paysages défilent derrière la vitre à toute vitesse, trop rapides pour marquer la mémoire. l'odyssée terminée, épopée tragique - ulysse retourne vers son ithaque natale. le vrombissement du train camoufle les pensées pendant les heures envolées. jusqu'à retrouver boston, l'amertume des briques écarlates, mélancolie coule dans tes veines et se mélange aux résidus psychotropes digérés les jours d'avant. sur les épaule, sac à dos pèse le poids des remords, t'écrase un peu plus à chaque pas. carcasse chavire au milieu de la capitale, étrange sensation des pieds sur terre après avoir navigué l'éternité. erre entre les rues, héros déchu dont les exploits s'effacent dans la déprime en vagues, conquit l'océan et son marin indomptable avant le naufrage inévitable. le téléphone au fond de la poche que tu refuses d'allumer, apeurée, anxiété, effrayée, des messages que l'écran pourrait afficher. aucune idée de l'heure, non plus. tu sillonnes ton chemin au sein de la ville dans un instinct familier - à la recherche du refuge rassurant, l'abri en sécurité, le dernier arrêt de chacune de tes échappées toutes ces années, zia. au pied de l'immeuble, attends qu'une âme passe pour te faufiler dans l'antre terrifiante. autrefois glorieuse, maintenant laborieuse. et enfin, tu entres. les marches montées lentement, difficile de mouvoir le corps apathique, anesthésié par l'accablement des sentiments. poitrine serrée, mollesse des gestes, fatiguée, éreintée, brisée. dix journées manquées, bipolarité déchainée. devant la porte, colosse de bois défend, la main se lève, tremblante, hésite, se retient. ultime opportunité de détaler, de t'éclipser au clair de lune sans jamais devoir l'affronter, le titan muré derrière les colères de l'olympe. âpre, le goût de la peur d'être face à son regard détesté, sur ta route les victimes dévastées. sa haine, la répulsion et le dégout la dernière fois que ses yeux se sont posés sur toi. pourtant, au fond, le besoin d'apercevoir, ne serait-ce qu'une seconde, l'étoile scintiller dans cette voie lactée en extinction. une longue inspiration, et le doigt appuie sur la sonnette avant de pouvoir regretter.
(Maddox Gardner)