âmes en peine — staëlys

la haine tiraillant ton estomac, tu quittas le grand salon à grandes enjambées. t'aurais aimé quitter la pièce la tête haute, avec fierté, mais l'alcool que tu avais dans le sang te faisait marcher en zigzag, te donnant l'air d'être un alcoolique tout droit sortie du métro new-yorkais à cinq heures du matin. d'une main tremblante, tu sortis ton paquet de vogue de la poche arrière de ton jean. en déposant une sur le bord de tes lèvres, tu t'installas dans un coin isolé du jardin, dans un petit salon extérieur avec de confortables fauteuils, entouré de végétation. t'affalant lourdement sur l'un des canapés, tu allumas ta cigarette, tirant dessus avec rage. jamais tu n'aurais imaginé qu'un simple action-vérité aurait pu ainsi tourner au fiasco. pendant plus d'une demi-heure, les défis s'étaient enchaînés, les vérités avaient éclaté. tu savais que stan était un charo mais tu t'étais persuadée qu'il serait sage pour la soirée, qu'il n'aurait d'yeux que pour. que dalle. il s'était montré joueur, extrêmement joueur alors que tu déclinais toutes les actions, enchaînant les verres pour rester fidèle à tes principes. prenant une profonde inspiration, tu te mordillas nerveusement l'intérieur de la joue, le regard perdu dans le néant tandis que ta vogue se consumait lentement entre tes doigts tremblants. quitter la villa avait été la meilleure des solutions. si tu y étais restée, tu aurais tout casser, y compris stan. il aurait mangé le sol, et pas qu'un peu.

Un sourire imbécile scotché sur ses lèvres, Stan remplit avec brio la dernière action qui lui a été assignée. Des mois sans s'être vu entre potes d'enfance et ils avaient bien évidemment décidés de lancer un action vérité pour célébrer leurs retrouvailles. Anniversaire entre potes, dans une villa de rêve sur une île paradisiaques, avec des meufs. Pleins de meufs, le paradis ou comment faire tourner la tête de Stan. Jusqu'à presque en oublier la présence de l'anglaise qui l'accompagnait. Il avait senti qu'elle n'avait pas vraiment envie de jouer et n'avait pas posé plus de questions, lui en tout cas avait bien été décidé à accepter tout ce qu'on lui demanderait. Les lèvres et la langue de Stan ayant visité une énième bouche à cet instant, il s'attèle à donner le prochain gage à la personne de son choix, lorsque Maëlys quitte le salon en titubant pour aller à l'extérieur. Il donne tout de même son gage avant de quitter à son tour le salon pour aller voir ce qui n'allait pas. La cherchant un moment dans les recoins discrets de la villa, il l'aperçoit finalement assise sur un salon d'extérieur, clope à la bouche. "Qu'est-ce que tu fais ? Pourquoi t'es partie ça va pas ?" demande-t-il en la retrouvant. Elle semblait tendue, voir plus que ça, mais il préférait se dire qu'elle avait un peu trop bu et venait prendre l'air. Après tout, c'était l'explication la plus plausible à son comportement.

installée dans le petit salon extérieur, tu fulminais de rage dans ton coin. la nicotine de ta vogue n'arrivait même pas à calmer l'état d'énervement dans lequel tu te trouvais. les images de cet action/vérité passaient en boucle dans ta tête. tu ne t'étais jamais sentie aussi souillée de toute ta vie. si ça ne tenait qu'à toi, tu aurais giflé stan devant tout le monde mais tu n'étais pas comme ça. tu avais préféré t'éloigner quelque peu de la villa afin de te calmer dans ton coin, afin d'éviter les dommages collatéraux de cette soirée. entendant des bruits de pas, tu relevas les yeux vers la personne qui arrivait dans ton petit havre de paix. tu restas immobile en voyant stan, lui décochant un regard plomb. tu te penchas afin d'attraper ton verre, posé sur la table basse, que tu portas directement aux lèvres. — si j'suis là c'est que j'ai besoin de tranquillité, lui répondis-tu sans quitter son regard, ta vogue se consommait silencieusement entre tes doigts. — te parler est la dernière chose dont j'ai envie et crois-moi que si j'me lâche, tu risquerais de le regretter, le prévins-tu avec un sérieux déstabilisant. l'alcool te rendait encore plus intimidante que tu ne l'étais déjà. — retourne donc rouler des pelles à tes australiennes adorées, renchéris-tu à voix basse, tirant nerveusement sur ta cigarette.

A la recherche de la blonde qui l'accompagnait durant ce voyage dans son pays natal, il finit par la trouver à l'extérieur de la villa. Seule, dans un petit recoin, fumant une cigarette et semblant au bord d'une crise de nerf. Si Stan avait été moins égocentré sur lui même, il aurait sans doute fais attention plus tôt aux signes de cet énervement. Mais honnêtement, ce qu'il comptait le plus pour lui pendant cette soirée c'était de s'amuser, profiter de retrouver de ses potes et Maëlys dès le début n'avait pas montré cet intérêt. Bien qu'il puisse le comprendre, il ne s'en était pas pour autant préoccupé. La retrouvant dans le salon extérieur, il renonça rapidement à l'idée de s'asseoir à côté d'elle, vu le regard qu'elle lui jette en le voyant arriver. Il tombe presque des nues quand elle dit que lui parler est la dernière chose dont elle a envie. C'est quoi son problème ? "Oula, mais c'est quoi ton problème ?" demande-t-il, un peu agacé, avant de l'entendre grommeler dans un truc dans sa barbe. Levant les yeux au ciel, il comprend rapidement la source de son comportement. "C'est ça qui te pose problème ?" relève-t-il, pouffant légèrement d'exaspération. "Et bah écoute Maëlys, excuse moi de participer au jeu qu'on a lancé et de jouer avec les personnes qui elles, ont envie de jouer." la pique-t-il, parce que oui, il s'agissait d'un jeu. Il n'avait jamais dit qu'il ne ferait rien et c'est bien elle qui avait décidé de ne pas se prendre au jeu en premier lieu.

tu n'avais nullement envie de parler avec stan. tu ne supporterais pas des excuses bien que tu savais pertinemment qu'il n'aurait pas la décence d'esprit de songer ne serait-ce qu'une seconde à te donner son pardon. il était bien trop fier et bien trop buté pour se mettre à ta place, qui s'était avérée plus délicate que quiconque ne pouvait l'imaginer. son ton agacé t'irrita davantage. — commence pas à me prendre de haut comme ça parce que je suis la seule qui peut se permettre d'être blasée de la situation, le prévins-tu d'une grimace amère. tu restas de marbre face à ses propos. en le voyant rire d'exaspération sous ton nez, tu eus envie de lui sauter à la gorge mais tu restas enfoncée dans le canapé extérieur, ne le quittant pas du regard. — et ça te fait rire ? soufflas-tu d'une voix acérée. — j'me tape la honte de ma vie et tu as l'audace de me rire au nez ? renchéris-tu. tu te levas du canapé. ta tête te tourna légèrement mais tu ne bougeas pas d'un poil, tirant une nerveuse taffe sur ta vogue. — et dire que j'pensais que t'étais quelqu'un de bien. t'es qu'un enfant écervelé incapable de contrôler ses pulsions de prépubère, terminas-tu, écrasant rageusement ta cigarette dans le cendrier.

Stan n'était pas du genre à batailler, à se prendre la tête. Si elle ne voulait pas jouer, si elle ne voulait pas lui parler, il n'irait pas contre vents et marée pour y remédier. C'était une bonne façon pour lui de ne pas engendrer un plus gros conflit mais surtout une bonne raison pour ne pas s'excuser ou devoir reconnaître ses tords. Un bien vilain défaut qui le poursuivait souvent dans ses relations avec les filles. "La honte de ta vie ? Tu crois pas que t'exagères un peu là ?" répond-il du tac au tac. Il savait pertinemment que tout le monde s'en foutait à l'intérieur, ils étaient tous habitués à ce genre de jeux. Puis soyons honnête, il était bien conscient qu'il n'y avait que peu de chances qu'elle les revoit un jour. Il l'écoute gentiment pendant qu'elle l'incendie, le traitant de gamin écervelé. Maëlys avait sûrement raison d'ailleurs, mais ça il n'allait pas l'assumer devant elle. "Mes pulsions de prépubère ?" lui demande-t-il, arquant un sourcil. "C'est un jeu !" soupire-t-il, à moitié près à faire demi tour et retourner dans la villa. Il ne savait même pas quoi lui dire et préférait la laisser s'énerver dans son coin. Soupirant devant son attitude, il rebrousse chemin pour retrouver les autres. "Et puis merde tu sais quoi ?" lâche-t-il finalement en revenant vers la blonde. "Assume donc que t'es jalouse au lieu d'affirmer à tout le monde que je suis juste ton pote, hein." lâche-t-il finalement. Il les connait les meufs, Stan et la réaction de Maëlys ressemblait parfaitement à de la jalousie mal placée.

cette situation te dépassait. avec l'alcool et la fatigue du récent vol d'une journée entière, tu étais à cran. tu savais que tu aurais dû rester à l'écart, trouver un endroit plus éloigné afin que stan ne t'y trouve pas pour que tu puisses te calmer tranquillement mais maintenant qu'il était en face de toi, tu ne pouvais pas nier l'état de déception dans lequel tu étais. — je n'exagère absolument pas, répliquas-tu avec sérieux. t'étais tellement high level que personne n'osait te manquer de respect en public et pour la première fois, tu t'étais sentie humiliée devant des personnes que tu ne connaissais même pas, mais qui en avaient sûrement énormément rigolé. — il n'y a que les gosses de quatorze ans qui sont incapables de dire non à une paire de lèvres siliconées, assuras-tu avec dédain. t'y allais peut être un peu fort dans tes propos mais t'étais dans l'incapacité de modérer tes mots. ils sortaient naturellement, d'un claquement de doigt, sans que tu puisses y faire grand chose. tu le regardas faire demi-tour. t'y croyais pas. stan allait vraiment fuir la conversation pour retourner avec ses potes alors que tu n'étais pas bien ? heureusement pour lui, il se dirigea à nouveau vers toi, le regard électrique. tu restas de marbre face à ses propos, portant ton verre aux lèvres sans le quitter du regard. — tu sais quoi, j'assume. j'suis quelqu'un de mâture et de réfléchi donc je plaide coupable, avouas-tu en levant les bras en l'air. — j'ai été jalouse des filles ce soir, ouais, continuas-tu. — mais parce que je ne pensais pas que tu serais capable de jouer comme ça. tu m'amènes ici, tu péchos des filles sous mes yeux et je devrai me la fermer ? t'esclaffas-tu ironiquement.

Ce serait mentir de dire que les propos que tenaient Maëlys à son égard ne l'atteignait pas, mais ce genre de reproches, il les avait entendu un paquet de fois déjà depuis des années maintenant. Alors oui, il a fini par prendre l'habitude de ces attaques. Oui, il aime les femmes, oui il est incapable de bien se tenir, oui c'est un vrai enfoiré quand il s'y met. Malheureusement, sa volonté n'est pas de blesser les autres mais le problème vient du fait qu'il ne pense souvent qu'à lui. Un gamin égocentrique, oui ça elle pouvait le lui reprocher. "En être capable et en avoir envie sont deux choses différentes." réplique-t-il, s'enfonçant probablement encore plus qu'il ne l'avait déjà fait. Bien sûr qu'il pouvait dire non et il l'aurait sûrement fait si l'anglaise le lui avait demandé. Mais ça n'avait pas été le cas. A deux doigts de quitter le salon pour retrouver les autres, il fit demi tour pour continuer la discussion. Bien évidemment qu'elle allait assumer sa jalousie, en même temps c'était flagrant. Nier n'aurait fait que la décrédibiliser. Mais une part de lui reste quand même dubitatif lorsqu'elle lui répond. Il la fixe un moment avant de s'installer sur les petites marches du salon extérieur. "Je ne pensais pas que ça te dérangerait." dit-il simplement en haussant les épaules. Ok ils s'entendent bien, au point même qu'elle le suive jusqu'ici. Mais la jalousie n'était pas vraiment censé entrer en ligne. "J'suis joueur, tu le sais pourtant non ?" elle lui avait donné l'étiquette charo dès leur première rencontre de toute façon. "J'aurais joué avec toi si tu t'étais pas montrée aussi fermée dès le début." évidemment qu'il aurait profité de ce jeu pour se rapprocher d'elle, mais bon, malheureusement son esprit avait vite vacillé vers d'autres filles.

à ses propos, tu arquas tes sourcils. stan ne faisait que s'enfoncer lorsqu'il t'avouait pleinement qu'il avait eu envie de pécho toutes les nanas de la baraque. de toute évidence, il était comme ça. t'avais juste été trop conne de croire qu'il resterait sagement assis sur le canapé à tout refuser pour tes beaux yeux. t'aurais aimé que ça soit le cas, certes, mais ça ne s'était pas déroulé ainsi. tu le regardas s'asseoir sur les marches de du salon de jardin. — eh bien maintenant tu sais que ce ... genre de trucs ne me plaisent pas, lui répondis-tu. il était désormais prévenu. — j'sais que t'es un charo, assuras-tu d'un pâle sourire. — j'me suis juste mis en tête que t'allais être droit envers moi pendant le voyage alors que tu ne m'as rien promis, qu'on ne s'est rien promis, donc j'divague totalement, expliquas-tu. tu te perdais dans tes propos. l'alcool que tu avais dans le sang te faisait parler n'importe comment et tu n'étais pas sûre que stan allait suivre tout ce que tu disais. — j'comprends juste pas pourquoi est-ce que tu me ramènes ici si je ne te suffis pas, conclus-tu d'un air pensif. si stan pouvait te guider à ce niveau là, tu lui en serais reconnaissante.

La jalousie est un concept assez étranger pour Stan de toute façon. Il n'en ressent jamais, ou que très peu. En même temps, il n'a jamais réellement été confronté à une situation où il aurait pu l'être. Donc comprendre la position de Maëlys, c'est compliqué. Il sourit furtivement quand elle lui rappelle savoir qu'il est un charo. Honnêtement il en avait un peu marre de l'entendre dire ça mais vu ses agissements ce soir, ce serait mal venu de dire quoi que ce soit. "Bon ok ça va, j'suis désolé, j'ai peut être abusé." lâche-t-il finalement. D'accord il reconnaissait un peu son tord et en plus il n'avait pas envie de se prendre la tête, c'était pas une bonne manière de commencer le séjour. Alors si le fait qu'il s'excuse pouvait la détendre un peu, il le ferait volontiers. Son besoin de légèreté l'emportera toujours sur sa fierté de toute façon. "C'est pas question que tu me suffises ou pas... j'aime bien passer du temps avec toi, on s'entend super bien, j'me suis dit qu'on passerait forcément un bon séjour ensemble. Comme à Los Angeles." répond-il sincèrement. En l'emmenant en Australie, il ne pensait honnêtement qu'à profiter mais ne voulait en aucun cas lui faire passer de mauvais messages.