Night talk ft. Clary (17.05)

Imaginer son enveloppe et tenter de deviner où pouvaient se trouver ces fameuses marques faites d’encre indélébile, Ji-hun ne s’était pas laissé prier pour se prêter à l’exercice. À peine elle avait suggéré l’idée qu’il avait posé un regard sur son épiderme pour en imprimer la couleur, avant de traverser les couches de tissus qui la recouvraient. Entre les omoplates, sur la courbure des dorsales, peut-être. Il trouverait joli un tatouage tout fin sur l’un de ses flancs ou contre l’os du bassin. Il n'avait pas remarqué d’inscription sur son ventre, mais ne dirait pas non pour jeter un œil sur le bas de ses abdominaux, juste pour s’en assurer. Est-ce qu’il était possible de se faire tatouer l’intérieur de la cuisse ? Perdu dans son imaginaire, il avait fini par reporter son attention sur le visage angélique de son interlocutrice, et s’était finalement dit qu’elle serait plutôt adepte d’une ligne florale autour de la cheville, ou d’un motif sur l’intérieur du bras. Il n’avait pu toutefois s’empêcher de passer la langue sur sa lèvre supérieure ; rêve ou réalité, ça lui semblait hot.

Heureux, je suis aussi, avait-il répondu, parce qu’il n’avait jamais supposé pouvoir passer un moment aussi agréable avec une inconnue ; c’était bien la première fois. Dormir avec les garçons, tu n’aimes pas, simplifia-t-il son refus de se reposer en laissant la caméra allumée, pudique, tu es ? Peut-être qu’il lui arrivait de laisser s’échapper quelques bruits ou mimiques en dormant, mais le nord-coréen trouvait ça plutôt charmant. Les nuits sages qu’il passait parfois aux côtés de la fille de ses parents d’accueil lui manquaient. Elles s’étaient faites de moins en moins nombreuses depuis qu’il avait décidé de quitter leur foyer. Ressentir une présence lorsqu’on s’abandonnait aux bras de Morphée lui paraissait plus rassurant, personnellement. Avec toi, je reste alors, lui proposa-t-il, à défaut de la voir sombrer dans un profond sommeil. Demain sonnaient quelques révisions sur des textes d’ores et déjà étudiés, il n’avait pas besoin d’être en très grande forme pour ce faire. Sauf si fermer tu préfères , dit-il, parce qu’elle avait le choix.

Il parcourut de ses yeux bridés l’écran, imprima de nouveau chaque trait du visage de la paramédic avant d’articuler son prénom dans un murmure : Clary… Il pinça furtivement sa lèvre inférieure avant de le répéter, cette fois-ci un peu plus fort. Il réitéra la chose, en donnant une tonalité interrogative : Clary ? Il sembla attendre quelque chose, les pupilles se tournant vers le plafond, avant qu’il ne se mette à rire discrètement. Te faire apparaître, j’essayais, l’informa-t-i, ça ne fonctionne pas…. Et c’était bien dommage, il aurait pu la choyer jusqu’à ce que ses paupières lui semblent trop lourdes pour lutter. Que tu aimerais qu’on fasse, si t’étais là, ça serait quoi, demanda-t-il ; à son tour de se montrer imaginative. Était-elle plutôt film, partie de cartes, conteuse d’histoires ou…

Clary avait avoué ressentir un certain malaise au contact de l’homme, et Ji-hun n’avait su répondre que par un : oh… Là où il avait pensé des préférences physique et sexuelle, se trouvait finalement la peur de l’autre. Il n’avait pu deviner les raisons qui l’avaient menée à s’en méfier, et qu’importait finalement, il trouvait bien malheureux que la jeune femme ait à souffrir aujourd’hui de cette présence masculine. Il existait également cette réserve qu’il avait su déceler à tout hasard, cette pudicité qui l’empêchait de se laisser aller, et par ricochet de s’endormir devant la caméra d’un ordinateur sous le regard du Nord-coréen. Il n’avait alors pas insisté, et avait acquiescé à sa proposition. Jusqu’à ce qu’il s’éteigne, l’ordinateur, avait-il répété en joignant à ce commun accord un sourire un peu plus large. Ils resteront ainsi en face-à-face, dépendants tous deux du pourcentage de batterie des appareils, et de la bonne tenue de cette dernière ; pourvu qu'elle ne soit pas vétuste.

L’étudiant aurait toutefois aimé pouvoir compter sur sa présence à ses côtés, et éviter ainsi les frustrations. Parce qu’il lui semblait plus agréable de voir sa peau et sentir son parfum, plutôt que de les deviner. Ji-hun, il préférait le concret, détenir des informations plutôt que de les laisser en hypothèse ; un scientifique qui ne laissait que peu de points de suspension aux problématiques, qui s'attelait à la recherche de solutions. Puis il y eut cette question, et une Clary incapable d’exprimer ses besoins et ses envies, comme si elle attendait qu’on l’aide à accepter qu’elle soit en droit de réclamer un peu de bonheur et de plaisir auprès d’une autre personne – de la gent masculine aussi. Ce rouge qui avait piqué ses joues n'était pas passé inaperçu, et puisqu’elle paraissait compter sur le plus jeune, celui-ci accepta d’être son guide, celui qui se permettra de poser des mots sur l’appétit qui la parcourait, ici et là.

Il n’eut pas besoin de poser son regard ailleurs que sur le visage affiché de la paramédic, la réponse s’invita à lui de façon instantanée. J’aimerais… te caresser , fit-il sans faillir, parce qu’il cueillait ses désirs avec aisance et n’y allait pas par quatre chemins pour les faire connaître à ceux et celles qui les lui demandaient. Ji-hun avait le toucher doux et facile, et il était vraiment dommage qu’elle ne puisse pas en profiter. Il détourna les yeux de son ordinateur pour les poser sur la porte de sa chambre, et retira un écouteur pour tendre l’oreille vers le couloir. Il avait cru entendre un bruit en fond, mais ce ne fut que le fruit de son imagination ; les propriétaires de l’appartement dormaient encore. Il remit son oreillette alors, et reprit la conversation : toute entière, Clary, de mes doigts, te parcourir je voudrais. Une pulsion qui devait tout de même avoir sa part de consentement. Si t’acceptes, ajouta-t-il. Il savait prendre les devants, mais ne le faisait que lorsque ça lui était permis.

Des lots de tendresse, il en avait des tonnes à distribuer, mais il lui semblait que Clary en avait davantage la nécessité que toute autre demoiselle. Ça tombait bien, le scientifique était un fervent défenseur du « zéro brutalité ». Par les pieds, je commencerais, fit-il en se laissant aller à la rêverie. Débuter loin du cœur et de la tête, pour la faire plonger dans le vide en douceur. Que je remonterais, ça serait en t'effleurant, l’informa-t-il qu’il ne se montrerait pas trop intrusif, intimement parlant, m’arrêter au niveau de tes tatouages, je pense que je prendrais le temps. De déposer ses lèvres sur son épiderme pour bénir la signification de ces dessins, encrés à jamais sur elle. Par t’embrasser, je finirais probablement…, supposa-t-il avant de planter sa canine dans sa lippe inférieure, puis de la laisser glisser sur sa chair lisse, t'en penses quoi ? Lui, il aimerait tant qu'elle soit là...

Son cœur battait à un rythme normal, et ses poumons ne s’étaient pas gorgés de plus d’air, mais il sentait l’ambiance envahir certaines parties de son corps ; l’excitation était on ne pouvait plus palpable. Sinon, de ma super carafe, un verre d’eau je pourrais te servir, proposa-t-il en seconde option. Il vint s’allonger de côté, l’avant-bras gauche sous sa tête, puis continua : et ma chambre te faire visiter. La faire entrer dans son monde, tout simplement.

Le nord-coréen avait été Spectateur des réactions physiques de Clary. Les mouvements de son corps, gesticulant au rythme des pensées et sensations qui se bousculaient en son sein, et ce rouge aux joies qui ne semblait plus vouloir disparaître, s’accentuait à l’énonciation de ce qu’il pourrait vouloir lui faire ; du bien, uniquement. Alors, lorsqu’elle avait avoué qu’elle s’était sentie brûler de désirs, il avait pincé davantage ses lèvres et avait soufflé, d’un air faussement désolé : je ne voulais pas… Mensonge articulé pour continuer à jouer avant qu’il ne propose une autre option, celle de simplement boire un verre d’eau pour s’hydrater, et de faire le tour du locataire. Complète, la carafe d’eau, sur nos têtes il faudrait la renverser, avait-il ajouté à la remarque de la paramédic, et des glaçons, pour tout ça refroidir. Et il rit à son tour, accompagnant l’éclat de son interlocutrice avant de se remettre sur le dos, pris lui aussi dans un besoin de bouger, bien trop titillé par l’envie sous la ceinture.

Ses doigts glissèrent dans sa chevelure pour la mettre en arrière, mains qui se chargèrent de la tache à tour de rôle. Le visage tourné vers le plafond, il le reporta sur l’écran au moment où la jeune femme à la peau brune reprit la parole. Non, répondit-il sincère, ce que je te fais, je ne sais pas, Clary. Et peut-être que ça serait bien qu’il le sache ; est-ce qu’elle sentait la présence d’une humidité plus importante entre ses jambes, au moins ? Ça n’avait pas été son but premier lorsqu’il avait partagé avec elle son rêve de les voir devenir intimes, mais s’il pouvait l’exciter par le pouvoir de ses mots alors… À grandir, j’ai commencé , avoua-t-il à la suite. Et il ne parlait bien évidemment pas de centimètres qui se seraient ajoutés à son mètre quatre-vingt-six, mais bien du sang qui avait afflué dans les veines qui parcouraient la longueur de son intimité. Ça démange , ajouta-t-il avec tout autant de calme.

Mais qu’elle soit rassurée, il n’avait pas l’idée de glisser une main sous la couverture pour se soulager ; elle lui avait avoué ne pas se sentir à l’aise avec des hommes, après tout. Tu veux voir, l’interrogea-t-il en levant les sourcils pour accompagner sa question. Juste une preuve qu’à ses yeux, elle était désirable, tout en sachant imposer le respect qu’elle attendait ; tous les mecs n’étaient pas des salauds, elle le saura un jour, jolie rose. Le « oui », le silence ou l’hésitation, le « non » ne sortit peut-être pas assez vite pour qu’il n’ait déjà tourné l’écran vers le bas de son corps. Il descendit le drap jusqu’à mi-cuisses, et leva légèrement son t-shirt pour qu’elle puisse avoir un accès visuel au volume dessiné sur son short. Il attrapa l’élastique de ce dernier et le tira furtivement vers le bas pour un accès rapide à son sexe légèrement formé sous son boxer. Furtif, oui, car il se pressa à remettre tout en place avant de placer l’ordinateur dans sa position initiale.

Avait-elle fermé les yeux, ou se sentait-elle satisfaite d’avoir réussi à provoquer cette réaction chez lui ?

Warning :

La nage ne lui était pas inconnue, et l’humidité qui s’y rapportait non plus. Pratiquant la natation à un niveau olympique, il avait compris le sens de sa phrase, pour avoir très souvent plongé dans l’eau chlorée d’une piscine. À l’intérieur de son sous-vêtement se produisait un phénomène incontrôlable, résultat de leur échange qui s’était voulu plus intime. Et il aurait aimé pouvoir prendre cette deuxième douche avec elle, non pas pour l’aider à se défaire de ces sécrétions, mais bien parce que son appareil génital avait connu, à cause de l’excitation, un changement de taille. Ces deux-là combinés auraient pu se satisfaire mutuellement sous le jet du pommeau ; et peu sûr que la froideur de l’eau aurait pu les canaliser. C’est agréable, l’avait-il rassuré aussitôt, t’excuser, il ne faut pas. Si elle pouvait d’ailleurs continuer ainsi à le titiller de ses envies, il en serait plus que ravi. Il lui avait proposé de voir l’effet qu’elle avait provoqué en lui, parce qu’elle méritait de gagner confiance en elle, d’être témoin de ce dont elle était capable de provoquer chez un homme.

Il avait descendu la caméra sur cette partie plus privée de son anatomie, et s’était apprêté à voir Clary disparaître de son écran. Mais lorsqu’il repositionna son ordinateur, contre toute attente, elle était encore là, les yeux rivés sur lui. Moi non plus, répondit-il à son aveu par une confidence aussi. Plusieurs mois lui paraissaient une éternité, - si tant était qu’il ait déjà vécu une relation. Il ne s’était jamais mis en couple avec une femme, et les derniers préliminaires qu’il avait partagés avec l’une d’entre elles remontaient à l’automne dernier. Quant aux pénétrations, il avait encore tout à tester. {...}