méandres humides sillonnent la joue jusqu'à s'échouer contre le matelas. le revers de la main vient effacer les témoignages des rivières engendrées, étale le sel des larmes abandonnées. la carcasse ankylosée, mollement se laisse guider par la volonté de l'animal sauvage. ton nom dans sa bouche, toujours provoque la naissance des brasiers. les prunelles belliqueuses retrouvent leurs sœurs, orbes funestes qui te percent de part en part. l'ongle rongé aux imaginaires de sa perte, trop étouffante cette lutte des regards, tu capitules immédiatement - fuite des opales lâches sur le plafond intact quand la tête se secoue à la negation. pas d'énergie pour une autre dispute, les jalousies t'asphyxient de leurs fumées corrosives. "non." syllable claque, les épaules se haussent, incapable de poser les mots sur les assombrissements ressentis, douleur de l'âme et mélodies maussades. les émotions en crash, collisions des vagues sur l'épave, le high redescend et te laisse noyée dans les obscures profondeurs. pourtant une seule lumière visible au-dessus de toi, l'astre culminant que tu ne peux ignorer plus longtemps. les yeux se perdent sur le portrait qui te domine, soleil brûlant, étoile ultime, déjà oublié le chalutier. phalanges lâchent le drapé dérobé pour venir épouser les lignes de sa mâchoire, le pouce effleure la peau seulement éclairée par la lune d'un soir. entre deux doigts, tu attrapes son menton. cordes vocales se battent dans un effort, dernières poussées dans un combat éreintant - louve abattue défend son territoire jusqu'à s'écrouler. "t'as pas intérêt à te trouver un mec alors. j'ai pas envie qu't'arrêtes de m'embrasser." aveux emballent le muscle, rythme d'une litanie désespérée. tu saisis d'un geste doux un pan du vêtement, survole son flanc, retire son pull délicatement - délaissé dans un coin du lit, vous deux à l'égalité. "j'ai besoin que tu me serres dans tes bras, de te sentir contre moi, d'respirer ton odeur pour me sentir en sécurité, d'entendre ta voix m'chuchoter que tout ira bien pour que j'y crois." tu observes sa bouche, remontes à ses opales ébène - ton propre visage répond en fragilité, sourcils s'adoucissent, commissures nostalgiques au son de ce chant des amoureux. les doigts remontent, caressent les mèches, replacent derrière l'oreille une rebelle tombante. "cette nuit, j'ai vraiment besoin d'ma meilleure amie, d'la personne la plus importante de ma vie."
(Maddox Gardner)