somethin' 'bout you makes me feel like a dangerous man. (drakeus)

voilà que le paquebot venait d'amarer à castries en ce treize juillet, bientôt quatorze. trois jours qu'il n'avait pas eu de nouvelles de l'autre con et même s'il feignait qu'il s'en portait à merveille, il n'avait qu'à voir ses discussions avec clyde pour voir que l'autre revenait souvent dans ce qu'ils racontaient. il se sentait pathétique. mais il avait eu un plan, il sentait l'échec monumental arriver mais il le faisait pour le petit pourcentage de succès que ça pouvait avoir : avoir l'attention de mr. drake-machoire carrée. il avait mis plus d'une heure à choisir sa tenue. chic, distingué, mais décontracté, un mélange savoureux pour paraître du plus bel effet. il accordait pleinement sa confiance à clyde, il savait qu'il serait aussi sublime. il prit son téléphone en faisant un vocal avec une voix faussement sérieuse.  — en position soldat, on se retrouve sur le pont, il doit être très certainement sur la terrasse à l'extérieur de la discothèque. à fumer un joint, à boire ou à être en train de tripoter une nana.

il retrouva clyde sur le lieu de rendez-vous. il le regarda, forcément sublime, tourné à son avantage. — p'tin, tu m'étonnes que t'arrives à tous les choper. il savait y faire, expert de la mode, de l'art, il était ce soir un chef d'oeuvre. il lui fit un signe de tête, avant d'avancer et d'apercevoir drake assis sur un canapé à l'extérieur. — okay, tu vois, c'est lui là-bas, faut qu'on s'approche mais genre, pur hasard, en mode, on est en train de se rouler des grosses pelles et on s'pose ? ça lui paraissait être un bon plan en théorie.

même son ami savait le reconnaitre - drake était un de ces avions de chasse à abattre. et matteus voulait être absolument sûr de son coup - s'il se loupait, c'était la fin de tout. de drake, de sa dignité et d'une quelconque réputation. dans les faits, peut-être fallait-il être un peu moins dramatique que ça et sûrement que l'autre ne le calculerait pas.  — j'espère aussi. le coeur qui bat la chamade, le souffle court. il devait finir sa nuit avec lui, ou au moins qu'il se passe quelque chose. c'était toujours aussi étrange de genre de plans mais à ce moment-là, il se sentait si chanceux et gratifié d'avoir clyde comme pote qui le suivait dans ce genre de coups. beau prince qu'il était. ils se rapprochèrent dangereusement, les corps qui collent.  — ouais, déso d'être ton pote. lâcha-t-il avec un rire. et il vint l'embrasser tout en s'avançant vers le canapé qui &tait face à celui de drake. un baiser maitrisé à la perfection, répondu et dont la langue se mélangeait. il devait sortir ses meilleurs talents de comédien et même s'il avait joué dans le club théâtre amateur du lycée, il se disait qu'il se donnerait de toutes ses forces. il parla assez fortement pour que drake puisse entendre, sans même lui accorder un regard, comme s'il ne savait pas qu'il était là. — ça fait toujours plaisir d'avoir un bg dans ton genre, ça manque cruellement dans le coin. l'une de ses mains frolait sa joue, tandis que l'autre s'abaissa de sa taille pour aller jusqu'à la fesse de clyde. — c'trop bon. et pris d'une pulsion, il vint l'embrasser une nouvelle fois goulument. — on pourrait p'têtre décaler dans ta cabine ? mais faut voir si y'a aucun d'tes colocs.

le petit clin d'oeil. sérieusement, ces deux-là pouvaient se présenter dans une troupe d'acteurs, jouer des films et gagner les proches emmy awards. une série netflix à propos d'un amour gay dans une croisière dans les topriques. trois saisons et les vues qui exploseraient. un brevet à déposer. mais le voilà qu'il était là sur le canapé, à amener son pote sur lui, à califourchon, tandis qu'il l'embrassait, les yeux à demi-clos, les mains sur son postérieur pour créer la scène la plus obscène soit-elle. — ouaip, pour passer aux choses sérieuses car là, j'en ai très très envie. toujours aucun regard accordé à drake, ne lui laissant guère le soupçon de savoir s'il l'avait vu ou non. et son compère vint lui prononcer une question, chuchotement glissé à l'oreille. fallait bien qu'il le capte à un moment et lançant un regard derrière lui, il vit que l'autre se barrait. — merde, il s'casse. ça faisait pas partie du plan ou pas de son imaginaire du moins.

— qu'est-ce qu'on fait ? faut que tu fasses genre que t'ailles voir si ta cabine est libre, p'têtre ? non ? j'sais pas ? à l'aide ? la panique qui commençait légèrement à monter. il foutait quoi l'autre. — bon, en attendant, faut pas qu'on s'fasse griller. et voilà qu'il l'embrassa à nouveau, après tout, l'autre s'était peut-être juste commandé un verre ?

Finalement, le Drake n’allait pas prendre un verre alors tandis qu’il embrassait son ami, il tentait de s’imaginer d’autres alternatives. Généralement dans les films, à ce moment-là de l’histoire, l’autre débarque avec une nana - comprenez, il a la gaule, il faut qu’il oublie l’autre et l’embrasse effrontément devant lui. Or, revers de la médaille, même s’il embrasse la fille, il y a un échange de regards absolument pas subtils entre les deux protagonistes qui comprennent à ce moment-là qu’ils sont attirés l’un par l’autre. Le director’s cut les montre finalement dans le plan suivant à céder dans les toilettes. Les films n’étaient-ils pas sensé montrer la réalité ? Pourquoi il n’y avait pas ce schéma-la ? Et tout portait à croire que Clyfe le laissait là. — Wow, okay, t’es sur ? Bon. Suivre l’autre, se retrouver née à nez avec lui, comme ça, a l’abri des regards. — Merci pour tout, bro’.  Il déglutit avant de s’élancer à sa poursuite. Discret et furtif, il s’empara d’un verre à moitié vide, accessoire qui pourrait l’aider ou non. Il garda une ligne de distance, descendit les escaliers pour arriver au niveau des cabines mais un pas sourd dévoila sa présence. — Salut. 

Que pouvait-il dire d'autre ? Il n'allait pas se moquer de lui, lui sauter dessus à griffes acérées. La jouer cool était nécéssaire à ses yeux. Or, l'autre avait été sacrément piqué au vif. Sur le défensive, complètement à l'attaque, comme s'il lui en voulait. Jalousie qui ressortait ? Il haussa un sourcil, ayant un petit pouffement. C'était à ce moment-là qu'il fallait sacrément doser son ton provocateur. Subtil et raffiné mais pas offensif. — Wow, il t'es arrivé un truc ? L'air faussement inquiet. — Hein ? Ah.. tu m'as vu avec l'autre gars ? Bg, hein ? L'air cool et détente, s'avançant près de lui. — Il est un peu tête en l'air, il s'es sûrement perdu ou il s'est cherché à boire. Il continuait toujours à le fixer d'un air, le regard lubrique, le sourire malicieux, en coin. — T'sais, si t'as envie, faut l'dire. Il inséra la clé dans la chambre de sa cabine. Clyde était sensé être dans sa cabine ou être revenu dans la discothèque, dans le mythe. — Mais la place est libre, alors c'est maintenant ou jamais. Et il ouvrit la porte de sa chambre, la laissant entrouverte. Allez, mords à l'hameçon, mec.