Je reste un instant silencieux, pris au dépourvu par l'intensité de ses mots. Holly est là, devant moi, vulnérable, comme si elle avait ouvert un pan entier de son âme que peu de gens laissent entrevoir. Ses paroles me touchent, mais en même temps, elles m'inquiètent un peu. Ce n’est pas la première fois que quelqu’un se laisse emporter par l'idée que je comprends tout. Peut-être que je donne cette impression, mais en réalité, je ne suis qu’un homme qui a traversé ses propres tempêtes et qui continue de lutter avec ses propres démons.
Je sens sa main se poser doucement sur mon poignet, un geste à la fois sincère et hésitant, comme si elle cherchait une connexion, une ancre à laquelle s'accrocher. Mon regard suit le mouvement de ses doigts avant de remonter vers ses yeux. Elle se retient à peine, une larme glissant doucement le long de sa joue. Son émotion est palpable, presque envahissante. Mais c’est aussi cette même émotion qui la rend humaine, brute, authentique. Je me surprends à ressentir une profonde empathie pour elle.
Quand elle évoque l’idée de sortir de là, je hoche la tête légèrement, sans vraiment réfléchir. "Je pense que ça serait une bonne idée," je dis doucement, évitant de trop en dire. Ce n’est pas que je sois contre l’idée de passer plus de temps avec elle, mais je sais que ces moments où les émotions sont à vif peuvent parfois pousser à des décisions impulsives. Et je n’ai pas envie de créer de faux espoirs. Holly est quelqu’un de fascinant, je le reconnais, mais je ne suis pas sûr de pouvoir lui donner ce qu’elle attend.
Je bois une gorgée d’eau pour m’éclaircir les idées avant de continuer. "On pourrait marcher un peu, prendre l'air, ça nous fera du bien." J'essaie de garder un ton neutre, même si je vois bien qu'elle espère peut-être plus. Mais avec tout ce qui me traverse l’esprit en ce moment, la dernière chose que je veux, c’est compliquer une relation avec quelqu’un qui semble déjà en proie à des tourments intérieurs.
Je me redresse légèrement sur ma chaise et j’attrape mon manteau. "Et non, je n'ai pas de vie à sauver aujourd'hui," je plaisante légèrement, essayant d’alléger l’atmosphère, même si je perçois bien à quel point la situation est chargée d’émotions pour elle. "Juste quelques têtes à remettre en place, mais rien d’urgent."
Je la regarde, mesurant mes mots avec soin. "Merci pour ce que tu as dit, Holly. Je ne suis pas sûr de mériter tout ça, mais c’est... gentil." Je me lève ensuite, prêt à sortir. "Allez, viens, on va digérer tout ça ailleurs."
Je lui tends un léger sourire avant de me diriger vers la sortie, laissant un espace pour qu’elle puisse suivre si elle le souhaite. Pour l'instant, je préfère garder les choses simples, sans promesse, juste ce moment, ici et maintenant.
(Ian Beaumont)