(denyn) sunset

Je ne sais si c'est l'instant qui m'en procure l'envie, mais je me retrouvais à te poser une question qui forcera ta réflexion. Allez savoir, c'est dans des moments en toutes simplicité que mon cerveau décide de carburer. À chaque instant sa question existentielle. Ta réponse, bien que sérieuse, à le don de faire naître mon rire. Tu comprendras rapidement que l'entendre n'est pas signe de moqueries venant de moi, mais plutôt un second langage qui s'articule de bien des manières. J'ai des images de mon enfance qui s'animent devant moi. Se satisfaire de ce que l'on a me semble fataliste quand on a pas grand chose. Je me ravive quand j'me rend compte que mon rythme est devenu mollasson. Je décide même de te faire tournoyer sur toi-même, t'obligeant à te baisser un peu pour y arriver. " T'es satisfait toi ? " Parce que cette perspective me semble difficile, même pour quelqu'un qui a l'habitude de vivre avec peu.

Le plus incroyable dans tout ça, c'est surtout de réaliser qu'elle est la première à demander. Question existentielle ou pas, personne ne l'a jamais posée. Réflexion nécessaire pour obtenir un point de vue constructif, ouvert et tolérant, tout en restant personnel. Difficile, surtout avec un joint dans la caboche. C'est peut-être là, l'instant émotion de la soirée. Qui sait ? Il faut lire entre les lignes, tant pour elle que pour lui. Dans ses mots, tout comme dans le rire qui perce doucement d'entre ces lippes. Blodwyn est là sans l'être. Présente physiquement, absente psychiquement, un court instant. Partie quelque part où il n'a pas sa place. Danse pratiquement figée dans l'espace, puis dynamisée lorsque pointe à nouveau l'éclat de son regard. Une pirouette bancale, désordonnée, grossièrement effectuée pour glisser sous son bras, retrouver sa taille à la seconde suivante; une forme de proximité installée pour converser tout en ondulant légèrement les bassins. - Aujourd'hui ? Oui. le spontané se couple au timbre dépourvu d'hésitation, Denzel hoche doucement la tête pour appuyer la chose. - J'ai grandit avec pas grand chose. On essayait de construire des bateaux avec mon jumeau, pour fuir l'emprise du paternel. Finalement, il s'est volatilisé et on a été livrés à nous-mêmes. C'était le chaos. avec le recul, puisque sur le coup, l'absence de figure responsable lui conférait un sentiment incroyable de liberté. - J'ai jamais vraiment été à ma place. Toujours à fuir, jamais avec un véritable toit au dessus de la tête, et sans bateau pour espérer conquérir l'horizon. un paquet de négatif pour en venir à la conclusion suivante. - Aujourd'hui, j'ai.. Tout ? Mon bateau, même s'il est encore au stade d'épave. J'ai des potes, des proches sur qui je peux compter, un travail et des perspectives d'évolution.. Une présence fort sympathique pour partager des joints. Qu'est-ce que je suis censé demander de plus ? question volontairement ouverte, lui-même ne sait pas. Sa vie pourrait être mieux, mais il se comble ainsi. - Mais toi.. Tu l'es pas vraiment, satisfaite, mmh ? sans vouloir interpréter, Denzel se fie simplement au faciès, et rien ne semble indiquer qu'elle soit réellement épanouie.


@Blodwyn Duggan

Je posais la question à un million. Est-ce que tu étais satisfait, toi ? Parce que ça me paraissait vraiment compliqué de pouvoir affirmait que oui, je l'étais quand ma vie se déroulait devant mes yeux. Non, je crois que tant que je n'aurais pas trouver une certaine paix intérieure, je n'arriverais pas à être pleinement satisfaite de la personne que je suis maintenant. Toi, t'as une longueur d'avance. Quand tu te dévoiles un peu, mes yeux se perdent dans la contemplation de ton visage qui s'anime. Tu contes une histoire qui a des points communs avec la mienne. Celle de la fuite d'un parent pour sa survie. Quand tu te demandes ce que tu pourrais vouloir de plus, je hausse les épaules comme pour te répondre, comme si tu me posais la question à moi alors que c'en était pas le cas. Et enfin, la vraie question me concernant se pose. Tu connais déjà la réponse. Sourire faible sur les lèvres, j'essaie de camoufler ma surprise. Heureusement, le joint faisant déjà son petit effet aura le dont de rendre flou ce visage parfois trop expressif. " Pas vraiment... " que je confie sans trop y réfléchir. " Pas aujourd'hui. " Malgré une présence forte sympathique pour partager des joints. " Mais un jour, j'le serais... " Parce que c'était ça ma force aussi, toujours optimiste.

La question a un million, et l'ambiance change drastiquement, flirtant de la plus légère volute au poids conséquent d'une existence toute entière. Le bonheur est quête perpétuelle, et le sujet si profond, qu'ils pourraient s'y noyer tous les deux. Le boulet traînant à sa cheville semble devenir, soudainement, inconfortable et douloureux. Une peine dont Denzel ne connait l'origine, mais qui transpire des obsidiennes, s'échouerait presque aux rivages de ces pommettes. Quel est donc ce spectre qui te hante ? Que cache ce joli minois aux contours torturés ? Le souffle n'aspire point satisfaction, la mimique dénote l'élégie amère. - pas aujourd'hui ? incite à la reformulation pour mieux en comprendre le sens, quelque peu chagriné à l'idée de ne pas invoquer l'esquisse joyeuse aux lippes, suintantes d'une déconvenue. - Blod'.. tu peux aussi me parler. timbre calme du Neptune en reflet, glisse délicatement les index aux commissures des pulpeuses, dont il tente d'étirer les traits, profondément touché par le spleen obvious de cette belle névrosée. - je suis docteur Denzou, tu peux tout me dire. une pointe d'humour sur fond de sincérité, puisse-t-elle se reposer sur son épaule, puisse-t-il la décharger de son fardeau, même pour une soirée.


@Blodwyn Duggan

Mes épaules se dressent. Mouvement nonchalant en espérant que la conversation que j'ai initié et que je sens se refermer sur moi s'arrête bientôt. Je préfère revenir sur des sujets plus léger ou bien, que ceux-ci ne concernent pas des souvenirs amères. " Pas aujourd'hui " que j'affirme à nouveau, sourire se voulant rassurant sur les lèvres. Il n'y avait pas de mal à ne pas être en phase avec soi-même, ça viendra en temps voulu. T'as pas l'air de vouloir lâcher l'affaire de ton côté. Tes doigts viennent tripoter ma peau, triturant mon visage comme de la patte à modeler. Il n'en faut pas plus pour rompre le sérieux de l'instant, faire naître les éclats de rire. J'en viens même à faire des grimaces, essayer de mordre tes doigts pour qu'ils disparaissent de mes joues. " Moi ce que j'pense... " que je commence dans un soupir dramatique, pirouette sur moi-même et bras dans les airs pour étirer mes muscles. " C'est que j'vais visiter votre demeure doc ! " Et moi voilà partie d'un pas décidé vers la première direction, ce qui semble être le coin cuisine du bateau. " Tu avais le mal de mer au début ? " Toujours des questions importantes à poser. J'espère en revêtant mon habit de clown, que s'effacera de ta mémoire notre petite discussion. Je ne te connais pas assez pour me confier, quand bien même la confiance règne déjà.

L'effort coupé court, la confidence n'ira pas plus loin. Denzel, les deux pieds dans le plat, les mains dans l'buisson épineux de l'amertume. Vague salée, déferlante comme gifle sur la joue. Soldat forcé au repli, abdique malgré lui, la curiosité mal placée balancée par dessus bord. On va pas s'mentir, Blody Mary, tu riais pas vraiment. Toutes ces piètres combines ne sont qu'un exutoire pour justifier un changement radical de conversation, épargner le vague à l'âme, toutes ces conneries planquées derrière un visage soit-disant souriant. Mais très bien, l'étudiante est dans son droit, le marin cesse donc de l'importuner. C'était encore prématuré d'forcer l'esquisse aux lèvres, Denzel regretterait presque son geste. Brunette prend la distance, un soupçon d'espace vital sans doute, qu'il ne cherche plus à casser. Les mécanismes de défense sont à respecter, pas vrai ? - fais donc, c'est ni plus ni moins.. qu'une maison flottante. blondinet respire la tranquillité, pose ses fesses sur le premier tabouret du comptoir et observe la fuite improvisée d'une douceur affectée. - Jamais. D'aussi loin que j'me souvienne, j'ai toujours eu un pied sur quelque chose de flottant. Ca fait.. Partie de moi. un haussement d'épaules pour un détail auquel il ne fait plus attention. L'habitude, la génétique, un gamin né pour servir l'océan. - C'est quoi ton but, Blody' ? Qu'est-ce que t'aimerais faire, dans l'idéal ? personnellement, professionnellement, quel que soit le front; l'humain a toujours besoin d'un objectif pour avancer, alors.. quel est le tien ?


@Blodwyn Duggan

Ni plus ni moins qu'un maison flottante, pourtant cela n'avait rien d'habituel pour moi. J'étais vraiment curieuse de savoir comment était conçu ce cocon que tu chérissais tant. Je balade mes mains sur les surfaces qui s'offrent à moi, me dirigeant vers l'espace cuisine. Je sentais ta présence me suivre sans mon dos, le bruit du tabouret qui racle sur le parquet me faisait comprendre que tu gardais tes distances cette fois. D'un coup, je m'en voulais d'avoir fait naître un froid et l'ombre d'une moue boudeuse traversa mon visage jusqu'à ce qu'un sourire sincère la chasse. J'aimais en apprendre d'avantage sur le personnage que tu étais. Je t'imaginais enfant sur un bateau à jouer les conquérants ou à t'appliquer dans la confection d'un radeau. Ca devait être des souvenirs fantastiques à se remémorer. Pour ma part, n'étant pas habituée, je sentais le léger bercement de l'eau, étourdissant mon esprit un peu plus. Je devais avouer que ce n'était pas désagréable. La surprise me tire de ma rêverie quand tu me poses l'une de ces questions qui faisaient forcement naître des soupirs et rire nerveux. " Tu poses LA question. " Je venais me rapprocher de toi, m'asseoir sur le tabouret voisin en regardant la pièce dans laquelle nous nous trouvons à la recherche de détails accrocheurs. " Vivre de mes passions. J'écris et j'aimerais réussir à me faire publier un jour. Je peins et j'adorais m'exposer. " J'aimerais ne pas avoir à faire un métier alimentaire désagréable qui pomperait toute mon énergie.

La sensation est grisante pour le fils de Neptune; vivre ici, c'est comme appartenir à l'océan, ne faire qu'un avec l'élément et ainsi, en apprécier chaque subtilité; du léger roulis qui berce la coque de son ondulation, en passant par les fragrances écumeuses, distillées ici et là sous la caresse des embruns, pour finir par se jeter dans l'horizon, chasser le bout du monde en se persuadant que le bleu marin pourrait courir indéfiniment, jusqu'à l'instant jubilatoire, lorsque marin crie "terre !" et remercie le ciel de l'avoir ramené à quai. Le grand bleu lui rappelle sa famille, le propre de son adn; rien de plus qu'une évidence, le naturel et la raison à son existence. Les lèvres s'étirent d'une esquisse curieuse, Denzel aimerait en apprendre autant qu'il est capable de confier, chassant l'envie en attrapant une bouteille de scotch, deux verres pour un soupçon de breuvage, à consommer avec modération. - Je pose toujours LES questions. et Blody s'échappe encore, à sa façon; du regard cette fois, malgré son évidente proximité. L'esprit flotte à quelques encablures du yacht, boucle d'or l'a bien compris. - Alors.. Fonce ? l'ambre glisse en gorge, d'une traite, ne laissant aux opales que l'air sérieux d'un génie ? (idiot) en herbe, assez tordu pour illuminer l'esprit de mille idées. - Je t'offre la galerie. J'retape un bateau, tu pourrais l'aménager et.. Ce serait la première expo' flottante de Boston. la culture de l'atypique connait son lot de passionnés, la curiosité se chargera des autres; pour la suite, le bouche à oreille fera vivre son talent aux quatre vents. - Pour l'écriture.. On cherche un bon éditeur, et tu harcèles la boîte aux lettres de manuscrits. Prends l'contrôle Blody'. comme s'il était réellement qualifié dans le domaine; une vraie teigne, ce petit con blond.


@Blodwyn Duggan

Notre tête à tête était de loin l'un des plus difficiles depuis des années pour moi. J'avais la sensation de passer devant tes yeux experts, d'être une petite proie sans défense que tu attirais dans ton antre. En temps normal, on ne me posait pas de question. Non, les personnes ne voulaient rien savoir. Elles profitaient du spectacle, de la fille cool avec qui on rit jusqu'à en pleurer. Même si ce genre de rendez-vous se terminent dans un lit, ils sont la plupart du temps uniques. Et sous tes yeux, j'avais la sensation qu'il n'y avait rien d'éphémère. Juste une homme trop curieux, avide de lire les pages du livre qu'il a entre ses mains. Je fais de mon mieux pour résister, mais tu es rude par moment dans ton approche sans détours. Je suis incapable de dissimuler ma surprise quand tu me dis de foncer tête baissée. Dans un premier temps, mes sourcils se dressent quand dans un second, mon rire résonne dans le silence. Ce n'est pas drôle, mais ça me parait absurde. J'en deviens même désemparée quand tu continue dans ta lancée. T'as déjà tout prévu, les plans à l'esprit et tes mains dans mon dos pour me pousser sur ton chemin. " Je... " n'ai aucune idée de quoi répondre. " C'est pas... Ce n'est pas aussi évident. " Je grimace à l'avance de ta réaction. Mais non, ça n'était pas aussi évident.

Et subitement, voilà qu'il regrette d'avoir posé la question. Tout comme il regrette d'avoir laissé germer une idée aussi folle dans son esprit simpliste. Ce n'est pas l’œuvre de sa vie, mais celle de Blodwyn, aussi n'a-t-il aucune légitimité pour se permettre ce genre de commentaires. A la fougue se confond la précipitation, celle-là même qui ferait couler le bateau à la coque trouée d'un marin pressé de repartir en mer. Et subitement, Denzel voudrait disparaître dans ce trou de souris, semblable à ceux que les dessins animés dépeignent. - Je suis.. Désolé. même si l'usage de la formule ne traduit pas la profondeur de son malaise; le blondinet en écarte l'alcool, replaçant la bouteille où il l'a trouvée, ne voyant dans le scotch qu'une absurde méprise. - J'aurais pas dû m'immiscer dans ton projet. Ça se reproduira pas, promis. autant dire qu'à ce rythme, difficile d'imaginer que la brune souhaite le revoir. Deux malaises créés en un rendez-vous, on aura vu mieux. - Peut-être que ce serait mieux qu'on parle du soleil couchant, et.. des étoiles ? la fuite amorcée de son propre chef cette fois, quittant le comptoir pour revenir sur la terrasse, jurant silencieusement contre lui-même. La curiosité est un vilain défaut.


@Blodwyn Duggan