(coden) sun is down, freezin' cold

le chaos total, celui que tu craignais. celui que t’as longtemps cherché à éviter. à cause d’elle, de son ombre qui semblait revenir dans ta vie. dans ton couple. fichue ombre qui semblait vouloir tout bousiller. encore une fois. et si tout se répétait, que le cauchemar revenait. qu’il te rappelait que personne ne pouvait t’aimer comme tu l’avais aimée. à cette pensée, ton cœur se déchirait. t’avais envie de l’étouffer dans le plus grand des silences. de sentir cette douleur s’éteindre pour qu’à jamais tu sois purgé d’elle. cela semblait impossible, à jamais ancrée en toi. tu trainais tes jambes lourdes jusqu’à cette zone qu’il t’avait indiquée, heureusement que tu ne travaillais pas en ce jour-ci. ayant posé toute ta journée pour lui. mais l’envie était partie, toute joie aussi. et tu t’inquiétais de tout, pensées voulant retrouver leur place sans grande réussite. totalement déboussolé donc, le temps que la colère redescende. gros sentiment d’injustice de le savoir dans un état différent, d’inquiétude aussi de ne pas le sentir près de toi. car tout pouvait lui arriver. tomber sur une personne malveillante, prendre une décision stupide. tout te paraissait réellement inquiétant, comme le ciel à vrai dire. tu détestais plus que tout ce sentiment de n’avoir plus aucun contrôle. l’âme en peine, tu traversas la péniche, cherchant l’emplacement du bar. s’il n’avait pas bougé, tu le trouverais facilement. avec cette certitude qu’il pourrait jamais t’échapper, peu importe où il se trouve. peu importe son état. ombre l’enveloppant en s’approchant de son piédestal, semblant ignorer ta venue. étais-tu redevenu un étranger ? tu chassas cette pensée, l’arrêtant quand il allait saisir son verre. incapable de déterminer son réel état mental. une part de toi voulait absolument savoir, l’autre non, toujours vexé par son attitude. la main rencontrant sa peau, tu relâchas la pression pour éviter tout malaise. t’installant finalement à côté de lui, muré dans le silence, incapable de sortir le moindre son. de le regarder dans les yeux à vrai dire, sous peine de craquer.

tension dans l'air, jamais ressentie auparavant. malgré la fraîcheur, le vent qui cherchait à s'engouffrer dans les moindres recoins. néanmoins ton coeur s'allégea, de le savoir à l'abri. plus ou moins protégé par cet abri construit sur la rivière, était-ce ici qu'il t'attendait ou se cachait de toi ? les questions se bousculaient, assez nombreuses. tu avais réussi à l'oublier, à la rayer de ta vie. pourquoi revenir maintenant ? pourquoi venir gâcher sa journée ? était-ce réellement de ta faute ? tu t'en voulais pour le moment de savoir qu'elle existait encore, qu'elle n'avait pas totalement disparu. tu tuerais ta soeur à son retour, tu t'en fis la promesse. peu t'importe le prix à payer, tu voulais à tout prix que cette colère cesse, que cette douleur s'en aille de nouveau. malgré ta présence, il ne se retournait même pas, concentré sur un point invisible en face de lui. cela t'énervait mais tu ne montras rien, les traits toujours fermés, la main se refermant pour former un poing avant de te raviser. tu n'allais rien montrer, pas s'il se comportait comme un foutu mur. je vais le faire. et s'il faut te traîner ou te porter, je le ferai si tu me parles pas, si tu ne me regardes pas. du coin de l'oeil, tu savais qu'il tentait de t'éviter du regard, qu'il avait des tonnes de choses à te dire. mais tu comprenais aussi que tu n'allais pas rester dans cet état longtemps, surtout pour le regarder enchaîner verre après verre.

ce ton coupant. il te faisait presque sursauter. tu le reconnaissais pas, pas ce eben là. il existait réellement ou n'était-ce qu'un putain de mauvais tour de ton esprit ? qui le rendait plus sombre, moins chaleureux à tes soleils. tu étais perdu coda, où était-il l'eben que t'adorais ? que t'aimais tant ? était-ce toi qui venait de le tuer ? c'est très bien car maintenant je veux pas partir sans savoir où t'es. tu tentais de garder ton calme, de retrouver ce contrôle en ayant la voix la plus posée, certainement trop calme, comme déconnecté. l'était sûrement ton esprit, qui cherchait à s'éloigner de la tempête. finalement tu te mis à pivoter la tête vers lui, incapable de l'ignorer plus longtemps. de sentir cette froideur s'immiscer entre vos corps. seulement, son visage abimé par les larmes te brisa le coeur. colère devenant sourde, peinant à s'évaporer rien qu'en le regardant, ainsi tu restas muet quelques instants. les mots ne venaient pas, parvenant vraiment pas à fixer autre chose que ses lèvres qui se remuaient sans distinguer le moindre son qui sortait. tu n'avais pas tout entendu coda, incapable de rester dans cette réalité. comme si ce monde était voué à s'écrouler pour que tu ailles errer dans un tout nouveau. et si ça allait être le cas, malgré ses paroles, les dernières que tu réussis à capter de justesse. il semblait trembler de partout, faisant tomber son verre, les bras rabattus, la mine pleine de désespoir. s'apprêtait-il à disparaître, comme elle ? tout semblait se reproduire à nouveau, l'esprit complètement coincé dans un engrenage infernal. toi qui étais plein d'entrain d'habitude, vif et animé, tu redevenais cette ruine. née dans le passé, figée dans le présent et sans doute pour l'éternité. une renaissance semblait véritablement impossible. mais elle n'était pas entièrement ignorée, car tu le sentais son regard qui te sondait, te cherchant dans les méandres de ton esprit. ni complètement délaissée, ni pleinement détestée. et s'il y voyait sa jumelle, une autre étoile ? non, non, non. le risque te paraissait trop élevé, mais ta bouche refusait de t'écouter. lèvres qui remuèrent enfin quand tu croisas son regard qui te terrassa. de voir à quel point il était blessé. je t'aime, tu recommenças en comprenant que ta voix s'était enrouée sous l'émotion. je t'aime. peut-être que tu garderas dans ton souvenir ce regard t'implorant presque, le dernier que tu auras de lui. car c'était ta destinée après une telle déclaration, vouant l'autre à la disparition, toute moitié s'éteignant dans tes larmes. finalement une larme s'écrasa sur ta joue, refrénant toute pulsion pouvant te conduire à la destruction. d'assiéger le paradis pour semer derrière toi un univers de désolation.

tu te retenais surtout de fermer les yeux coda, pour ne pas le voir disparaître d'un battement de paupières. de laisser le froid s'engouffrer dans ton coeur, comme elle avait laissé les draps vides à ton réveil il y a quelques année de ça. te retenant aussi de ne pas laisser cette pulsion destructrice te gouverner, presque partant de te servir de lui ou des chaises alentour comme défouloir. forme de violence pouvant surprendre n'importe qui, impressionner même lui. ou te rendre encore plus effrayant, c'était donc à éviter. pour le moment. tu la sentais s'agiter comme une bête furieuse au fond de tes tripes. parce qu'il ne montrait aucune réaction à tes mots, l'air insensible comme elle. les traits de nouveau fermés, essuyant cette putain de larme, tu te retournas tandis qu'il se décollait enfin de son siège, ne prenant même pas la peine de répondre à sa question. tu savais plus vraiment ce qu'il attendait venant de toi, surtout si de simples mots comme je t'aime suffisaient à l'animer pour le pousser vers la sortie, rien d'autre, comme un pantin. ou comme un robot qu'on aurait matrixé pour qu'il efface ton existence. car il t'évitait, c'était parfaitement évident. alors qu'il tentait de se tenir debout, avec difficulté, sans réclamer une quelconque aide, ton coeur se serra d'amertume. décidant enfin à te glisser dans ce fauteuil, plutôt que disparaître avant lui. avant qu'il ne te détruise à nouveau le coeur. si t'as la tête en vrac, tu rentres dans un taxi. que tu lui balanças froidement alors qu'il passait à côté pour rejoindre la sortie. le regard toujours figé devant toi, mais percevant toujours sa longue silhouette, tu ajoutas. je vais pas rentrer avec toi, tu m'as fait venir pour rien. et puis putain si tu m'en veux à ce point, oublie-moi. je vais essayer de faire pareil, j'ai l'habitude maintenant. que les gens que j'aime partent, je t'aime mais je ne te retiens plus. t'entends ? t'es libre maintenant. disparais de ma vie. était-ce à lui que tu t'adressais vraiment ou à la persie que tu revoyais dans ton esprit, ou bien assise en face de toi ?

finalement, c'était peut-être pas une bonne idée de réagir aussi froidement. mais tu détestais le voir dans cet état, un état second comme s'il était perdu dans les méandres de l'alcool. tu reconnaissais pas ton homme. il semblait n'avoir jamais existé et c'était ce qui te rendait le plus triste, te désolant d'avoir tout donné pour lui, et le rendre heureux. il ne l'était pas mais toi non plus, sentant toujours la colère qui cherchait à te dominer à tout prix. mais il ne fallait plus reproduire les mêmes erreurs du passé, comme tuer le premier employé de la péniche pour retrouver le sol froid d'une cellule. l'envie demeurait pourtant forte, surtout après lui avoir balancé ces trois mots sans réel effet sur lui. heureusement que j'ai insisté bordel, car j'avais aucune envie d'attendre 20h. et tu aurais eu plus de temps pour boire et crois-moi que ce n'est pas la meilleure décision que t'as eue. putain tu cherchais à m'éviter ou quoi ? ça paraissait évident qu'il cherchait une solution pour t'éloigner de lui, le jour de son anniversaire en plus. ton ange cela pouvait pas être lui, ce qui te poussa à rester dans ce fauteuil, complètement démuni, démoralisé même. non je me lèverai pas, j'ai changé d'avis. intègre bien tout ce que j'ai dit en plus. le visage rouge de colère, le défiant du regard alors qu'il te surplombait de toute sa hauteur. je te rappelle que tu voulais pas rentrer putain, que tu n'as pas trop voulu me suivre ou m'écouter. je bouge plus. un vrai gosse mécontent qui tentait de faire sa loi, tout toi craché. mais visiblement tes paroles avaient fait l'effet d'un électrochoc, le faisant réagir. d'une manière que tu n'avais jamais vue, presque violente. te bloquant dans ton fauteuil, les yeux légèrement écarquillés avant de le fusiller du regard. tu as là le choix de décider ou non, tu voulais pas ça ? tu n'aimes pas que je te parle comme ça ? que j'agisse comme une brute qui n'en fait qu'à sa tête ? j'ai peut-être forcé mais parce que j'tiens à toi comme un gros fou bordel, te savoir comme ça tu imagines l'état dans lequel ça me met ? pendant des heures, j'ai cru que tu étais capable de tout, que t'allais faire une connerie par ma faute. est-ce que tu crois que ça me fait plaisir de parler de rompre avec toi ? est-ce que tu crois que ça me fait plaisir que tu m'aimes à en crever et de te voir dans cet état ? pas le moins du monde. pourquoi tu veux la vérité sur ma pétasse là maintenant ? je n'en ai plus rien à branler d'elle putain de bordel de merde. tu te relevais de ton fauteuil brutalement, le visage tuméfié par cette colère, par cette haine pour elle, alors que tu plaquais durement ton front contre celui de ton mec, et tout son corps contre la baie vitrée donnant sur la rivière.