(jour 8, avant midi) What are you doing here ? ✱ Nicholas

Nicholas voyait deux options en quelque sorte. La première était de continuer à discuter, la pousser peut-être à parler de ses problèmes et à se vider le cœur une fois pour toute, ou bien juste... parler quoi. Quelques paroles peuvent bien changer le monde. Sauf que bavarder à n'en plus finir, ça n'a jamais trop trop été son fort, il l'admet. L'autre option était de se changer les idées et de faire en sorte que le temps passe rapidement d'ici à l'heure du défilé. Il opte pour la seconde option, avec son idée de défilé. Constance ne brillait pas d'enthousiasme, mais elle ne refuse pas la proposition non plus.

-Les mecs d'abord han? Bon, très bien.

Nick ne sait pas trop comment se fait un défilé, mais, il en a vu à la télé, surtout ceux de Victoria Secret à dire vrai, mais là, c'est différent. Il allait devoir improviser. Il se recule donc à l'autre extrémité du salon, heureusement que c'était quand même grand, assez pour faire une dizaine de pas. Il va donc se placer, donne un petit coup de langue à l'intérieur de sa main pour faire mine de se lisser les cheveux après, chaque côté de la tête. Il jetait un regard à Constance, avec un sourire amusé.

-Je me lance, attention!

Démarche fière, l'air sûr de lui, Nicholas défile, pour ainsi dire. Il fallait le voir se prendre au sérieux, faussement au sérieux, mais quand même, il jouait le jeu, avec son air décontract une fois au bout, près du canapé, mais le regard instant, le visage neutre, sans sourire. Il jette un petit regard à Constance, un petit sourire, puis, il enlève son veston, le passe contre son épaule, le tenant d'une main et défile dans le sens inverse. Puis, une fois au bout, il fait un petit pivot, un tour sur-lui même, à la Michael Jackson. Ça, c'était juste pour rigoler.

-Alors, qu'en penses madame la juge?

Devant un tas de monde, Nick aurait peut-être été un brin plus gêné, mais devant Constance, il n'avait pas de gêne, ils étaient que deux et puis en prime, ce sera son tour après. De toute façon, faut reconnaître que peu de choses arrivent vraiment à mettre le Mather mal à l'aise. Il fait son petit numéro, puis, retourne près de Constance, pour voir ce qu'elle en a pensé. Neuf? C'est pas mal pour une première fois!

-9? Et où est-ce que j'ai perdu un point?

C'est peut-être juste qu'on ne peut pas être parfait. Constance fait bien de ramener Nick les pieds sur terre un peu. Après quoi, il remet son veston et en ajuste le collet, disant alors, avec un petit sourire:

-C'est à toi blondinette.

Il s'assoit donc, histoire de ne pas lui faire de l'ombre et se tient prêt à observer ce petit défilé entre eux. Constance se prête au jeu, mais elle semblait manquer un brin d'assurance. N'empêche, quel déhanchement et arriver au bout, il aime bien la pose qu'elle prend. Mais après, toute gênée, alors qu'il la regardait avec des yeux comme fascinés et un beau sourire, elle s'assoit, tirant une mine déconfite. Wooh, que s'est-il passé! Mais c'était parfait! Là, il était étonné.

-Alors? Bah t'étais super! On aurait dit une pro'. Ya juste à la fin, t'as cassé un peu.

Nick avait peut-être la solution. Au basketball, on apprend toute sorte de chose. Jeune, on a dû mal à se l'imaginer, Nick devait travailler un brin sa confiance en lui. Souvent, il faisait une passe de trop et évitait de tirer au panier. Il était jeune, c'était normal de douter aussi. En tout cas, il avait passé pardessus ce problème et tentait d'appliquer une formule semblable à Constance. Il se lève donc et d'un geste de la main, il invite Constance à se lever et même, la lui tend. Une fois qu'elle est debout, il ancre son regard dans le sien.

-Je veux essayer un truc... Je veux que tu me dises: « Je suis la plus belle et la plus sexy d'Harvard ». C'est tout, rien que ça, mais faut que tu me regardes dans les yeux et pas le droit de rire han, faut que tu le crois!

Elle trouverait sans doute cela ridicule et ça l'est un petit peu, mais c'est peut-être moins stupide que cela n'y parait.

Réponse plutôt dure de la part de Constance. La perfection est une connerie? Il est plutôt d'accord avec elle, d'un point de vue philosophique en tout cas. La perfection, c'est aussi prévisible qu'ennuyeux. Les défauts d'une personne, c'est en partie ce qui fait qu'elle existe, qu'elle est unique. Si tout le monde n'avait que des qualités, tout le monde se ressemblerait, pensez-y. Même les défauts d'un physique peuvent devenir un trait de beauté, comme un grain de beauté sur la joue par exemple. Il eut donc un petit hochement de tête, sans apparaître choqué.

Ensuite, Constance fait son défilé et si Nick n'a pas de troisième œil mexicain, croyez-le, il est possible de le prendre au dépourvu, c'est quand même un gars observateur. Moins bavard que bien des gens, il est plus visuel, il observe davantage et il est sensible à ce qui se dégage d'une personne. Bon après, il ne lit pas dans les pensées non plus, mais si un visage se ferme à peine après s'être ouvert, il lui semble que c'est facile de deviner que quelque chose ne va pas. Pour toute réponse en tout cas, Constance lui dit, d'une petit voix qui le fit sourire, qu'elle était gênée. Oui, ça semblait évident et si on est une fille timide, faire un défilé est sans doute la dernière chose qu'on ait envie de faire.

Pourtant Nick se lève et semble se donner comme devoir de donner du courage à Constance, de la confiance en elle. Plus facile à penser qu'à faire, mais bon, d'ici le vrai défilé, il n'avait que ça à faire, ou presque. Si jamais il rate ses études, il pourra toujours devenir coach de vie ou dirigeant d'une secte... c'est au choix. Et Constance n'était décidément pas une adepte de la perfection.

-Arrêtes la philosophie un peu, tu te poses trop de question. Je ne te demande pas d'être parfaite, je te demande de dire une phrase, c'est tout.

Il ne fallait pas forcément le prendre au mot, mais Nick marque une pause et se dit qu'il ne peut pas non plus forcer Constance à dire des mots.

-Si tu ne veux à tout prix ne pas dire cette phrase, lâches toi un peu, fais le premier truc qui te passe par la tête. Tu es toute coincée, on dirait une prisonnière.

Constance ne dit ni cette phrase qu'il lui réclamait ni ne fit quelque chose qu'elle avait envie de faire, ne serait-ce qu'une folie passagère. Non, elle s'excusait et se montrait désolé. Patient, il l'écoute, mais ce n'est pas ce qu'il attendait d'elle, qu'elle se plaigne encore de son sort et se targue d'être la fille la plus "la plus tordue et torturée d'esprit d'Harvard". S'il a un sourire, ce n'est pas pour se moquer d'elle, il a quand même un brin de compassion, mais bien comme pour la rassurer et d'ailleurs, il ne peut pas retenir un commentaire.

-Je pense qu'il y a plus de candidates à au titre de "fille la plus torturée" qu'il n'y en a au concours de la plus belle Cabot...

Disons que personne n'a l'exclusivité des malheurs sur cette Terre. D'ailleurs, peu de gens savent le vécu de Nicholas, qui n'en parle jamais de toute façon et est encore moins porté a se plaindre. Après quoi, il met ses mains sur ses hanches, comme pour se donner un air plus "autoritaire" ou sérieux si vous voulez.

-J'attends toujours que tu dises cette phrase ou que tu fasses quelque chose, que tu oses. Donnes toi une chance Constance.

Parce que si elle ne faisait que se répéter qu'elle est nulle, torturée et compliquée et quoi d'autre encore, bah effectivement, elle sera une fille quelque peu... désolé du terme, emmerdante, déprimante, etc.. Nick ne dit pas qu'elle l'est, s'il s'emmerdait, il ne serait pas là, soyez en certain, mais enfin, il serait peut-être temps qu'elle se donne une chance quoi et donne une chance à la vie par la même occasion. Elle découvrira bien assez tôt que rien n'est parfait, tout est permis.

Constance semblait un peu hésitante. Sans grande conviction et avec le soupir de celle qui se sent plutôt obligée, elle finit par dire qu'elle est la fille la plus belle et la plus sexy de Harvard. Bon, c'était un début! Il se gratte la tête avec sa main, brièvement et avoue alors à son tour, pas désespéré, mais enfin, il n'y connait rien en pshychologie...

-Bon, c'est un début! Tu n'avais pas l'air très convaincu... Je pourrais te la faire répéter dix fois cette phrase.

Nick en profite pour se rassoir.

-J'avais un problème quand j'ai commencé à jouer au basket. Je faisais souvent une passe de trop à un équipier et je ne prenais pas le risque de lancer au panier. J'étais hésitant et ça mettait mon équipe dans l'embarras, le hic, c'est que je faisais ça par peur de la mettre dans l'embarras. Alors mon coach m'a pris seul dans un coin pendant une pratique. Il m'a fait faire des dizaines et des dizaines de lancer au panier et de toutes sortes. Avant chaque lancée, je devais dire une phrase du genre : "je suis le meilleur joueur de basket, le meilleur lanceur" blablabla. C'était vraiment emmerdant, mais on dirait qu'à la longue... je ne sais pas... La personne la plus difficile à convaincre, c'est souvent soi-même.

Ce n'était pas son genre de parler aussi longuement, de raconter une histoire, mais de temps en temps, ça lui arrive, puis, il comblait l'espace ainsi, le silence. Pour conclure, il ajoute avec un petit sourire.

-Aujourd'hui, si je vois que j'ai une chance de faire un panier, je n'ai pas une seconde d'hésitation. Je lance, peu importe ce qui arrive en suite.