Sick and Twisted | Léo & Salvatore

Son coeur se serre à la mention de ce garçon. Qui est il ? Était ce réellement qu’un rendez vous à la librairie ? Il ne le pensait pas, de toute façon il avait sa carte snap. Qu’il regardait bien trop souvent d’ailleurs.

- Oh…. euh oui j’ai tes médicaments si tu veux les prendre

Salvatore tendit la main pour effleurer doucement les doigts de Leo, et si elle se laissait faire par le courant, il la prendrait doucement.

- Léo.


Dit-il en tournant la tête vers elle, attendant qu’elle en fasse de même.

- Tu compteras plus que n’importe qui. Tu es comme ma famille. Si quelqu’un te fait du mal, comme ce garçon, tu m’appelles. D’accord ?

Il avait le coeur serré de jalousie, à déjà imaginer le pire, elle avec un autre garçon. Dans un lit avec moins d’habits, ou pire, dans un lieu de fantasme. En public, pourquoi pas dans cette librairie ?

- Reste. S’il te plaît.

Finit-il par avouer.

Elle l’avait laissé prendre sa main. Caresser sa peau. Leo lui avait accordé un regard, silencieuse. Ce n’était qu’un tissu de mensonge rien que pour le secouer de la même peine qui l’avait traversé. Rien qu’une vengeance.

Sa tête se hocha à ses propos, tandis qu’elle resserra doucement ses doigts. Leo efforce un sourire, avant de dire d’une petite voix.

— Oui. Si ça se passe mal, je t’appellerai. Mais il a l’air assez rigoureux et gentil. Avec de quoi se protéger.

Elle continue, d’un air tout à fait innocent sur son délire fictif.

— Ne t’inquiète pas c’est pas pour tout de suite. Dans quelques heures.

Il la regarda puis refixa le plafond à nouveau, y dessinant de ses yeux les constellations, l'imagination surpassant la lumière artificielle pour n'y laisser que la poussière des étoiles.

- Dis Léo, tu penses qu'on sera où dans 10 ans ?

Sa main avait encore resserré la sienne, comme dans un contact qu'eux-mêmes ne voulaient pas s'avouer, sous la couette.

Elle était malade, il s'en moquait bien. Autant être malade et heureux qu'en bonne santé et sans elle.

- Des fois j'ai du mal à me dire que tu es là. J'ai besoin de te toucher pour m'assurer que tu n'es pas qu'un simple mirage, qui se dissipera au prochaine clignement de mes yeux.

Elle s'en voulu, tout à coup, de lui mentir pour se venger.

Pourtant, cette petite voix dans sa tête bien rebelle lui répétait qu'il avait commencé les hostilités, qu'il l'avait laissé pourrir dans cette chambre pour aller en voir une autre habillé dans sa belle chemise.

Léo referma ses paupières, fiévreuse. Elle toussote un petit peu, et resserre les doigts de Salvatore en caressant instinctivement ses ongles.

⸻ Dix ans ? Je n'en sais rien. J'aurais trente ans, et rien que d'y penser... je n'y arrive pas du tout. Pourquoi ? Tu t'imagines où, toi ?

Demanda t-elle avant de renifler. La présence de Salvatore sur ce lit lui était comme un médicament. Elle appréciait l'avoir juste là, et aurait voulu qu'il ne parte plus jamais. Elle se sentait à cet instant comme cette fille, allongée sur le sable après une longue journée à nager auprès de lui et sa serviette bleue.

⸻ Hm. Ca a toujours été toi, qui pars. Je t'attendais comme... comme les filles, la. Qui attendent leurs maris revenir de la guerre.

Et elle rit, tournant la tête vers lui.

Il soulève légèrement sa tête pour la regarder quand elle tousse, soucieux de son état, sourcils légèrement froncés.

- Je sais pas. De retour en Italie j'imagine. Loin d'ici et de la ville.

Salvatore soupire, il ne rêvait que de sentir le soleil chaud le bercer avec le bruit des insectes, le bruit de la Méditerranée, et la fête familiale en préparation avec les rires des tantes et anciens.

Mais ici il n'avait que les klaxons et les cris aigris des esclaves capitalistes. Voilà qui était bien dommage : des regards fermés à longueur de journée et de la méchanceté gratuite teintée d'individualisme.

- Pourquoi tu ne me l'as jamais dit ? Je comprends pas. Je pensais que tu allais finir avec l'un des locaux....

Elle haussa un sourcil, tournant encore la tête vers lui bien que celle-ci soit profondément enfoncée dans son coussin. La jeune fille resserra doucement la main de Salvatore, ce garçon avec qui une surface de sentiment avait été avoué par messages, comme ça, d'un coup.

⸻ Te le dire ? Salvatore, j'avais... quoi, six ans la première fois que je me souviens t'avoir vu ? Onze, la dernière fois qu'on s'est vu. J'étais une enfant. Je t'aimais bien comme on aime les garçons à onze ans.

Elle soupira longuement, refermant ses yeux.

⸻ Avec naïveté, aveuglement, sans comprendre d'où ça vient. Tu me diras, j'ai vingt ans aujourd'hui et la manière dont j'aime n'a pas changé. Stupide petite fille avec de stupides rêves. Pff.

Elle hausse les épaules, visiblement très cynique dès que la maladie la gagnait.

Sa main quittait un peu la sienne pour remonter sur son poignet afin de le caresser du bout de ses doigts. Il se sentait juste bien avec elle : au chaud, au sec, dans une aura de paix. C'était tout ce qui lui importait.

- Certains ont le coup de foudre à 11 ans, ça veut dire que tu ne m'aimais pas tant que ça

Il rit légèrement, sans la regarder. C'était agréable de ne pas bouger parfois.

- Comment ça des rêves stupides ? C'est la seule chose stupide que t'as pu dire depuis qu'on s'est retrouvé. Idiote, arrête de dire ça.

Salvatore lui pinça légèrement la peau de l'avant-bras, sans pour autant lui faire mal avant de se tourner vers elle, de tout son corps. Puis il s'approcha, tout proche, jusqu'à embrasser sa tempe.

- Tu es la personne qui m'importe le plus pour moi ici.

⸻ Peut-être, mais ils s'en rendent pas compte, si ? Quand tu as onze ans t'as clairement pas la maturité de te dire que tu vas te confesser et vouer un amour éternel. Bien sûr que je disais à mes copines que je te trouvais beau, et que j'étais jalouse quand tu restais avec elles, mais quoi ? Tu t'attendais à une prose de ma part ? Tu ne me regardais à peine. J'étais certes vilaines avec mes dents de laits qui sont tombés tardivement, je ne t'en veux pas. Et puis, je ne teignais pas encore mes cheveux non plus.

Elle passa une mèche derrière ses cheveux, un sourire aux lèvres.

Le brun avait toujours été artificiel. Elle était née blonde. Un blond cassé. Après tout, Léo avait bien des origines néerlandaise du côté paternel de sa famille, et elle était la seule entre son père, son frère et sa mère a avoir eu une telle chevelure.

Difficile d'être différent. Les blagues sur l'adoption, elle les a connu longtemps, d'où la décision de teindre sa chevelure, depuis. Pour se conformer aux Isra.

Léo échappa un "Aïe !" à l'instant ou Salvatore la pinça, puis, elle appuya sa tempe contre lui quand il vint plus proche, gardant ses yeux sur le plafond.

⸻ Je sais, Tori. Je suis ta meilleure amie. Et tu es mon meilleur ami.

Elle avait raison. Et pourtant il se tut quelques secondes avant de lui répondre.

- La chose dont je me souvenais et que je préférais le plus chez toi c'était ton sourire tu sais. Tes cheveux d'or aussi, ils se reflétaient parfaitement au soleil.

Puis il caressa ses cheveux de sa main libre, les regardant attentivement.

- Mais je les aime tout autant à présent. J'aimerais revoir ce blond, tout comme j'aime gratter à ta surface pour voir la vraie femme que tu es. Un magnifique soleil doré.

Salvatore restait contre sa tempe, aimant cette pression contre ses lèvres. Il respirait, soufflant de l'air chaud sur son visage. Il finit par se détacher très légèrement, les lèvres effleurant son cuir chevelu.

- Tu es bien plus que ça.

Et ses lèvres se scellèrent sur sa joue, sa pommette plus exactement. Dans un silence bien plus parlant que n'importe quelle phrase prononcée.

Elle avait sourit en le regardant en coin, répondant rapidement après ses premières paroles.

⸻ Donc tout ce que tu préférais n'étant plus là, je dois m'inquiéter ?

Il se rattrape vite, et elle le laisse toucher à ses cheveux, le regardant intensément. Ses iris verts brillaient d'une certaine mélancolie alors que pour la première fois, ils reparlaient de leur passé en commun. Léo observait ce Salvatore adulte, cet homme autrefois garçon, et pensa à quel point c'était tant un coup du sort qu'ils se soient retrouvés.

Attirés, inlassablement l'un par l'autre comme une planète à son soleil.

Elle le laissa encore une fois lui embrasser la pommette, son cœur s'accélérant à chaque fois qu'il venait aimer sa peau. Et elle ne veut parler de rien. Elle veut qu'il embrasse sa joue encore une fois. Elle veut voir ses yeux qui la regarde. Elle ne veut parler de personne. Elle veut dormir dans sa voiture pendant qu'il conduit, s'allonger sur ses genoux quand elle pleure. Elle veut se promener au sein des cercle de pins et de chênes rouges, cercle de mousse et de fumée de feu en sa compagnie. Elle veut écouter le son de ses battements de cils, elle veut écouter ses mains caresser sa chevelure, écouter son cœur battre.

N'étaient-ils pas les étoiles dans le ciel ? N'étaient-ils pas le sel de la mer ? Deux dragon dans la nouvelle montagne chaude.

Leo referma ses yeux à nouveau, remontant sa couverture jusqu'à son nez, apaisée.

⸻ Je ne crois pas qu'il y ait quelque chose de plus puissant que les meilleurs amis. L'amour... c'est instable. Je veux dire, il suffit que je me réveille un jour avec des rides. Ou que, par hasard, tu tombes amoureux de quelqu'un d'autre. Mais l'amitié, la vraie... c'est indescriptible, tu ne penses pas ?