be a flame in a frozen world (jael)

T’es passée à côté. Complètement. Il était parvenu à se confier et tu as tout ruiné. Tu n’as pas su agir en conséquence. Tu as cru que c’était fichu et que ta compagnie n’était pas celle qu’il fallait au beau brun. Mais comment pouvais-tu juger cela ? Comment pouvais-tu savoir que tu n’étais pas fabriqué pour le comprendre, lui et sa peine. T’es bousculée intérieurement. Y a tout un tas de truc qui se chevauche. T’es pas certaine que Jael soit ok avec ta réaction. Il semble s’être refermé. Il n’y a plus le même contact, c’est froid. Glacial. T’sais pas quoi dire, mais tu trouves toujours une connerie à formuler. Les pas qui se ralentissent, l’allemand fait une confession qui développe d’la peine en toi. C’est pas du tout ce que tu espérais pour cette virée gourmande. Le coeur se resserre dans ta poitrine alors que tes enjambées se prolongent malgré la gêne. Le silence se fraie un chemin entre vous. L’arrêt arrive, fort heureusement. Les yeux fixent le panneau indiquant les horaires de bus. « Cinq minutes » que tu prononces, les mains s’enfonçant dans tes poches. Toujours debout, tu piétines sur place et retrouves les prunelles de l’étudiant. « Ce n’était pas mon intention, je ne voulais pas te heurter » Et pour tout ça, c’est certain que l’anxieuse que tu es se ressassera la scène. Oh oui, tu te la repasseras en boucle et tu chercheras les réactions que tu aurais pu avoir au lieu de celle que tu as pu avoir. Le ventre se noue autour de ton pauvre croissant. « Je n’ai aucune pitié pour toi. Je suis admirative de ta capacité à te relever de cette épreuve. J’espère que tu trouveras le bonheur une nouvelle fois, c’est vraiment ce que tu mérites » Quelques individus se positionnèrent à l’arrêt alors que tu débitais ta tirade. Tu cessas alors de parler, ne souhaitant pas que ton monologue puisse être entendu. « Tu sais où me trouver si tu en as envie » Le sourire soulevant tes lippes, le bus souleva ta chevelure en passant à tes côtés. « Prends soin de toi Jael » Pieds s’étirant devant lui, tu lui collas un doux baiser sur sa joue glacée et pris ensuite la direction de l’escalier du véhicule. Enfermée dans le bus, tu te plaças du côté opposé à Jael, incapable de lui dire au revoir car ce dernier s’annonçait comme définitif.

T’avais été blessé par sa réaction, mais tu pouvais comprendre. C’était pas simple de faire face à un homme endeuiller à un si jeune âge. Tout de même, venant d’une future psychiatre, tu t’attendais à une tout autre réaction. Enfin, cela n’a pas d’importance dans le fond, tu ne pouvais pas y rester bloquer. Tu lui dis pourtant, parce que tu étais quelqu’un d’assez franc et tu savais que ça allait te torturer la tête longtemps si tu ne le disais pas. Tu changeas de sujet, appréciant le fait qu’elle veuille te présenter son fils. Tu approuvas de la tête quand elle te dit que son bus arrivait dans cinq minutes. Cela allait passé vitre, peut-être même trop vite au final. « merci pour tes mots » dis-tu comme réponse. Tu savais qu’elle était sincère, bien que certainement maladroite. Peut-être que tu aurais réagis comme elle si tu avais été à sa place. « oui, prend soin de toi aussi Margault » dis-tu alors qu’elle montait déjà dans le bus. Tu remontas ton écharpe sur ton visage. Toi qui pensais que tu allais passer la journée avec elle, cela s’est écourté. Certainement par ta faute au final, tu n’en sais trop rien. Le bus partit et toi tu t’avanças en direction du métro pour rentrer également chez toi. Cela a bien commencé, mais cela s’est fini plutôt … dans le flou.

-fin-