(ella&bastian) escape from reality.

Ella parlait. Beaucoup. Une vraie pipelette. Mais c'est ce que j'aimais chez elle. Rares sont les fois où un blanc peut s'initier avec elle. Elle a toujours quelque chose à dire ou une réaction quelconque. Elle n'est pas ce genre de personnes avec qui on passe du temps et où le silence règne. D'ailleurs, en sa compagnie, cela serait vraiment trop étrange. Je n'arrivais même pas à imaginer la scène. "Tu n'as pas changé. Tu as juste muri." Répondis-je face à ses paroles. "Puis, y a que les cons qui ne changent pas d'avis." Puis, il semblerait qu'elle soit tombé sur le bon mec, celui qui lui donnait envie d'être encore plus une merveilleuse personne. Bon, elle l'a toujours été, évidemment. Mais il semblerait qu'il fasse ressortir en elle, son soleil, sa bonté, son charisme et toute sa positivité. Elle n'a pas changé. Elle voit tout simplement sa vie et son futur autrement que ce qu'elle n'avait pu le voir, avant Jeremiah. "Ouais bah pour le moment, tu vas éviter. Je ne voudrais pas me retrouver au sol." Mes paroles faisant allusion au fait que si elle me sautait dessus, avec ses deux jumeaux dans le ventre, je ne savais pas trop si j'arriverais à la rattraper de mes bras. Evidemment, je disais cela sur le ton de la rigolade. Je ne la trouvais pas du tout grosse. Elle n'avait prit d'ailleurs que dans le ventre et cela se voyait. "Ouais j'y vais." Mon but n'étant pas de rester là encore une heure.

Après avoir enfin tout essayé et être passé à la caisse, nous sortions du magasin. "A toi maintenant." Puis je regardais autour de nous, à la recherche du magasin parfait pour elle, en ce moment. Sauf que malheureusement elle n'était pas venue avec la bonne personne. Je ne connais pas la moitié des noms de magasins. Trop nul.
@Ella Marriott-W.

Comme un fruit… J’espère juste ne pas pourrir du coup. Que je lance avec un sourire. On peut dire ça, oui. J’ai mûri. C’est agréable, ça semble juste être la suite logique des choses et c’est tout ce dont j’ai besoin en ce moment, me rendre compte que tout cela est normal. Ça peut sembler bizarre et déstabilisant mais c’est normal. Ma vie est enfin normale, elle n’est pas que rancœur et guéguerre. Je n’ai pas totalement dépassé cette phase - il ne faut pas rêver - mais j’ai fait un grand pas en avant pour ma vie et le bien de mon couple et ma famille, ce qui est tout aussi rassurant. Les mains sur le ventre, je le regarde et jauge - et juge - ses tenues. Ça lui va bien. Les couleurs sont sympathiques et elles apportent un peu de douceur sur son visage. Mais à sa réflexion, je joue l’offusquée. Dis que je suis grosse, je ne te dirai rien ! En fait, s’il le dit, je risque de fondre en larmes parce que la prise de poids qui va avec la grossesse me pèse plus sur le cœur que les kilos sur la balance. J’ai du mal à me voir comme ça, déformée, ronde comme je ne l’ai jamais été. Dès que je me vois dans un miroir, j’ai un peu l’impression d’être face à un miroir qui déforme mais je sais que ce n’est pas le cas, c’est ce à quoi je ressemble. J’ai hâte de tellement de choses depuis le début de cette grossesse et je ne sais même plus ce que j’attends le plus avec impatience. Surement la rencontre avec les jumeaux. Mais retrouver ma ligne fait aussi partie des choses que j’attends. Ouiiiii, c’est à moi de jouer à la poupée maintenant. Que je lance en souriant, glissant mon bras contre celui de Bastian. Bras dessus, bras dessous, nous nous dirigeons vers une boutique qui semble être spécialisée dans les modèles pour femmes enceintes et quand je rentre dans la boutique, je souffle doucement Vraiment, si je ressemble à un saucisson dans son filet, tu me le dis. Les conseillères vont sûrement minimiser les choses et je ne le veux pas. Je veux la vérité, aussi douloureuse puisse-t-elle être. Tu me choisis deux tenues le temps que je regarde de mon côté aussi ? On sera peut-être plus efficace comme ça. Et pendant que je file d’un côté de la petite boutique, je dis T’as des conseils pour que deux parents qui aiment leurs jobs respectifs ne dépriment pas en voyant leurs fonctions diminuer ? La question est posée. Je ne sais pas ce qui a été décidé pour Jeremiah - surtout qu’il part à Londres pour le lancement de la voiture - mais je n’ai aucun mal à imaginer que ses fonctions vont diminuer dès que les petits seront là. Il ne pourra pas sauter dans un avion quand il le souhaite pendant quelques mois. Enfin, si il le pourra mais le connaissant, il ne le voudra pas. Et moi non plus. Comment faire sans lui ? Ça me semble impensable.

"Pourrir ? Toi ? Impossible !" Cela reviendrait à une Ella sans vie, sans énergie, une Ella silencieuse. Non pas possible. Elle mûrissait, mais en bien. Cette finalité n'était pas possible. Enfin si... avec le temps. Mais d'ici là je ne serais déjà plus là. Je suis celui qui pourrira en premier. Et je me mis à sourire à cette pensée parce que je savais que ça aurait fait rire aussi mon amie. "Mais non t'es pas grosse." Si c'est ce qu'elle avait envie d'entendre, je le lui disais. Première règle : ne jamais contrariée une femme enceinte. Je savais qu'en règle générale elle préférait que je lui dise la vérité. Mais pas cette fois-ci. D'autant plus qu'elle m'avait déjà fait part du fait qu'elle ne vivait pas forcément bien cette grossesse côté physique. Je n'allais donc pas en rajouter une couche.
Après quelques minutes, nous ressortions du magasin avec quelques sachets en main. Elle avait réussi à me faire acheter des vêtements que je ne mettrais surement que pour le Spring Break, tant ils sont colorés. Mais je suppose que c'est ce qu'il faut pour ce genre de vacances. Alors je l'avais écouté. "Let's go Barbie." Même si elle n'avait rien d'une Barbie, évidemment. C'était juste pour faire le lien entre la poupée et ... Barbie quoi. Bref. J'espérais qu'elle comprendrait. "T'en fais pas pour ça." Je prendrais même un malin plaisir à le lui dire. Et à trouver d'autres images qu'un saucisson dans son filet. Tout en cherchant deux tenues, je réfléchissais. "Qu'ils me laissent leurs gosses." Bah quoi ? Je me voyais bien baby sitter. Après tout, pourquoi pas. "Non plus sérieusement. Faites tout ce que vous pouvez, dans la limite de vos disponibilités. Puis dites vous que ce n'est que le temps de quelques ... années." J'avais eu envie de dire mois, mais je préférais dire la vérité. "Puis de toute façon, vous verrez que vos enfants passeront surement avant votre travail et projets... Enfin, vos projets risquent surement de changer un peu quoi." Je n'allais pas lui mentir et lui dire qu'ils pourront faire tout ce qu'ils veulent. Ils allaient devenir parents. De jumeaux qui plus est. Je ne voulais pas lui donner de faux espoirs. "Y a rien ici. Tout est moche." Peut-être que de son côté, elle avait trouvé quelque chose...
@Ella Marriott-W.