Nervous System × Vahlia

L'écoutant détailler la soirée avec attention, je me rends à nouveau compte à quel point elle baigne dans l'univers de la littérature. Autant enfoncer une porte ouverte. Mais entre son prof, son père et ce qu'elle pouvait produire elle même, je n'avais jamais aucun lu que depuis le début de l'année.

Sortant mon téléphone, je demande à Josie de faire des recherches sur ce professeur. Ainsi que des résumés de ses ouvrages, histoire d'avoir une idée du personnage. Je reprend une gorgée avant de reposer la tasse vide sur la table. Et du coup il va y avoir toute une enquête au cours de la soirée ou il va falloir trouver le coupable ? Ça pouvait être une soirée amusante si elle était bien organisé. Je me redresse pour aller laver ma tasse avant de la laisser égoutter sur le sèche vaisselle. Je replace le col de mon sweat avant d'aller à sa rencontre. Tu es prête ?

Même si elle ne comptait pas l’évoquer, Dahlia avait bien remarqué l’appréhension de son petit ami vis-à-vis de cette soirée. Elle se doute que le contexte doit hérisser les poils de Viktor, un entre soi élitiste entre personnes dont les qualités littéraires et philosophiques sont érigées en prestige. Mais pour Dahlia, c’est une reconnaissance de son travail. Il n’y aucune raison de se méfier ni du contexte, ni des hôtes. “ Exactement, je ne sais pas si comme le jeu on aura des options où il faut trouver la bonne combinaison ou si on devra recomposer les éléments avec des indices laissés dans la scène. Je verrais bien. Mais les deux options lui allaient. Jouer à la petite détective amusera Dahlia pour la soirée, sans aucun doute. Le laissant faire sa vaisselle, elle regroupe son manteau et son sac à main. Se glissant dans ses bras un instant, elle répond : “ Oui, c’est bon maintenant. ” Après ce câlin dont elle se détache pour le laisser sortir, fermant derrière eux.

Ce n'était pas de la soirée en elle même qui crée une appréhension en moi, c'était plutôt ce qui pouvait en découler si on revenait à lui mettre ce qui avait pu se passer sous le nez. Il n'avait pas de quoi avoir honte mais c'était une épine dans le pied de Dahlia dont elle avait dû mal à se defaire. Il n'était pas nécessaire que ça revienne sur le tapis. C'était plus ça qui me faisait soucis à l'heure actuelle. Et pour les gens... Je n'avais aucune raison de juger les gens qui ne jugeaient pas les autres au premier abord. Chacun était ce qu'il était.

Ça sonne presque comme un escape game ! Je n'avais jamais eu l'occasion d'en faire mais j'en avais souvent entendu parlé. Il faudrait que je teste à l'occasion. Remettant mes chaussures à mes pieds, je passe à nouveau mon bras dans son dos pour la garder contre moi l'espace de quelques instants. L'embrassant sur le sommet du crâne à travers ses boucles brunes, je sors de l'appartement avant de l'attendre devant la porte.

La porte close, direction la camionnette ou je montais du côté conducteur. Une odeur de tabac froid flottant dans l'air. Je mets le contact et la voix de Keaton résonne dans l'habitacle. Comme par peur d'oublier le son de sa voix maintenant qu'il n'était plus là.

Elle essayait de laisser derrière elle les déboires de l’année précédente. Mais ce n’est qu’une partie superficielle qui est cachée sous le tapis, et bien que tout semble aller, il y a une légère différence. Dans son comportement, son style, ses craintes, sa confiance. Un travail qui est donc loin d’être achevé.

Elle rit; “ C’est plus comme une murder party, je pense mais je vois ce que tu veux dire. ” Jeu auquel elle avait déjà participé plus jeune, pendant une soirée d’anniversaire. Un bon moment. Sachant qu’il ne serait pas convier, elle préfère ne pas étaler à quel point il pourrait apprécier la partie enquête et jeu de la dite soirée. Un câlin, un geste réconfortant dont elle ne se lasse pas, et qu’elle demande même, sans pourtant le dire, avant de partir. Une fois la porte fermée, elle le suit sur un chemin qu’elle connaît par cœur jusqu’à la camionnette, toujours aussi laide. Une fois dedans, le visage de la brune se tire en une légère grimace. Elle se penche près de l’épaule de V, se demandant si cette odeur de cigarette venait purement de la voiture et si son homme en portait les traces et qu’elle n’avait simplement pas remarqué, quelques minutes auparavant. “ Tu as l’adresse ? ” Qu’elle demande après avoir dissipé ses doutes.

Ce n'est pas parce qu'on cache la poussière sous le tapis qu'elle a disparue. Elle restera belle et bien là tant qu'on aura pas nettoyer avec un bon coup d'aspirateur. Cela allait être une bataille de longue haleine mais je la savais capable de passer au delà de ça et puis ce n'était pas comme si elle était toute seule. Elle avait des gens sur qui se reposer en cas de besoin.

J'étais joueur, ça n'avait rien de nouveau. Même si c'était plus facile pour moi de jouer derrière un écran qu'en réalité mais un jeu restait un jeu et du moment que je comprenais les règles, je n'avais aucun mal à me laisser aller à l'amusement.

Je m'attendais à avoir un commentaire sur la dite camionnette mais rien. Surpris, voir presque déçu, un sourire se dessina sur mes lèvres alors que je referme la portière derrière moi. La voyant se pencher vers moi, je la regarde d'un air interrogatif avant de comprendre en voyant son nez se retrousser. Aucune odeur de suspecte à déclarer venant de moi. Ils ont pris l'habitude de fumer à l'intérieur, c'est pour ça l'odeur. Tu veux qu'on ouvre ? Le doigt sur le bouton, prêt à aérer l'habitacle. Yep ! Plaçant mon téléphone sur le support avant d'ouvrir l'application GPS. Nous étions à vingt minutes de notre destination avec un trafic plutôt fluide. Allons-y ! Et nous voilà sur la route.

Bien que Dahlia faisait très attention à son apparence, elle laissait son indépendance à V. Aucune envie de lui dicter comment s’assortir à elle, quoi conduire, comment parler, ce n’était pas son rôle. Malgré son caractère de petit chef, elle n’ira pas jusque là. Alors elle entre dans la camionnette, sans rien en redire. Oui c’est pas esthétique, mais elle répond au besoin de V en étant dans son budget et à partir de ce constat, elle n’a rien à dire. Puis, en toute honnêteté, si elle avait eu plus d’argent disponible, sa voiture aussi serait bien différente.

Peut-être était-ce un peu intrusif de chercher à sniffer la manche de son chéri pour être certaine qu’il ne fume pas, alors qu’elle sait que ce n’est ni dans ses habitudes, ni dans ses désirs. En tout cas, il n’est pas bien surpris, et devine tout de suite de quoi il en retourne. “ Je veux bien, oui. ” Elle n’appréciait pas l’odeur du tabac froid. Elle sourit alors qu’il installe le GPS, tandis qu’elle s’attache.
Une fois devant la boutique, elle descend, enfilant cette fois son manteau avant d’attendre V pour lui prendre la main. Elle qui avant n’aurait pas tenu en place semblait presque passive face à la situation. Elle n’avait pas si hâte, presque envie d’expédier les essayages. Et il pouvait bien voir qu’elle ne débordait pas de joie, même si elle avait ce sourire sur son visage. En entrant, elle salue la vendeuse, le ton enjoué, un grand sourire, comédienne qu’elle a été et qu’elle a su rester.

Et tant mieux car ça aurait été une guerre perdue d'avance avec le jeune homme. Assez peu concerné par l'image que les autres pouvaient avoir de lui, il pouvait sortir dans la pire des tenues sans que cela ne lui pose le moindre problème. Mais il essayait de faire attention lorsqu'il était en compagnie de sa bien aimée car cette dernière était soucieuse de son apparence et de ce que pensait les autres.

La camionnette était l'un des achats les plus utiles de ces dernières années. Et ça évitait de devoir partir à deux ou trois voitures lorsqu'on prenait tous le matos pour enregistrer. Tant pis pour son esthétique de pervers de sortie d'école. Les voitures étaient loin d'être mon domaine, la seule chose que j'attendais d'elles étaient qu'elles m'emmènent d'un point A à un point B sans tomber en pannes et sans être un gouffre financier à entretenir. Pour le reste, je laissais ça au bon soin de Dewitt.

En ce qui concernait la cigarette, je n'avais jamais été consommateur régulier. Une cigarette ou un joint de temps en temps sans réel addiction ou envie. Et si ce n'était pas bon pour la santé, ça l'était encore moins pour la voix et le souffle. Ouvrant les fenêtres pour laisser entrer l'air frais de l'automne, je retire mon bonnet pour lui poser sur la tête. N'attrape pas froid...

Sortant de la voiture en claquant la portière, je fais le tour de la voiture pour aller récupérer la main de Dahlia. Je la sens tendue. Mon pouce caressant le dos de sa main pour essayer de la calmer. Poussant la porte, je la laisse rentrer en première avant de saluer poliment la vendeuse et de demander : Bonjour, nous cherchons une robe longue bleu... barbeau ? La regardant pour l'avoir son approbation.

Un léger rire lui échappe quand son chéri lui glisse son bonnet sur la tête au feu rouge. Inquiet qu’elle n’attrape froid pendant les quelques minutes de trajet malgré son pull en laine. Une sollicitude qui la touche, et elle le signale d’un simple “ Merci mon chat. ” en ajustant l’accassoir. Ce sont ces petites attentions qui lui rappellent à quel point elle est aimée, et quand bien même elle en a conscience, c’est toujours appréciable de se sentir précieuse aux yeux de son être aimé.

Bien que la jeune littéraire ne soit pas d’une grande timidité, elle se retrouvait un peu comme une enfant qui ne savait plus vraiment où est sa place. Alors elle fait semblant, sourit, avance et masque sa nervosité. Mais la main qui se crampe autour de celle de Viktor indique très bien qu’elle n’est pas des plus à l’aise, même si les vendeuses pourraient parier l’inverse. “ Exactement, j’ai appelé hier, vers 17 heures, Dahlia Wayne ” En recherchant dans son livret, la femme redouble de bienveillance en les invitant à regarder une selection de robes. Il y avait du choix, moulantes comme bouffantes, une longueur variant entre le sol et mi-cuisse, avec des manches, sans ou tout un monde entre les deux. Avec différentes textures et détails, plus ou moins raffinés, plus ou moins aguicheur.

Le premier réflexe de la vendeuse est de mettre de côté les manteaux de ses clients et de prendre les mesures de Dahlia, et ce service surprend un peu la brune qui ne pensait pas aller dans une boutique si chic, et craignait le prix qui allait avec ce standing. “ Bien, alors, qu’est ce que vous avez en tête ? ” Demande la vendeuse, alors que Dahlia, elle, semble ne pas avoir la moindre idée.

Un sourire se dessine sur mon visage tandis que je repose mes yeux sur le feu en attendant que ce dernier passe au vert. C'était naturel pour moi d'avoir ce genre d'attention. Je me comportais avec les autres de la manière dont je souhaitais qu'on se comporte avec moi. C'était peut être pour ça que je prêtais une attention si importante à des petits détails. Est ce que j'étais en train de compenser un manque de mon enfance ? Peut être.

Dans le magasin, je la sens plus tendue qu'à son habitude. Ce n'est pas très difficile à le deviner vu la pression qu'elle est en train d'exercer sur ma main, c'est pour ça que je prend l'initiative sur la première demande avant de la laisser exprimer plus clairement sa demande. Étonné de la réaction professionnelle des vendeuses à notre égard, je tâche de me tenir droit et aimable tout en soutenant Dahlia.

M'installant dans un fauteuil mis à disposition, je regarde les propositions que l'on nous donne. Tu m'as dit que le thème c'était les années 30 en gros...?

Il a toujours été soucieux de sa santé, à ce qu’elle soit bien couverte pour ne pas avoir, à ce qu’elle se sente toujours en sécurité. Même une fois le mal présent, il fait tout pour l’aider. Bouillotte, passage à la pharmacie, aux courses, préparer une soupe, lui chanter ce qui lui passe en tête jusqu’à ce que le sommeil emporte enfin l’étudiante. Tous ces gestes qu’elle apprécie grandement, en essayant de lui rendre, plus maladroitement.

Elle s’exprime avec une aisance qui lui manque, qu’elle a perdu depuis un moment. Même si elle avait repris du poil de la bête, certaines circonstance la faisait encore se sentir vulnérable. Alors, elle s’accroche à Viktor, littéralement, le relâchant qu’au moment de retirer son manteau. Pendant que l’on prend ses mesures, il s’assoit en face d’elle. Une scène parallèle à celle d’un autre univers où elle essayerait des robes blanches. La vendeuse récupère son attention, mais la laissant au pied du mur, elle tarde à répondre. Heureusement pour elle, son petit reste attentif et reprend le fil. “ Euh.. Oui plus ou moins, c’est pour une murder party. Donc il faudrait au moins une forme qui s’en inspire ? ” Qu’elle propose plus que demande. La vendeuse sourit et s’éclipse un instant.