cross the line. ( - levy)

Tu l’admets enfin ; Levy fait partie de toi. Tu te souviens l’avoir repoussé à plusieurs reprises à contre-coeur et c’est sans doute pour cette raison qu’il ne t’a pas retenu. Toi aussi tu t’es comportée de manière stupide avec lui mais ta rancune était encore vive et ton coeur encore douloureux.  Tu ne pensais pas pouvoir refaire confiance à Levy un jour et pourtant, il est le seul sur qui tu peux compter aujourd’hui alors que tu es au plus bas. Tu ne le quittes pas du regard, lui , accoudée au rebord de la fenêtre la clope au bec ; tu l’images s’envoler comme un oiseau pour s’enfuir après tes aveux. T’as pas envie qu’il se sente comme un oiseau en cage avec toi, surtout depuis ce que Sage t’a dit. Tu ne seras pas exigeante cette fois, ni à l’avenir, ni plus jamais parce que dans le fond, tu t’es résignée ; tu as fini par accepter l’idée que tu ne seras jamais celle qui suffit à un homme. Croisant les bras contre ta poitrine  :« Et ça marche ?  » Sourire à peine visible au coin des lèvres.  Tu fronces les sourcils lorsque Levy ôte son attelle. Tes prunelles se perdent dans les siennes et tu as l’impression que le temps s’arrête subitement.  Ses doigts effleurent ta peau ; comme une caresse destinée à ton âme, ton cœur s’emballe. Délicatement, tu prends sa main,  « Je pourrais bien te donner mon bras mais pas sûre que tu sois fan de ma manucure.  » Clin d'œil amusé  qui lui est adressé, tu portes doucement sa main à tes lèvres  que tu couvres léger baisers délicats « Tu veux m'en, parler maintenant ou tu vas continuer de faire ta tête de mule ? » Ton autre main se pose sur sa joue.

— j'ai l'impression de jamais vraiment être parti dis-tu entre deux taffes tirées sur ta cigarette. tu l'as trompé mais tu ne l'as pas oublié. elle a toujours été celle à qui tu pensais même si t'as rencontré des dizaines d'autres filles depuis votre relation. jamais rien de sérieux, que des histoires d'un soir, des plans cul. il y a eu sage, plus récemment, où t'as senti que ça aurait pu le faire. mais pour tu ne sais quelle raison, tu t'es un peu ravisé, t'as freiné les choses. peut être pour pas la blesser car tu la sentais bien plus attaché que toi, que ça allait trop vite entre vous, et qu'erika était toujours là, dans un coin de ta tête. cigarette écrasée, le mégot qui diffuse une odeur de tabac froid. tu retires ton attelle pour laisser respirer ta peau et bouger légèrement la main et les doigts. douleur diffuse qui t'empêche de faire ce que tu voudrais. — ouais, garde tes griffes. lâches-tu sans vraiment rire. sujet épineux, tu sens qu'elle veut absolument aller sur ce terrain là. t'es un peu braqué, mais tu sais aussi qu'elle te lâchera pas. — tu veux savoir quoi exactement?

Tu t’es perdue quelque part entre la douleur et la colère en essayant d’oublier Levy. Tu t’étais jurée de ne plus donner ton coeur facilement et puis il y’ a Jude ; ta seule relation sérieuse depuis ta rupture avec Levy sauf que ça s’est terminé comme ça a commencé ; mal. Tu te sens à ta place lorsque tu es au côté de Levy, comme si l’équilibre du monde était enfin rétabli mais une partie de toi craint de ne pas être suffisante, comme la première fois. Son bras te préoccupe tout autant que lui, ça t’inquiète parce que tu sais que s’il ne peut plus jouer au tennis , ça lui fera l’effet d’un rêve brisé :  « Tout ? Comment tu sens et ce qui te tracasse… » T’avais pas la réputation de l’écouter quand vous étiez ensemble, c’est vrai mais tu as appris de tes erreurs :  « Ça te fera du bien d’en parler et si tu veux, je compterai jusqu’à cinq après et j’oublierai c’que tu m’as dit. » Sur ce pont là, vous vous ressemblez. Difficile de se confier et de se montrer vulnérable aux yeux des autres.

lorsqu'elle est là, à côté de toi, t'as pas le moindre doute sur le fait qu'elle t'as manqué, sur le fait que t'as été un gros con avec elle. tu pourras pas modifier le passé mais tu peux au moins essayer que le présent et le futur soit plus agréable. pour elle comme pour toi. tu lis dans ses yeux l'empathie dont elle a rarement fait preuve auparavant. — je sais même pas quoi t'dire tout se chamboule dans ta tête, tu sais pas comment ta mobilité sera d'ici quelques jours, quelques semaines. à partir de maintenant, tu vies jour après jour, sans essayer de te projeter dans une quelconque idée de rétablissement parfait.  — c'est pas agréable, c'est même un peu douloureux quand je fais certains mouvement. et puis j'ai l'impression d'avoir des fourmis tout le temps dans les doigts tu regardes cette main qui tremble légèrement à l'idée de parler de ce que tu ressens. mais pas l'envie de s'étaler plus sur le sujet alors tu viens te rapprocher d'elle, coller son corps au tien en mettant ta main valide dans le bas de son dos.  — tu sais tout dis-tu plus bas alors que ton menton sur pose sur le haut du crâne d'erika.

Tu ne veux plus regarder en arrière et tu as cessé de jeter constamment la pierre sur Levy.  Tu n’as pas été irréprochable avec lui, tu l’accuses d’en avoir choisi une autre mais toi, tu l’as délaissé et c’est tout comme tu ne l’avais pas choisi non plus. La remise en question a été compliquée pour toi, difficile et devoir tirer un trait sur tes sentiments l’est encore plus. Tu te souviens avoir demandé des nouvelles de tout ton entourage après la catastrophe du TD Garden sauf de Levy et là tu t’en veux terriblement.  Pincement au cœur quand tu l’écoutes. Intérieurement, tu te dis que tu aurais pu le perdre ce jour - là. A part ses sensations, il ne t’en dit pas plus et tu ne vas pas forcer pour le contrarier. Tu soupires légèrement : « Désolée de ne pas avoir été là pour toi. »Regrettes -tu sincèrement, tes yeux dans les siens. Son menton sur le haut de ta tête, tu en profites pour nicher ton visage dans son cou tandis que ta main caresse sa nuque. Tu ne t’es jamais lassé de son parfum. Tu déposes quelques baisers sur sa peau avant de te détacher de lui :  « [color:c141=crimson6]Tu veux que je t’aide à remettre ton attelle ? Si tu as trop mal tu devrais la remettre pour reposer ton bras.   » Parce que t'as pas envie de le voir souffrir le martyre. Tu te retournes pour récupérer son attelle que tu lui tends :  « J’peux être ton infirmière si tu veux mais abuse pas, ce sera juste pour ce soir.   » Proposes -tu en riant doucement.

l'aisance empruntée pour ses excuses te prouve évidemment qu'elle est sincère. un sourire s'affiche sur ton visage et bien qu'elle ne puisse le voir, t'espères qu'elle peut ressentir que t'es content de l'entendre dire ces mots. tu viens à la serrer un peu plus contre toi sans trainer plus longtemps sur le sujet. ce qui est fait et fait et les regrets ne l'amènerait à rien. elle était là maintenant et c'était ce qui t'importait. sa proposition te laissait perplexe l'espace d'une minute. la laisser toucher ton bras douloureux et balafré n'était pas la meilleure idée, mais t'avais envie qu'elle le fasse tout de même. ton corps se décalait du sien, perdant son étreinte réconfortante. — tiens disais-tu en lui tendant l'attelle ainsi que ton bras gauche. — soit délicate chuchotais-tu en prévention. — et elle propose quoi d'autres comme service l'infirmière ? lui réponds-tu sur un ton rieur.