(ella&bastian) escape from reality.

La galère du shopping. En règle générale, je déteste cela. Si j'étais venu ici c'était pour mon ami et non moi. Il est vrai que mes vêtements ont fait leur temps, mais ce n'est pas pour rien. J'évite au maximum de me racheter des vêtements. De un, parce que je déteste cela. Et de deux parce qu'il est pas bon de trop s'acheter de vêtements. Autant acheter du second main, même si j'ai carrément les moyens de m'acheter du neuf. Mais avec Ella, je savais bien que je n'aurais pas trop mon mot à dire. Alors, je la suivais. L'air penaud. "Cherche moi des trucs pour le printemps, ouais." Je venais de me rappeler que j'avais bientôt un voyage à venir, le Sping Break. Alors autant renouveler ma garde robe pour cette occasion. Et même si je n'étais pas forcément convaincu par ce que prenait mon amie, je ne dis rien, la laissant faire. Comme elle venait de le dire, j'allais essayer et on verrait bien par la suite. Je pourrais être surpris. "Bah disons qu'on s'est retrouvé chez moi, après la soirée oui." Mais pas depuis. Je pense que nous avions tous les deux un programme assez chargé pour que l'on se revoit tout de suite. J'aurais pu l'oublier, oui. Juste un coup d'un soir. Un très bon coup. Mais non. Je pensais énormément à elle, sans même que je puisse donner une explication. "Et bien écoute, ça va. Après c'est un peu bizarre. J'aurais bien aimé rencontrer sa soeur dans d'autres circonstances. Et puis, tu sais pas trop quoi dire quoi ... T'as l'impression que rien n'est important face à une femme dans le coma." La plupart du temps, nous étions tous les deux dans un fauteuil, chacun d'un côté de Peyton. A attendre. De temps en temps on se partageait quelques mots, mais ça n'allait jamais bien loin. Comme je venais de le dire, rien ne me semblait important face à la condition de Peyton. "Et sinon, maman Ella, tu arrêtes de poser des questions?" Non parce que là j'avais l'impression qu'elle faisait le questionnaire de la maman face à sa potentielle gendre.

@Ella Marriott-W.

Ella ou l’art de dériver les plans préalablement conclus. Nous ne sommes pas dans une boutique pour moi ou les petits mais bien pour Bastian et je me doute bien que ce n’était pas ce qu’il attendait d’aujourd’hui mais chaque chose en son temps. Printemps ? Ici ? tu sais qu’on a genre trois mois devant nous ? J’en ris mais ce n’est pas totalement faux. J’ai l’impression que l’hiver dure six mois et les autres saisons deux mois maximum chacune. Ooooh c’est intéressant ça. Pas besoin de lui demander ce qu’ils ont fait chez lui - je ne suis pas sûre de vouloir le savoir - et puis bon, il ne faut pas avoir fait de grandes études pour s’en douter. Je ne peux pas juger - et ne veux pas le faire - sans compter que ce qu’il m’apprend après est quand même assez perturbant. Non c’est sur… Que je souffle doucement. Face à la possible mort de quelqu’un, rien n’est important, le monde se met sur pause et devoir attendre pour voir et aviser est bien le plus difficile là dedans. Il faut se montrer fort pour cette personne et ne surtout pas laisser notre monde s’écrouler. Cela me rappelle bien trop de mauvais souvenirs auxquels je n’ai pas envie de penser. Et sa fille, elle est avec vous ? Je ne connais pas son prénom mais si la petite était là il y a quatre ans quand on se fréquentait, elle est toujours là. Enfin, je l’espère. Ce serait le pire si quelque chose lui était arrivé. Je continue de prendre quelques vêtements et ne peux m’empêcher de rire quand il me demande d’arrêter de poser des questions. Mais j’aime bien tout savoir… Que je soupire en tournant le visage vers lui, la mine faussement triste. Je suis une grande curieuse, tu le sais. Et un peu toujours à vouloir trouver la petite bête. Mon instinct maternel de protection ? Peut-être bien. J’arrête promis… De lui poser des questions mais pas de trouver de quoi le rendre carrément irrésistible !

Au réveil, ce matin je n'avais pas du tout pensé passer ma journée comme ça. Enfin si. Dans ce centre commercial si. Mais pas à me changer ma garde robe à moi. Ce n'était pas l'objectif en arrivant ici. Mais apparemment Ella en avait décidé ainsi. Et il est dur d'aller à son encontre lorsqu'elle a prit une décision. Elle est comme ça Ella : têtue. Mais c'est une des choses que j'apprécie chez elle. "Ouais le printemps. Même l'été. Je vais au spring break à Cancun. Là-bas, il risque de faire meilleur qu'ici." Puis si je devais acheter de nouvelles fringues, que ce soit au moins pour un nouvel évènement, tel que le spring break par exemple. "Sa fille ?" J'avoue ne pas avoir posé la question. "Je suppose qu'elle doit être avec sa tante." Mon esprit avait tellement été focalisé sur Peyton, que j'en avais presque oublié qu'elle avait une fille. Je me rendais alors compte à quel point je ne la connaissais que très peu. Mais il faut bien commencer quelque part, non? "Ouais je sais ça." Répondis-je lorsqu'elle me dit qu'elle voulait tout savoir. Avant de rajouter. "J'te demande pas comment vous avez fait vos jumeaux moi." Tout en riant. Evidemment je savais comment on faisait des gosses. Je parlais bien de la position, du lieu et tous les moindres petits détails. Il y a certaines choses que l'on ne dit pas. "Bon, vu que tu la connais bien Peyton. Je te fais confiance pour me trouver des choses qui lui plairont." C'est la moindre des choses. Et j'aimais lui mettre une petite pression. Rien que ça.

@Ella Marriott-W.

Chanceux ! Que je lance quand il me dit qu’il va au Spring Break et qu’il risque de faire meilleur qu’ici. Je n’ai jamais mis les pieds à un quelconque Spring Break ou Summer Camp lors de mes années d’études à Harvard mais j’en ai entendu beaucoup de bien. Enfin, selon mes frères, c’était l’endroit où il fallait être pour profiter, faire la fête et tout ce qui va avec. Je dois avouer que pour moi, c’est un gros non. Pourquoi ? Tout simplement parce que je n’aime pas forcément partir en vacances avec mes camarades de classe et si je veux me détendre, ce n’est pas pour faire ce que je faisais à Boston, loin de là même. Mais là, je suis envieuse de son voyage en avion, des heures assis à regarder les nuages et puis à découvrir le paysage de ce merveilleux pays qu’est le Mexique. Tu m’enverras une carte postale ? Que je demande avec un large sourire avant de repartir dans ma recherche de tenue, cette nouvelle information en tête et le séjour en perspective. C’est pour cela que mes yeux glissent sur des couleurs un peu plus flashy, un peu plus agréables à l’oeil, j’acquiesce à ces mots, ne cherchant pas la petite bête mais bien à faire la conversation et en apprendre un peu plus. Bah tu pourrais demander ! Pas pudique pour un sous, je n’ai jamais eu de problèmes à parler de ma vie sexuelle et je sais bien que ce serait carrément bizarre de le faire mais… Pourquoi pas ? Je ne pourrais pas tout te dire par contre… Aucune idée du jour précis de la conception ! Et je suis très gourmande sur ce point. C’est difficile de me satisfaire et de me rassasier. Mais c’est comme ça. Et avec Jeremiah, ça s’est toujours bien passé. Il était toujours partant et nos ébats n’ont jamais été autre que parfait. À sa remarque, je ne peux m’empêcher de rire et de souffler ​​Les sous-vêtements en dentelle noirs, elle adore. Mais pas sûre que ça te serve vraiment. Je n’arrive pas à stopper ce rire, à le limiter. Mais je pense que c’est plus physiquement que ça a collé avec Peyton à l’époque et nous avions rarement beaucoup de vêtements sur nous. Sois toi même, ça va la faire craquer. Que je souffle en reposant un petit pull que j’aimais beaucoup mais qui ne lui irait pas au teint. De toute façon, tu es à son chevet alors si elle ne craque pas, c’est qu’il y a définitivement un souci. Pas d’autres solutions possibles. Et alors que la boutique a été presque écumée, je tends le tout à Bastian et dis Vas m’essayer ça tu veux. Que je juge et lui aussi.

Si Ella n'avait pas été enceinte, je lui aurais tout de suite proposé de m'accompagner au Mexique. Bien que sa grossesse ne soit pas réellement le problème. Elle aurait très bien pu venir... si sa grossesse n'était pas à ce stade si avancée. Je ne suis pas un expert en grossesse, mais il ne me semble pas être une bonne idée de voyager aussi tard. Encore moins lorsqu'on a des jumeaux. "Si une carte postale te fait plaisir, pas de soucis." Evidemment, je lui achèterais même un autre souvenir. Et des petits cadeaux pour ses deux bébés. Mais au moins, elle n'était pas compliqué côté souvenirs. J'explosais alors de rire lorsqu'elle me dit qu'elle ne pourrait pas me dire le jour exact de la conception. Ouais, ok. Je comprends totalement pourquoi elle dit cela. Mademoiselle semble avoir une vie sexuelle très épanouie avec son chéri. "Ouais je vois. Ok." Non décidemment, je ne veux pas plus de détails. C'est bien trop étrange.
Et alors qu'elle se mit à me parler de sous-vêtements en dentelles noirs, je me mis à sourire. En effet, c'est ce qu'elle portait lors de notre nuit ensembles. Je ne savais toujours pas si je devais trouver cela bizarre ou en rire, de la situation. "Et pourquoi pas ? C'est peut-être mon genre aussi, la dentelle noire..." Mais seulement sur les femmes, pas sur moi. Au moins, je savais quoi lui offrir à l'occasion. "Tu serais étonnée de savoir que les gentils garçons sont moins appréciés que les bad boys de nos jours." Il fut un temps où le romantisme et la galanterie faisaient leur effet. Plus maintenant. Les femmes, apparemment, préfèrent les mecs à problèmes. Soit. Je ne vais pas changer juste pour trouver la femme de ma vie. Une année en prison m'a suffit comme ça. "Tout ça ?" Demandais-je en voyant tous les vêtements que mon amie me refilait. "Ca va prendre une heure." Heureusement que je ne fais pas ça toutes les semaines. Et encore moins avec elle. Je me dirigerais alors vers les cabines d'essayage, prêt à essayer tous ces nouveaux vêtements, gentiment choisis par Ella.

@Ella Marriott-W.

J’aime que l’on pense à moi alors… J’en souris largement. Si on pense à moi, on m’envoie une carte postale. Je trouve ça tout aussi mignon qu’un message, qu’un email de dix-sept kilomètres pour me raconter ses vacances. En plus, ça irait dans ma collection. Ce petit cahier-classeur où se trouvent toutes les cartes postales que j’ai pu recevoir ou acheter lors de mes différents voyages autour du monde. C’était quelque chose que j’adorais faire avec mon père plus jeune. Avec le globe, il me montrait d’où provenaient les cartes et le chemin qu’elles avaient parcouru pour arriver jusqu’à nous. Ça m’a toujours fasciné et je pense que c’est quelque chose que je ferai avec les jumeaux. Ça permettra aussi de leur apprendre le nom des pays, à les localiser mais aussi à connaître les capitales et la langue parlée ! Dans mon domaine, ça sert toujours. Je me demande ce que feront les jumeaux plus tard. Entre les hôtels et la Formule Un, décideront-ils de suivre papa et maman ou bien de partir dans quelque chose de totalement différent ? Pour sûre, je ne les empêcherai jamais d’être heureux mais j’espère que notre amour de la communication et du travail bien fait leur sera transmis. Mon goût pour la mode aussi ! Oh bah tu peux. Mais je suis pas sur que ça tienne quoi que ce soit la dentelle… Que je souffle alors que mes yeux glissent le long de son corps pour s’arrêter à son entrejambe. Je suis sûre qu’il va rougir dans trente secondes ! Oui je sais. Tu sais pourquoi ? Parce que l’interdit attire. Mais quand on veut se poser avec un homme… Une femme sait. Les badboys n’ont plus trop d’effets ! Enfin, c’est ce que je me dis. J’ai toujours été attirée par les hommes qui jouaient avec le feu mais seulement pour m’attirer à eux. C’est peut-être pour cela qu’il m’a fallu tant de temps pour m’ouvrir - et ouvrir mes yeux - au sujet de Jeremiah. Maintenant, je regrette d’avoir passé tant de temps à chercher le bad boys, à les enchaîner, plutôt qu’à profiter de l’homme que j’avais avec moi. Mais puisque je ne peux pas réécrire la vie, je n’y pense pas. Mais nooon ça va aller vite ! En plus, je vais m’ennuyer si ça prend une heure donc fais déjà une pré-sélection et je regarde ce que tu dois quand même essayer ou pas. Que je souffle rapidement, le suivant en direction des cabines. On vient rapidement m’apporter une chaise et je jette un coup d’oeil sur mon écran. Promis après ça, on va m’acheter des trucs. J’ai trop hâte de voir ce qu’ils ont pour les femmes enceintes. Chez les grands couturiers, pas grand chose - pour ne pas dire rien du tout - alors peut-être que les petites boutiques un peu plus spécialisées auront quelque chose. Tu me fais pas entrer dans un magasin de fripes, je te préviens. Que j’ajoute rapidement alors qu’une vendeuse nous rejoint. Vous attendez votre mari ? Et si j’avais quelque chose en bouche, j’aurais tout recraché. Alors euh… comment dire ? Oui j'ai une bague de fiançailles au doigt mais... Elle ne vient pas de Bastian, ô que non !

"Ca sera une carte postale alors." Je ne vais pas chercher plus loin si ca plait à mademoiselle, c'est l'essentiel. Je ne suis pas du genre à acheter des choses qui me plaisent à moi. Je fais toujours en fonction du destinataire. Ce que beaucoup de gens oublient de faire. Des fois on peut se demander s'ils ont acheté pour eux ou pour la personne. "Si je t'avais connu avant, je t'aurais bien aidé pour ta collection." Ca aurait été pratique pour elle d'avoir quelqu'un qui fait le tour du monde, ça c'est certain. Puis alors que je parlais de dentelle, elle fit une référence à mon paquet, tout en jetant un regard en sa direction. Je me mis à rire. "Ouais, t'as raison. C'est tellement gros là-dedans." Si elle croyait que j'allais être gêné, pas du tout. Ca me faisait même plutôt rire et c'est pourquoi j'avais continué dans son délire. "Vous êtes compliquées." Terminais-je de répondre au sujet des femmes. Depuis mon ex-femme, je cherchais plus ou la moins, la bonne, celle qui me serait chère au cœur. Et je ne l'ai toujours pas trouvé. Pourtant, je pense être un gentil garçon... Il faut croire que ça ne plait plu. Je regardais alors le tas de vêtements qu'elle m'avait donné. J'étais plutôt agréablement surpris. Alors qu'il y avait certaines pièces que je n'aimais pas du tout, et que je mis directement de côté, le reste, la majorité même, de sa sélection, me plaisait plutôt bien. Il ne me restait donc plus qu'à tout essayer, pour voir comment ça m'irait. "Tu me connais mal si tu penses que je serais capable de t'emmener là-bas." Bien que pour le coup, je le ferais bien. Juste de quoi la taquiner un peu. Et alors que j'essayais le premier vêtement, qui était une chemise, j'entendis ce que la vendeuse demandait à Ella, et j'en ris tout seul dans ma cabine. Avant de répondre, tout en sortant ma petite tête à l'extérieur. "J'ai essayé de la faire rentrer avec moi, mais le risque était que l'essayage ne se fasse pas..." Et j'envoyais un petit clin d'oeil à Ella.

@Ella Marriott-W.

Comme une gamine à Noël, je suis heureuse de savoir qu’il va m’envoyer une carte du Mexique où il se dorera la pillule pendant que nous allons continuer de souffrir du froid ici. J’ai hâte que l’hiver passe et que le printemps fasse réellement son arrivée. Pour le moment, j’ai un peu tout, un peu rien. On a froid un jour, il pleut le lendemain et le soleil brille le surlendemain. Ce n’est pas bon pour les arbres mais pas non plus pour mon humeur qui oscille en même temps que le temps. Alors, une carte de plus dans ma collection, ça me fait grandement plaisir. Sa réflexion me fait lever les yeux au ciel et je finis par dire On est pas compliquée. On est juste super exigeantes et… Non, t’as raison, on est compliquée. Une légère grimace déforme mon visage. C’est un peu comme une manière de m’excuser, de me faire pardonner de mes piques incessantes depuis tout à l’heure. Je pense que chaque femme à ses envies, ses volontés et ça ne colle pas toujours. Certains hommes sont pires qu’emmerdants et on ne tombe pas tous sur un Bastian ou Jeremiah. Mais il faut de tout pour faire un monde, n’est-ce pas ? Assise sur une chaise à la sortie des cabines, la conversation se continue et je souffle Non mais j’ai l’impression que tout le monde me demande d’ouvrir mes horizons et mon esprit étriqué en ce moment alors bon… Je soupire fortement en m’occupant sur mon téléphone avant que la vendeuse vienne nous déranger. J’ouvre la bouche pour répondre et fusille Bastian du regard. Tu serais pas forcément capable de me soulever de toute façon ! Et tu pourrais être mon père ! Bon si, vu ses bras il y arriverait mais ce n’est clairement pas ce que je veux. Retournes t’habiller gros rêveur ! Que je lance en tournant le visage vers la vendeuse. Nous ne sommes pas ensemble. Ce ne sont pas les siens. Comme si elle en avait quelque chose à faire. Elle s’excuse rapidement et file s’occuper d’un vrai couple, cette fois-ci. T’es pas croyable toi ! Tu veux que Jeremiah se batte avec toi ? J’en pouffe. Mon fiancé est tout sauf violent, pas sûr que ça marche. Allez papa, montres moi la première tenue pour tenter de chopper ma future belle-mère ! Et je dis bien cela fort, pour l’afficher autant que je m’affiche. Pour une fois, je me fiche bien de l’avis des gens.

Les femmes sont compliquées. C'est un fait. Et quoique l'on peut me dire, je ne changerais pas d'avis là-dessus. Tout comme les hommes, nous le sommes peut-être aussi. L'être humain est compliqué. Oui, je suis légèrement philosophe sur les bords. J'ai eu du temps devant moi, à réfléchir. Durant mon tour du monde. Mais surtout, lorsque j'étais enfermé dans cette prison coréenne. Il n'y avait que moi et ma pensée. Donc oui, j'ai pu longuement réfléchir et philosopher. "Merci de l'admettre." Répondis-je tout en riant. En même temps, j'aimais la complexité des femmes. Une femme trop banale, ça ne me plaisait pas tellement. Une femme qui dit oui à tout, non plus. "Pourquoi ? Restes toi-même." Je la regardais, surpris. Pourquoi les gens veulent toujours changer les autres ? Avoir toujours quelque chose à redire sur une personne. Si on n'apprécie pas la personne comme elle est, on passe son chemin, tout simplement. Enfin, je ne me voyais pas, moi, dire à Ella d'être d'une façon ou d'une autre. Je l'apprécie telle qu'elle est. Au contraire, si je voyais qu'elle changeait un jour, là je lui ferais une remarque.
Notre conversation fit une pause durant que je faisais mes essayages. Bien que j'aurais bien continué à parler. Cela ne me dérangeait pas. "Oh oui. J'en ai déjà eux deux, et ça me suffit comme ça." Bien que je ne dirais pas non pour avoir un petit garçon. Mais aurais-je encore la force d'avoir un enfant ? Et de passer de nouveau par toutes ces étapes des nuits blanches, des crises, des couches, et j'en passe. J'aime ma vie telle qu'elle est. Enfin à une chose près: il me manque ma petite femme à moi. Celle que je pourrais dorloter. Celle avec qui je passerais le reste de ma vie. "Il saurait très bien que je rigole." Bien que je connaisse très bien Ella, Jeremiah, lui, je le connaissais un peu moins. Mais tout de même, nous nous connaissions. Et il savait très bien quel genre de liens, nous avions tous les deux. Il savait qu'il n'avait aucun soucis à se faire avec moi. Que je serais là pour prendre soin d'Ella. Comme ma fille. "A quoi bon trouver des vêtements ? Je me présente à poil et c'est bon, non ?" Répondis-je sur le même ton qu'Ella. Non, décidemment, cela ne semblait pas nous déranger que l'on puisse nous entendre. Une fois la première tenue essayé, je sortis de la cabine pour faire un petit défilé à la future maman. "Alors qu'est ce que t'en penses ? C'est bien ou je continue sur mon idée d'être nu ?"

@Ella Marriott-W.

Si j’étais une menteuse, bien entendu que j’aurais soutenu mon idée et le fait que nous ne sommes pas compliquées. Nous sommes juste des créatures incomprises et c’est tout. Si les hommes avaient le détecteur / traducteur, tout serait plus simple ! Mais ce n’est pas la totalité de la vérité. L’être humain est compliqué dans sa généralité et il semblerait que plus tout pousse vers le conflit et plus ça motive. Je ne peux pas le nier non plus, ça. J’ai longtemps été de celles qui préféraient se battre pour tout et n’importe quoi plutôt que de chercher les relations simples mais tout aussi belles. Jeremiah m’a attendu et je suis carrément chanceuse, je le sais. Mais il aurait tout aussi bien pu trouver quelqu’un d’autre et m’oublier à cause de ma complexité et de mon envie de fuir ce qui me rend heureuse aujourd’hui : une famille à moi et lui, tout simplement. C’est ce que je fais mais en même temps… En même temps quoi ? En même temps beaucoup de choses en fait. C’est juste que j’ai toujours été contre les couples, les relations posées n’y voyant que l’ennui et la monotonie… Toujours été contre l’idée d’enfanter - ramener un gamin sur cette planète qui crève et où la menace est à chaque coin de rue ? Je soupire doucement, quelque peu résignée. La Ella d’il y a deux ans serait en crise de panique en me voyant aujourd’hui. Puis du coup, j’ai ouvert mes idées, je me suis laissée aller et regarde moi. Je ne vais pas accoucher d’un enfant mais de deux et me marier dans l’année ! Tout ça parce que j’ai décidé de m’ouvrir. Je n’ai pas changé mais j’ai trouvé ma nouvelle vérité. Et je la rétablis réellement quand la vendeuse nous prend pour un couple plus que pour un père et sa fille parce que c’est comme ça que je considère Bastian. Je sais aussi que c’est le cas de son côté et que mon fiancé le sait. Alors tous ces piques que l’on s’échange, c’est bon enfant mais ça fait plaisir, vraiment. Je ris à ses mots et ne peux m’empêcher de grimacer en regardant les visages se tourner autour de nous. C’est quelque chose qui m’aurait tellement gêné à l’époque mais qui aujourd’hui, me fait légèrement sourire. Ma réputation n’est plus à faire et je suis dans un cadre personnel alors ça me gêne moins. Et quand il sort de la cabine, je souris. Comment t’es trop beau ! Avec quelques années de plus, t’es sûre que je te sautais dessus. Je lui adresse un clin d’oeil et me lève pour m’approcher de lui. Je laisse mes doigts glisser sur le tissu et lui fais signe de tourner sur lui-même afin de jauger la chose. Ce n’est vraiment pas mal du tout, j’aime beaucoup. Un sourire sur le visage, je pose mes deux mains sur ses épaules et dis Tu vas faire des ravages au Mexique. Et je le pense vraiment. Si ce n’est pas Peyton, ce sera une autre, aucun doute là dessus. Allez, vas te changer qu’on voit le reste. Parce que la vendeuse assignée aux cabines est toujours là et jette des petits coups d’yeux à chaque minute qui passe.