Hard time in good company ft. Flora (18.11)

Interrogatoire terminé. Malgré l'alcool ingéré, Ji-hun avait réussi à donner tous les détails qu'il lui était possible de se rappeler, et finit par être escorté gentiment dans l'une des cellules provisoires qui servaient à mettre les soupçonnés en garde-à-vue, le temps que l'affaire s'éclaire. Il soupira, dévasté par cette énième épreuve qu'on posait sur son chemin ; il espérait tellement obtenir sa green card. Il entendit la lourde porte principale grincer et il s'approcha du pan principal pour souffler : Flora ? Était-elle là ? Il ne reçut aucune réponse. Il souffla alors tout l'air contenu dans ses poumons. Ce soir, t'embrasser j'aurais aimé , avoua-t-il dans un murmure, aussi naturellement qu'on dirait « bonjour », vraiment. Niveau affection et tendresse, ce n'était pas trop ça en ce moment, de son côté ; zéro – il en manquait. Il y eut le silence, puis une voix de femme très grave et rêche : moi aussi, mon p'tit ! Le nord-coréen roula des yeux et lâcha un : super... Il recula, s'assit à même le sol, chevilles croisées, et observa l'espace qui lui était dédié. Il espérait que l'employée du Nephilim qui était sortie en même temps qu'eux, et qu'il avait notifié dans son récit, saura être la témoin qui les sortira de là. Pourvu qu'elle soit encore là-bas...

Ji-hun s'assit à terre, complètement saoulé et épuisé de la situation. Il avait espéré qu'on croit ses paroles, au lieu de ça on avait remis en doute son honnêteté. Il ferma simplement les yeux pour tenter de s'évader, et ne sut combien de temps il attendit dans le bruit que faisaient ces personnes arrêtées. Ce ne fut que lorsqu'il reconnut la voix de Flora à ses côtés qu'il ouvrit ses paupières et leva ses marrons bridés sur la méditerranéenne. Purée, enfin, tu es là , jeta-t-il avant d'accepter sa main – sur laquelle il n'osa pas mettre tout son poids. Franchement ? Je ne sais pas, secoua-t-il la tête. Il avait tout fait dans les règles, c'était tout ce qu'il pouvait lui affirmer. Mes papiers, ils ne m'ont pas rendu, lâcha-t-il, foutu... Complètement, je le suis. Son passeport de réfugié c'était toute sa vie. Il prouvait que sa présence était légitime ici. Il n'était pas serein, et ça se transmettait à ses poumons qui gonflaient trop vite dans son poitrail. Et toi, tu vas bien, demanda-t-il en inspectant les traits de son visage, Tu vas me détester..., fit-il avant de soupirer, de moi tu vas te rappeler, comme un mauvais souvenir. Lui qui avait espéré marquer son esprit autrement, il allait être l'homme qui lui rappelera un séjour au commissariat.

Vérification de papiers obligatoire, il espérait que cet écart – qui n'en était pas vraiment un – ne soit pas retenu contre lui, parce qu'il tenait vraiment à obtenir sa green card. Jusqu'ici il s'était plié aux règles et s'était ouvert au mode de vie à l'américaine, il méritait un peu de reconnaissance. Tu crois, demanda-t-il à Flora, lorsqu'elle lui assura qu'il reverra ses papiers ; faites qu'elle ait raison ! Rassuré quant au fait qu'elle ne lui tiendra pas rigueur de cette mésaventure, il ne put passer à côté de cette étincelle de malice qui s'était installée dans son regard, et baissa les yeux sur les lèvres qui lui souriaient. Ça veut dire... Que je te raccompagne, traduisit-il, faible ton interrogateur tout de même dans la voix ; en attente d'une confirmation. Monsieur Wang, l'interpella-t-on. Il eut du mal à détacher ses sphères bridées de la Méditerranéenne mais, lorsqu'il le fit, il remarqua qu'on brandissait ses papiers. Flora avait eu raison. Il ne fit pas de scène pour la mauvaise prononciation de son nom. Il s'éloigna de la brune pour venir récupérer son passeport, et on les informa que c'était bon : le dealer avait été interpellé. Caché dans les toilettes du Nephilim, une employée l'avait reconnu. Ils pouvaient donc filer. J'appelle un taxi, proposa-t-il à Flora. Pour elle et... pour lui ?

Papiers rangés dans son portefeuille, et rapide vérification que rien ne manquait dans les poches de son manteau effectuée, il rejoignit Flora et quitta le poste en sa compagnie. Ses chairs bombées sursautèrent d'une brève malice, alors qu'il agita ses doigts sur l'écran de son téléphone pour appeler un véhicule à leur rescousse. Comme ça, que tout va bien, m'en assurer je peux, lâcha-t-il en tournant la tête en sa direction alors qu'ils patientaient sur le trottoir ; le lyft n'était pas stationné très loin. Vraiment jolie..., articula-t-il après avoir observé son profil, et s'être permis de dégager l'une de ses mèches brunes derrière son oreille pour plus de clarté. Le compliment fusa, sans gêne. Et il continua à la détailler, sourire bienveillant accroché sur son visage, avant qu'il vienne à observer la rue qui les accueillait cette nuit – très tôt ce matin. Tu habites dans quel quartier, demanda-t-il, tout en approchant ses doigts des siens dans ce maigre vide qui séparait leurs silhouettes. Ji-hun les titilla de ses dernières phalanges avant d'accrocher leurs mains, en espérant qu'elle ne le rejette pas. Au loin, une voiture apparaissait déjà au milieu des voies désertes, ce devait être la leur. C'était forcément la leur...

Le corps de Flora se rapprocha de celui de l'Asiatique, et Ji-hun le devina bien assez vite pour anticiper. Il perdit une dizaine de centimètres pour lui faciliter la tâche, et leurs chairs épaisses butèrent l'une contre l'autre dans la précipitation. Effet semblable à la rencontre entre deux coussins bien garnis lors d'une bataille d'oreillers ; surprenant mais agréable. Les langues finirent par se chercher et se trouver dans une valse où les muqueuses se mélangèrent – tantôt dans la bouche de l'étudiante, tantôt dans la bouche du doctorant. Malheureusement, la voiture s'arrêta, et ils furent contraints de grimper à l'arrière. Le nord-coréen essuya à l'aide de son pouce la salive qui avait tapissé son inférieure, par souci de bien-paraître. Bonsoirs à peine échangés que Flora revint à la charge. Coup d'œil furtif au chauffeur, il ne sembla pas gêné par l'émoustillement qui se jouait dans son dos alors, pour la première fois, Ji-hun s'autorisa à se lâcher sous le regard d'une tierce personne. Il répondit par de plus larges mouvements de mâchoires, et posséda de ses doigts la cuisse féminine qui lui était opposée. Soupirs de bien-être et d'excitation accompagnèrent la rencontre des croissants affamés. Le temps ne permit toutefois pas aux mains de se montrer trop aventureuses. Elle n'habitait pas bien loin, elle le lui avait dit. Le lyft ralentit sa course, les obligeant une fois encore à se séparer – et plus difficile parut la tâche. Trajet payé en ligne, ils quittèrent le véhicule pour se diriger, main dans la main, vers la porte du bâtiment. Une fois dans le hall, il profita des palmes qu'il avait lui-même liées pour l'attirer à lui. Restons là , lui proposa-t-il avant de venir cueillir la lèvre la plus basse de la Méditerranéenne entre ses dents ; pas son appartement – pas ce soir.