(TW) There for you • Anson

Samedi 13 juillet. Japon. Chambre d'hôtel.

Inquiétude cognant. Concentration difficile. Grayson était malade d'après ses messages. Ça me déplaisait. Je détestais le savoir mal. J'oubliais tout ce que je pouvais bien avoir prévu et je m'empressais de faire un tour dans une pharmacie prendre de quoi aider celui qui comptait tant pour moi. Sur le chemin du retour, une folle idée cognait dans ma tête et je me retrouvais à acheter un déguisement que j'enfilais dans le couloir de l'hôtel juste devant notre chambre. Une chambre dans laquelle je rentrais sans frapper soufflant « Ton infirmier est là ! » avec un sourire amusé. Un sourire qui s'effaçait bien vite lorsque mes prunelles se posaient sur Gray. Il avait vraiment l'air pas bien. Laissant tomber le sac contenant les médicaments et un thermomètre, je m'empressais de venir aux côtés du jeune homme déposant ma main sur son front. « Tu es brûlant Gray... » L'inquiétude montait d'un cran. Le cœur s'emballait.

Pression réelle. Angoisse importante. À présent que je me retrouvais dans cette chambre face au malade, je n'avais plus la moindre envie de rire ou de jouer. C'était ce que j'avais prévu au départ. Je voulais détourner l'attention de Gray et l'amuser pour qu'il oublie sa douleur. Cependant, en le voyant aussi mal, je voulais juste le faire aller mieux. J'étais prêt à prendre toute sa douleur juste pour qu'il y aille. Putain ouais, je voulais faire ça. Pourquoi ne pouvais-je pas juste faire ça ? Prendre son mal-être. Ses doigts attrapaient mon poignet et je me retenais de siffler sous sa température bien trop haute. Secouant doucement la tête, je soufflais un « Je vais aller me changer » très sérieux. J'irai oui parce que l'heure n'était pas à l'amusement. Gray n'allait vraiment pas bien. Me dégageant doucement de sa prise, je me relevais agissant de façon trop précipitée. Récupérer le thermomètre, vérifier sa température qui était élevée, attraper de l'eau dans le mini frigo de la chambre, déposer la bouteille à côté de Gray, repartir aussitôt dans la salle de bain et revenir avec un gant froid. M'asseyant sur le bord du lit, mes doigts venaient dégager le front de Gray avec douceur avant d'y déposer le linge frais. Le cœur battait trop fort sous l'inquiétude. Les prunelles ne le quittaient pas. Une de mes mains s'était glissée dans son cou tandis que l'autre était posée sur le lit les doigts pianotant sous l'angoisse. Le « Tu veux boire un peu d'eau ? » passait mes lèvres avec incertitude. Ange paumé qui n'avait plus l'habitude de s'occuper de qui que ce soit.

Sursaut soudain. Exclamation imprévu. La grimace se dessinait sur mon visage à ce putain que Gray soufflait au contact du gant froid. Ça venait confirmer encore plus sa température élevée. Et ça ne m'aidait absolument pas à me calmer. Est-ce que je devais le conduire à l'hôpital ? Peut-être que c'était la chose à faire. L'idée de le perdre me brisait le cœur. L'idée de le perdre m'était insupportable. Je percevais son corps trembler et ma main glissait dans son cou. L'interrogation passait mes lèvres. Il répondait avec hésitation. Je le laissais choisir. Je le laissais décider. Je ne voulais pas le forcer. Mais, finalement, il se redressait avec lenteur. Mes prunelles ne le quittaient pas. Après avoir ouvert la bouteille, mes mains restaient à proximité de son corps comme si j'étais prêt à le rattraper à tout instant. Je lui tendais l'eau lorsqu'il tendait sa main et je le fixais boire quelques gorgées. Le silence régnait. L'observation ne cessait jamais. Et l'angoisse pulsait si fort qu'elle m'en donnait la nausée. Je reprenais la bouteille lorsqu'il avait terminé et je la déposais sur la table de nuit. Le soupir passait mes lèvres à son excuse. « Arrête... » Il n'avait aucune raison de s'excuser. Je ne voulais pas entendre de tels mots. Il n'avait rien à se faire pardonner. Plus je l'observais, plus les souvenirs cognaient dans ma tête. Grayson était clairement malade ou peut-être que c'était autre chose. Ma langue glissait sur mes lèvres et le « Chaton... » était murmuré avec douceur pour l'interpeller. Une de mes mains glissait de nouveau dans son cou. Son cœur battait aussi fort que le mien. Déposant mon autre main sur son bras pour caresser sa peau, je reprenais avec hésitation « Tu... Est-ce que tu as consommé en dehors de la soirée où tu as consommé ce que j'avais... ? » La question était importante. Plus je l'observais, plus j'avais l'impression de me voir des mois en arrière quand je combattais mon addiction. Mais, Gray ne cherchait pas à arrêter de consommer ? Ou alors il ne m'avait pas mis dans cette confidence.

Réalité incertaine. Voile soulevé. La supposition se faisait une place à l'intérieur de mon esprit. Gray présentait les symptômes d'une crise de manque. Je n'avais pas percuté sur le champs. Je n'y avais pas pensé. Ange persuadé qu'il consommait dans son coin. Ange trop paniqué pour réellement poser la situation. Cependant, à présent que je me retrouvais témoin de la réalité, les souvenirs cognaient dans la tête. Je me revoyais à la place de Grayson. Je me revoyais à subir ces crises. Seul. Enfermé dans un centre de cure de désintoxication. Seul à subir la douleur. Seul à connaître cette torture. Déglutissant difficilement, je secouais à peine la tête pour éviter de me perdre dans ces sombres pensées du passé. Ce n'était pas le moment. Il y avait plus important. Une main dans son cou, mon autre main caressait son bras et la question s'échappait de mes lèvres. Le silence répondait d'abord. Et ça me suffisait pour savoir que j'avais raison. Le jeune homme ne tardait pas à le confirmer. Il n'avait pas consommé et le « Putain » était murmuré. La panique frappait l'être. Le cœur cognait trop fort. Mon attention se détachait un instant tandis que l'esprit se mettait en quête d'une solution. La voix de Gray me ramenait bien vite à l'instant présent. Un sourire triste passait sur mes lèvres. Ma main glissait de son cou à son visage le caressant doucement tandis que je confiais « Tu as besoin de consommer bébé... » Je n'aimais pas souffler ces mots, mais ils reflétaient la réalité. Mon regard balayait la chambre comme si j'étais en qu'être d'une quelconque substance miracle qui pourrait nous aider, le secourir. Reposant mes prunelles sur celui qui comptait tant pour moi, je reprenais « Tu fais une crise de manque... Tu...Tu as de l'alcool ou de la drogue planqué quelque part dans la chambre ? » J'étais prêt à parier qu'il n'avait rien ici parce qu'il veillait sur moi et ne voulait pas me voir rechuter. Fuck it. Sans rien ici, j'allais devoir m'éclipser pour trouver de quoi l'aider.

Diagnostic tombant. Réalité déplaisante. Celui qui comptait tant pour moi n'était pas réellement malade. Enfin si. Enfin non. Enfin c'était bien plus compliqué que cela. Il était malade à cause d'une absence de substances. Cependant, je ne comprenais pas pourquoi il n'avait pas consommé. Il en avait eu l'occasion. Nous n'étions pas collés l'un à l'autre. Alors, pourquoi ne l'avait-il pas fait ? Putain, il se foutait en danger. Je détestais ça. Ça me donnait envie de le secouer. Je ne le faisais pas bien sûr. Je me contentais d'être doux expliquant la situation et cherchant une voie de guérison. Gray répétait mes mots et je confirmais en soufflant « Une crise de manque ouais... » avant de jurer une nouvelle fois lorsqu'il secouait la tête. Je me doutais qu'il n'y avait rien ici, mais ça ne m'arrangeait pas. Il fallait que je laisse Gray pour trouver de quoi l'aider et je n'avais aucune envie de le perdre de vue. Il fallait que je me débrouille pour trouver des substances en vitesse. Me redressant doucement, j'annonçais « Je vais aller... » Je ne terminais pas ma phrase. Ses doigts serraient mon avant-bras et je captais ses larmes montant à ses yeux. Je levais aussitôt ma main libre pour caresser sa joue et l'apaiser, mais elle se stoppait soudainement en entendant la voix de Gray. Je me figeais totalement. Le cœur battait plus fort tandis que le corps était bien trop tendu. Je déglutissais difficilement. Mes prunelles se fermaient un instant. Non. Il ne fallait pas tenir compte des mots. Le manque faisait dire des folies. Le manque faisait perdre la tête. Je le savais mieux que personne. Le silence durait. Un peu trop long. Un peu trop réel. Les mots bloquaient dans mon crâne. J'avais envie de souffler que je l'aimais déjà. J'avais envie de lui dire que sobre ou non, il avait déjà capturé mon cœur. Mais, non. Je ne pouvais pas dire ça. Certainement pas. Me raclant la gorge, je marmonnais « Je ne te demanderai jamais d'être sobre... C'est ton choix Gray... » Je n'avais rien à imposer. Je savais à quel point imposer ça pouvait détruire. Ma main libre venait finalement se poser sur la joue de Gray tandis que mon autre main caressait déjà sa joue. Et, cherchant son regard, je finissais par annoncer « Je vais aller chercher de quoi t'aider... » C’était ce qu'il fallait faire. Et, bordel, j'avais besoin de m'éloigner.

Était-ce vraiment ton choix...? Le manque provoque ce choix que tu n'as pas. Il a décidé pour toi. Il veut te faire consommer. Le choix, tu ne l'as pas. Il avait commencé à toucher ton visage, mais il s'était arrêté. Pour toi, ça ne dure qu'un petit moment parce que le temps ne s'écoule pas de la même façon. En pleine possession de tes moyens, tu ne lui aurais sûrement pas soufflé une phrase pareille pour révéler quelque chose d'enfouit. Tu ne lui a pas dit "je t'aime", mais lui est complètement sobre et peut saisir les sous-entendus que tu viens de lui faire. C'est apaisant, quand sa main vient se poser sur ta joue parce que ta tête suit son mouvement, l'autre caresse sa jumelle et tu te laisse faire. Tu as levé encore une fois tes yeux pour capter ses électriques. Tu ne dit rien, lorsqu'il te dit qu'il va aller te chercher ce qu'il faut. Tu n'as plus le choix. Comme il t'a dit : tu l'as. Mais tu ne l'as pas. Tu finis par être laissé, le froid t'attrapant bien vite parce qu'Ange part. Tu vois sa silhouette se découper dans la présente pièce jusqu'à ce que ce soit le silence complet et tu baisses les yeux. Tu poses les mains sur le lit, puis tu te hisses complètement sur tes pieds. Tu restes un bon cinq minutes debout à fixer par la fenêtre sans vraiment savoir quoi faire. De la fièvre. C'est ce qu'il a dit non ? T'as appris quoi là-dessus ? Putain ! Tu te tape le front tellement fort que tu recules d'un pas comme un idiot avant de soupirer et tu traînes les pieds jusqu'à la salle de bain. Tu te mets à genoux contre la baignoire et tu ouvres l'eau, posant le bouchon. Tu t'souviens qu'il a utiliser le froid. C'est ça qu'il faut ? Pour la température ? T'es pas totalement là, donc tu tentes de faire par tes propres moyens. Ce qu'il te reste comme neurones même si c'est complètement stupide de le faire seul. Tu ouvres le robinet dans l'eau froide. Quitte à ce que ça te rende malade après, mais le plus important c'est la fièvre, non...? Non ? Tu fixes l'eau qui se remplie au fil des minutes. Tu te redresses et la seule pensée que tu as, encore, c'est cette putain de fièvre donc tes vêtements prennent le second choix et tu ne fais que te poser contre le rebord pour te laisser tomber dans l'eau. Ça te coupe immédiatement le souffle avec la différence de température. C'est violent et tu émerges en poussant un cri, mais personne n'est là pour t'entendre. Ton coeur bat dans ta tête. Tu es étourdi, mais tu réussis à t'accrocher sur le rebord de la baignoire. T'es assez grand pour que tes pieds soient au bout, qu'ils t'empêchent de glisser. Tu frissonnes violemment. Ta seule pensée, malgré la morsure du froid, c'est vraiment de retirer cette fièvre, dont il parle. Sauf que t'es con, évidemment. T'as pas toute tes capacités mentales pour réfléchir. Donc t'as juste agit.