It's time to become friends || ft. Sofia

Bien sûr que je reconnaissais mes torts. Dans cette histoire, nous en détenions chacun une part. J’étais contente de l’avoir croisé, parce qu’après avoir passé des mois à l’ignorer, je trouvais qu’il est plus que temps de mettre les choses à plat. En fait, j’aurais très certainement dû aller lui parler plus tôt, mais j’étais préoccupée par des tas de choses ces temps-ci – « Excuses acceptées. » - Je décrochais un léger sourire – « C’est vrai qu’on s’entendait plutôt bien avant que tu te mettes a voir d’autres idées en tête… » - Je marquais un court silence – « Je t’en ai voulu d’avoir tout gâché et je suppose que tu as été déçu quand j’ai refusé de t’écouter… Enfin bref. Oublions cette histoire et repartons sur de nouvelles bases. » - Valentin m’annonçait que c’était lui qui invitait. Je le remerciais et commandais un chocolat chaud et un muffin lorsque le serveur arriva. Valentin reprit la parole une fois qu’on se retrouvait de nouveau tous les deux. Quoi de neuf me demandait t-il. Pourquoi est-ce qu’une question aussi simple, aussi banale me paraissait soudain être un réel casse-tête. En général, je n’ai pas de mal à répondre à ce genre d’interrogations. Les mois qui étaient passées avaient été particulièrement compliqués pour moi. Les évènements s’étaient déchaînés et j’avais l’impression que ma vie n’était devenue qu’une succession de drame et d’horreurs. Je n’allais tout de même pas dire à Valentin que depuis l’attentat, j’étais devenue dépendante à des médicaments qui devaient calmer mon angoisse. Je ne pouvais pas lui expliquer le reste, l’agression et tout ce qui s’en était suivi ensuite. Le silence s’était installé, je semblais « ailleurs » parce que je réfléchissais à tout cela et il fallait vite que je trouve quelque chose à dire avant qu’il me trouve bizarre : « Oh tu sais, rien de vraiment très spécial. Tu me connais, je travaille comme une acharnée en danse. Enfin, je me suis quand même accordée une semaine de vacances en Russie et puis, j’ai été au Spring Break pour souffler un peu. Tu étais en Thaïlande ? Je ne me souviens pas t’avoir aperçu là bas. » - En même temps beaucoup d’étudiants y avaient participé. C’était LE voyage de l’année.

Ma famille et mes meilleures amies ignoraient se qui m’arrivait, alors je n’allais pas confier mes problèmes à Valentin. On venait à peine de se retrouver. Et puis, je n’ai envie de parler de ce que je travers à personne. J’ai l’habitude de prendre soin des gens qui m’entourent, d’être toujours là pour eux et non pas qu’eux s’inquiète pour moi. Il y’a certaines choses qu’il vaut mieux que je ne partage avec personne, parce que je ne veux pas qu’ils portent cela sur leurs épaules – « Tu m’étonnes. J’ai l’impression que tout le campus a pris cet avion pour la Thaïlande. Mais je crois qu’on en avait tous bien besoin… » - L’attentat à la bombe de ce début d’année 2013 avait marqué chaque esprit et le Spring Break avait été le moyen pour tous de décompresser, de penser à autre chose. Enfin, pour ceux qui avaient été capable de penser à autre chose – « Ouais, j’ai essayé d’en profiter du mieux que je pouvais. C’était cool et puis, j’ai pu partager ça avec ma meilleure amie. » - J’avais passé une bonne partie de ces vacances avec Oxana, mais j’en avais aussi profité pour passer du temps avec d’autres amis comme Reaghan ou Tyler. Le serveur revint vers nous avec nos boissons et nos muffins. Je le remerciais d’un sourire et il prit congé – « Tu n’avais rien de prévu au fait ? Parce qu’on s’est croisé par hasard et du coup je t’accapare. » - Je souris avant de prendre quelques gorgées de mon chocolat chaud.

Valentin me rassurait en affirmant qu’il n’avait rien de prévu ce soir. Je ne l’empêchais donc pas de vaquer à ses obligations et occupations. Tant mieux. J’avais aussi un peu de temps devant moi et cela tombait bien, puisqu’on ne s’était pas parlé depuis plusieurs mois – « Je ne sais pas. Pour l’instant, je suis surtout très prise avec les cours… » - D’ailleurs, je craignais de louper cette année. Avec tout ce qui s’était passé et les évènements qui étaient survenus, je n’assurais plus tellement. Le fait que je sois souvent fatiguée et ailleurs n’allait sûrement pas être bon pour moi. Cela se ressentirait sur mes résultats scolaires, j’en étais certaine. Enfin, même si les professeurs sont un peu plus indulgents cette année à cause de la bombe. J'étais restée silencieuse quelques minutes en réfléchissant à cela - « Mais je te le ferais savoir dès qu’il y aura quelque chose, si tu tiens a venir me voir danser. » - Ajoutais-je avec un petit sourire. Je mangeais une bouchée du muffin au chocolat. Il était délicieux. J’attendais d’avoir terminé mon morceau pour reprendre la parole – « Et toi alors, racontes-moi, quoi de neuf mise à part le retour de Sateen ? » - Le questionnais-je. En ce moment, je préférais laisser parler les autres plutôt que parler de moi-même. Ma vie était devenue un trop gros bazar.

Je buvais quelques gorgées de mon chocolat tout en essayant de me concentrer sur ce que me disait Valentin. Non pas que cela ne m’intéressait pas, c’est juste que j’aie beaucoup de difficulté à être attentive ces derniers temps. La faute aux cachets, encore une fois. Mais peut importe – « Je suis certaine que tu pourrais devenir un grand sportif. » - Le sport faisait parti intégrant de la vie de Valentin, tout comme la danse avait une grande place pour moi – « Cela dit, je comprends ce que tu veux dire. Et d’ailleurs, c’est un peu pareil pour moi. J’espère que je pourrais réaliser mon rêve et vivre de la danse. Seulement, même si j’y arrive, je sais que la carrière d’une danseuse, comme la carrière d’un sportif, à une vie limitée. C’est pour ça que j’étudie aussi pour être prête à reprendre les reines de la société de mon père, plus tard. » - De plus, je suis sa seule héritière et je refuse de laisser tomber l’entreprise que mon père à mis tant d’années a construire et a développer. Je ne suis pas comme ces enfants de chef d’entreprises qui se voient obligés de reprendre l’entreprise familiale. Mon père ne m’a jamais forcé à faire des choses qui ne me convenaient pas. C’est donc mon choix et puis, j’aime le travail que fait mon père, le monde des médias est aussi très intéressant. Il m’a souvent emmené en voyage avec lui, même plus jeune, car il ne tenait pas à être un de ses pères inexistants, alors je suis déjà familiarisée avec son univers.

« C’est une société de médias qui possèdent plusieurs journaux, chaînes de télévision et de radio. » - Répondis-je avant de me perdre dans mes pensées. C’était une grande entreprise et je me demandais si je serais à la hauteur. Enfin, j’avais encore le temps de m’y préparer. Je n’allais pas prendre les reines de l’entreprise demain à la veille. J’avais encore beaucoup de choses à apprendre et puis, je voulais aussi penser à ma carrière de danseuse. J’avais de beaux projets d’avenir, mais je dois dire que ces derniers temps, j’ai été un peu moins préoccupée par ceux-ci. J’ai l’impression que ma vie est devenue un genre de série télévisé dramatique, sauf que là, c’est la réalité. Alors, j’ai du mal à être concentrée sur mes études. J’étais restée silencieux quelques instants et décidait de rompre le silence avant que cela paraisse bizarre – « Oui, moi aussi ça me fait plaisir, même si je ne vais pas te mentir, ça fais bizarre. On ne s’est pas adressé la parole pendant des mois et c’est étrange de se retrouver de nouveau autour d’un café. » - Un léger sourire se fendillait sur mon visage.