Being a wreck of emotions - Louise

Badgirlz January 2023 w/ @Louise Balmain

Ce n'est pas sans difficulté que je suis entrain de traverser ce bar quelque peu bondé. J'avais deux amis au départ de cette soirée et dans mon épreuve de traversée, je fronce les sourcils pour faire fonctionner ma mémoire. Où sont-ils? Ha oué, l'un est parti de manière précipitée et l'autre aux dernières images dans mon esprit, faisait une analysé buccale à la première sotte qu'il a trouvé. Sympathique l'amitié! Putain, combien de verre j'ai enquillé pour autant galérer? Je fais de mon mieux pour ne pas tanguer ou même m'écrouler sur quelqu'un. Mais à trop me concentrer, mon épaule vient se claquer contre celle d'un mec qui ne me laisse pas le temps de m'excuser. Il me pousse violemment, mon corps part en arrière et mon impulsivité vient d'être activée. Si jusqu'ici mon humeur était festive, ça vient de tourner à la colère en une fraction de seconde. La nature revient au galop nan? Et la mienne, celle qui coule dans mes veines, a un soupçon de violence. Ni une, ni deux, mon poing fermé vient se propulser dans son visage. Comme l'impression d'avoir légèrement perdu en alcoolémie, je me surprends à savoir toujours visé. Le souci? C'est que je suis incapable de m'arrêter. Mes coups s'enchainent sur son visage et le monde autour de moi ne semble plus exister.

Une soirée organisée il y a plusieurs semaines déjà. C’est pas facile de trouver un créneau quand on a tous des emplois du temps bien chargés. Et puis, il faut dire qu’avec les fêtes de fin d’année et les copines qui rentrent chez elles - ou les parents qui débarquent - c’est toujours compliqué. Mais là, on reprend toutes nos vies et une soirée fille est ce dont on a toutes besoin pour se relancer. 2023 risque d’apporter son lot de surprises et je suis prête à toutes les accueillir. Rien ne me fait peur si ce n’est la bagarre qui commence un peu plus loin. J’aime pas la violence, ça n’a pas le don de m’exciter comme ça pourrait être le cas pour certaines nanas dans le club. Les gens s’attroupent et moi, je reste au bar, préférant terminer mon cocktail plutôt que de m’intéresser à cela. Seulement, une main s’écrase sur mon épaule et je vois le visage paniqué de mon amie. Qu’est-ce qu’il y a ? Ça va ? Visiblement non et quand elle me dit que c’est Charles qui est en train de se battre, mon sang ne fait qu’un tour. Comment ça, c’est Charles qui se bat ? Ce n'est pas son genre. Mais pourtant, vu le regard paniqué de mon amie, je sais qu’elle ne ment pas et puis, il s’agit de la Sam de la soirée alors je sais que l’alcool n’altère rien puisqu’elle n’en a pas bu. Rapidement descendue de mon siège, je me faufile entre les gens, ceux qui voient rien, ceux qui crient pour motiver les deux qui se battent. Et quand je me retrouve dans le cercle, je sais qu’il y a une chance sur deux qu’il le tue. Je sais aussi qu’il y a une chance sur deux que je me prenne un coup, que ça dégénère un peu plus mais je m’en fiche. Je ne peux pas le laisser faire ça et les copains de l’autre risqueraient d’arriver rapidement et de le démonter sur place. Charles arrête ! Que je crie une première fois. Il faut qu’il s’arrête et qu’on parte avant que les vigiles arrivent. Parce qu’eux aussi, ils vont être dangereux. CHARLES PUTAIN ! Que j’hurle, cette fois. Et au risque de me prendre un coup, je saute sur son dos, tentant de bloquer ses poings. Je ne lui laisse pas le temps de me repousser que je dis, à son oreille Leeroy, c’est Kirby. Nos noms pendant nos années escort. Ça pourrait le calmer, le faire revenir sur place ou pas… Je ne sais pas quoi faire dans ces moments et ça se voit. Il y a des jours où je me dis que j’aurais mieux fait de me coucher tôt.

Badgirlz January 2023 w/ @Louise Balmain

Le poing fortement serré, il ne cesse de s'écraser dans la figure de ce gars qui m'a lourdement cherché. Le sien aussi vient de temps en temps s'impacter sur mon visage mais je ne ressens pas la douleur sous cette adrénaline. Peut-être que c'est l'alcool qui est entrain de m'anesthésier et qui m'empêche de voir qu'un autre type tente de me calmer en y allant un peu violemment. Ils sont tous entrain de crier autour de moi mais leurs voix semblent lointaine comme étouffées. Il n'y a que la tienne qui vient titiller mon tympan mais pas assez suffisant pour que j'arrête cette bagarre qui est bien entamée. Dans mon dos, je sens tes doigts se serrer autour de mes poignets comme un ruban brulant qui chauffe au fur et a mesure des secondes. Et comme un nom de code, ce que tu dis me transforme en une statue, en un claquement de doigt. De tout façon, les tiens me maintiennent et je ne veux pas prendre le risque de te faire du mal. Sauf que dans cette posture, nous laissons l'opportunité à l'autre abruti de reprendre le dessus et de me cogner. J'en prend combien? Deux, quatre ou plus? A chaque choc, ça nous propulse en arrière jusqu'à ce que les mecs de la sécurité se pointent pour nous séparer. Mon nez pisse le sang, ça continu de gueuler mais mon premier réflexe est de me retourner pour te faire face et te demander Putain Louise ça va??? T'as rien? Sinon je me retourne et je le termine ce crétin. Mais j'ai un soupçon de lucidité et te propose de partir d'ici T'es libre de me suivre? J'vais me barrer avant d'avoir des soucis. Le dos de ma main vient essuyer ce qui coule de mes narines ou de ma bouche, j'en ai aucune idée. L'autre elle vérifie que j'ai toutes mes affaires personnelles dans mes poches pour ne rien oublier avant de me faufiler vers la sortie. Dormir dans le commissariat le plus proche ne fait pas parti de mes envies pour finir la nuit.   

Quand j’apprends que la bagarre concerne Charles, je panique instantanément. Déjà, il risque d’avoir du mal à trouver des clients s’il est amoché mais sa patronne risque de le tuer si elle le voit débarquer la gueule fracassée. Je ne réfléchis pas trop aux gestes à faire et ne pas faire, au fait de prévenir la sécurité qui ont de plus gros bras que moi ou autre. Je ne me suis jamais battue mais si je peux lui éviter un nez cassé, un visage tuméfié pendant des semaines ou bien encore des ennuis avec le club, je le ferai. Et quand je prononce nos pseudonymes d’escorting, il ne lui faut pas longtemps pour retrouver la force d’esprit que je lui ai toujours connu. Charles c’est plus le mec calme, posé et sensé que celui qui démarre au quart de tour. C’est le mec rigolo plus que le salop qui use des poings. Alors puisque tout ça est vraiment étrange, je n’hésite pas et c’est peut-être une erreur parce que la domination est vite inversée. Je m’agrippe à Charles alors qu’on est tous les deux poussés en arrière et lorsque je trébuche et finis dans les bras d’un inconnu, je me débats pour retourner auprès de mon ami, de celui que je considère même comme mon meilleur ami. La sécurité sépare tout le monde et je m’agrippe au bras de l’anglais. Non rien, on s’en fout ! Que je réponds rapidement, tournant rapidement le visage pour voir si quelqu’un n’attend pas de nous sauter dessus à nouveau. Oui oui vas-y, on y va. Que je souffle rapidement, faisant un signe à mes copines dans la foule que je les rappelerais demain. Je pose ma main dans son dos et le pousse devant moi pour qu’il avance au plus vite. Je jette des coups d’yeux derrière moi et suis rassurée de voir la marée humaine se refermer derrière nous. Une fois dehors, je continue de le pousser jusqu’au premier abribus que je trouve et le regarde le regard froid et piquant. C’est quoi ce bordel Charles ? J’essaye de sortir un paquet de mouchoirs de mon sac à mains et dis On va t’emmener à l’hôpital. Pour vérifier que tout va bien. La panique redescend maintenant que l’on est à l’abris mais tout de même…

Badgirlz January 2023 w/ @Louise Balmain

Non on ne s'en fout pas, mais j'avoue que ma priorité sur l'instant c'est de m'éclipser avant d'avoir des problèmes plus importants que des traces au visage et du sang sur les mains. Oué, ça m'apportera bien des soucis avec ma patronne mais ce n'est pas encore entrain de me traverser l'esprit. Merci. D'être là, de me sauver avant l'irréparable et de m'accompagner. Je suis impulsif, la violence est en moi mais je fais toujours mon possible pour ne pas l'utiliser. Parce qu'une fois les nerfs descendus, je vais penser à mon père et finir dans une déprime qui va avoir du mal à passer. Je vais me sentir proche de lui et je vais détester ça. Je préfère largement être le Charles amusant, légèrement chiant, celui qui amène des sourires et pas des bleus. Mais oué, faut pas me chercher. Et en ce moment j'en ai tellement dans la caboche que je ne peux pas éviter de partir sur les chapeaux de roues, un rien m'active et me fait démarrer. A l'abri, je tourne les yeux sur toi et ton regard n'annonce rien de bon. Sur le point de répondre, ton projet me fait faire un non de la tête Nan nan pas l'hôpital! J'vais bien j'te jure. J'ai été cogné, assez fort pour être marqué mais pas assez pour avoir un vrai traumatisme On va perdre du temps pour rien si on y va. Nettoyer les blessures on peut le faire et si j'ai un peu de bobo à la tête, un médicament fera l'affaire. Et quoi c'est quoi ce bordel? La bagarre? Ou tout ce qui tourbillonne dans ma tête et mon coeur? J'ai bousculé un gars sans faire exprès, j'ai même pas eu le temps de m'excuser qu'il m'a attaqué ce fou. Et la suite : l'alcool qui fait que le sang chaud ne m'a pas donné la réflexion avant d'entrer en action. C'était complètement débile mais j'ai pas su m'arrêter. Avant que tu ne viennes me chuchoter les prénoms que l'on utilise pour l'escorting. T'as été ingénieuse et j'ai encore envie de te remercier.

Se sortir de ce genre de situations, c’est à ça que servent les amis. Et t’es l’un de mes plus proches amis, il n’y a pas à dire. On s’est rencontré dans un drôle de contexte mais un contexte qui lie. Je ne sais pas si on est inséparables mais je sais que l’on gardera toujours contact, animés par cette envie de se protéger l’un l’autre des autres, justement. J’ai ce côté hyper protecteur avec bon nombre de nos anciens collègues mais je ne suis pas sûre que je me serais lancée sur le ring pour tout le monde, c’est même sûre en fait. Le ton protecteur que j’adopte fait partie de tout cela. T’es sûre ? On peut aller à la clinique, je peux t’aider à te débarbouiller au moins. T’aider à essayer de voir si c’est que du sang et que y a aucun os qui a bougé de place. Je n’y connais rien en médecine mais je pense qu’un peu de compresse et d’eau saline nous aideraient énormément. Ok… Comme tu veux, plus ou moins. Si je vois trop de grimaces défigurer ton visage, je prendrai une décision bien différente. J’ai pas peur de me batailler avec toi, s’il le faut. Ouai, ça par exemple. Parce que je ne t’ai jamais connu bagarreur, loin de là même. Ton sang froid et ton calme m’ont toujours fasciné, ils m’ont toujours admiré mais là, c’était tout l’inverse. T’étais en train de l'assommer pour une bousculade ? Tu me laisses sur le cul. C’est pire que débile oui. Je sais pas toi mais moi, j’ai pas envie de passer la nuit au poste de police. Les officiers, je les préfère dans mon lit, étonnement n’est-ce pas ? Je te regarde et dis Je sais qu’on voulait se capter mais pas forcément comme ça… Tout l’opposé même. Viens on va aller chez moi un peu. Que je souffle en sortant mon téléphone de mon sac à main pour prendre un Uber. Je t’ai toujours dis, si tu veux venir, dis le moi. Pas la peine de tout ce cinéma. Parce que c’est pas toi, je le sais, tu le sais. Y a un truc mais je sais pas si t’as envie d’en parler alors je reste en suspens, les yeux sur toi.

Badgirlz January 2023 w/ @Louise Balmain

Quand il m'arrive ce genre de situation je peux affirmer que les êtres humains, je ne les aimes pas trop en fait. Ou plutôt, je ne les supporte pas, je ne les comprends pas trop, ce qui j'ai l'impression revient à peu près au même. Ils sont égoïstes, inconstants, malhonnêtes, infidèles, aigris, trompeurs. Heureusement que dans ce tas de merdes, il y a des gens comme toi, comme moi? Je ne suis pas sûr de la façon dont tu me vois. Peut-être comme une sorte de licorne, un truc qui n'existe pas vraiment mais que tu as fini par accepter comme faisant partie de ta vie. Il y en a quelques unes comme ça autour de toi. On se connaît, nous appartenons au club très fermé de tes licornes. Un passé qui nous lie et qui ce soir, me sauve avec certitude d'une nuit qui aurait pu être plus terrible. Oué oué promis, ça va... un coup d'eau suffira. Je n'ai pas encore l'esprit assez clair pour savoir quand et où il se fera. Mes épaules se soulèvent avant que la parole ne reprenne pendant que le dos de ma main essuie le coin de mes lèvres Si j'évite de m'battre en général c'est parce que j'sais pas m'arrêter. Tu me connais calme, avec un sang froid ; mais au fond je suis comme ça. Un impulsif au sang chaud qui peut démarrer en une fraction de seconde. Cette violence je n'en suis pas fier, je me bats avec moi même au quotidien pour la faire taire mais parfois, il suffit d'un souci intérieur pour que ça explose. J'savais même pas que t'étais là... mais c'était une bonne chose que t'y sois. Une manière de te remercier avant de passer à une énième excuse D'ailleurs j'suis désolé si je t'ai niqué ta soirée. Car ton plan de base n'était pas celui-là. J'acquiesce de la tête quand tu proposes d'aller chez toi un peu.  La plupart du temps, dans ta tendresse sans mots, ta douceur sans gestes, je retrouve la sérénité, ce sentiment que la solitude ne prendra jamais complètement ma place. Ton regard je sais le reconnaitre et j'en prend une grande inspiration avant de déglutir. Tu ne lâcheras pas, pas tant que tu n'auras pas la vérité. Et cet aveu, il est lâché indirectement dans un souffle J'suis perdu en ce moment. J'contrôle rien, j'arrive pas à discerner ce que je ressens,... Ou peut-être que je ne veux pas distinguer. Tu vois, je suis si indécis que c'est entrain de me bousiller.

Je ne peux m’empêcher de te regarder avec un oeil quelque peu sceptique. Je ne sais pas ce qu’il se passe mais je crois qu’une discussion est inévitable ce soir. Je ne te connais pas si violent. On a tous un peu de violence en nous et le fait de la laisser s’exprimer prouve juste à quel point tout fout le camp mais là, c’est étrange. Tu n’y es pas allé de mains mortes et j’avais vraiment l’impression d’avoir à faire à un zombie les premières secondes, c’était comme si tu m’entendais pas, comme si t’étais dans ton monde au point de rien voir, de rien entendre. C’était effrayant. Grave que c’était une bonne chose. Ton mugshot aurait été sacrément dégueulasse. Que je souffle sur le ton de la plaisanterie, comme si je voulais détendre l’atmosphère bien tendue qu’il y a. Je ne sais pas trop quoi dire, quoi demander et l’humour a toujours été ma manière de désamorcer les situations les plus difficiles. C’est comme ça que je prends la vie depuis que ma carrière sportive s’est terminée et qu’un salop m’a volé tellement de belles choses il y a plusieurs années, de l’autre côté du pays. Borf, c’était qu’une soirée entre copines, t’as rien interrompu de bien fou. Que je réponds rapidement. Les filles comprendront et celles qui ne comprendront pas, je les emmerde. Elles me connaissent, je suis toujours celle qui se barre en premier pour aller sauter le premier brun qui leur passe sous la main. Cette fois, je vole au secours de celui que je considère comme mon plus proche ami et ça, je me fiche bien qu’elles le comprennent ou non. L’uber commandé, je te regarde et t’écoute. Quand j’arrivais rien à contrôler, y a que Kirby qui m’aidait. Que je te confie rapidement, glissant mon regard sur ton visage pour accrocher tes yeux. Comment s’appelle celle qui te rend comme ça ? Parce que je ne vois pas de quoi d’autres tu peux parler en disant que tu n’arrives pas à discerner ce que tu ressens. Mon Chacha est amoureuuux ? Je souris largement, prête à éviter le regard assassin que tu vas me balancer. Moqueuse j’ai dit, pour détendre l’atmosphère.

Badgirlz January 2023 w/ @Louise Balmain

Il n'y a que toi pour réussir à me faire rigoler dans un moment comme celui-là. Et je crois qu'en même temps, il n'y a que toi pour dédramatiser une situation qui aurait pu réellement virer au drame. Je pourrai compter sur ma colocataire pour cette version là et je ne suis pas pressé. Tu soulages ma conscience sur le déroulement de ta soirée, que je me voulais d'avoir interrompu avec mes sottises incontrôlées. J'me ferai pardonner auprès d'elles dans ce cas. Ben c'est que je commence moi aussi à faire le plaisantin? Au risque de me reprendre un coup auquel je ne répondrai pas. Et si ton regard vaque un instant sur ton écran de téléphone, il revient rapidement dans le mien pour l'interroger en silence. Insoutenable, je lâche une phrase vide et pourtant pleine de sens. Il faut juste savoir lequel. Kirby a réussi à m'aider aussi. Toi et ingéniosité. Et je crois que tu as su trouver par quel bout tirer la ficelle emmêlée de mon cerveau. Je, ha... Si je pouvais rougir, je crois que je me transformerai comme le feu tricolore pas loin quand il indique aux voitures de s'arrêter. Tu dois rapidement voir que tu vises juste parce que tu appuies un peu plus en continuant de te moquer. Oué, je t'assassine de mes yeux et sois heureuse que ce ne soit pas une arme à cet instant parce que je ne pourrai pas retenir les balles de sortir. Si j'te le dis tu vas continuer à te foutre de ma gueule. Qui ne mérite pas plus, car déjà bien amochée. Mais est-ce que je peux éviter de continuer à dévoiler les raisons de mon comportement? Nan, pas quand je m'adresse à ma meilleure amie. J'suis pas amoureux. Je l'ai été qu'une fois, enfin je croyais l'être... Fin tu comprend que j'sais pas ce que c'est quoi. Il faut que j'arrête de bafouiller, je m'énerve tout seul. Je veux le laisser sortir ce prénom qui me hante mais le dire ce serait comme rendre tout ça plus vrai, ce serait comme affirmer tout ce que je pense dénué de vérité. Putain... Voilà que je dandine comme un gosse qui a envie de pisser. Et je détourne le visage pour ne pas voir ta réaction quand je laisse enfin s'échapper qu'il s'agit de Gigi. ma colocataire un peu beaucoup barrée.

Naaaaaaaah, elles elles continuent de faire la fête, c’est à moi que tu dois demander pardon. Que je lance rapidement, plus sur le ton de la plaisanterie qu’autre chose. Je ne peux m’empêcher de lancer ces phrases sans les penser réellement. C’est juste trop tentant et ça nous permet de penser à autre chose qu’à ta gueule démontée. Tu fais peur à voir, j’ai beau tenter de me convaincre de l’inverse, ce n’est absolument pas vrai. Kirby est géniale, je sais oui. Que je souffle en souriant largement, parlant de moi à la deuxième personne du singulier. C’est toujours plaisant de l’entendre, je ne peux le nier. Leroy aussi m’a beaucoup aidé. Parce qu’il ne faut pas l’oublier, le coco. On s’est pas connu dans les meilleures conditions qui soient mais je changerais ça pour rien au monde. Ça serait pas nous si tout était différent. Y a cette facilité de discussion, d’échanges entre nous et je te connais assez pour comprendre quel est le problème. Pourquoi ? Tout simplement parce que t’es un homme, faible pour les courbes féminines et que nous sommes toutes des tentatrices, certaines plus démoniaques que d’autres. Que tu me le dises ou pas, je vais me foutre de toi Charles. Que je lance rapidement. Tu ne t’attends pas à ce que je te laisse t’en sortir si facilement ? Je viendrais dans ta chambre la nuit pour écouter si tu lâches pas une info en chemin. Tu sais pas ce que c’est mais tu sais que c’est pas ça ? T’es fort toi quand même. Que je siffle, ne quittant pas ton visage des yeux. C’est dommage que tu sois amochée de la sorte parce que putain, t’en laisserais paraître des émotions et ça serait drôle, terriblement drôle. Je vois ton regard me fuir et je tends l’oreille pour savoir qui te rend aussi débile. J’éclate de rire quand j’entends la réponse. C’est plus fort que moi. T’es sérieux Charles ? Ta coloc ? Je soupire fortement et check rapidement si l’uber est déjà là - ce qui n’est pas le cas. Dans quelle merde tu t’es foutu sérieusement ? Cette fois-ci, c’est un peu agacée que je dis ces mots. Je sais bien qu’on contrôle rien mais savoir que c’est mort avec quelqu’un qu’on voit qu’une fois de temps en temps c’est quelque chose. Quelqu’un avec qui on vit, c’est différent. Elle se tape pas tout Boston ta Gigi ? Que je demande finalement, essayant de comprendre ce qu’il se passe. Elle est même pas libre. Le coeur a ses raisons que la raison ignore mais tout de même…