(TW) There for you • Anson

Bordel invité dans la tête. Mots à oublier. Tu ne vas jamais vouloir m'aimer si je ne deviens pas sobre, pas vrai...? Ça cognait dans mon esprit. Ma tête venait mettre en lumière le sous-entendu de cette phrase, les sentiments révélés. Ça me donnait envie de fuir. Ça me donnait envie de disparaître. Cependant, je ne pouvais pas abandonner celui qui comptait tant pour moi. Pas alors qu'il était dans un sale état. Je devais l'aider et le seul moyen qui s'imposait dans ma tête était de lui apporter des substances afin de mettre fin au manque. Gray n'avait jamais parlé d'arrêter alors je choisissais ce chemin. S'il m'avait dit vouloir arrêter, j'en aurais peut-être pris un autre. Peut-être oui. Mais, pour l'instant, je devais me bouger. Mes lèvres se déposaient sur le front de Gray avant que je ne me lève. J'enfilais un sweat shirt et un jogging pour masquer le déguisement que je n'avais pas encore eu le temps de retirer. Après un dernier regard vers Gray, je quittais la chambre me mettant à courir autant que je le pouvais. J'avais des contacts de confiance heureusement. Et, en moins de quinze minutes, j'avais une bouteille d'alcool entre les doigts et de la drogue dans mes poches. Tentation forte. Envie de glisser. Je ne le faisais pas. Gray avait besoin de moi. De retour dans la chambre, le « Gray ? » paniqué passait aussitôt mes lèvres en voyant qu'il n'était pas dans le lit. Déposant la bouteille et la drogue sur la table de nuit, je me précipitais dans la salle de bain trouvant le jeune homme habillé dans la baignoire. « Oh bordel... Qu'est-ce que tu fous ?! » Ça m'échappait sans que je ne le contrôle. L'inquiétude était trop forte. Je m'approchais de la baignoire sifflant en touchant l'eau bien trop glaciale. « Faut pas que tu restes là-dedans... » Non, il ne fallait pas. Ou peut-être que c'était une bonne idée ? Fuck, je n'étais pas doué pour ça moi. Ma main se tendait vers le jeune homme l'invitant à sortir d'ici sans attendre. Un bref soupir de soulagement passait mes lèvres lorsqu'il obéissait. Je l'aidais à quitter la baignoire le soutenant. Lorsqu'il fut debout dehors, je m'activais sans attendre. Retirer ses vêtements trempés. Le sécher. Le conduire de nouveau dans la chambre dans son lit sur lequel je le faisais asseoir. Je rabattais les couverture sur ses jambes avant de demander « Est-ce... Est-ce que tu veux consommer ? » La proposition tombait. Je ne voulais pas le forcer. Je cherchais juste à l'aider. Je désirais simplement le secourir.

Tu n'es pas entièrement toi-même et du coup, ce que tu lui as soufflé n'est pas de ton plein gré. Mais les sentiments, eux, restent tout de même très sincères. Tu ignores que le coeur du tatoué bat aussi pour toi parce que tu es aveugle. L'amour rend aveugle, comme le dicton le dit si bien ! Tu es en train de geler ta vie dans ce putain de bain, mais c'est la seule chose à laquelle tu as pensé parce que le mot fièvre et froid font écho aux pensées qui se sont poussées. Tu trembles, mais tu sembles être un peu mieux, parce que la fièvre à cette tendance à la baisse. La voix d'Ange te parvient aux oreilles et tu ouvres péniblement les paupières. Fuck. Est-ce que tu t'es endormi ? Combien d'temps t'es resté dans l'eau ? ''- J'sais pas'' que tu lui a répondu quand il te demande ce que tu fous. C'est la vérité. Lorsqu'il te dit qu'il ne faut pas que tu restes là-dedans, tu hausses les épaules comme simple réponse. T'en sais foutrement rien, en fait. T'es pas doué là-dedans, encore moins quand tu as la tête complètement dans le brouillard. Tu refermes tes doigts contre sa main quand il la prend pour qu'il t'aide à te redresser. Tu n'as pas envie de te battre, donc tu obtempères plutôt aisément. Lorsqu'il commence à retirer tes vêtements, tu bouges un peu en grognant. Puis ton cul est assit sur le lit, une couverture sur les cuisses et tu lèvres péniblement les yeux vers lui. Sa question... Elle fait battre ton coeur plus vite encore et tu hausses les épaules en finissant par baisser le menton. T'as beau ne pas tout avoir comme tête là à cet instant, il y a le blocage concernant tes sentiments pour Ange. De penser que vous n'irez jamais plus loin si tu continues de consommer et peut-être qu'en choisissant le danger c'est mieux. ''- J'ai jamais eu ce choix'' que tu révèles enfin en jouant avec tes doigts. Tu es triste. ''- Imagine un gamin d'environ 13 ans qui commence...'' que tu murmures, pour lui donner l'image de ton passé, sans expliquer réellement pourquoi. Il peut s'imaginer bien des choses, mais peu importe ce qu'il pense il y a une vérité derrière :  tu as vécu l'enfer. Et tu as pallier au besoin de t'évader de ta réalité et de ta douleur. Tu trembles parce que tu as froid, cette fois et tu te pinces les lèvres. La fièvre ayant tombée temporairement, tu te retrouves avec un peu plus de clarté, mais c'est temporaire ça aussi. Tu ne réponds pas à sa question. Tu n'en a pas envie, en plus.

Instants compliqués. Tentation réelle. J'avais de quoi glisser entre les mains. L'envie était présente de me laisser entraîner par ces substances qui me feraient tout oublier. Ange subissant la torture des pensées. Ange connaissant une angoisse désagréable. Quelque part ces instants avec Gray venaient juste confirmer que je portais la poisse et que les autres étaient mieux sans moi. Quand je me trouvais dans les parages, ce n'était pas bon. Je faisais du mal. Les autres finissaient mal. Et, parce que c'était Gray qui n'allait pas bien, je ne chutais pas. Pas tout de suite. Plus tard sans doute. J'en étais presque certain. Mais, pour l'instant, je devais prendre soin du jeune homme qui me faisait encore plus paniquer lorsque je le retrouvais dans un bain glacé. Le soupir passait mes lèvres à sa réponse. Bien sûr qu'il ne savait pas ce qu'il foutait. Mais, je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même pour l'avoir laissé seul. Je l'aidais à sortir du bain me fichant de ses grognements quand je le déshabillais. Je la ramenais au lit avec douceur le couvrant légèrement et posant la question pour connaître la suite. Ses yeux se posaient sur moi. Son haussement d'épaule me répondait me poussant à me tendre. Ange bien trop paumé. La question n'était pas compliquée. Il était censé répondre oui ou non pour m'aider à savoir quoi faire. D'autres mots tombaient. Des mots qui me poussaient à baisser les yeux et à imaginer l'Enfer qu'il avait dû vivre. Je ne rajoutais rien. Je n'étais pas doué avec les mots. Du coin de l'oeil, je le voyais trembler et je m'empressais de bouger. Retirant mon sweat, je venais lui enfiler rabattant même la capuche sur sa tête. Je me glissais sous les draps avec lui tirant sur ces derniers pour bien nous couvrir. Je déposais un baiser sur le front de Gray avant de l'attirer contre moi. Ma main glissait ans son dos de haut en bas avec tendresse et je murmurais un « Ça va aller... » sans en être réellement certain parce que la situation restait bien trop instable et que je ne savais guère comment aider celui qui comptait pour moi.

''- Ange...'' que tu as murmuré quand le plus vieux a enlevé son sweet pour te le refiler. Tu trembles de froid, mais aussi par le manque. Tu ne t'oppose pas quand il te manipuler pour vous allonger tous les deux et tu te retrouves dans ses bras,enveloppé. Tu as fermé les yeux. Tu poses ton nez proche de sa clavicule, te blotissant ainsi contre lui pendant plusieurs secondes,même voir plusieurs minutes. Il te murmure que tout va bien aller, mais au fond de toi, tu sens que quelque chose ne va pas. ''- J...Je suis désolé...'' que tu murmures. ''- Je sais que ce sera à cause de moi si tu fais quoi que ce soit... Si j'avais été plus attentif rien de tout ça ne serait arrivé... Et... Et je ne veux tellement pas que tu bousilles ce pourquoi tu as travaillé si fort à cause de moi...'' Tu es tendu, même s'il te tient dans ses bras. Au final, tu te demandes si tu as vraiment ta place dans ce voyage. Le manque se fait tellement sentir que tu es mal. Le sevrage peut durer plusieurs jours et t'es pas pour gâcher ces vacances. Tu te sens au pied du mur et tu te recules pour te défaire de ses bras pour te redresser. T'as un  peu plus d'entrain grâce au fait que la fièvre a baissée, mais tu n'es pas le plus solide non plus. Tu te retournes pour voir les objets sur la table de chevet. Hm. Tu baisses le menton, les épaules basses. Tu finis par tendre la main pour attraper la bouteille. Puis l'autre qui prend les comprimés. Tu sais pas ce que c'est, cette merde. T'en reconnais, parfois, parfois pas. Tu finis par ouvrir la bouteille. ''- J'vais finir comme ma mère, d'toute façon... Ça sert à quoi d'vouloir aller mieux quand tout c'que tu fais c'est d'la merde. Être une merde. '' Tu parles un peu pour toi-même, là. À cet instant quand entre tes dents tu coinces le premier comprimé, tu as une pensée pour l'homme derrière toi. Ta tête penche un peu sur le côté, puis le menton, l'un de tes yeux qui tombe sur lui. Tu aimes Ange... Mais au fond, tu crois que ce sera toujours impossible et ça te bousille. Il ne peut pas aimer quelqu'un comme toi. Pas cet ami. Pas.... Toi. Et tu es perdu. Tu chutes.

Prénom pas entendu. Prénom ignoré. Quand il avait murmuré cet Ange lorsque je retirais le sweat, je faisais comme si je ne l'entendais pas. Je n'aimais pas l'interpellation. Je n'étais pas prêt à entendre quoi que ce soit de plus ce soir. Il avait déjà dit trop de mots qui cognaient dans ma tête et y foutaient le bordel. Je préférais simplement agir en me glissant dans le lit à ses côtés et en l'attirant dans mes bras. J'avais l'espoir que cela puisse l'aider d'une façon ou d'une autre. Peut-être qu'il parviendrait à s'apaiser et à s'endormir avec ma présence. Ou peut-être que je me berçais d'illusions. Ange loin d'être salvateur. Son murmure m'interpellait. Des excuses encore. Ça me poussait à le serrer un peu plus fort contre moi. Les autres mots tombaient. Le corps se tendait en les entendant. J'espérais que, vu son état, Gray ne captait pas cette tension. Déglutissant difficilement, je rétorquais « Ce ne sera jamais à cause de toi Grayon Maverick Valken ! » Non. Il devait le savoir. Si je faisais quoi que ce soit, ce serait ma faute. À moi et à moi seul. Je n'avais aucune envie que Gray porte un fardeau qui n'avait pas à être le sien. Il se défaisait de mes bras. Je le laissais faire fronçant les sourcils. Je l'observais se redresser prêt à agir si jamais il ne tenait pas. Je le regardais prendre la bouteille et la drogue. Je ne savais même pas quelle drogue se trouvait là. J'avais agit dans la panique ne cherchant pas à avoir de détails, mais juste de la came. Sa voix résonnait. Mes poings se serraient en entendant les mots. Des mots déplaisants. Des mots détestables. J'avais envie de le frapper pour lui remettre les idées en place. Je n'en faisais rien. Je le fixais silencieux alors qu'il coinçait un premier comprimé entre ses dents. Ma main se tendait pour se poser sur son bras « Je t'interdis de dire ça. Tu n'es pas une merde. Tu ne fais pas de la merde. Et, si tu veux aller mieux, je suis là pour t'aider. Si tu veux te sevrer, je suis là. Si tu veux continuer à consommer, je suis là aussi. Et, si tu as envie de commencer un sevrage dès maintenant Gray, je suis là aussi... » Ange prêt à changer la totalité de ses vacances. Ange désireux de juste suivre Gray sur le chemin qu'il voulait. Enfin... Tant que les sentiments restaient sous silence.

« Ce ne sera jamais à cause de toi Grayon Maverick Valken ! ». Ça avait beau sortir de la bouche d'Ange, le poil s'hérisse sur ta nuque et tu inspires, serrant les doigts autour de la bouteille. Tu détestes qu'on utilise ton patronyme complet parce que ce second prénom appartient à ton père dans le sens que c'est lui qui l'a choisi. Tu détestes qu'on l'utilise, parce que ça ramène toujours de très mauvais souvenirs.  « Je t'interdis de dire ça. Tu n'es pas une merde. Tu ne fais pas de la merde. Et, si tu veux aller mieux, je suis là pour t'aider. Si tu veux te sevrer, je suis là. Si tu veux continuer à consommer, je suis là aussi. Et, si tu as envie de commencer un sevrage dès maintenant Gray, je suis là aussi... Tu as senti sa main sur ton bras et tu ne bouge toujours pas. Le comprimé reste entre tes dents. Tu ne sais même pas quel effet ça va t'faire. Ça va t'endormir ou te foutre le feu au cul ? Hein ? Te propulser à courir partout dans ce putain d'hôtel ? À plus te souvenir de toute la soirée, ni de la nuit ? Tu plisses les yeux, tes pensées défilent. C'est un moment de lucidité, quand tu es sur le point de chavirer. Tu prends le comprimé entre le bout d'tes doigts. "- J'aimerais une bonne raison d'être sobre. Quelque chose à m'accrocher." Parce que tu n'as rien. Ange est celui qui t'a mené à tenter l'expérience, mais t'as l'impresion que quelque chose cloche. T'es pas capable d'mettre le doigt dessus et ça t'fait chier. Puis, tu ris discrètement. Mais c'est un rire jaune. Le genre qu'on fait quand on rit de soi-même avant de tourner les yeux vers la fenêtre et tu finis par te lever. Bon, tu t'en fiches de n'avoir que le hoodie d'Ange sur le dos. Il te couvre le nécessaire et tu vas vers la fenêtre, regardant dehors. "- Tu es là, mais est-ce que c'est ce que tu veux vraiment ? J'ai pas envie d'te faire paniquer plus que tu l'es déjà. Le bain semble m'avoir ouvert une fenêtre où j'ai un peu plus de lucidité, mais j'ai un choix à faire, pas vrai ? Et je ne suis pas là pour gâcher tes vacances." Tu inspires, baissant les yeux vers le comprimé que tu tiens toujours entre tes doigts. "- Tu crois que je devrais retourner à Boston ? Et avant qu'tu me dise un truc, c'est pas c'que je veux. J'te demande si c'est c'que j'devrais faire" Que tu lances en te tournant légèrement vers lui. "- Tu dis que j'fais rien pour merder, que j'suis pas une merde... Mais t'as vu comment je suis là, maintenant ? Tu vas me dire que je ne suis pas une erreur ?" Tu angoisses, c'est vrai. De te retrouver un jour avec un message te disant que tu n'étais qu'une erreur. Qu'il abandonne tout ce que vous avez construit. Ce lien. C'est grâce à ce lien que t'es encore vivant. Tu ne supporterais pas de le perdre lui, et pourtant... Tu sens un froid dans ton estomac. Quelque chose de mauvais. Tu as peur. Tellement peur... Et tu serres le poing contre le comprimé. Tu reviens vers la table de chevet et tu te penches pour regarder ce qu'il a pris. Tu sais pas combien y en a, tu les prends dans ta main et tu les observe de longues secondes. Tu as la bouteille dans l'autre. Y'a trop de choix. Celui de combattre les symptômes du sevrage et risquer sa propre vie, consommer, trop consommer. Hm. En temps normal, t'aurais sûrement choisi la dernière option comme un imbécile. Mais là tu n'es pas seul. Et pas avec n'importe qui. T'es peaumé. Complètement.

Mots déplaisants. Réaction immédiate. Je ne savais pas me contenir. Je venais bien trop vite faire savoir à Gray que je n'étais pas d'accord avec ce qu'il pouvait bien souffler. Ce ne serait jamais sa faute si je replongeait. Il n'était pas une merde. Il ne faisait pas de la merde. Non. Absolument pas. Et, je faisais savoir ma position. Je laissais entendre que je serais à ses côtés. Tout le temps. Quoi qu'il décide. Peu importait le chemin décidé, j'étais là à ses côtés. Il ne pourrait pas se débarrasser si facilement de moi. La seule façon serait qu'il me dise de dégager de sa vie et j'avais l'espoir que cela n'arrive jamais. Main sur le bras de celui qui avait ranimé mon cœur, j'attendais sa réaction. Le comprimé quittait les lèvres pour rejoindre les doigts. Je venais mordiller ma propre lèvre en entendant ce que Gray soufflait. Le Ne suis-je pas une bonne raison pour que tu sois sobre ? Ne suis-je pas celui à qui tu peux t'accrocher ? cognait à l'intérieur de mes pensées. J'avais envie de le souffler. Après tout, peut-être que Grayson ne se souviendrait même pas de cet instant. Ma langue passait sur mes lèvres et le « Je suis là moi... » était à peine murmuré. J'étais là comme une bonne raison pour qu'il soit sobre s'il le désirait. J'étais là comme un être à qui il pouvait se raccrocher. Je n'étais pas certain que le jeune homme ait entendu mes propos car son rire résonnait et il m'échappait. Il s'éloignait vers la fenêtre me laissant seul dans le lit. Je ne bougeais pas. Je le fixais. Je l'écoutais. Je le laissais parler. Je le laissais s'exprimer. Je n'avais pas le temps d'en placer une de toute manière. Il babillait trop. Les mots s'enchaînaient. Tant de questions auxquelles il me demandait des réponses sans pour autant me permettre de lui offrir. Le silence finissait par s'inviter, mais je ne parvenais pas à ouvrir la bouche. Pas alors que celui qui me faisait ressentir trop de choses revenait vers la table de nuit. Je l'observais prendre des pilules dans sa main. Trop. Mes prunelles se détournaient de la tentation. La tête me criait de consommer alors que l'être savait que je ne devais pas commettre ce faux-pas. Le soupir passait mes lèvres. Les yeux baissés, je jouais avec le draps tout en prenant la parole « Je veux vraiment être là Gray. À tes côtés. Hier. Aujourd'hui. Demain. Je veux rester à tes côtés. Je ne veux pas te perdre. » La confession m'échappait. L'engagement était un peu trop fort, mais il reflétait mon état. Il reflétait ce que je ressentais. Continuant de jouer avec le draps et de le fixer, je reprenais « Je ne sais pas ce que tu dois faire Gray... C'est ton choix. À toi seul. Si tu as envie de rentrer à Boston ou que... Que tu te sens mieux là-bas, je ne t'empêcherai pas de partir... Et je... Ouais tu as aussi un choix à faire pour... La drogue... Mais, je veux que tu saches que, quoi que tu décides, tu ne gâcheras pas mes vacances. » Même si je devais passer mes vacances à m'occuper de lui et de ces crises, cela ne pourrait pas gâcher mes vacances. Pas quand il était là. Ma langue glissait sur mes lèvres « Et non bébé, tu n'es pas une erreur. Tu n'es pas une merde. Tu es juste humain. » Un humain qui tanguait sur le même fil que moi. Ce fil d'addictions et d'hésitations. Je laissais le silence reprendre ses droits. Je restais à fixer les draps jouant avec même si, du coin de l'œil, j'observais les mouvements de Gray pour savoir s'il allait plonger ou pas.

Tu regardes les comprimés d'un oeil intéressé, mais quelque chose te détache d'eux, en même temps. Tu serres le poing, comme tu laisses libres tes doigts quelques secondes plus tard. L'indécision est violente. Puissante. Elle prend toute la place et tu es anxieux. Tu as eu l'impression d'entendre des mots, mais peut-être que c'était ton esprit qui avait rêvé parce que ce sont ceux que tu voulais entendre. La conversation se poursuit. T'as de lpus en plus de mal à ne pas vomir des mots parce que ton filtre recommence à se fissurer de plus en plus. Levant les yeux vers lui, tu es proche du lit, les comprimés dans la paume. Tu l'écoutes, même si tu dois sûrement manquer la moitié de tous les mots qui lui sortent de la bouche, mais tu retiens l'essentiel. Surtout sa confession qui fait battre ton coeur plus vite. Tu te sens étourdi, mais tu tiens encore debout, faisant quelques pas vers le lit, le contournant lentement. Ta place reste vide, mais tu te rapproches pas à pas de sa place à lui. "- J'ai toujours voulu que tu sois près de moi, plus qu'hier, moins que demain, Ange... Parce que tu es un ami précieux et même plus encore. Je ne veux pas te perdre. Jamais..." Tu es lent. Tu prends ton temps. Tu finis lentement par t'asseoir près de lui, le regardant droit dans les yeux. "- Dis moi " que tu dis avec un profond, très profond sérieux. "- Je risque de gâcher nos vacances si je ne consomme pas. Mais je n'ai pas envie de te blesser, ni que tu penses moins de moi. Si à la fin de cet été tu veux encore que je prenne ce chemin de droiture, d'être sobre... Alors je pourrais me faire aider. Parce qu'il n'y a que toi qui peut prendre cette décision." Tu lui donne beaucoup de pouvoir. Parce que c'est ce qu'il est. Sans lui, tu ne te sens pas complet. Tu préférerais crever plutôt que de le perdre. S'il accepte, tu vas prendre des comprimés, mais s'il refuse... Tu vas devoir te battre pour ta vie dans cette chambre dans les prochains jours. Un peu comme la matrix : la rouge ou la bleue ?

Pilules nombreuses. Tentation intense. Lorsque Grayson s'était approché pour attraper cette drogue miracle entre ses mains, mes prunelles avaient suivi un instant. Il y avait assez de drogue pour lui et pour moi. C'était ce que soufflait la voix dans ma tête. La tentation pulsait. Je me voyais déjà tendre la main pour en chipper quelques unes et plonger. Pourtant, malgré l'envie, je résistais détournant le regard. Yeux baissés, je jouais avec le draps avant de laisser les mots passer la barrière de mes lèvres. Je confiais mon envie d'être présent, mon respect des choix qu'il ferait, mon avis sur ces vacances et sur lui. Lui qui n'était pas une merde. Certainement pas. Je captais du mouvement du coin de l'œil. Le jeune homme se rapprochait. Et le « Tu ne me perdras jamais. » passait entre nous après les désirs avoués de Gray. Il ne voulait pas me perdre et je pouvais dire avec certitude que cela n'arriverait pas. Je ne comptais pas le laisser. Jamais. Je préférais mourir que l'abandonner. Celui qui faisait battre mon cœur s'asseyait près de moi. Nos prunelles se trouvaient et il m'interrogeait. Il me demandait ma position. Il me demandait une décision. Une décision que je ne voulais pas avoir à prendre. Je savais à quel point j'avais souffert lorsque Yohan m'avait demandé de devoir clean et, putain, je savais tout ce que ça avait entrainé aussi. La tentative de suicide, la rupture, la douleur... Je secouais doucement la tête comme refusant de me positionner et de prendre une décision à sa place. Je déglutissais difficilement avant de marmonner « Si tu ne consommes pas, tu... Tu ne vas pas pouvoir profiter et tu vas être vraiment mal. Ce... Ce n'est peut-être pas une bonne idée de ne pas consommer du coup. Mais je... Ce... Pour la fin de l'été, c'est ton choix... Je... Je serais là peu importe le chemin que tu choisis de suivre, mais je n'imposerais rien. Je ne prendrais pas cette décision à ta place... » Il en était absolument hors de question. Je pouvais être à ses côtés. Mais, je n'allais pas être celui qui bougeait les ficelles pour le mener sur un chemin. C'était à lui de choisir et à lui seul.