Invité
est en ligne
Invité
C'était étrange, comme moment. Charlotte semblait s'en vouloir d'avoir posé cette question, d'avoir été curieuse et d'avoir laissé la question lui échapper. Pourtant je ne lui en voulais pas, je ne trouvais pas non plus cette question totalement déplacée, et pour cause ; nous parlions bien famille, de mon lien avec Rose qui avait quelque peu dérappé et de la différence entre nos deux mères... deux mères qui ne verraient pas ce qu'il s'était passé du même oeil. J'étais prêt à parier que ma tante serait choquée mais qu'elle ne verrait ce rapport que comme une erreur qui ne devait plus se reproduire. En revanche, ma mère avait suffisamment mariné - tout comme moi - dans la mentalité de la riche famille à mon père pour être capable de me rejeter si la nouvelle atteignait ses oreilles. Et pour le moment, qu'étais-je sans mes parents ? Rien. C'était certainement aussi pour cette raison que j'avais du mal à leur tenir tête concernant mon mariage avec Elysia. Je ne voulais pas qu'ils soient déçus de leur fils unique, qu'ils cessent de me présenter à leurs amis avec le sourire aux lèvres. Je savais pertinemment que si je ne me montrais pas à la hauteur de leurs attentes, tout s'arrêterait, mon monde s'écroulerait comme un château de cartes. Le gros silence qui suivit mes mots me permit de réfléchir à mes racines, aux valeurs de ma famille, à regarder la situation avec du recul. Il ne fallait pas que je panique, c'était le meilleur moyen pour moi de me mettre dans une situation pire que l'actuelle, puisqu'on ne touche jamais vraiment le fond, je pouvais encore tomber et il en était hors de question.
Je fus tiré de mes rêveries par la voix de Charlotte, douce et calme, qui s'excusait pour cette question qu'elle n'avait apparemment pas trouvé pertinente alors qu'à mes yeux, elle l'était. Je reportai mon attention sur la jeune femme, plongeant dans son regard quelques secondes avant de lui sourire.
« Non ça va, ne t'excuse pas. Ca m'aura au moins permis de réfléchir plus calmement. »
Je lâchai à nouveau sa main pour me passer les mains sur le visage puis dans les cheveux, soupirant et fixant désormais le plafond. Je me sentais complètement... à l'ouest, fatigué, décalqué. Le fait d'être installé si confortablement ne m'aidait pas à garder les yeux ouverts, c'était sans compter Charlotte qui caressait machinalement mes cheveux et son parfum qui rendait l'atmosphère encore plus agréable. Je laissai retomber mes bras et regardai à nouveau la jeune femme dans les yeux.
« Je pense que je vais me reposer un peu, j'en ai bien besoin. »
(Invité)