disais qu'il y en aurait d'autres mais je ne voulais pas qu'elle soit blessée d'une manière ou d'une autre.

Prenant une grande inspiration, je chantonne à voix basse pour tenter de calmer une nervosité naissante alors qu'elle ouvre la porte. Le temps de prendre un café et on décolle. Franchissant le seuil de la porte, je glisse l'une de mes mains dans le bas de son dos avant de la tirer vers moi pour l'embrasser tendrement. Les lèvres rencontrant les siennes comme après une séparation beaucoup trop longue. La gardant contre moi pendant de longues secondes, je finis par la relâcher, la regardant dans ses yeux en souriant. Un ange passe avant que je ne reprenne la parole. Ne trainons pas trop ! Me permettant d'entrer avant elle à l'intérieur.

Dahlia adorait ces soirées aux robes de bals, où les conversations sont savantes, philosophiques. Où de chaque paroles peut se tirer un apprentissage. Bien-sûr, on peut apprendre de tous, mais certain ont un savoir qui rend leur discours unique, passionnant. Elle espérait donner un jour cette impression à autrui. Mais celà n’était pour le moment qu’un rêve. Tout comme celui de réveiller doucement les conscience par des histoires auxquelles ont ne peut s'empêcher de penser en sortant du cinéma. Celles qui nous ronge sur le chemin du retour, dont les questions nous font repenser nos choix au point où la seule conclusion est : je dois essayer d’être meilleure. Qu’importe la forme de ce “meilleur”.

“ Il est chaud. ” Qu’elle répond tandis qu’il se glisse contre elle, baiser échangé. Un moment qui semble si banal, mais pourtant si rare, comme si son cœur avait connu des mois d’éloignements. Elle le laisse entrer, les yeux marqués d’une tendresse amoureuse. “ On peut se permettre quelques minutes, ne t’en fais pas. ” Derrière lui, elle le laisse s'asseoir, apportant devant lui la tasse du café fraîchement torréfié. Préparé soigneusement pendant qu’il se pose. “ Tu me diras si ça t'ennuie, d’accord ? N’ayant aucunement l’envie de le trainer à ses côtés, comme un homme sans volonté.

@Viktor Jenkins

Je déteste les soirées mondaines. Où il faut apparaitre avec un sourire d'apparat à échanger avec des gens qui ne sont là que pour cracher leur mépris au visage car tu ne partages pas leur style de vie ou leur opinion. Pourtant même si je déteste ça, mon éducation japonaise m'a appris à faire semblant. Un masque d'hypocrisie à écouter des conversations pour la plupart ennuyeuse. A ne surtout pas donner mon avis sur une question au risque de me tourner en ridicule. Ne sors pas du cadre. Le clou qui dépasse appelle le marteau. Pourtant je serais capable de me tenir pour Lia si elle me demandait.

Un sourire se dessine sur mes lipes lorsqu'elle me confie que le café est déjà chaud. Effectivement je sens à présent les effluves se présenter à mes narines. Il n'y avait pas a dire, Leslie s'y connaissait en café. Mais il n'est pas ma priorité sur l'instant, trop occupé par la belle brune qui se trouvait entre mes bras. Caressant ses cheveux, je me détache finalement pour m'installer sur une chaise, le café arrivant devant mes yeux. Merci. Et ça risque pas parce que tu si tu ne trouves pas ton bonheur, on descend sur New York...

Ce rôle était facile pour elle, la petite fille parfaite, image qu’elle cultive, apprend depuis si longtemps. Au point qu'elle peut en être son propre juge et son propre bourreau. Depuis petite, des facilités en lecture, en compression, un excellent niveau en oral. Puis, une créativité, des bonnes capacités physiques. Et enfin une voix, une douceur et pourtant, une honnêteté brute. Comédie musicale, elle excelle autant dans la performance que dans le scénario, marathon, entrée à Harvard. Et tout ça sublime de l’histoire tragique que les gens s'arrachent : Dahlia n’aura pas eu la chance de connaître sa mère, et donnera tout pour la remercier de son don de la vie. Enfin, voici comment les institutions ont tourné son histoire en dossier parfait pour Ivy leagues.

Une main dans les cheveux qu’elle a choisi de laisser détacher pour le moment, mais l’élastique à son poignet laisse présager qu’il ne le seront pas pour les essayages. Son style se reconnaissait, même si il était différent. Beaucoup penseront que le pantalon droit pourtant légèrement trop grand, la chemise de soie blanche qui dépasse adroitement d’un pull en laine n’est qu’une simple tenue d’automne. Faux, c’était juste là une tenue pour temps neigeux. Mais c’était ainsi désormais. Café servi, elle regarde son homme, le sourire aux lèvres. “ Je pense pas que ce sera nécessaire, mais j’apprécie.

Pourquoi les gens cherchaient la perfection ? Pourquoi fallait il toujours être le meilleur par rapport aux autres ? Ne pouvait on pas être bon selon son propre référentiel ? J'étais persuadé que l'on pouvait trouver son bonheur sans vivre dans la comparaison. Pas besoin d'être à la première place sur le podium pour avancer. Et lorsque je voyais comme cela dévorait Dahlia, il était encore plus difficile de me faire changer d'avis sur la question.

Prenant le café entre mes mains, je fais jouer le liquide, aussi noir que ma garde robe, dans son contenant, le temps qu'il refroidisse. Observant la jeune femme qui se trouvait en face de moi, je souris légèrement. Alors, parle moi de cette soirée.

Même si Dahlia avait ce besoin assez viscérale de se rapprocher de la perfection, il est important de noter que celà est tout autant une cause qu’une conséquence. C’est sa manière de s’adapter au monde qui l'entoure, sa solution pour résoudre les problèmes déjà présents. La colère n’est pas dans la réussite, et c’est plus apaisant pour elle de travailler d’arrache pied que de se sentir si loin de son corps et son esprit, à briser ce qui l’entoure et insulter ceux qui lui sont proches.

Elle s'acoude sur la table, le regardant patienter. Elle se doutait que cette soirée ne lui plairait pas à titre personnel, bien trop ancré dans ce qu’il ne supporte pas. Mais c’est la face de cette même pièce que la brune adore. “ Mon professeur et son mari organisent chaque année, du moins depuis que je suis là mais avant aussi, une soirée cluedo pour Halloween. On raconte que le repas est super, que les invités peuvent se découvrir dans des conversations vraiment intelligentes, partager leurs savoirs et leurs passions. Je crois qu’il y a une dizaine de personnes conviées. ”

J'étais peut être mal placé pour parler. J'avais tendance à m'isoler dans le travail lorsque je ne me sentais pas bien. Que ça soit dans des lignes de codes ou des portées, tout était une bonne excuse pour éviter de me retrouver face à moi même. Face à mes pensées. Je suppose que chaque personne a sa façon de gérer les aléas de sa vie... Une méthode était elle plus valable qu'une autre ?

De ce que j'avais compris de cette soirée, c'était tout ce que Dahlia aimait. Une invitation à une soirée façon Agatha Christie et son Orient Express. L'écoutant parler, je pose mon coude sur la table avant de boire une gorgée de café qui réchauffe tout mon œsophage en passant. Elle était impatiente, c'était certain. En revanche quand elle me faisait ce genre de description, j'avais l'impression de lire en sous ligne qu'il n'était pas possible d'avoir des conversations intelligentes en dehors de ses soirées, ce qui était faux à mes yeux. C'est que des étudiants en littérature qui sont invités ou ça peut être n'importe qui ? Et pourquoi c'est si réputé, qu'est-ce qu'il a de si spécial ce prof ?

Même si la jeune femme avait pas mal de travers, elle avait aussi mis en place des solutions plus perraines. Notamment avec sa thérapeute, un travail qui a pris du temps. Dahlia étant assez susceptible et ne se laissant pas facilement être contredite ou corrigée, il a fallu beaucoup de temps pour qu’elle soit franche sur ses problèmes. Bien qu’elle reste cachotière sur certains sujets.

Parfois quand elle parle avec hâte, elle n’est pas très soucieuse de ses mots, ironique. Mais la vérité est plus nuancée, souvent, l’étudiante ne se mêle pas aux inconnus, reste sur des discussions assez futiles, excepté si l’on va sur son terrain ou que la discussion la captive, et donc, la rassure. Ce n’est donc pas une question d’une classe ou personne trop peu cultivée, mais celle de l’aisance de la brune. “ Non, ça peut-être des étudiants, comme des collègues, des amis ou de bonnes rencontres à eux. C’est un grand professeur, très respecté, un auteur avec un certain succès, un mentor qui a fait ses preuves. ” Et un homme riche, blanc. Voilà de quoi appuyer le respect auquel il aurait naturellement droit grâce à sa condition. Mais sa pertinence à su faire passer à Dahlia la qualité de son apprentissage. Elle ne le remet pas en doute, même si elle se permet d’exprimer des réserves sur son talent d’auteur.