4,5,6 Cueillir des cerises || (Haiwee)

Le début des vacances avait plutôt bien commencé pour Lyssandre. Cela ne faisait que quelques jours depuis son arrivée en Italie, mais il ressentait déjà la différence, le changement loin de la monotonie que Boston lui inspirait ces derniers temps. Ce changement d’humeur, il le doit sans le moindre doute à cette équipe au nom farfelu, et aux caractères qu’il imagine similaires. Pineapple on pizza. Un joli groupe de joyeux lurons contagieux avec leur bonne humeur et leur envie de gagner. De quoi faire oublier à Lyssandre bon nombre de ses soucis. Aujourd’hui d’ailleurs, il avait décidé d’accompagner une de ses coéquipières à la cueillette aux câpres. Une espèce de bourgeon dont il avait fallu lui montrer l’aspect et lui expliquer l’utilité. Et en voyant la tête du truc, il comprenait mieux pourquoi les autres semblaient peu enthousiastes. Il aurait sans aucun doute préféré aller ramasser des fraises ou des oranges, sûrement pour en grignoter quelques unes pendant la cueillette, mais tant pis, cette fois, il cueillerait des câpres sans en boulonner quelques unes au passage, ce qui lui permettait toujours de faire connaissance avec Haiwee pendant ce temps là. « Tu sais, je vois toujours pas qui de mes colloc pourrait bien te connaitre… Je pense pas t’avoir déjà vu avant, ni avoir déjà entendu ton nom. Et puis Haiwee, c’est certainement pas ce qu’il y a de plus répandu. »

"Je me suis portée volontaire pour ramasser des câpres." une phrase que la brune n'aurait jamais cru un jour prononcer, et pourtant, c'est bien ce qu'elle a soufflé à Sheng avant d'embrasser ses lèvres et de le délaisser pour une partie de la journée. Ca lui semble toujours un peu lunaire lorsqu'elle rejoint l'un de ses coéquipiers, Lyssandre, un garçon qui lui paraît plutôt sympa, et c'est un trait de caractère qu'ils ont tous en commun dans l'équipe, elle ne peut pas le nier. Alors elle se rassure quant au déroulement de leur activité ; ça devrait bien se passer.
Après une rapide mise au parfum de l'aspect des câpres et de la façon de les ramasser, ils se retrouvent côte à côte prêts à s'exécuter. L'objectif pousse donc sur un genre de petit buisson et ressemble à une petite olive, rien de bien sorcier. « Tu sais, je vois toujours pas qui de mes colloc pourrait bien te connaitre…» Elle relève le regard vers lui et opine, comprenant derechef où il veut en venir, « Je pense pas t’avoir déjà vu avant, ni avoir déjà entendu ton nom. Et puis Haiwee, c’est certainement pas ce qu’il y a de plus répandu. » Non, puis il est vrai qu'elle est plutôt acoquiner à la discrétion, Haiwee. " Je crois plutôt qu'il parlait du mien, " de coloc, s'entend, " il est, enfin il était, dans la même maison que toi. " mais l'idée d'être en couple, elle ne sait pas. " Ou alors il t'a pris pour quelqu'un d'autre. " ça c'est une possibilité, " ou il s'assurait que tu ne dragues pas sa copine. " elle, du coup, étant donné que la discussion tournait sur le fait de se faire manger. D'ailleurs, c'est un peu mal à l'aise que ça la met, derrière l'écran de téléphone, c'est plus facile de le cacher, alors... comme ils viennent d'arriver, elle arrache de suite une poignée de baies.

Il fouille dans la végétation autour de lui sans la brutaliser. Il n’y avait pas lieu d’arracher la moindre plante malgré la difficulté d’accès de certains fruits. Tout ce qu’il fallait faire, c’était dégager légèrement le passage et saisir le fruit avec délicatesse. Une cueillette qu’il n’aurait jamais imaginer de la sorte Lyssandre, convaincu que ce genre d’activité devait toujours se faire vite pour des questions de coûts et de pertes, mais aujourd’hui, ça ressemblait plus à une balade de santé qu’autre chose, même s’il ne doutait pas que dans quelques heures, certains muscles lui affirmeraient le contraire.

A proximité de Haiwee, il dépose dans son panier les premières câpres, non sans avoir chercher à les sentir, comme si elles pouvaient révéler ainsi une odeur particulière. Il est encore loin d’avoir fait une cueillette rentable, mais au moins, c’était déjà de pris. Et la réflexion poussée sur cette histoire de colocataire, il ne fait pas vraiment attention à la vitesse à laquelle son panier se remplit. « Ton colocataire ? Je vois pas non plus qui ça peut-être… » Pourtant, il en connaissait du monde à la Kirkland mais il ne voyait personne qui aurait déjà pû s’afficher avec la brune. « Peut-être avec un de mes frères. Ca serait pas la première fois. Ni la dernière mais… Hm… Je pense pas. » Parce que si on l’avait confondu avec Ingvar ou Harlem, son couple ne serait certainement pas la première chose que leur coéquipier aurait évoqué. « C’est pas le meilleur plan ça. Parce que couple ou non, y a des mecs que ça arrête pas. Et puis comme il fait fausse route et que je suis pas en couple, j’aurais pu continuer à te draguer longtemps. » Trop souvent dans le charme Lyssandre, dans ces petits jeux visant à plaire à autrui, mais si Haiwee était déjà en couple, alors il n’en ferait rien.

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Elle tente de se concentrer sur le ramassage de ses câpres, mis à mal par rapport à la discussion. Elle est si fidèle et loyale à Sheng que rien que d’en parler, elle a cette sensation étrange de le trahir, un sentiment qui la fait souffrir. « Ton colocataire ? Je vois pas non plus qui ça peut-être… » Alors elle fronce les sourcils étonnée sans l’être, parce que Dan n’est pas vraiment quelqu’un qui apprécie s’exposer, préfère rester à la maison durant des heures à jouer, « Peut-être avec un de mes frères. Ca serait pas la première fois. Ni la dernière mais… Hm… Je pense pas. » Elle avoue qu’elle ne sait pas, mais est-ce que c’est vraiment important ? Elle ne croit pas connaître ses frères alors, « C’est pas le meilleur plan ça. Parce que couple ou non, y a des mecs que ça arrête pas. Et puis comme il fait fausse route et que je suis pas en couple, j’aurais pu continuer à te draguer longtemps. » Elle avoue que la réaction de Sheng l’avait un peu surprise, aurait aimé qu’il se montre plus possessif, mais tout était sur le ton de la rigolade alors… Il n’avait certainement pas compris que c’était… sérieux. Puis la cohésion de l’équipe compte aussi pour sortir victorieux. « Maintenant, tu le sais. » Qu’elle et lui, ça existe, c’est réel. Ca c’est sérieux. « On est ensemble depuis ... » ses phalanges qui accrochent des câpres tandis qu’elle sourit à la réminiscence des débuts de leur relation, « longtemps et c'est prévu pour durer longtemps. » elle, elle est avec lui depuis trois ans. « Alors les allusions, interdictions. » elle avise, « ça me met mal à l’aise. » en plus de ça.

Le mystère reste total sur ce fameux colocataire et ses informations. Il ne saura jamais vraiment la vérité Lyssandre, mais qu'importe. Qu'on l'ait confondu avec un de ses triplés ou nous, la vérité resterait telle que son couple n'existe plus et qu'il n'avait plus de compte à rendre à qui que ce soit. Parce que plus personne ne se souciait de lui. Le regard perdu dans le vide un instant, il soupire avant de reprendre sa cueillette, avouant à Haiwee qu'il la draguait bel et bien. Une façon pour lui d'oublier son ex, d'oublier qu'il est celui qu'on laisse encore une fois, une façon aussi pour lui de se rassurer, et de chasser l'ennui. Un simple jeun en somme, celui du gars qui n'espère plus rien amour. Mais ce n'est pas le cas de la brune qui elle, a un petit ami dont elle semble très attachée. De quoi remettre les points sur les i avec le Wayne, le tenir à distance. « J'te promets rien, mais jvais essayer. » Il est ainsi le Wayne, séducteur, enjôleur. Une seconde nature qui lui a souvent permis de s'intégrer, mais qui lui a aussi attirer des ennuis. Pourtant, ça n'avait rien changé. Comme graver en lui, dans sa nature, tout comme l'amour qu'il pouvait porter à certaines personnes, malgré les conflits et les disputes. « C'est pas forcément personnel. Ca vient juste tout seul. » De façon aussi naturelle qu'il respirait. « Même si c'est bizarre que ça te gêne toi, mais pas lui. » Constat évident à la vue de leurs échanges, car ça ne semblait pas déranger leur capitaine, qui visiblement devait avoir une confiance aveugle envers la brune.

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En fait, elle est même gênée maintenant, elle tente de se concentrer sur sa cueillette et non pas sur ce qu’il vient de prononcer, ne comprenant pas vraiment comment il peut ne pas promettre. « J'te promets rien, mais jvais essayer. » Ce ne fait pas de sens dans sa tête. Elle a pourtant la certitude de l’avoir demandé gentiment, de ne pas s’être montré blessante, alors elle ne voit pas où ça peut clocher. « C'est pas forcément personnel. Ca vient juste tout seul. » Une attitude qu’elle peine à entendre, son naturel, il n’a qu’à le chasser, pour le temps de la compétition au moins et à la laisser tranquille, tout simplement. Ne pas la mettre mal à l’aise face aux autres participants. « Même si c'est bizarre que ça te gêne toi, mais pas lui. » Le truc, c’est que ça la gênerait même si Sheng n’était pas là. Haiwee, c’est avec de la retenue qu’elle a été élevée. Un côté pudique exacerbé. « Ca n’a aucun rapport. » Ce sont ses ressentis, voilà tout. « Puis si ça en avait un, » elle suppose, toujours en train de ramasser les fruits, « tu sais ce que c’est le secret d’un couple qui fonctionne ? » amusée et quelque part, fière de pouvoir s’en vanter. « La confiance. » Et en celle qu’il a placée en l’amérindienne, Sheng n’a jamais eu de quoi douter.