Where is she ?

“ A bloody moon, portending doom
Another cruel day, coming soon
Have to end this, but it's just begun
A final charge, with the rising sun ”

Conduire n'avait jamais été un problème, bien au contraire, mais aujourd'hui on ne me l'avait pas demandé. J'étais monté dans la voiture d'Adel, m'installant à la place du mort, le front contre la vitre observant les ombres danser sur les vitres. J'étais silencieux, je réfléchissais dans un calme surréaliste.

Lorsque finalement nous arrivâmes à bon port, je descendis de la voiture pour m'installer sur le capot, observant les autres tour à tour. Il y avait une certaine tension dans l'air, c'était toujours plus ou moins le cas lorsque nous étions tous réunis mais les cachoteries ne faisaient d'exacerber la situation. Enfonçant la main dans ma poche, j'en sortis un briquet dont je faisais tourner la roulette en attendant la suite.

Tout le monde chouine comme toujours d’ailleurs. Alors je sors mon téléphone pour lire le message à haute voix. Il se pourrait que j’ai légèrement oublié de leur transmettre. « En presque 40 ans d’existence, j’ai eu droit à « laisse les petits tranquille, et fais ta Vie » alors excusez moi de me questionner. Le signal de son téléphone s’arrête ici. Et je connais cet endroit. On y est venu deux fois. Y’a une maison pas loin. Cette fois, je prefere etre encore plus parano. » et j’insiste sur encore plus. Ma mere m’a toujours dit que j’étais dans l’abus. Alors ce message ne lui ressemble pas.  « Az’ meme si tu es pénible, je peux te porter. Ca evitera de salir ta canne. » J’accepte qu’il fasse souffrir mes tympans. « Si tout va bien, je me mele plus de votre vie. Pendant un mois. » On va pas trop en offrir. « En route. » Marcher durant une quinzaine de minutes, ecartant feuillage, montant et descendant les sillages. Entre les raleries que j’entends. Rien. A. Foutre. On quittera pas tant que je sais pas. Ils vont me maudire si on surprend les darons. Ca me donne la gerbe. Enfin on arrive. Une maison en bois. Un refuge de l’enfance. Une pause de quelques minutes pour reprendre mon souffle. Je fais le tour, porte arrière ouverte. En soi, ils sont seuls au monde, aucune raison de verrouiller. J’entre. Parquet qui grince. J’appelle la madre. Silence. Personne dans le salon ni dans la cuisine. Tout est trop propre pour des gens qui font leur meilleur vie. Je reste devant la chambre. J’allais y poser ma main. Reflexe de malfrats, j’ouvre avec mon coude. Odeur infame qui me prend aux narines. Je plaque mon avant bras sur mon nez. Scene d’honneur. Je me liquefie. Ils étaient malheureusement pas entrain de baiser là. Enfin si, un. Attaché. Eventré. Egorgé. Du sang partout. Et un « ca suffit » ecrit sur le mur. Je recule de quelques pas. « SURTOUT VOUS TOUCHEZ A RIEN. QUE AVEC VOTRE MANCHE. » et maintenant, je fais quoi ? J’appelle notre mere mais le numéro n’est plus attribué. Ma première pensée va à Kass’ et je la cherche du regard.

Tu ne peux pas t'empêcher de lever les yeux au ciel quand tu vois le mélodrame que ton frère aîné vous fais. Non, mais sérieux un jour il allait finir par faire une syncope à force de paniquer comme ça. Enfin bon, en général le mieux dans ce genre de cas c'est toujours de le laisser faire, sinon, ça s'arrête jamais. Vous vous dirigez donc tous jusqu'à la cabane, toi marmonnant qu'on a pas idée d'être aussi parano. Et puis soudain Kassim balance que s'il a tort il se mêle plus de vos vie pendant un mois. Immédiatement, tu relève la tête. "Sérieux ??!! Tu pouvais pas le dire plus tôt ?? Allez on se bouge là !!" Tu accélère le pas, histoire de montrer au plus vite à ton aîné qu'il faut qu'il arrête avec ces conneries. Vous rentrez dans la cabane et là...rien. Ni père, ni mère. Tu lève les yeux au ciel. Tu commence à regarder à droite et à gauche histoire de voir si vous trouvez un truc sur l'endroit où peut-être votre mère. Et puis soudain ton frangin qui hurle de toucher à rien te faisant sursauter comme pas possible. Tu t'apprête à l'engueuler comme pas possible mais l'odeur qui te parviens te fais comprendre que quelque chose ne va pas. Pendant un instant tu pense que c'est ta mère. Mais au vu de la réaction de Kassim et Azraël tu comprend que c'est pas ta mère, mais ton père. Tu t'approche de la chambre et tu pousse carrément Kassim pour pouvoir passer. Et là tu t'arrête devant la scène. Ton père est là. Mort. Et tout porte à croire que c'est ta mère qui l'a tué. Ta mère a tué ton père. Elle a tué la personne qui faisait de sa vie un enfer. T'es comme dans un état second. Tu t'approche encore tu veux être sûr de se que tu vois. Une photo retournée sur la table de nuit attire ton attention et lorsque tu la retourne tu vois les visages souriants de tes parents. Comme s'ils étaient heureux. Mais tu sais que se n'est pas le cas. Et là tu craque. Tu envois la photo contre l'un des murs de la chambre avant de hurler. "J'espère que t'as souffert !! J'espère que t'es mort lentement et que t'as eu mal. Tu méritais que ça. Je te déteste, je te hais !! T'es qu'un connard !!" Tu continue de hurler, attrapant tous les objets qui te passe sous la main pour les lancer au hasard, tu sais même pas se que tu prends, mais tu t'en fou. T'as besoin d'extérioriser ta colère.

Kassim les fait s'enfoncer dans le bois, leur indiquant qu'une petite maison s'y trouvait, dans laquelle ils avaient mis les pieds quelques fois. Adel n'en avait aucun souvenir, peut-être était-elle trop jeune lors de leur dernier séjour ou avait-elle occulté ces souvenirs lointains.
La maison était silencieuse, immobile comme si le temps n'avait aucun effet sur elle au milieu de cette nature sonore. Kassim pousse la porte arrière, qui s'ouvre sans aucune résistance, dévoilant un intérieur propre et ordonné, comme si personne n'y avait mis les pieds. Adel s'avança dans la pièce jusqu'à la porte que Kassim déverrouilla, dévoilant une scène d'horreur. Elle se tétanisa à cette vue. Aucun bruit ne sortit de sa bouche, se contentant de fixer le tableau sanglant face à elle. L'odeur avait empli ses poumons, mais elle n'y prêtait guère attention, écoutant à peine l'instruction de Kassim, ne réagissant pas à la constatation d'Azraël. La seule chose qui la fit finalement réagir furent les hurlements de sa sœur, contre leur père, leur géniteur, qui gisait dans le lit face à eux, alors qu'elle se saisissait de tous les objets qui pouvaient lui passer sous la main. Sortant de cet état second, elle se précipita vers Kassidy et l'attrapa au niveau des épaules, la tirant en arrière pour l'entrainer contre elle, quitte à encaisser quelques coups si elle se débattait. "Kassidy, s'il-te-plaît", hurla-t-elle, tentant toujours de la maintenir contre elle, les larmes au bord des yeux, constatant définitivement les dégât -bien qu'elle ne les ignorait pas jusque-là - qu'avait leur père dans cette famille, déchirée par la violence. "S'il-te-plaît, arrête Kassidy" continua-t-elle la voix tremblante.