de l'art de ramasser des câpres (Benedikt)

Ce n'était pas la première fois que tu découvrais l'Italie, en réalité c'était même la deuxième fois que tu y allais mais tu te laissais volontiers charmer par cette île trépidante qui mêlait modernité et traditions. Les visites étaient tout aussi intéressantes les unes que les autres et, même si tu avais détesté l'épreuve des grottes, en raison de ta claustrophobie, tu ne regrettais pas un seul instant d'être venu. Tu te sentais revivre après de longs mois passés où tu avais la sensation d'étouffer, d'être prisonnier de ta propre vie. Tu reprenais goût aux bonheurs simples, comme déguster un sorbet à la pastèque tout en observant le ballet des cerfs-volants. Tu te régalais de voir ces morceaux de tissu aux couleurs bigarrées flotter dans les airs, et, en l'espace d'un instant, tu te laissas volontiers hypnotiser par ce spectacle fascinant. Tu avais convenu de rejoindre Benedikt sur la plage, tant parce que tu n'avais pas encore eu l'occasion de passer du temps avec lui que parce que tu avais besoin de vider ton sac. Et, pour discuter tranquillement, il n'y avait rien de tel que de ramasser des câpres. De ton point de vue, cette activité n'avait rien de très sorcier, et elle sera sans nul doute moins éprouvante que l'exploration des profondeurs de la terre. Tu étais perdu dans tes pensées lorsque le Adams surgit dans ton champ de vision, à la manière du génie de la lampe, la fumée et les paillettes en moins. "Salut, vieux." Tu dis, un peu ému de le voir, avant de l'attirer à toi dans une accolade fraternelle. Il faut dire que dans la conversation que vous aviez tous les trois avec Lilia, tu avais lâché une bombe et tu allais devoir expliquer, mais pas maintenant. Pour l'heure il était question de rattraper le temps perdu depuis la dernière fois que vous vous êtes vus et de ramasser ces trucs marins avant d'entrer dans le vif du sujet, ce qui allait être assez éprouvant pour toi.

De l'art de ramasser des câpres. , journée du huit août
à Salina, îles éoliennes - Sicile

Le jeune Marlowe pousse un soupir. Il y a tellement d'activités à faire ici. Pourtant, il traîne encore dans son immense chambre, son corps recouvert d'un drap. Torse nu, assis et appuyé contre sa tête de lit, il passe de canal en canal. Zapper, il a toujours adoré faire ça quand il peut se permettre de se poser devant un écran au manoir familial. À cet instant, il passe d'une chaine sur laquelle l'on découpe une pastèque pour faire de la salade avec de la feta et de la menthe à une autre où se déroule le spectacle d'un ballet. Fronçant les sourcils, il se dit que c'est gracieux, comme discipline et que ça aide à avoir de bonnes postures, seulement, il reprend. Sur une nouvelle chaine, qui semble être de cinéma, on propose le sorcier Harry Potter et sur celle d'après, un film avec le génie de la lampe. "Pas ça non plus." Il souffle pour lui-même, quand, jetant un coup d'œil à l'immense fenêtre aux allures de baie-vitrée, il aperçoit au loin un cerf-volant. Et quelque chose fait tilt dans son esprit. Se redressant, il se questionne. N'a-t-il rien prévu aujourd'hui ? Se saisissant de son smartphone, il regarde ses messages et voit qu'il a prévu une balade avec Rainier qui débute sur la plage. "Putain, c'est vrai !" Frappant son front, il pense se remémorer quelque chose comme une activité autour des câpres et ni une ni deux, il se tire de son lit et file prendre une douche puis s'habiller. En moins de cinq secondes montre en main, Benedikt est prêt à quitter sa chambre. Descendant par le biais d'un ascenseur, il retrouve les taxis et demande à rejoindre la plage le plus rapidement possible. Montrant la localisation de son ami Rainier, il ôte ses mocassins afin de mettre ses pieds nus dans le sable, histoire d'en profiter avant de commencer leur activité. "Salut Rain'." Il prononce à l'égard de son ami de longue date en répondant à son accolade. "Comment va ?" Il se sent con d'avoir posé la question, mais c'est fait. "C'est par là-bas, je crois, l'histoire des câpres. Mais tu me laisseras remettre les chaussures avant qu'on quitte le sable." Il lui offre un sourire et dit : "j'adore enfoncer mes pieds dans du sable chaud." C'est sans doute idiot, mais dès qu'il en a l'occasion, il le fait. "Aller, let's go !" Et ils partent en direction de leur activité, côte à côte.



@Rainier de Danemark

Il semblerait que tu n'avais pas compris les explications données en italien puisque tu avais compris que les câpres devaient être cueillies sur la plage. Tu pensais en effet que ces condiments étaient un genre d'algues, des trucs salés que l'on mettait sur les pizzas au même titre que les anchois. Pour le coup, heureusement que Benedikt avait compris et savait où il fallait aller, sinon vous n'étiez pas sortis des ronces. Pour le coup tu te sentais vraiment bête, plus tu passais de temps en Sicile et plus tu te rendais compte que tu avais des grosses lacunes en ce qui concerne les coutumes locales ou encore la langue. "Je n'avais pas compris les explications du mec." Tu soupiras, embarrassé, tout en secouant la tête d'un air navré. "Je pensais qu'il fallait aller à la plage."  Tu n'avais même pas compris pourquoi il voulait des câpres, d'ailleurs, mais tu avais l'habitude d'être complètement à l'ouest. "Je t'en prie, fais-toi plaisir." Tu encourageas doucement lorsque Benedikt avoua glisser ses pieds dans le sable. Pour ta part, tu n'avais pas enlevé tes chaussures, tu ne voulais pas prendre le risque de te blesser sur du sable au grain trop grossier ou sur des débris qui s'y cachaient. Avec tout ça, tu n'avais même pas répondu à la question de ton ami, qui t'avait demandé comment tu allais. "Un peu mieux." Tu dis alors en choisissant tes mots avec soin. "Je vais commencer à croire que l'atmosphère de l'italie est magique, et permet d'oublier tous ses problèmes." Le fait que Shay et votre fils ne soient pas là y était sans doute pour beaucoup, tu n'étais plus quotidiennement confronté au stress que la paternité te provoquait. Tu avais conscience que ce n'était que le calme avant la tempête mais en attendant de régler le problème tu pouvais bien te contenter d'un peu de paix. "C'est par là?" Tu t'enquis, hésitant, en désignant une direction de ton pouce. Tu avais oublié le plan d'accès dans ta chambre d'hôtel et tu priais très fort pour que Bene sache où aller.

De l'art de ramasser des câpres. , journée du huit août
à Salina, îles éoliennes - Sicile

Benedikt s'est dit que Rainier a voulu qu'ils se retrouvent à la plage afin qu'ils discutent de ses soucis, mais apparemment, il n'a pas compris ce que l'homme leur a dit quand on a évoqué la sortie pour ramasser les câpres. "Y'a pas de souci, mec. T'inquiètes pas." Il lui dit alors dans un demi-sourire, en lui donnant un léger coup d'épaule contre la sienne. "Nan, ça se cueille pas ici, mais t'en fais pas, je sais où on va." Avec son smartphone, il a pris en photo le plan d'accès à l'activité, comme avec toutes les autres qui l'intéressent. "C'est con, mais j'aime sentir les grains sous mes pieds et puis ce sable est beaucoup plus propre que celui de Boston. Chaud aussi." Il ne faut pas se leurrer, ils sont en Sicile et ici, il fait rarement mauvais, du moins, c'est ce qu'il croit. "Tant mieux." Il souffle pour toute réponse, enfonçant ses pieds et remuant ses orteils, comme pour en profiter davantage pour sourire plus grandement à la suite de ses mots. "Si tu m'le proposes, on peut rester ici." Il lance un regard à son ami. "J'veux dire, j'aurai plus à supporter mes vieux et Freya me quittera pas, enfin, j'crois." Bien sûr, il sait que cela ne se réalisera pas, mais pourquoi devraient-ils s'empêcher de rêver ? Regardant l'endroit que le grand brun indique à l'aide de son pouce, le Marlowe extirpe de sa poche son smartphone et lance le GPS. "Regarde, j'ai pris en photos les activités que je vais faire." Malin, non ? "Je dirais que… Tu sais quoi, suis-moi." D'abord, ils doivent quitter le sable et le blond essuie ses pieds à l'aide de sa main pour ce faire avant de remettre ses mocassins. Ensuite, il sort sa petite bouteille de gel et en met un petit peu pour se les nettoyer, avant qu'il ne s'engage sur un chemin pour gagner les arbustes nommés câpriers.



@Rainier de Danemark

(HJ - je pense on peut commencer les dés à ton prochain poste ou au mien, comme tu veux. )

Tu avais quand même honte de t'être trompé mais cela ne servait à rien de s'apitoyer, maintenant que vous vous rendez au bon endroit. D'habitude tu étais déjà à l'ouest mais là, c'était encore pire, sans doute parce que tu avais l'esprit trop plein et que tu avais de la difficulté à faire le tri. Tu savais que tu devais prendre des décisions importantes, qui auraient un impact sur beaucoup de personnes, à commencer par ton fils. "Je te fais confiance." Tu approuvas en emboîtant le pas au blond. "J'ai l'impression qu'en règle générale les plages du sud sont plus attrayantes que les plages du nord. Pour avoir testé la mer du nord et la mer baltique c'est définitivement ici que je préfère me baigner." La température de l'eau y était aussi plus agréable et le temps plus clément. Tu méditais quelques instants sur les paroles de Benedikt, qui avouait qu'il ne serait pas contre rester ici. Toi aussi, tu étais tenté de fuir les problèmes, éviter de prendre des décisions trop lourdes de conséquences. "On pourrait." Tu répondis distraitement, en faisant attention où tu mettais les pieds. "Ma grand-mère, enfin la mère de ma mère, pas la reine, habite pas loin de Raguse, on aurait un pied à terre ici." Tu t'étais dit que tu reviendras ici avec ton fils, pour lui présenter son arrière grand-mère maternelle. "J'ai prévu d'aller la voir à la fin du séjour, tu pourras venir avec moi si tu veux." En tout cas cela te ferait très plaisir d'accueillir ton ami d'enfance chez toi. Sans poser davantage de questions tu suivis Bene jusqu'aux arbustes. "C'est donc ça un câprier?" Tu dis en découvrant les lieux. "J'irai me coucher moins bête ce soir." Le moment de solitude oublié, tu trouvais cela intéressant d'apprendre de nouvelles choses. En l'occurrence c'était une première pour toi, et, à tout hasard tu te penchas pour attraper un fruit qui ressemblait à une boule. "Je suppose que c'est ça." Tu commentas en tirant légèrement dessus pour le cueillir.

De l'art de ramasser des câpres. , journée du huit août
à Salina, îles éoliennes - Sicile

Benedikt ne se confie pas à grand monde, mais Rainier et Lilia sont ses piliers. Il ne sait pas ce qu'il serait devenu sans eux. À vrai dire, il en a fait des conneries pour faire chier ses vieux, mais ç'aurait pu être plus dramatique sans ceux qui ne l'ont jamais délaissé, et cela, depuis leur enfance. Le Marlowe connait la chance qu'il a de les avoir comme amis proches et il sait également qu'il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers et tout considérer comme acquis. Il a vu ce que cela donnait en voyant l'exemple désastreux de ses vieux, puisque père trompe mère et inversement. Jamais il n'a été réellement proche de ses derniers, mais constaté cela dans leur demeure l'a d'autant plus dégoûté. Ils sont ensemble pour l'image, l'union de leurs deux fratries et rien d'autre. Il n'y a plus d'amour, son aîné le lui a appris. "J'espère bien." Ben prononce pour toute réponse à Rainier. Il faut dire que penser à eux le perturbe toujours, car il sait qu'il n'est strictement personne pour eux ou au mieux, un moins que rien. "Je suis d'accord avec toi." Lui aussi a énormément voyagé et ce fut une échappatoire, lorsqu'il visitait seul ou accompagner de sa sœur. "Je préfère moi aussi. L'eau froide voir gelée, il faut vraiment aimer. J'ai testé, mais je n'ai pas envie de recommencer." En même temps, hormis ceux qui adorent cela et qui y sont habitués, qui d'autres pourraient tester en se disant qu'il va faire ça tous les matins ? Personne, selon Benedikt. Alors, il offre cette infime possibilité de rester ici. De ne jamais repartir. Un rêve qui ne se réalisera pas, mais cela n'empêche pas d'être songeur, n'est-ce pas ? "Ah ouais ?" Le grand blond esquisse un sourire et écoute la suite des propos de son ami. "Je ne savais pas ça." En même temps, au vu de sa famille et de son pedigree, cela ne devrait pas l'étonner. "Je viendrais avec plaisir, tu le sais bien. Dis-moi quand et je serai dispo pour toi." Toujours, quelque part, il leur a promis, celui qui ne s'est jamais senti aimé par l'entièreté de sa famille. "Et ouais, c'est bien ça. Le bouton que tu vois au bout, c'est une câpre. C'est ce qu'on va devoir cueillir." Prenant l'un des paniers à disposition, il en file un à son ami d'enfance pour en prendre un également. "Je n'ai pas lu comment le retirer, mais ça ne doit pas être sorcier." Lui aussi se couchera moins bête ce soir avec cette activité.



@Rainier de Danemark

Tu avais l'impression que vous étiez devenus adultes d'un coup, tandis que l'innocence de l'enfance partait en éclats. Vous voilà à gérer des problèmes qui vous passaient au dessus auparavant, parce que c'était des affaires de grandes personnes. Tu t'étais senti en colère contre tes parents, pendant de nombreuses années, en raison de leurs tromperies mutuelles qui ont fini sur un divorce houleux. Tu ne souhaitais pas ça pour ton fils, même si tu ne te sentais plus heureux dans ton couple. Tu ne savais pas vraiment quoi faire, tu savais simplement réfléchi à ce que tu ne voulais surtout pas, à savoir laisser traîner les choses en longueur. Tu te sentis soudain nostalgique, tandis que vous évoquiez la plage et la mer, qui aura été le théâtre de certaines de vos vacances quand vous étiez enfants et adolescents  "C'est une tradition, pourtant, de se baigner le jour de l'an, dans l'eau froide. Tu te souviens, on avait insisté pour y aller et on avait eu la crève pendant quinze jours après ça." Et vos parents vous ont passé un sacré savon d'avoir été aussi imprudents mais aujourd'hui c'était plus anecdotique qu'autre chose. Tu souris un peu quand Benedikt afficha sa surprise de te savoir avec des origines siciliennes. "Hé oui, j'ai des origines siciliennes mais c'est vrai qu'on ne dirait pas, après tout, je ne lui fais pas vraiment honneur depuis que je suis arrivé, je galère avec l'italien. " C'était insensé, parce qu'en dehors de l'espagnol et de l'Italien, tu parlais pas moins de huit langues : le danois bien sûr, qui était ta langue maternelle mais aussi l'anglais, le français, l'allemand, le néerlandais, le russe, l'arabe et le mandarin. Ces langues allaient beaucoup te servir dans le cadre de tes missions diplomatiques. "En tout cas ma maison t'es toujours ouverte. Ce serait bien que Lilia puisse venir aussi mais il paraît qu'elle roucoule avec son Jay." Au moins, une de vous trois était heureuse en amour. Tu fus content de reconnaître les câpres sans même checker sur ton téléphone. Tu t'étais emparé du petit bouton pour le glisser dans le panier. "Je ne sais pas ce qu'il en est pour toi mais j'ai fait pas mal de trucs insolites depuis le début. C'est assez étrange quand on y pense." Étrange, c'était le mot car tu n'avais jamais autant participé à la vie locale que depuis le début de ton séjour.