vitamin sea (ji-hun)

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w/ @Darcy Abernathy
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La dernière réplique de Darcy lui avait fait pressentir qu’elle quitterait la rue d’Acorn St. avant même qu’il n’atteigne sa chambre pour y déposer la toile, et pourtant. Contre toute attente, la jeune étudiante en arts se trouva là où il l’avait laissée deux minutes plus tôt et ce ne fut pas pour l’en déplaire. Sa façon de ne prendre aucune pincette dans leurs échanges lui plaisait beaucoup, et il trouvait intéressant – et amusant – d’être confronté à ce type de femmes. Elle donnait du rythme à leur conversation, semblait être une pile électrique chargée à bloc ; ses coups de pinceaux avaient été tout aussi vifs sur le tableau. Trop de déplacements dans les transports, je n’aime pas non plus, confia-t-il à la jeune femme. Avant Boston, il n'était monté dans aucune voiture, et n’avait pris que le train pour rejoindre une partie de sa famille en bord de mer – lorsque les Hwang y étaient autorisés par l’obtention du fameux pass obligatoire.

Laisse-moi réfléchir , lui demanda-t-il de patienter. Il caressa ses lèvres de son index, les yeux figés sur le tronc d’un arbre. Il visualisa les rues alentours à la recherche d’un magasin susceptible d’enfermer un objet qui pourrait être satisfaisant à la demoiselle de posséder, et qui lui serait offert en retour de son amabilité à avoir cédé son œuvre. Mais ce fut sans compter sur la voix de Darcy, et dont les mots furent pour le moins surprenants. Trou perdu, répéta-t-il, choqué. Il imagina alors la jeune femme être tombée dans une sorte de puits profonds, au milieu d’une forêt ou d’un champ, là où personne ne passait vraiment. Terrible ça a dû être , s’exclama-t-il , commençant à faire de l’empathie un trait de sa personnalité, blessée tu n'as pas été ? Parce qu’atterrir après une chute de plusieurs mètres devait tout de même laisser quelques séquelles. Tu ne l’avais pas vu, le trou, finit-il, de quoi mener la jeune femme vers la confusion qui s’était jouée.

Un endroit pour les étudiants il y a pas très loin, fut-il pris ensuite d’une illumination, sur un entrepôt de fournitures, on peut tomber, si on descend un peu. Le MIT fourniture exchange permettait aux universitaires de se procurer des meubles, de la vaisselle, des décorations ou des bouquins en bon état pour quelques dollars. Le cadeau qu’il voulait offrir à Darcy se trouvait peut-être dans l’un des espaces d’exposition du magasin, il suffisait tout simplement d’avoir l’œil. Les articles étaient tellement nombreux que l’artiste trouvera forcément de quoi faire son bonheur sans se sentir coupable de faire dépenser deux ou trois billets à son nouvel acolyte. Par là, c’est, l’invita-t-il à le suivre. Ils arrivèrent sur la rue de Chestnut, et se dirigèrent vers le square. Fleuri il est beaucoup au printemps, lui indiqua-t-il, si l’année prochaine, l’occasion tu trouves d’y faire un tour. Peut-être avec lui ? Il se ferait un plaisir de l’y retrouver.

Lorsqu’il avait un coup de foudre amical pour une personne, il n'était pas rare de voir Ji-hun tenter de préserver la relation ; Darcy semblait inévitablement en faire partie. Quelque chose se dégageait de cette jeune femme qui lui donnait l’intuition de ne pas être si différent d’elle. Et son sixième sens ne se trompait quasiment jamais. Ils allèrent droit devant, et se trouvèrent devant les portes de l’établissement de dépôts. Il n'eut qu’à montrer sa carte étudiante pour avoir accès au magasin. De quelque chose en particulier tu as besoin, ou faire le tour, tu veux, questionna-t-il sa nouvelle connaissance.

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vitamin sea
w/ @Ji-hun Hwang
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Ce ne sont que des morceaux de toi. Un bout de ton passé qui ne te quittera pas. Tu viens du Montana et tu ne pourras le changer. Tu as grandi dans une petite bourgade, cette même petite ville qui t’a dit au revoir alors que tu n’avais qu’une dizaine d’années. Mais Jay ne comprend pas les images que tu lui adresses. Il prend tout au pied de la lettre, ce qui te décroche plusieurs éclats de rire. « C’est comme une métaphore, je ne suis pas tombée physiquement. Je voulais dire que j’habitais dans un endroit avec peu de monde » T’es pas déçue de l’avoir attendu et puis merde, t’aurais pas pu te barrer après tant de gentillesse. Il a une bonne bouille ce type et il tient surtout à te remercier. Tu ne pouvais pas le priver de te rendre la pareille. Tu regardas alors tout autour de toi, bien loin de tes repères, de quoi t’faire paniquer. Tes yeux se posèrent sur les bâtisses et la nature environnante. Le coeur se calma aussitôt. Et puis le brun eut un précieux déclic. Il te présenta un endroit qui pourrait faire l’affaire et tu fis séduite. « Génial, allons-y, j’ai hâte de découvrir ça » Le suivant à ses côtés, ton sac tapant sur ta chute de reins, tu t’imprégnais des lieux que vous traversiez. Le coin valait le détour, même si vous n’étiez pas au printemps et que la nature ne bourgeonnait plus, bien au contraire. « Il est pas mal en été, c’est cool ce coin » D’un positivisme qui ne te ressemblait guère, tu continuas de déambuler avec Jay, fière et comblée de cette nouvelle rencontre. C’est comme si tu pouvais être toi-même avec lui et que le jugement n’existerait jamais entre vous. Comme s’il avait aussi traversé des péripéties qui avaient fait de lui un être ouvert et sensible. Le chemin se terminant devant deux portes, tu imitas le brun et eus l’accès au magasin qui entassait de tout. « Attends je suis impressionnée » Ça ressemblait à une immense brocante. Un lieu que tu aurais aimé connaître plus tôt. T’adores tout ce qui est ancien, ça sent l’histoire. Les prunelles rencontrent d’abord des meubles, tout ce que tu ne pourras jamais ramener dans ta chambre à la Adams. « C’est vraiment tout ce que j’aime » Les doigts caressant les bois, tu t’émerveillas devant des antiquités tout en marchant lentement pour ne rien louper. « Tu es plein de ressources Jay, tu me plais » que tu prononças en passant devant un miroir abîmé par le temps. Les couloirs formaient un vrai labyrinthe. Zigzaguant dans les allées, tu t’approchas d’une coiffeuse sur laquelle était posée une boite à bijou. Le couvercle avait de ravissantes incrustations de nacre, d’un style plutôt asiatique, tu ne pourrais pas mettre le nom d’un pays sur ce travail si raffiné. « Je n’ai pas beaucoup de diamants, mais ceci me plaît énormément, qu’est-ce que tu en dis ? »

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w/ @Darcy Abernathy
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Hastings Square, c’était un peu de verdure supplémentaire dans ce quartier déjà bien fourni de Cambridge. Quelques bancs, de l’herbe et des arbres. Les pétales de certaines fleurs étaient déjà tombées, d’autres avaient pris la relève. C’était tout de même bien plus agréable au printemps. Déjà parce qu’il ne faisait pas aussi chaud, mais aussi parce que les plus belles couleurs se montraient sous leur meilleur jour. Les azalées, très pigmentées elles sont fin avril ici, et les narcisses, bien formés ils se réveillent, fit-il, pour avoir eu l’occasion de les observer. La jacinthe, tu connais, demanda-t-il, en tournant furtivement la tête vers la jeune femme, à des étoiles de mer violettes accrochées à une même branche, ça ressemble. Ici, le parfum est délicieux. Il s’exclama, comme s’il pouvait encore sentir les effluves. Comment savait-il les reconnaître ? Parce que : botaniste il est, mon père. Il avait grandi entouré d' herbacées, d'arbustes, de grimpants et de plantes.

Ils dépassèrent l’espace vert, descendirent encore un peu la rue, pour arriver devant deux grandes portes que le plus vieux poussa. Cartes étudiantes montrées à l’entrée , ils purent se faufiler à l’intérieur du dépôt aussi librement qu’ils s’étaient promenés jusqu’alors au-dehors. C’est vrai , interrogea-t-il l’étudiante en arts, lorsqu’elle montra son intérêt pour les lieux tel que celui-ci. Il fut très heureux de l’entendre, parce qu’il n’avait pas été certain que cela puisse lui plaire de donner une seconde chance à un objet. Ses yeux se posèrent également sur tout un tas de meubles, des plus volumineux ou plus simples. D’un canapé cinq places en cuir à un petit guéridon au bois légèrement abîmé. Un éclat sortit d’entre ses lèvres lorsqu’elle avoua être charmée par sa personne. Tu me plais aussi, ne passa-t-il pas par quatre chemins. Pour ce qu’avait révélé son œuvre, pour son franc-parler et cette allure enjouée, presque enfantine, avec laquelle elle se déplaçait.

Il la suivit, bifurquant parfois au dernier moment, parce qu’attirée par un vieil objet. Elle lui paraissait comme une petite sauterelle, émerveillée par le plus brut . Elle ne sautillait pas vers le neuf, contemplait ce qui avait une histoire. Darcy était entrée en un saut dans la vie de Ji-hun. Visiteuse inattendue qui lui avait peint quelques bribes de son passé et de son présent. La peinture lui avait parlé, l’avait porté à croire en sa progression. Il fallait être un peu superstitieux pour croire que cet insecte, entré si vite dans la vie d’une personne, puisse signifier quelque chose de puissant. Animal totem pour ceux qui offraient une chance à la spiritualité ; Darcy pourrait aisément être sa sauterelle porte-bonheur. Elle s’arrêta devant une table de coiffure, et le nord-coréen baissa les yeux sur ce qui avait capté son attention. Il prit la boîte entre ses doigts et l’ouvrit pour en contempler l’intérieur . Le velours était encore intact, et elle disposait de nombreux rangements.

On a trouvé, je pense, dit-il, tandis que son sourire s’élargit. Bien évidemment, le coffret n’était pas de son pays natal, mais cela restait du même continent. De quoi faire en sorte que l’artiste ne puisse l’oublier. Et peut-être que les fleurs dessinées sur le bois laqué lui rappelleront son invitation à découvrir cette partie de Cambridge au printemps. Mais vide, on ne peut pas le prendre, se refusa-t-il de ne pas pouvoir l'agrémenter d’un bijou, qu’il soit fantaisiste ou non. Un manège vitré, je crois qu’ils avaient, un peu plus loin, informa-t-il sa nouvelle connaissance, on prend ça, et regarder on y va ? Il posa son regard interrogateur sur la plus petite, esquisse toujours accrochée à ses lèvres.

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w/ @Ji-hun Hwang
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Le voyage continue dans les artères d’Boston. Jay est un guide touristique hors pair. La visite est personnalisée. II te livre quelques noms d’fleurs qui t’enchantent. Ses descriptions sont imagées et splendides. Tu rêves éveillée. La grisaille des bâtiments s’éloigne. Tes lentilles scrutent les plantes aux couleurs vives. C’est fantastique, tout ce qu’un artiste repérerait. Émerveillée devant cette nature, tu appris la profession de son père. Jay en parlait avec beaucoup d’admiration. C’était beau à entendre et à voir. Votre randonnée se termina devant un bâtiment abritant des objets d’occasion. Le lieu était parfait, un excellent choix de la part du coréen. Puce excitée, tu pénétras dans le labyrinthe d’antiquités à la recherche de ton précieux. Le coeur ému, tu ne pus t’empêcher de livrer tes ressentis sur la personne de Ji-hun. Il t’avait touché. Conserver tout ceci était dommage, il méritait d’savoir à quel point il était une personnalité remarquable. La réciproque t’étonna et pigmenta tes joues pâles de rouge. La destinée avait frappé. Vous étiez fait pour vous rencontrer et vous retrouvez dans ce bric-à-brac joyeux. L’oeil aiguisé, tu fus attirée par une jolie petite boite qui trônait sur un meuble d’occasion. De noir brillant était recouvert le bois. Fascinée par la finesse du décor, tu en tombas presque amoureuse sur-le-champ. Jay la contempla par la suite et examina les compartiments intérieurs. Il vérifia probablement que tout était intact pour valider ton choix. La boite capturée, le jeune homme te proposa d’compléter cet achat avec un bijou. « T’es pas sérieux ? Je me sens déjà mal de te faire payer ça et tu veux encore me gâter ? » Ton art ne valait pas plus que quelques pièces, comment tu ne pouvais pas te sentir gênée face à tant de générosité ? Personne n’avait encore eu d’attention aussi grande pour toi. Accepter simplement n’était pas la réaction la plus logique. Surtout pas. Un combat contre sa gentillesse se levait en toi. « On ne fait que regarder, s’il n’y a rien, on laisse tomber » Le regard menaçant, tu estompas ta rigidité pour un sourire plus tendre. « J’espère que tu ne paies pas un cadeau à chaque personne que tu croises » que tu ajoutas en le suivant vers cette tour emprisonnant de vieux joyaux. Pupilles dilatées, ton souffle s’écrasant contre la vitrine, tu commenças à inspecter les bijoux disposés. Même tes parents n’avaient jamais pensé à toi de cette façon. « Il y a trop de choix … Je ne sais pas ce qui m’irait bien » Le regard bleu se décalant vers celui de Jay, tu tordis ta bouche et cherchas d’l’aide en lui.

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w/ @Ji-hun Hwang
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« Tu me fais sourire, ne t’en fais pas pour ça » Tu dévoilas alors tes dents et pris le chemin du manège à bijoux pour compléter ta magnifique trouvaille. Jay ne le savait peut-être pas, mais il mettait du baume autour de ton coeur malade. Il venait de faire basculer ta vie du côté de la force. Dans la lumière. Son aura était presque divine. Un truc spirituel à la con qui t’attirait considérablement vers lui. Il n’était probablement pas un ange, mais c’est ainsi que tu le voyais. Hypnotisée par sa générosité, tu le suivis dans l’entrepôt pour découvrir une vitrine étincelante. Les orbes bleutés qui te servaient d’yeux jonglaient entre toutes les breloques, des plus fantaisistes aux plus luxueuses. Le choix était large, de quoi te noyer sous un océan de possibilités. T’étais pas connue pour être extravagante, ni pour être la plus coquette. Te faire plaisir, tu ne connaissais pas. Tu n’as jamais pris le temps pour tout ça. Quand les filles découvraient leur féminité, toi t’étais au fond d’une cave, recroquevillée et effrayée par un monstre. « Du gris, je pense que ça ira mieux avec mes yeux » Langage toujours codé, tes prunelles suivirent l’index du brun qui pointa plusieurs accessoires. Tu pris en compte sa sélection et écoutas ta petite voix qui te guidait vers le collier en argent rose. « J’attends pas d’être remarquée, mais que ça fasse partie de moi, que ça souligne mon caractère si .. compliqué et que cela me ramène surtout à notre rencontre » Sentimentale, un trait souvent camouflé, tu te décalas sur la gauche pour ne pas manquer un pendentif. Tu te penchas ensuite vers l’avant et plissas ton regard comme si cela améliorerait ta vision. « Je crois que la boite sera toujours aussi vide si j’achète un truc puisque je le mettrais » Un ricanement plus tard et ton scanner s’arrêta sur un double collier argenté représentant le yin et le yang. Le pendentif était sécable, donc partageable. « Ça ! Moitié moitié, toi et moi » que tu proposas en faisant remuer tes sourcils. « Je prends le Yin et toi le Yang ! » Si tes souvenirs étaient bons, l’un représentait le féminin, l’autre le masculin, pourvu que tu ne les aies pas inversés. Fière de ta découverte, tu frottas tes mains ensemble et puis tout à coup, les néons s’éteignirent. La boutique fut plongée dans l’obscurité. Les pulsations cardiaques redoublèrent. La peur se hissa et ne fit qu’une bouchée de toi. Reculant d’un pas, ton dos heurta la vitrine. Le souffle n’était plus linéaire. Le thorax se levait et se baissait à toute vitesse. Le visage enveloppé de tes paumes, tu secouais négativement ta tête, comme si tu te cachais de la pire des créatures. « Non non non » Toute rationalisation te quittait. Il ne s’agissait que d’une coupure, mais pour toi, c’était dans le noir que tout s’était passé. La colonne glissant le long du meuble, tu terminas sur le sol, jambes ramenées contre ta poitrine, en position de défense.

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