OXANA/SOFIA ❝ Every once in awhile there’s a crack in that wall ❞

Je soupirais, puis reposais mes yeux sur Oxana. Je n’appréciais pas la façon dont elle me parlait. Certes, le ton de sa voix était calme, mais aussi très ferme. J’avais la nette impression qu’elle me donnait un ordre. D’ailleurs, ce n’était pas qu’une impression : Elle me donnait un ordre. J’avais horreur de ça et puis, je ne lui avais rien demandé ! Voilà pourquoi je ne voulais pas qu’elle connaisse mes problèmes. La réaction qu’elle avait, je l’avais vu venir et je n’avais aucune envie d’entendre ce qu’elle me disait. Mais le pire, n’était pas le fait qu’elle veuille m’obliger à aller en cure, non, le pire c’était la menace qui suivait. Comment osait t-elle ? – « Tu bluffes ! Tu n’oserais quand même pas me dénoncer à l’administration, tu sais que ça ruinerait ma vie et si tu es mon amie, tu ne ferais pas une chose qui me ferait autant de mal. » - Ma voix trahissait ma nervosité. J’espérais qu’elle bluffait, mais on est jamais sûr de rien et l’idée d’être dénoncée à l’administration m’effrayait. Cela ruinerait assurément ma vie, mon avenir. Non, Oxana ne pouvait pas faire une chose pareille, parce que si elle était capable de faire une chose pareille, alors je m’étais trompée sur elle, alors elle n’était pas véritablement ma meilleure amie. Je me relevais pour lui faire face – « Tu ne me forcera pas à aller en cure, Oxana ! Tu m’as demandé ce qui m’arrivais, je te l’ai expliqué, mais je n’ai aucune intention d’exécuter tes ordres ou de céder à ton pitoyable chantage ! » - Lui dis-je avec fermeté.

Je n'avais pas l'intention d'avoir le mauvais rôle. C'est Sofia qui se droguait, pas moi. Et cette constatation me faisait froid dans le dos. Jamais je n'aurais cru la danseuse capable de faire une chose pareille. Je pensais qu'elle était au dessus de tout cela, qu'elle avait vu assez de ravages pour ne pas toucher à ça, plus que lors d'une simple soirée. Quand elle me questionna, je reposais mon regard sur elle. « S'il faut employer les grands moyens pour que tu te prennes en main, je le ferais. Après tout, au point où tu en es, t'en a rien à foutre de tes études, pas vrai? Alors à quoi ça te sert de poursuivre ton cursus? » Je la sentais nerveuse dans ses propos et c'était mon but. J'avais envie de faire en sorte qu'elle a une sorte d'électrochoc. Je voulais qu'elle décide de se faire aider. Elle devait se faire aider sinon tout cela allait mal se terminer. Puis à ses paroles suivantes, je soupirais. Elle était vraiment têtue. Même perdre son rêve, ne semblait même plus l'atteindre, signe qu'elle était au fond du gouffre. « Pitoyable? C'est toi qui est pitoyable, regardes-toi. Tu fais pitiés. On dirait que tu viens de sortir du trou et t'es même pas assez objective pour t'en rendre compte. » Je quittais la fenêtre pour avancer dans la pièce. « Et dire que tu m'avais fais une scène à Londres quand j'avais pris deux cachets d'amphet'. Hypocrite. » J'étais réellement déçue par l'attitude de Sofia et je voulais qu'elle le sache. Je n'avais pas pour habitude de mâcher mes mots. Je me dirigeais vers la porte, sachant que la discussion allait tourner en rond. Je l'ouvrais, laissant entrer l'air légèrement plus frais dans la chambre. « Je te laisse jusqu'à la fin de semaine pour prendre une décision. Si tu n'as rien fait d'ici là, j'irais voir le doyen. » Je refermais la porte derrière moi, retournant dans la chambre. Cette conversation m'avait coupé l'appétit.