(tw) You're not a burden (vincent)

Je savais que la situation allait être compliquée... Dès l'instant où les échanges m'ont donnés envie de m'enfuir. Parce que je déteste toutes les formes de conflit et je soupire en baissant le menton. J'ai le coeur serré parce que je sens bien que ça ne me rend pas bien. Vincent a assez sur les épaules pour ne pas que je m'en mêle... Khol étant en l'hôpital, je... Je ne me sentais pas apte à suivre et surtout à lui rajouter ma présence. Mon père avait réussi à me faire sentir comme un putain de fardeau au fil des années, même si une petite lumière à l'intérieur de moi le sait pertinemment. Je suis prisonnier de ce que mon père a fait de moi. Un être asservi, apeuré et fuyant. Je suis incapable d'affronter les situations de conflit... Et je me retrouve pourtant à affronter l'un des plus gros de ma vie et il est en la personne de mon petit ami. Je baisse les yeux sur mes mains qui tremblent alors que je sais qu'il arrive et je sens les larmes monter. Je suis assis contre le mur, entre mon mur et ma commode, comme si ce petit espace pouvait me servir de protection, mais je me sens seulement coincé, un faux sentiment de sécurité.  

Je suis épuisé. Ça fait deux jours complets que Khol est à l'hôpital, toujours inconscient. Je m'inquiète pour lui, surtout avec ce que le médecin m'a dit… Il manque de nutriments… Et s'il continue comme ça, ça peut lui être fatal. Je sais que Khol ne sera pas content mais je vais devoir surveiller sa diètes. Faire sûr qu'il mange ce qu'il faut pour lui donner les bons nutriments.
Mais en ce moment, je m'inquiète aussi pour Ravi. Je n'ai pas aimé notre échange de texte. Et il m'a dit qu'il ne se sentait pas bien alors… Comme l'ami de Khol est présent, j'en profite pour aller voir Ravi. J'ai peur en réalité. Peur de le perdre. Qu'il glisse entre mes bras et s'enfuit… Que… ce soit trop nouveau pour lui. Je soupire en coupant le contact de la voiture. Je sors pour me rendre à l'appartement, ouvrant la porte. La première chose que je fais à l'intérieur, c'est de l'appeler. “Amore ?” Je referme la porte, enlevant mes chaussures. J'ai le cœur qui bat rapidement, ne pouvant apaiser cette peur qu'il ne soit plus ici. Ne pouvant pas apaiser le stress qui fait tourner mes pensées en boucle.
 

La voix de mon compagnon me fait tressaillir et je redresse le menton. Mes doigts glissent sur mon ancien tissu de lit et je serre un peu les doigts avant de ne pas bouger. Est-ce que je parle...? J'essaie, mais ça ne veut pas sortir et je serre davantage les doigts contre la couverture jusqu'à sentir les larmes couler sur mes pauvres joues. Je me sens immature de réagir de cette façon... Mais je n'arrive à rien d'autre. Je renifle avant de me laisser retomber vers l'arrière, même si mon dos frappe contre le mur et tout ce que je trouve à faire, c'est une auto-destruction puisque je frappe le derrière de ma tête contre le mur. Encore. Et encore. Ça bourdonne, ça commence à me faire mal d'abord, puis ça devient un peu embrouillé. Je fais aussi du bruit par le même processus, mais je suis plongé dans cette bulle où je me trouve simplement idiot et que je mérite ce qui m'arrive. Les mots de mon père me reviennent : tu n'es qu'un moins que rien. Tu n'arriveras à rien dans la vie et tu n'es pas assez fort. Tu ne seras jamais un vrai homme. Jamais. Les vrais hommes peuvent faire vivre une famille et toi, tu ne réussira jamais. Et il a sûrement raison, pas vrai...? 

Je sais qu'il est ici… Puisque ses chaussures sont là. Alors je commence à vérifier vers la salle de bain avant de commencer à entendre quelque chose cogner contre le mur. Ça vient de sa chambre. Je m'y rend en vitesse et lorsque je le vois, mon cœur se serre. Je me précipite vers lui pour l'entourer de mes bras, posant une main derrière sa tête pour l'empêcher de se frapper encore. “Je suis là amore” que je dis, lui caressant le dos.
Mais… Qu'est ce qui a bien pu le mettre dans cet état ? Est ce notre échange SMS… Ou peut-être quelque chose d'autre. “Oh Ravi… Qu'est-ce qu'il y a ?” Je suis doux et il n'y a aucune once de colère ou de signe qui indique que je vais lui prendre la tête.
Je suis resté quelques minutes comme ça avant de me décaler et de prendre son visage en coupe. J'essuis ses joue de mes pouces. “Mon amour… Parle moi s'il te plait… Je… Je m'inquiète. Est-ce que quelqu'un t'a fait du mal ?”

Je ne ressens pas le mal à sa grande puissance avant que les bras de mon compagnon ne viennent m'entourer et me protéger de continuer. Mon front tombe contre son épaule et je ferme les paupières, les larmes qui continuent de tomber sur mes joues quand je ne devrais pas être comme ça lui qui semble déjà en avoir assez sur les épaules. J'tremble, pourtant, entre ses bras et je me sens impuissant. Lorsqu'il recule mon visage pour l'entourer de ses mains, j'ouvre difficilement mes azurs pour observer ses chocolats. J'ai la tête molle entre ses larges mains et je sens encore les larmes couler, le mal de tête qui apparaît parce que j'ai frappé fort à plusieurs reprises sans me rendre compte de la puissance avec laquelle je le faisais. "- Moi "..., que je lui dis en émettant un hoquet alors que je baisse les yeux. "- C'est moi le problème... Je... J'ai toujours été le problème. Toujours... Je suis faible. Je ne suis pas un vrai homme, comme dirait mon père... Pas vrai ? Pourquoi est-ce que tu m'aimes, Vincent...? Tu... Tu pourrais tellement être mieux qu'avec quelqu'un qui vend son corps, qui n'a rien à offrir... Tu... Tu serais tellement mieux s...sans moi je... J'suis sûr que je ne peux rien apporter de bon..." C'est moi, qui me fait du mal. Ce n'est pas lui. Quoique mon père m'en fait, même en étant pas présent. "- J...J'mérite rien de tout ça... J'suis qu'un b...bon à rien..." Et les voilà, les paroles qui ont pénétrées ma tête, venant de mon propre père. Le mauvais conditionnement qui a été perpétré pendant vingt ans sur ma vie avant mon départ de Singapour. Conditionné à y penser. À le ressentir. À se voir comme tel. Et que ça ne se casse pas du jour au lendemain. Jeune. Inexpérimenté. Étranger. Violenté de bien des façons, mais jamais sexuellement par son père... L'emprise est diaboliquement puissante, même de si loin.

Ses paroles me percent le cœur. Chacune d'elles. Son père est un monstre. Un idiot. Un connard de première classe qui ne mérite que de vivre ce qu'il a fait vivre à son fils. Mes mâchoires se serrent par la colère qui germe pour cet homme que Ravi appelle papa. “C'n'est pas un père ça… C'est un tyran.” Et ça vient chercher des mauvais souvenirs chez moi pour avoir vécu des choses similaires. “Tu es un jeune homme fort. Courageux.” Que je dis en ayant toujours son visage entre mes mains. “D'un… Tu ne vends plus ton corps. De deux, je suis désolée, mais c'est faux. Ravi, tu es bon pour moi…” Mais ses prochaines paroles me font serrer les dents. “Tu n'es pas un bon à rien !” Je plante mes yeux dans les siens. “Je vais te le répéter autant de fois qu'il le faut mon amour. Tu n'es pas un bon à rien.” Je finis par le serrer dans mes bras à nouveau en essayant de trouver les bons mots pour le rassurer. Mais… J'avoue que c'est dur de trouver quand j'en ai déjà beaucoup dans la tête. Ma mère qui ne va pas bien, nouvelle que j'ai reçue ce soir. Khol à l'hôpital et maintenant, Ravi, que je ne sais aucunement ce qui se passe en ce moment. Du pourquoi, il est comme ça. “Tu es quelqu'un qui réussit, mon bel ange. Tu es quelqu'un d'attentionné et qui aime aider ses proches. Tu es toujours là pour nous. Tu rayonnes. Tu… Tu illumines mes journées surtout lorsque je suis accueilli par ton beau sourire.” Que je lui dis, lui frottant le dos. Je commence à le bercer un peu. “Je ne souhaite personne d'autre. Je ne veux que toi… Parce que tu es mon rayon de soleil. Tu me rends heureux Ravi.”

"- C'est faux..." J'avais répondu dans un murmure lorsqu'il avait lancé que j'étais un homme fort. Oh, c'est faux... Je ne me sens pas fort. Je ne me sens pas courageux. Je suis obligé de poser mes yeux dans les siens parce qu'il enserre mon visage et je sens toujours mes larmes continuer de couler sur mes joues et je renifle un coup. Je tente de secouer la tête à ses mots, mais je n'y parviens pas. Et encore, avancé pour reculé, me voilà de nouveau dans son champ de vision après un petit moment d'absence. "- Si..." Que j'avais dit tout bas quand il avait dit que je n'étais pas un bon à rien. "- Je sais que tu as raison, mais..." Je me sens soudainement serré, bercé entre ses bras et frotté dans le dos. Mes paupières se ferment quelques secondes et je viens cacher mon visage dans son cou, mon nez frottant sa peau. Je me sens encore sur le point d'exploser... La panique me prend vraiment aux tripes. "- C'est faux... C'est faux..." Je répète ces mots en sanglotant contre lui. "- J'suis pas un rayon de soleil ! Je ne te rends pas heureux ! Regarde ce qui arrive... Regarde moi maintenant... J'suis... J'suis qu'un tas à la ramasse ! J'suis rien... Rien...!" J'me redresse de ses bras pour la première fois. C'est aussi un signe que cette fois, je suis vraiment dans un état plus compliqué et je me mets rapidement à sortir d'la chambre, presque en courant et je regarde ce qui est... Et sera bientôt mon ancien appartement. Mes bras se serrent contre moi parce que j'ai froid. "- Mon père avait raison... Je ne suis bon à rien.. Oh.. J'me dis que j'aurai dû accepter le chemin qu'il avait décidé pour moi.." Me marier. Avoir des enfants, quitte à devoir me bourrer d'un médicament comme le viagra pour y parvenir parce que les femmes ne parviennent pas à me faire bander... Je baisse la tête et je crois qu'à ce moment précis, je suis vaincu. Quelque part, mon père a gagné contre moi et je me sens le souffle coupé. Je rends mon copain malheureux, aussi. "- Je... Je ne te rends pas heureux... Regarde toi... Regarde toi je... Je ne peux pas... C'est faux que je suis un rayon de soleil... Je suis plutôt l'orage devant qui ne cesse de faire pleuvoir...." Et je me rabaisse, encore. .

C’est comme si mes mots ne parvenaient pas à lui. Comme s'il refusait de les écouter et de se laisser bercer par leur clarté. C'est à ce moment que je réalise à quel point la noirceur de ceux de son père étouffe sa lumière.
C'est faux qu'il m'a répondu. Oh… Comme j'aimerais lui donner mes yeux pour qu'il voit comment je le vois. Pour lui prouver que c'est bel et bien une personne forte et courageuse. Si, qu'il m'a répondu lorsque je lui ai dit qu'il n'était pas un bon à rien.
Je l'ai serré dans mes bras alors qu'il m'a dit qu'il sait que j'ai raison… Pourtant, un mais a suivi et je l'ai senti se tendre contre moi.
Que faire ? Comment vais-je pouvoir le calmer… Le ramener ?
Il se met à parler, à me contredire encore une fois. Ça me frustre. Putain, ça me frustre qu'il ne le vois pas. “Mais Rav–” il se dégage de mes bras, je n'ai pas le temps de le retenir.
Je me redresse après l'avoir vue sortir assez vite de la chambre. Je fais de grandes enjambées pour le suivre jusqu'à la cuisine… Et encore une fois ses paroles me font l'effet d'un couteau en plein cœur. Son père… Encore une fois.
“Assez !” Que je lui dis fermement, m'approchant de lui, posant mes mains sur ses épaules. J'en ai assez de l'entendre se dégrader. De le voir dépérir sous mes yeux a cause d'un parents même pas présent.
Oh, j'ai vu son regard changer après lui avoir presque crier assez. Je le prends dans mes bras et le serre fort contre moi. Je le sens résister, essayer de s'en défaire. Cette fois, je le tiens fermement. “Sa suffit Ravi… Tu n'es pas tout ce que tu dis” je sens les émotions monter… Je ne pleure pas, mais mes yeux sont humides. “Je me fous de c'que ton père t'as dit… Tu es un homme merveilleux à mes yeux. Et je vais finir par te le prouver.”
Lorsque je sens qu'il arrête d'essayer de se décoller, je me décale pour le regarder. “Je t'aime Ravi”

" Assez ".
Le mot a résonné dans mes oreilles jusqu'à ma tête et je me suis immédiatement figé. Mes pupilles ont réagi, grossissant légèrement et je me suis tendu. Oh, il vient de provoquer la peur chez moi et je me mets limite à trembler contre lui. Ses larges mains se sont posées contre mes épaules et je ferme les yeux quelques secondes en ayant le réflexe de reculer, mais il me retient et lorsque ses bras se referment contre moi, je tente de sortir. Je me tortille, je tente de me déprendre, mais rien n'y fait. J'émets un petit couinement qui teinte mon état d'esprit qui abandonne et je finis par poser la joue contre son sternum, les yeux à demi ouverts. La combativité que ça me demande commence à me quitter et je suis épuisé. J'ai un peu fais comme son cousin : je n'ai pas mangé. J'ai un peu le même problème que Khol même s'il est moins grave. Me priver de nourriture est quelque chose de plus ou moins normal, quand il m'arrive des moments émotionnels plus forts et difficiles. J'ai déjà été privé de nourriture chez moi comme punition, mais aussi nous n'avons jamais été riche... Alors parfois l'argent manquait et la nourriture aussi. Avec ce qui se passe maintenant, je commence à sentir le manque d'énergie.. Je suis maintenant mou entre ses bras et je penche presque la tête quand il se décale, mais je me retiens de justesse. Mes yeux doivent se redresser pour l'observer. "- Je.... Je t'aime aussi...." Que je lui murmure avant de baisser le menton et mes doigts viennent s'accrocher à son haut. "- Vincent..." Ma voix est encore faible. "- J...je ne me sens pas bien..." Cette fois, je lui parle et soudain, je penche. Je sais qu'il sera assez rapide et comme je m'y attendais, mes pieds sont soulevés du sol sans mal et je pose la tête contre son épaule. Par la peur, il a provoqué un choc. Le choc nécessaire à me faire retomber les pieds sur terre. Et revenir plus à la normale, mais le contre coup est violent pour moi et je soupire, les paupières difficilement tenaces. "- Pa...pa... Est.. violent... Papa... Ne m'aime pas... Moi ne pas être un fils... Que..." Tout ça, je le murmurait, sans réelle connaissance de cause. "- Monnaie...échange...moi...juste..argent..." Je suis de plus en plus dans les vapes. Je ne sais même pas si nous sommes encore dans l'appartement ou s'il a quitté. Mais c'est dans ses bras chauds et réconfortants où je me sens le plus en sécurité que je m'endors. Je suis juste, maintenant, paisiblement endormi. Il n'y a qu'entre ses bras que je trouve le meilleur sommeil à présent et il le sait. Donc cela n'est rien d'étonnant que mon corps se laisse aller, me laisse tomber lorsque je suis enveloppé dans ses bras et soulevé. C'est lui, ma sécurité absolue.

Je le rattrape assez rapidement lorsque je l'ai senti se ramollir. J'imagine que ça lui a fait un choc… Mais je m'en veux. Surtout après avoir vu la peur dans ses yeux. C'était pourtant nécessaire pour le ramener.
Dans mes bras, je le sens trouver ceux de Morphée… Et c'est dans un murmure qu'il me révèle quelques atrocités que son père lui a fait subir. Je serre les mâchoires. Mais je ne réponds pas, de toute façon, il ne m'entendra pas. Alors… Je le pose sur le canapé, le temps de rassembler ses affaires. Revenant vers lui avec ses chaussures, je tente de le réveiller doucement. “Mon amour… Faut placer tes souliers…” Il ouvre à peine les yeux, mais prend confiance, juste assez pour m'aider à lui enfiler ses chaussures.
Je le reprends dans mes bras après l'avoir aidé aussi avec son manteau. Et je sors de l'appartement, prenant le temps de verrouiller la porte avant de me rendre à ma voiture. Je l'installe au côté passager et je prends place derrière le volant.
Je fais tout le chemin pour me rendre à la maison, le reprenant dans mes bras avant de me diriger vers la porte. Je dépose Ravi sur ses pieds. “Ce n'est que pour quelques secondes amore.” j'ouvris la porte, après l'avoir déverrouillé et j'entre à l'intérieur en reprenant Ravi dans les bras. Je fais le même processus pour refermer la porte derrière nous. J'aide mon bel ange à enlever son manteau et ses chaussures, pour le reprendre dans mes bras et me rendre à notre chambre. Je le dépose sous les couvertures.
Je l'observe, après m'avoir assis sur le lit. Je réfléchis… Putain, comment des pères peut être aussi cruel ? Mon père qui nous a élevé aux coups pour nous corriger… Sans parler de la dureté de ses paroles. Et mon pauvre Ravi, qui semble avoir subi tant d'atrocités… Ça me fout la rage. Je soupires, avant de m'installer à ses côtés et de le prendre dans mes bras afin de me reposer moi aussi. “Je veille sur toi mon bel ange.”