viser la lune, ça ne me fait pas peur (radovan)

LE 15 JUILLET • Cheveux noués à l’aide d’une barrette sertie de diamants, la jeune femme était partie pour une aventure de quatre heures et des poussières. Son sac à dos sur les épaules, sa peau commençait à perler de sueur dès les premiers mètres de montée. Pourquoi s’était-elle lancée dans ce périple déjà ? Pour se surpasser. La prochaine fois, elle y penserait à deux fois. Cela faisait déjà une bonne heure que les étudiants les plus téméraires grimpaient sur les flancs du Gros Piton et pour beaucoup, l’abandon avait été choisi. Louison elle, elle s’accrochait, totalement essoufflée, les muscles qui brûlaient et la peau cramoisie sous le soleil ardent. Elle ralentissait parfois le rythme pour photographier certaines vues et c’est d’ailleurs lors d’une de ses pauses qu’elle immortalisa par mégarde un jeune homme qui s’hydratait. Dommage, le cliché était vraiment réussi, mais sans consentement, elle ne pouvait le garder, c’était sa règle. Ainsi, elle se permit de se rapprocher du garçon en question pour l’interroger sur le futur de son cliché. « Hey, excusez moi, msieur, attendez ! » Le brun était déjà reparti à l’assaut de la colline, Louison dû ainsi se dépêcher et dans sa précipitation, elle dérapa sur une coulée de gravillon et se rattrapa in extremis au .. short du garçon mystère. Sous son poids, le morceau de tissu s’abaissa et laissa une vue magnifique sur sa .. raie. « Oh putain, pardon pardon » Luttant contre la gravité, elle finit tout de même par chuter, une jolie image juste devant ses yeux. « Je me suis niqué les genoux, ouïe ouïe ! » Elle était surtout gênée ouais. Elle venait de dévêtir un inconnu sans son autorisation, il n’y avait pas plus embarrassant. Pour ses genoux, il y avait toujours l'ami Mercurochrome. @Radovan Rodrič

@Louison Chamberlain | 15.07.2021 | Une randonnée avec une belle vue sur les Caraïbes, c’était clairement un truc que je me devais de faire. Les photos, le côté retraite spirituelle. C’était bien pour ça que j’avais enfilé les chaussures de marche, le short beige et surtout, le bob bien ringard. Mais ça vaudrait coup, pour les photos que ça allait apporter. Qu’importe l’heure à laquelle je me levais, qu’importe les efforts que j’allais faire. J’étais prêt à ce sacrifice pour la plus belle photo du Summer Camp. Le Gros Piton que ça s’appelle, j’dirais surtout que c’est une couille molle face à Radovan Rodrič. La montée était longue et non sans sueur. Des pauses pour l’hydratation étaient nécessaires mais je reprenais assez vite la marche. Écouteurs sur les oreilles, je reprenais ma marche. Mais j’étais bien assez vite arrêté dans mon élan par mon short qui se retrouvait à mes chevilles. Retirant mes écouteurs pour me retourner et regarder qui avait provoqué ça, je me mis à rire en voyant ta bouille gênée et tes genoux à terre. « comment t’as deviné que j’préférais vivre le cul à l’air ? » Non mais clairement, vivons heureux, vivons à poil. Je tendais cependant ma main pour t’aider à te relever. « t’as besoin d’aide ? »

LE 15 JUILLET • Tout partait d’une bonne intention, Louison avait simplement voulu bien faire, mais sa maladresse légendaire avait frappé. Escaladant une montée particulièrement raide, ses semelles avaient dérapé et la belle n’avait trouvé qu’une prise face à elle, le short du beau gosse qu’elle avait immortalisé. Le baissant car il devait manquer d’une ceinture, elle se retrouva avec une vue imprenable sur ses fesses rebondies. Ne sachant plus où regarder, ni comment se relever, elle s’attendait à s’attirer les foudres du jeune homme, mais ce ne fut pas le cas. Avec une grande décontraction, il lança une plaisanterie qui détendit automatiquement la blonde à terre. Les genoux qui brûlaient, elle esquissa un sourire embarrassé et accepta la main qu’il lui tendait. « Je suis vraiment confuse, merci » Se redressant non sans émettre quelques plaintes de douleur, elle décolla ensuite quelques gravillons enfoncés dans sa chair tout en grimaçant. « Tu veux que je te remonte ton short ? » qu’elle lui demanda par la suite, peu à l’aise avec tant de nudité dans un lieu fréquenté. Le jeune homme semblait quant à lui totalement dans son élément, pleinement en phase avec son corps détenant de beaux attributs. « Je t’ai arrêté pour autre chose à la base, mais bravo, tes parents t'ont bien réussi » Toujours aussi troublée, elle tentait par tous les moyens de fixer ses prunelles dans celles de cet inconnu sûr de lui, mais c’était vachement difficile de faire la discussion à un mec débraillé pareillement.

@Louison Chamberlain | 15.07.2021 | Moi en vrai, si je pouvais vivre à poil, je m’en porterais que mieux. Alors quand mon short se retrouvait à mes chevilles à cause de ta chute malencontreuse, j’allais certainement pas mal le prendre. J’espérais simplement que personne vienne m’accuser d’atteinte à la pudeur, parce qu’en vrai, c’était pas ma faute. Et je serais pas du genre à me retenir de t’accuser, au contraire. C’était totalement ta faute. « t’en fais pas, ça arrive » Des chutes malencontreuses, j’en avais vécu pas mal, j’avais été témoin aussi. Rien de bien fou dans le fond, c’était des choses de la vie. « non, t’inquiète, j’peux le faire. j’te laisse juste profiter de la vue » que j’dis d’un sourire narquois avant de rigoler et de me baisser pour remonter mon vêtement, cachant le petit oiseau là où il devait rester le temps de la montée de cette montagne. « je tâcherai de leur en faire part quand je les verrai » Clin d’œil. Bon, il faudrait attendre ma mort pour que je puisse en parler à ma mère. Père encore inconnu au bataillon, c’était pas demain la veille que je lui ferai face. « tu m’as interpellé pour quoi du coup? obnubilée par ma beauté ? » J’attrapais ma bouteille d’eau pour me désaltérer une nouvelle fois, t’en proposant même un peu si t’en avais envie.

LE 15 JUILLET • Elle avait l’air maline ainsi, ses beaux yeux bleus vs le tuyau d’arrosage au repos. Par chance, le jeune homme à qui appartenait l’engin n’était pas furax et bien à l’aise dans cette tenue. Totalement désemparée, elle avait même proposé de remonter le short de l’inconnu, comme s’il allait se laisser materner par celle qui le lui avait ôté. Non, lui, il voulait qu’elle mate. Explosant de rire, elle jeta un dernier coup d’oeil à l’attirail du brun et lui dit même au revoir avant qu’il ne disparaisse dans sa cachette. Il manquait sérieusement une case à ce mec ou bien il était simplement un adepte des camps naturistes ? Peu importe, l’effort lui avait déjà fait rougir le teint, il ne devrait pas apercevoir sa gêne sous ce masque écarlate. « Quoi ? Mais t’as un sacré ego mec » Le rire montant une énième fois au fond de sa gorge, elle ne put le réprimer et accepta au passage la bouteille gentiment tendue. « Je t’arrête parce que je t’ai volé ton image sans ton approbation » Nettoyant le goulot comme s’il pouvait avoir une pathologie mortelle, elle but délicatement un peu de flotte et rendit le morceau de plastique au spécimen qui se tenait fièrement devant elle. Puis, elle gravit la marche qui le séparait de lui et alluma son appareil pour lui montrer l'oeuvre où il figurait. « Tiens, regarde, je t’ai photographié sans le vouloir, j’voulais le paysage derrière, mais t’as voulu faire ton beau » Et il l’était, il n’y avait pas à discuter sur ça. « Tu veux que je te l’envoie et je la supprime ensuite ? »

@Louison Chamberlain | 15.07.2021 | C'était des choses qui arrivent, et le short qui finit sur la cheville, c'était pas la première fois. Bon, souvent, c'était dans un autre contexte. Mais j'allais pas pousser à faire quelque chose dont t'as pas envie. Alors je me contentais de le remonter, histoire que tu ne sois pas plus gênée que tu ne l'étais en me poussant à la nudité. « si je m'aime pas, qui m'aimera ? » Vraie question, d'une philosophie différente de ce qu'on peut apprendre dans l'occident. Ma mère m'a inculqué l'amour de moi-même, de ne pas dépendre des autres. De vivre avec ce que j'avais, de mon talent, de mon art. Elle ne m'a jamais appris les théorèmes et les différents flux migratoires. A quoi bon apprendre tout ça, quand on peut apprendre la vraie vie ? « tu penses au droit à l'image ? très gentil de ta part » C'était rare pour le coup, mais c'était louable de ta part. Très peu de gens y pensaient et rien que le fait que tu m'abordes pour ça te rendait d'autant plus attirante. J'te laissais boire dans ma bouteille avant que tu ne sortes ton appareil pour montrer ton œuvre. « tu veux pas la garder ? ça me dérange pas » Moi j'pensais surtout que ma beauté devait être partagée. Donc si tu voulais mon image, tu pouvais l'avoir. Comme là, dans ton appareil photo. « mais je la veux bien aussi ouais, j'pourrai m'en vanter auprès de mes frères "regardez, une meuf canon a voulu m'immortaliser" » que j'disais en rigolant tout en rangeant ma bouteille dans mon sac à dos. « ils vont être jaloux, à tous les coups ! »

LE 15 JUILLET • Ah non, qu’il ne la lance pas sur l’amour, elle, l’amoureuse des histoires à l’eau de rose. Alors il vivait ainsi, à s’aimer uniquement lui, incapable de laisser cette chance à un(e) autre ? Pourquoi était-il si auto-centré, c’était dommage. « Pense aux âmes-soeurs » Levant brièvement les yeux au ciel, elle attrapa son appareil qui pendait autour de son cou et l’alluma pour rechercher le cliché où se trouver cet inconnu encore sans prénom. « Je fais ça quand j’ai la personne sous la main, sinon je laisse courir. J'peux pas chopper toutes les raies » Elle laissait courir, mais elle conservait pour son usage personnel. Jamais elle n’irait publier le visage de personnes qui n’auraient peut-être pas souhaité être immortalisé. Qui sait ? Si jamais elle photographiait un époux et son amante, elle pourrait allumer le feu aux poudres. Pointant l’image sur son minuscule écran, elle éclata de rire en entendant la réaction du brun. C’était de la drague ou bien elle hallucinait ? Après tout, le soleil tapait fort, il lui avait probablement grillé certains circuits. N’osant pas toucher le jeune homme, elle resta à sa place, ses doigts venant cacher son sourire. Ce mec était vraiment hors-norme, aucune limite. Si seulement elle avait son audace, comment faisait-il ? « Tu t’appelles comment ? Que je puisse renommer ma photo, mais je pense que je t’oublierais jamais, t’es spécial » qu’elle lui avoua, éteignant son appareil qui n’avait plus trop de batterie. Elle balança ensuite son sac devant elle et le rangea à l’intérieur, bien à l’abri des rayons de l’astre scintillant. « Je suis curieuse, vends moi du rêve ! J’suis sûre que t’as un nom bohème »

@Louison Chamberlain | 15.07.2021 | « j’empêche pas mon âme soeur de m’aimer… mais c’est difficile de laisser quelqu’un nous aimer quand on ne s’aime pas soi-même, tu vois c’que j’veux dire ? » C’était le B.A.-BA des relations amoureuses. Tu n’arrives à te laisser aller dans une relation que si tu t’aimes suffisamment pour laisser quelqu’un t’aimer. Mais je ne dois rien t’apprendre dans le fond. « tant que tu rattrapes les plus belles et les plus attirantes » Haussement de sourcils suggestif, m’incluant automatiquement dans ce lot. Oui, évidemment. En tout cas, j’appréciais pas mal l’approche pour mon autorisation quant à la photo que tu avais prise de moi. Bon, évidemment j’en faisais des caisses, cherchant à te séduire d’une façon un peu bancale mais pas trop lourde non plus. Ta façon d’être, ta façon de penser, tout me laissait penser que tu étais le genre de femme que j’aimais bien. Sourire sur les lèvres, je répondais fièrement à ta question, une fois ton appareil rangé dans ton sac. « de par mon accent, tu as deviné que c’était pas américain je suppose… petit indice, c’est croate » Je me pince les lèvres avant de replacer mes lunettes et de te présenter mon bras pour continuer l’aventure ensemble, côte à côte, jusqu’au sommet de ce pic machin truc. « radovan, enchanté. mais tu peux m’appeler knox, ou rado, ou van, comme tu préfères » Dans le fond, je savais que mon prénom était suffisamment atypique pour le commun des mortels que son surnom passait aux oubliettes.

LE 15 JUILLET • Putain, elle avait une insolation ou ce que lui disait ce type était incompréhensible ? Son cerveau fumait, elle n’avait plus les neurones qui se touchaient pour comprendre quoique ce soit. Pourtant, elle sentait ce qu’il voulait dire. Ce gars était .. spirituel et il se la pétait. Tout ce qu’il fallait pour adorer le détester. Un gourou en devenir. Elle se l’imaginait déjà, avec des fringues en lambeaux et des pantoufles colorées. D’ailleurs, comme il le disait si bien, elle avait en effet entendu un accent qui la mettait sur la piste de l’Europe de l’Est, mais impossible d’en trouver le pays. Croate ? Jolies origines. Elle n’en avait encore jamais croisé de sa vie, il fallait un début à tout. Étonnée et chaleureusement surprise, elle enroula son bras à celui du brun et enregistra le prénom prononcé par la suite. « Ra-do-van » qu’elle découpa pour s’essayer à la prononciation. « Je préfère Knox, tu seras Knox pour Louison Chamberlain » En profitant pour glisser son identité, elle oscillait entre l’endroit où ses pieds se posaient et le visage du jeune homme camouflé par ses lunettes. « Alors tu viens de Croatie et tu secondes les vieilles françaises essoufflées pour grimper des montagnes ? » Accrochée à son bras et bien confuse à cette idée, elle continuait l’ascension, ses poumons brûlés par l’oxygène tout neuf qui y entrait. « Est-ce que tu pourras éventuellement rapatrier mon corps en France lorsque je succomberais à ce pic de merde ? »

@Louison Chamberlain | 15.07.2021 | C’était parfois difficile de se faire comprendre quand on s’appelait Radovan Rodric. Mais bon, avec le temps, je le vivais bien. Qu’importe si on ne pipait mot de ce que je pouvais dire, tant que ça avait du sens pour moi, c’était le principal. En tout cas, la photo était jolie et quant bien même je l’aimais bien, j’espérais surtout que tu l’aimais bien aussi de ton côté. Ton bras enroulé au mien et je me sentais comme un homme en puissance. Heureux d’avoir une jolie fille à son bras. Engageant la marche vers le mont machin-truc, j’esquissais un sourire sincère. « enchanté Louison Chamberlain » Au moins, les choses sont à plat. On était tous deux maintenant bien conscient de l’identité de l’autre. « on dirait un raccourci que t’as pris là ? mais en gros c’est ça ouais… j’en conclus donc que t’es vieille et que t’es française. va me falloir ton rituel de soin parce que j’veux bien être vieille comme toi » Mais ce petit blabla nous empêchait pas de continuer l’ascension de ce pic ténébreux, qu’est le machin qu’on est en train de monter. C’était pas un nom très important pour que je puisse l’oublier aussi facilement. « c’est une demande officielle ? t’es sûre que tu veux pas que je t’emmène avec moi voir le reste du monde ? promis ce sera que les meilleurs endroits du monde, pas de la merde comme le moyen orient qui dépérit sous les bombes » C’était pas drôle, je sais. Mais je préférais l’amour à la guerre. Et quelque chose me dit que toi aussi.