drunk on decisions ⏤ ft. neo

les deux amis se rapprochent, et leurs corps semblent prêts à répondre, mais l'envie lui échappe à nouveau, quand tout devient encore confus. l'espace entre eux ne faisait pourtant que se réduire, et elle sent sa main être saisie par neo. "qu'est-ce qui a changé?" demande-t-elle, pendant que l'autre main récupère la bouteille en resserrant sa prise, attendant une réponse de sa part. elle ne compte rien offrir s'il ne lui donnait aucune explication. pourquoi est-ce que ce serait si facile pour lui de revenir vers elle, surtout quand lorsqu'il s'agissait de ses sentiments à elle, chloe a dû encaisser des mots aussi crus et blessants de sa part. devoir être rongée par la culpabilité, et tenter de sauver leur amitié pour au final revivre les mêmes erreurs du passé. il y avait donc la peur de se disputer à nouveau, à cause du rapprochement qu'il ne pourrait peut-être pas assumer une fois la nuit passée. "j'ai besoin de savoir ce que tu attends vraiment de moi... de nous," demande chloe, les yeux fixés sur lui, déterminée à lui faire cracher le morceau. en cet instant figé, elle sent l'envie de l'embrasser, prête à céder à tout moment.

le contact se rompt à nouveau, l'impression que ce sont probablement ses propres mots qui l'ont fait reculer, comme à chaque fois. cette sensation, elle la connaît trop bien. l'impression d'être repoussée, d'avoir à porter le poids de ses sentiments. au fond, elle s'y attendait quand même, mais l'alcool ravive toujours les émotions, même celles qu'on tente de préserver. cette nuit plus que jamais, elle souhaite désespérément cesser de l'aimer. mais tout ça, de façon bien évidente, c'est naturel. alors elle acquiese d'un simple geste de la tête en levant les yeux au ciel. les jambes s'éloignent pour pouvoir faire face à la mer, tentant d'éviter de voir le visage qui titillait constamment les émotions. le tourni devient incessant et commence à la gagner, s'ajoute à cela les paroles de neo, brouillant presque la facade impassible qu'elle peine à garder. sans oublier la peur de revivre les mêmes scènes du passé, qui vient la perturber dans la compréhension de ses paroles. "je comprends rien à ce que ça veut dire, vraiment..." répond-elle d'une voix marquée par la frustration, celle de ne pas être certaine de saisir le sens de ses mots.  ses bras se croisent sur ses genoux qu'elle vient replier, où elle vient caler son visage, espérant calmer les vertiges. "mais laisse tomber, ça ne sert à rien de se prenne la tête pour ça, oublie, je préfère qu'on passe un bon moment ensemble," finit-elle par dire avec un sourire apaisant, tentant de le rassurer. alors ses paupières se ferment un instant, le temps de savourer le calme.

un long silence s'installe, et ses yeux restent fermés, donnant l'impression qu'elle vient réellement de s'endormir avant d'avoir pu entendre ce qu'il venait de lui avouer. pourtant, à l'intérieur de sa cage thoracique, le cœur vient cogner de plus en plus fort, résonance sourde qui la ramène doucement à la réalité. dans son esprit encore embrouillé par l'alcool, elle tente désespérémment de traîter les informations pour en tirer une conclusion. mais il fallait aussi décider s'il était vraiment judicieux de lui répondre, ou non. les secondes s'étirent, peut-être une minute ou deux passent après qu'il se soit excusé. le silence en devient assourdissant, mais chloe ressent toujours la présence de son ami, lui qui est assis à ses côtés. "m'embrasser?" murmure-t-elle à voix basse, comme si elle se parlait à elle-même, continuant de lutter contre l'effet du vertige. "ça fait partie du langage amoureux, ça" reprend ensuite chloe, ses yeux qui s'ouvrent à peine, assez pour percevoir l'environnement flou qui l'entoure. elle renifle et son visage, enfouit dans ses propres bras, finit par se tourner pour contempler l'homme. "ça, tu le sais déjà, c'est pas comme si tu n'avais jamais embrassé quelqu'un," ajoute-t-elle, toujours à voix basse. le visage tente de se redresser malgré les paupières qui deviennent lourdes, accrochée à ce qu'il reste à dire et à comprendre.

les neurones tentent de se reconnecter, histoire de comprendre cette fois-ci ce qu'il tente désespérément d'expliquer. et petit à petit, le cerveau saisit à nouveau ses paroles. "neo, ça c'est parce qu'on a juste normalisé le fait d'embrasser n'importe qui, mais c'est pas pareil quand c'est avec quelqu'un que tu aimes," et dans le fond, elle le comprend dans sa réflexion, et c'est forcément à ça qu'il s'est habitué. "j'ai pas de mal à embrasser des inconnus, moi aussi. mais il faut savoir faire la distinction avec un vrai baiser passionnel," dit-elle avec des sourcils froncés, ne s'attendant certainement pas à évoquer ce sujet de discussion avec lui. alors elle souffle du nez, le sourire qui s'affiche sur le visage. "t'es dans ce même état-là quand tu veux embrasser des inconnus? tu as l'habitude d'embrasser tes amis, toi?" le visage se penche pour analyser son expression faciale, pour chercher à connaître ce que ses mots lui évoquent. "si pour toi c'est si banal d'embrasser n'importe qui, qu'est-ce que te retiens maintenant? puis si on est si proches, quel est le souci?" la question est sincère, et elle, cherche vraiment à entendre sa réponse. il devient si bavard, pourtant ça ne semble pas suffir à la distraire du tournsi. ses doigts se pressent contre son front, comme si ce simple geste arriverait à faire taire le mal de crâne qui persiste.

chloe arque un sourcil en l'écoutant raconter son histoire et développer son idée. sous l'effet de l'alcool, ça la fait sourire, mais en réalité, elle peine à s'identifier à tout ça. son regard oscille entre les signes de ses mains et son visage, tentant de suivre le fil de la discussion en hochant la tête de temps en temps. d'ailleurs, elle se recule un peu, craignant qu'il ne la touche accidentellement dans son élan. "euh... je t'avoue que c'est pas vraiment mon truc de faire ça... à la limite avec des inconnus je comprends, mais des amis, non... ça me paraît pas naturel pour le coup," lui dit-elle en reprimant un sourire amusé, ses lèvres se plissant légèrement. "mais d'accord, tu penses comme tu veux," ajoute-t-elle finalement, tendant ses mains pour lui permettre de s'appuyer et d'éviter de perdre l'équilibre. elle bascule la tête en arrière à l'entendre parler de consentement, surtout après avoir eu l'impression de tourner autour du sujet depuis une demie-heure. "mon consentement? quand tu me touches, je dis rien, alors un baiser, surtout s'il est aussi anodin, c'est vraiment pas grand chose." elle le taquine, accompagnant ses mots d'un haussement d'épaules et d'un rire. le regard, les yeux fatigués, se détournent vers l'océan qu'ils aiment tant admirer. quelle drôle de soirée.