Red Lights [pv Liz Leroy]

La session universitaire était terminée ou presque. Comme beaucoup d'étudiants, il ne restait à Nicholas qu'une poignée de travaux à remettre et deux examens à faire. Une bagatelle à comparer tout ce qu'il venait de se taper au cours des derniers jours et même s'il n'irait pas s'en plaindre de vive voix, le jeune homme était assez épuisé. En plus, le bal de fin d'année approche et il imagine que depuis les semaines que ça dure, les gens doivent savoir qu'il fréquente Brooke, celle que certains surnomment Barbie, mais à ce jour, ils ne sont pas encore officiellement ensemble.

Même s'il était fatigué mentalement, en bon Mather, Nick ne rate pas pour autant les fêtes de fin d'année qui ont lieu ici et là, pour des classes, des groupes en particulier. Il y en a tellement d'ailleurs que lorsqu'on l'a invité au Lord Hobo pour une fête, le jeune homme ne savait pas trop pourquoi, mais il avait décidé d'y aller. Pour l'occasion, il portait un pantalon, un t-shirt polo, le truc harvardien assez classique, il avait presque l'air d'un Eliot, presque, si on ne prenait pas compte les bagues en fer qu'il avait aux doigts et le fait que ceux qui connaissent Nick savent qu'il n'a rien d'un Eliot.

La soirée suivait son cours, c'était sympa, ça permettait de se détendre. Le Mather enfilait les bières les unes après les autres. Il était rendu à trois et il en avait une quatrième dans les mains. Il pouvait boire autant, il avait un chauffeur de toute façon. Lorsqu'il finit sa quatrième, réchauffé par l'alcool, mais pas encore ivre, il décide de sortir dehors pour s'allumer et fumer une cigarette avec des amis. Il commençait à se faire tard, il était environ une heure du matin. C'est l'heure qu'il aperçoit à sa montre lorsqu'il allume sa cigarette avec son briquet métallique. C'est lorsqu'il redresse la tête que Nicholas aperçoit une tête rousse qu'il croit reconnaître, des têtes rousses comme celles-là, il n'y en a pas beaucoup. Sourire sur le visage, il marche sur le trottoir pour rejoindre celle qui semble sur le point de traverser la rue.

-Hey, Liz, attends!

Nick voulait lui dire salut, un truc du genre, savoir comment elle va, comment elle a traversé la fin de la session. Sauf que lorsqu'il s'adresse à elle, elle est dans une voie de la rue et cesse de marcher. Le hic, c'est qu'une voiture vient dans sa direction et Nicholas en voit les gyrophares. Il commence alors à courir vers elle, sa cigarette décrochant de sa bouche pour atterir dans la rue, tandis qu'il crie à l'attention d'Elizabeth qui ne semble pas se rendre compte de rien.

-ATTENTION!

emmerdes, ne seraient-ce l’espace d’un moment. On arrivait à un stade de ma vie où j’allais pas bien. Tout ça à cause d’une histoire de mec, toujours et encore, allez-vous me dire. J’ai pas envie de les voir en ce moment, les hommes. C’est alors que je décide de me faire une soirée entre filles. J’appelle ma Athénais d’un air désespéré, ma sauveuse qui me propose une sortie en boite. Cool en plus c’est la fin de la semaine, pas de cours le temps, donc pas de boulot, donc zéro stress. Le plan parfait. Apres avoir raccroché, je file sous la douche pour me préparer. Je laisse longuement l’eau brulante ruisseler sur mon corps pour me détendre et finalement une dizaine de minutes plus tard je sors de la salle de bain, enroulée dans une serviette. Je me change, enfile une robe bustier noire, arrange mes longs cheveux roux et me met un trait de crayon sur les yeux. Je suis presque juste à temps alors qu’Athé vient me chercher. On part donc en boite, on s’éclate bien –comme toujours avec elle-, on danse, on boit, beaucoup même, on drague. C’est plus fort que nous, après tout c’est en boite qu’on s’est rencontré et qu’on a commencé à tisser une belle amitié. On est du genre à faire les 400 coups ensemble. L’heure tourne et je commence à être lacé par cette musique qui me tape sur les nerfs. Je signale à mon amie que je vais me fumer une clope dehors, j’étouffe ici. Elle me laisser aller et je retrouve dehors quelques minutes plus tard à tirer sur ma cigarette. J’ai même envie de marcher, prendre l’air dans cette rue animée par divers bars. Je marche tranquillement au clair de lune. J’ai légèrement la tête qui tourne à cause du surplus d’alcool dans mes veines. Quand soudain j’entends quelqu’un m’interpeller alors que j’étais en train de traverser la route. Je stoppe ma marche et me retourne pour chercher d’où provenait cette voix qui me semblait familière. Puis tout se passe très vite, j’aperçois Nick qui apparait dans mon champs de vision, un cri strident de klaxon me fait sursauter. J’ai le temps de réaliser ce qu’il se passe que le jeune homme me pousse in extremis de la route me protégeant de ses bras. J’ai plus de souffle. J’ai la tete qui tourne. Je suis perdue. Je cligne plusieurs fois des yeux avant de me rendre compte de ce qui s’était réellement produit. Je dis d’une petite voix « oh mon dieu.. merci Nick » merci de m’avoir éviter le pire.

Un accident, un bête accident. Nick ne connait que trop bien cela. Il y a de cela une vingtaine d'années, ces parents avaient loué un appartement dans les Pays-Bas pour des vacances en couple. Imaginez-vous qu'une avion s'est littéralement écrasé sur l'édifice, pas façon onze septembre, mais presque, tuant ces deux parents sur le coup, comme des dizaines d'autres. D'où l'expression consacrée: "le destin leur est tombé dessus". Un accident, un bête accident, voilà ce qui leur est arrivé. Un accident qui a défini sa vie, comme il a dû en définir bien d'autre.

Bah en ce moment, un accident est sur le point de mettre fin à la vie d'une jolie rousse surtout. Du coup, après avoir crié attention, il était déjà parti à courir et en bon joueur de basketball, Nicholas est assez rapide quand même et il est capable de faire un pivot rapide. C'est ce qu'il fait, après avoir tiré Elizabeth par le bras, contre lui, la voiture passant vraiment pas très loin de lui, mais heureusement, une fois qu'elle est passée, après le long cri de klaxon qu'elle lâche, il réalise qu'il est indemne et qu'Elizabeth l'est aussi. Mine de rien, il souffla un coup et pour une fois, il n'aura pas gaspillé une cigarette en vain. Nick déteste le gaspillage de cigarette vous voyez.

Le beau brun baisse alors les yeux sur la rousse, toujours dans ses bras, qui venait de le remercier, semblant réaliser qu'elle venait de l'échapper belle, mais cela était un peu de sa faute. Il venait peut-être de réparer une grave erreur, ou simplement, d'empêcher un bête accident de se produire.

-Je... de rien.

Il reste comme cela, un petit instant, à la regarder dans les yeux, puis esquisse un petit sourire. Maintenant qu'elle était sauve et qu'il l'avait "sauvé" pour ainsi dire, parce qu'il n'accepterait jamais le titre de sauveur, il lui dit alors:

-Je crois que c'est bon, tu peux te détacher de moi si tu veux.

J’avais frôlé le drame. J’avais frôlé la mort. Et je venais seulement de m’en rendre compte dans les bras du jeune homme. Je foutais vraiment ma vie en l’air ces derniers temps. Mes vieux démons refaisaient surface et le seul moyen que j’avais trouvé à ça : boire. Noyer ma haine envers Keyla et les autres gens qui me faisaient chier dans l’alcool. Noyer aussi ma tristesse et cette déception amoureuse qui me collait à la peau. C’était vraiment pas le moment de retomber amoureuse de Kol, et tomber amoureuse tout court, alors que maintenant mon pseudo meilleur ami était avec une autre et ça jusqu’à la fin de sa vie. Ils s’étaient mariés et j’avais très mal pris le fait qu’il me l’ait caché. Au moins s’il avait eu les couilles de me le dire avant, j’aurai réagi différemment. J’aurai été compréhensive mais là il avait juste réussi à me détruire. Encore une fois. J’pouvais pas le haïr indéfiniment car il faisait intégrante partie de ma vie depuis toujours et inversement. Que malgré tout, malgré ces nombreux défauts, il avait des qualités que j’appréciais. C’est peut-être cette amitié impossible qui nous détruisait mutuellement finalement.

J’étais perdue dans mes pensées quand je remarquai Nick qui me regardait dans les yeux. Ce qui eu le don de légèrement me déstabiliser. Je clignais plusieurs fois des yeux, avant que mon cerveau n’arrive à assimiler ce que le jeune homme me disait de faire. Ma tête était encore beaucoup trop embrumée par l’alcool. J’arrivai finalement à me détacher de lui, même si mes idées avaient du mal à se remettre dans ma tête. J’arrivais juste à dire encore sous le choc « Waw ! t’as des réflexes ! » Ouais c’est vrai, sans lui j’pense que je ne serais plus là. J’devais lui en être reconnaissante. Mais soudainement je fus prise d’affreuses douleurs au crane à cause de l’alcool sans doute « putaain ! ma tête me fait maaal ! » dis-je en prenant cette dernière entre mes mains.

Même si Nicholas est un ami d'Elizabeth, évidemment, il ne connait pas tous les détails de sa vie, ni ne lit dans les pensées. Qu'elle se soit un peu plus festive en cette fin d'année, c'était plutôt normal selon lui et puis, niveau festoyer, alcool et tout ça, il est mal placé pour juger quiconque. Par contre, concrètement, quand il a vu la rousse est menacé de se faire rouler dessus par un véhicule, le jeune homme n'hésite pas à... euh... merde, il déteste ce mot, à la "sauver". Toujours dans ces bras, elle le complimentait sur ces réflexes, ce qui le fit sourire et le jeune homme se fit rassurant.

-C'est à cause du basketball.

Et heureusement pour elle, Nick n'était pas encore très ivre, il avait bu, mais pas assez pour perdre ses réflexes et dans les faits, en bon sportif, il lui en faut beaucoup pour les perdre. Le jeune homme propose ensuite qu'elle le lâche, enfin, c'était une petite blague au fond, mais Elizabeth annonce qu'elle a un mal de crâne terrible. Bon, bien on dirait, pour commencer, qu'elle va rester dans ses bras finalement. Il jette un petit regard derrière, puis reporte son attention sur la rousse.

-Si t'as déjà mal au crâne, je n'imagine pas demain... Si tu veux, j'appelle mon chauffeur et je te ramène chez toi?

Ouais, Nick ne conduit pas et les raisons de cela ne regarde que lui, ou en tout cas, il n'en parle pas de façon publique et ce serait dommage de révéler le punch ici! En tout cas, le fait est qu'il peut la ramener chez elle, que ce soit une chambre sur le campus ou un appartement en ville. Sinon, il y a toujours l'autre option ce serait de l'amener chez lui. C'était un peu dommage que cette soirée soit déjà terminée, mais qu'est-ce qu'on ne fait pas pour une amie!

En un instant seulement, j'avais vu toute ma vie défiler devant mes yeux. Je m'étais rendue compte de toutes les personnes à qui je tenais énormément et à qui j'aurais manqué. Ma famille, ma mère, mes grands frères, ma meilleure amie, les lowell, Kol... Mon mal de tête me lança une nouvelle fois à cette pensée. J'avais du mal à remettre de l'ordre dans ma tête, encore trop embrumée par le surplus d'alcool dans mon sang. J'avais vraiment eu de la chance, tout s'était joué à un instant prés, j'aurai pu y passer, si mon ami n'avait pas été là. Je ne savais comment le remercier, il m'avait sauvé.

Le jeune homme me propose de me raccompagner. Je ne sais pas quoi lui répondre l'espace d'un instant, perdue dans mes pensées. J'me sentais honteuse de vouloir rentrer chez moi alors qu'il venait de me sauver la vie . Je me rendis compte que j'étais toujours dans ses bras. Contrairement à lui, ce soir, mes réflexes et mon temps de réaction était au niveau zéro. Je finis par me détacher doucement de lui. Je me sentais faible moralement et physiquement. Je relève mon regard doucement vers Nick et dis en bafouillant Je.. Je.. merci vraiment Nick... de m'avoir sauver.. je.. j'sais pas quoi faire pour te remercier..

Elizabeth était encore, visiblement, sous le choc. Ce n'est pas aujourd'hui qu'ils parleront français ensemble dans ce cas-là, comme ils avaient l'habitude de le faire... trêve de pensées égoïstes, Nicholas déduisait que même si elle n'avait pas dit oui à sa proposition, c'est ce qui était le mieux pour elle. Qu'il la raccompagne et qu'elle se repose un peu. Demain, le réveil risque d'être pénible. En tout cas, le fait d'avoir sauvé une vie ne semblait pas le rendre fier le moins du monde. Il gardait un air plutôt neutre et dit, avec un léger sourire.

-Ça va... Commences par sourire de nouveau, ce sera déjà un début.

Il ne fallait pas croire qu'il n'était pas sous le choc lui non plus. Son cœur s'était débattu dans sa poitrine, il avait cru que ça y serait, qu'il n'arriverait pas à temps, et tout, mais Nick a un sang froid hors de l'ordinaire et même s'il est calme en apparence, comme en ce moment, soyez certains qu'une fois tranquille, il va ressentir le besoin de décompresser et de prendre un verre, meilleur moyen de décompresser selon lui. Ça et une bonne cigarette. Pour le moment, il était encore sur l'adrénaline de toute cette histoire.

Guettant du coin de l’œil Liz', histoire qu'elle ne se remette pas à marcher pour une raison ou une autre, il appelle son chauffeur, comme il avait qu'il ferait et lui dit de venir le chercher au Lord Hobo, un endroit bien connu de son chauffeur d'ailleurs, qui sera là dans une dizaine de minutes.

-J'ai appelé mon chauffeur, il est en route. Sinon, ça va, tu ne t'es pas fait mal?

Il voulait s'en assurer, puisqu'après tout, il l'avait bougé avec une certaine vigueur et n'avait pas pris le temps de s'assurer qu'elle était bien confortable et on le comprend. Vaut mieux se faire mal à une orteil ou avoir mal au bras que de finir sous les roues d'une voiture.

-T'étais venue avec des amis à toi ou..?

Nick s'assoit sur le bord du trottoir, en attendant, il n'y avait pas grand chose de plus à faire et il tapote la place à côté de lui. Liz' était mieux de s'asseoir que de risquer de se faire mal en marchant de travers.

Liz ne souriait plus et c'était dommage. Elle avait eu peur et était encore sous le choc, c'est ainsi que Nick interprétait sa tristesse apparente maintenant. Il ne savait pas que son amie se retrouvait au centre de certaines histoires qui la minait désormais. Au moins, elle vient s'asseoir à côté de lui et répondait à ses questions. À sa réponse, il hoche doucement de la tête et n'ajoute rien de plus, puisqu'il n'y avait rien à ajouter. Puis, elle lui retourne la question, pour ainsi dire. Il eut un petit sourire et passe son bras autour des épaules de la jeune femme, dont une qu'il caresse avec sa main, doucement, comme pour la rassurer.

-T'en fais pas, des soirées, il y en aura d'autres. Puis, je suis venu ici tout seul, comme un grand.

Son départ ne décevra personne donc et pour lui, il y avait plus important que cette soirée, comme Elizabeth par exemple. Une amie, c'est une amie et il faut bien qu'elle puisse compter sur lui. Que penserait-elle du Mather s'il retournait à l'intérieur maintenant s'amuser et l'abandonner sur le trottoir? Nick n'est peut-être pas un modèle de vertu, mais il a quelques principes.

-T'as mal au cœur?

Question de savoir, parce qu'elle s'apprête à monter dans sa BMW et... bref, vous comprenez. Aussi pour savoir dans quel état qu'elle se trouve, si ça va ou si ça ne fait qu'empirer, puisque la rousse n'avait pas belle mine, l'air triste, le teint pâle, cela lui faisait de la peine de la voir ainsi, mais il essayait de le cacher le plus possible. Parlant de sa voiture, celle-ci s'amène et du coup, Nick se lève, mais encore accroupit, il aide son amie à se lever, il ne faudrait pas qu'elle perde pied et qui dit alcool dit perte d'équilibre.

-C'est ma voiture

Nick fait un geste de la main à son chauffeur, qui se gare juste devant eux et le jeune homme s'approche pour être galant, mais surtout commode et ouvre la porte du côté passager de la BMW noire, à l'arrière, à Elizabeth, qui n'a plus qu'à grimper et il suit derrière elle. Quand il grimpe dans la voiture, il remercie, en français, son chauffeur d'être venu et qu'ils ont une "gente dame" à raccompagner.Le chauffeur eut un petit sourire et un léger hochement de la tête.

-Alors, je te reconduis où la Lowell?

Il l'appelait de cette façon pour la taquiner habituellement.