(TW) There for you • Anson

Situation inattendue. Discussion douloureuse. En me pointant dans la chambre de Gray aujourd'hui, je ne m'attendais pas à ce que la situation tourne de cette manière. Encore moins avec la tenue d'infirmier que j'avais enfilé et les chaudes idées que ça avait éveillé dans ma tête. Seulement deux scénarios s'étaient dessinés dans ma tête. Le premier avec Grayson vraiment très malade uniquement à cause du voyage comme un coup de froid attrapé et, là, je me serais simplement tenu à ses côtés à prendre soin de lui jouant réellement l'infirmier jusqu'à ce qu'il aille mieux. Le second scénario était avec Grayson malade, mais pas si malade que ça puisque j'avais imaginé nos corps se retrouvant rapidement sous l'effet de cette tenue que j'avais enfilée juste pour lui. Aucun de ces scénarios n'avaient pris vie. C'était tout autre chose qui se passait dans cette chambre. Quelque chose que je n'avais pas imaginé. Quelque chose que je n'avais pas attendu. Ici, tout tournait autour de la drogue. Le manque de drogue pour Grayson. Ce manque qui l'avait rendu malade. Et la tentation de drogue pour moi. Cette tentation à laquelle je peinais à résister. La discussion se mettait à tourner autour d'une cure que Gray semblait vouloir que je décide. Je me refusais cependant à le faire et il finissait par avaler la drogue me poussant à fermer les yeux et à serrer les poings. Ange qui avait envie de céder. Ange qui peinait à se contrôler. Je voulais me lever et venir embrasser le plus qu'ami. Je désirais partager cette drogue. Je voulais glisser. Pourtant, je ne cédais pas. Je ne bougeais pas. J'attendais en silence. Je savais que Gray agissait pour le mieux s'il voulait profiter de ces vacances. L'appel était fort. Il frappait dans l'être. Heureusement pour moi, la voix du jeune homme se faisait entendre avant que je ne glisse trop loin. Mon regard se posait sur lui et je grimaçais. Je n'avais que des mauvais souvenirs du centre de désintoxication. Mâchouillant nerveusement ma lèvre, je confiais « Je n'ai pas de bons souvenirs du centre de désintoxication... Je... Dans un premier temps, tu es pas mal confinés en tout cas... » Ouais, je me souvenais bien de ça. Un frisson désagréable courrait sur ma peau. Je me souvenais parfaitement. La douleur si forte. Le manque qui rendait malade. Et la solitude si intense. Cette combinaison m'avait poussée à quitter rapidement les lieux préférant fuir Boston et faire une cure particulière auprès de la famille de mon défunt mari plutôt que dans un centre. Baissant les yeux, je jouais nerveusement avec mes doigts en ajoutant « Si tu décides d'y aller, je viendrais te voir aussi souvent que j'en aurais le droit... » Si j'en avais le droit. Je n'en savais rien. Après tout, j'avais pris la fuite de ce centre et je ne savais pas si on me laisserait m'approcher de Gray. Fuck it. L'idée qu'il aille en cure et que je ne puisse pas le voir me déplaisait. Ça m'effrayait. Ça me donnait envie de le supplier de ne pas y aller et de trouver une autre manière de s'en sortir. Mais, je ne disais rien. C'était son choix. À lui et à lui seul.

Tentation frappante. Envie hurlante. Il m'était tellement plus difficile de résister dans cette chambre que dans une quelconque boîte de nuit. L'alcool et la drogue circulaient pourtant plus aisément dans le temple de la nuit. Mais non, là-bas, je savais prendre sur moi et ne pas craquer. Là-bas je parvenais à me contrôler sans jamais céder. Et, aujourd'hui, dans cette chambre avec Grayson, tout vacillait bien trop violemment. Je désirais céder. J'avais envie de craquer. Ce serait si simple à faire. Cela ferait tellement de bien à l'être qui semblait s'être lancé dans une litanie de demande pour ces substances. Je voulais tant céder. Encore plus lorsque Gray me faisait parler du centre de désintoxication. Les souvenirs n'étaient pas bons. Ça ravivait des sensations désagréables dans le corps. Ça reveillait des souvenirs d'horreur dans la tête. Ça redonnait vie à une douleur béante dans le cœur. Mes prunelles claires fixaient la bouteille d'alcool que Grayson venait de déposer. Le liquide était toujours présent. Il m'appelait presque autant que ces pilules que je savais être dans la chambre parce que j'étais celui qui les avais rapporté ici. Ange qui avait envie de bouger. Ange qui voulait se lever. Ce serait si facile de me mettre debout et d'attraper la bouteille. Ce serait si aisé de la porter à mes lèvres et de céder à son appel. Alcool tentateur. Drogue enchanteresse. J'entendais presque le chant des sirènes. Ça aurait pu me faire craquer. J'étais à deux doigts - peut-être même moins - de céder lorsque la main de Gray se posait soudainement sur ma cuisse. Je clignais soudainement des yeux pivotant à peine. Gray était à mes côtés. Je ne l'avais même pas vu se rapprocher. Je ne l'avais même pas entendu me rejoindre. Je l'entendais babiller à mes côtés. J'entendais sa voix parler de famille sans pour autant parvenir à tout saisir. C'était le brouillard dans mes pensées. C'était le bourdonnement dans mes oreilles. Un bourdonnement qui se stoppait net lorsque le front de Gray se déposait contre le mien. Mes prunelles se fermaient. Je soufflais doucement n'ayant même pas conscience que j'avais retenu mon souffle tout ce temps. La voix du jeune homme résonnait. Je l'écoutais sans bouger. Je l'écoutais sans rien dire. Nos lèvres se trouvaient. Le baiser venait détendre l'être. Les prunelles s'ouvraient de nouveau lorsqu'il s'éloignait et je venais hocher la tête aux propos qu'il soufflait. J'avais compris. J'avais entendu. Le plus important sans doute. Déposant un rapide baiser sur les lèvres de Gray, je me relevais du lit en soufflant « Tu devrais te reposer un peu... » Oui c'était préférable qu'il se repose à présent après avoir subi ce manque et après cette discussion désagréable à mes yeux. Reculant vers la salle de bain, je babillais « Je vais aller me changer et je... Je vais aller faire un tour... » Je voulais retirer cet accoutrement d'infirmier dans lequel je me sentais stupide à présent. Je voulais quitter cette chambre où la tentation semblait frapper partout. Je voulais aller prendre l'air et cesser de penser.