Les mots de Holly, si brutaux et honnêtes, créent un écho en moi. Je la regarde, fascinée par cette vulnérabilité qu'elle expose soudainement, cette fragilité assumée. Elle n'a plus cette carapace hostile qui m'avait accueilli au début de notre échange. Maintenant, elle parle avec une franchise désarmante, réfléchissant à sa propre transformation, à l'immensité de ce qu'elle doit encore découvrir. Je comprends ce qu'elle ressent, cette impression d'être inachevée, perdue dans un monde qui semble déjà fonctionner sans nous.
Lorsque son regard se plante dans le mien, il est chargé d’une nouvelle détermination, plus doux, mais plus affirmé aussi. J'acquiesce lentement, un léger sourire en coin. Sa proposition de s’épauler l’un l’autre résonne avec quelque chose de profondément familier. Peut-être que, moi aussi, j’ai besoin d'une équipe, de ne plus tout porter seul. Son espièglerie naissante apporte une légère chaleur à cette journée froide, et je me sens un peu plus léger, même si l’ombre de nos bagages respectifs reste là, en arrière-plan.
Quand elle tend son petit doigt vers moi, je ne peux m'empêcher de sourire franchement cette fois. Cette simplicité enfantine, ce geste si pur, me rappelle qu'il y a encore de la lumière même dans les moments les plus sombres. Je tends mon doigt à mon tour et entrelace le sien doucement. "D'accord, pas de psychanalyse intempestive," je réponds avec un ton léger. "Mais seulement si tu fais pareil pour moi."
Je laisse un court silence s'installer, appréciant ce moment de complicité qui semble naître. "Et ne t’inquiète pas, tu n’es pas trop anormale pour être dans mes contacts." Je plonge mes mains dans mes poches pour en sortir mon téléphone et le lui tends. "Tu peux entrer ton numéro, comme ça, on sera en contact. Et puis… on pourra se rappeler qu'on n’est pas seuls dans cette nouvelle année."
L’idée de sceller ce pacte entre nous me rassure, d’une certaine manière. C’est un rappel que, malgré tout ce que nous portons chacun de notre côté, il y a une possibilité d’avancer, peut-être pas seul, mais avec quelqu'un qui comprend.
(Ian Beaumont)