chaos in my mind (neal & jo hee)

boston, 2:30 am...
l'ivresse de la nuit, à la tombée des lampadaires - la lumière, elle s'alterne, dans les ruelles. le bitume encore trempé, on saute pieds joints dans les flaques d'eau, jusqu'à s’enivrer de l'odeur acre des rues tamisées. les ombres, elles suivent, distraites. les ombres elles fuient, parfois, quand c'est les voitures qui illuminent brusquement - les phares crament la rétine. je crache la buée, à danser sur les bordures des trottoirs, à tourner dans les rues - jusqu'à épuiser le souffle lui-même, pourvu que ça puisse bien aller, ce soir. des fois marcher à contre-sens, sur le bord des routes, à l'inconscience dangereuse - mais finalement, y'a rien de plus dangereux que les monstres qui bouffent depuis des jours. on peut s'enfuir, courir jusqu'à se perdre, dans l'immensité du néant. tourne le dos à l'horizon, pas sereins, elles sont sombres, les opales, l'observent - jusqu'à ressentir la fascination pour ce qui semble blessé, quand ça fait du bien. quand ça me fait du bien, d'être avec lui. pas un mot, très certainement un rien qui se bouscule, se fout en l'air dans un tout. il a rien de réellement beau, il a tout d'attirant, neal. et rien que ça m'attire, me happe, à trébucher dans ce que les autres pleurent encore, quand vient le crépuscule qui engloutit.

la nuit est longue - s'étend devant nous, comme une œuvre de van gogh qui s'épuise sur les étoiles qui reflètent là, sur les flaques d'eau comme lac. c'est presque abstrait, de mauvais goût. étendre la soif d'un besoin irrépressible de savoir respirer - si seulement j'étais pas morte y'a des jours de ça. mais elle est belle, la nymphe, sous les airs lunaires qui éclairent le par-terre humide. elle est belle, elle ondule sous les mèches ébènes - je suis un peu de nuit, un peu d'aurore, ou peut-être carrément autre chose. à devoir compter les insomnies, à les nourrir à coup de tendresse abattue et d'espoir inanimé. la laideur sous sa beauté la plus enivrante, c'est qu'un putain de paradoxe. et il a su, aster, gamin trop foutu par la vie, en créer, jusqu'à m'en bouffer jusqu'aux entrailles. et puis là, je me perds dans la nudité de la ville, à ses abords sous les néons rouges, puis tantôt blancs - ça me déchire la vue, presque comme vouloir rendre aveugle. buée, odeur brutale de clope, fine sa silhouette, qui s'avance - j'admire à reculons. charme sous ses airs de grand mystère, finalement, c'est à se demander si ce n'est pas lui, qui ira me dévorer, jusqu'à en recracher la belle. " tu comptes me regarder encore longtemps ? " jetés là, sous les airs de l'arrogance. les hanches qui ondulent là, sous les airs faussement musical de boston. la nuit attire, elle désire, et le corps il s'approche, du sien, ça fait comme une symphonie. et j'observe, la clope qui se consume, comme la réalité qui enfume.

la nuit est maîtresse, la nuit est amante. spectacle à l'infini des désirs perdus entre deux pas égarés, dans les rues bruyantes - chaos des pots d'échappements, de l'ivresse sur les gens, la foule dansante au beau milieu du crépuscule désert. c'est comme une maladie symphonie, fiévreuse quand c'est l'ombre qui lui fait l'amour - haletante quand c'est les corps qui s'attirent, s'opposent dans une amplification des sens. il est beau sous la lune, désirant, môme perdu dans les hanches qui ondulent - c'est certainement charmant, le corps qui ose. clope qui se consume plus encore, réveille les désirs refoulés. parce que t'es celui qui fait mal, parce que t'es celui que je veux éteindre sur ma peau. alors il est bon, quand les corps s'entrechoquent. les doigts qui s'enfoncent dans la chair à travers le tissu. ça a l'air bon, de goûter à lui, au grain de sa peau dans l'instant, au goût âcre de la clope sur ses lèvres - putain, il me fait rêver. les doigts attrapent, la demoiselle qui fume, nymphe toxique. les lippes effleurent, les siennes, sous ses doigts le corps qui ondulent, sur les airs des musiciens qui offrent leur vie aux cordes, à quelques pas. ils s'abandonnent, comme moi presque sur ses lèvres. l'attirer, secrète - discrète, les mots qui se taisent contre les lèvres, silence de boston qui bourdonne. putain, neal, t'es mon dieu. sorcier, à m'envoûter, quand je devrais crever d'envie de te fuir.

vives désirs, les vices au bord du gouffre. ils s'imprègnent là, buée innocente dans l'air. c'est comme machinal, les mouvements qui envoûtent, attirent et tirent dans les monstres qui jubilent. pulsion malsaine dotée d'une fascinante pureté. les souffles se mêlent, ils s'écrasent, c'est additif. c'est une héroïne délicate, une tentation délicieuse - à cracher le goût du rouge à lèvre sur la fumée de la cigarette. ils s'enfoncent dans la chair, les doigts, et moi, c'est la clope que je baise presque. à la posséder elle, plutôt que lui. il m'appelle, et moi, je guette, le moindre soupir, les émotions qui tirent les traits de son visage - putain neal, c'est là que t'es beau. vivant quand tu sembles mort. les lippes effleurent, s'échouent... presque. " oops... " respire l'arrogance, elles s'échouent sur la clope, tire dessus, ça s'illumine dans le crépuscule. et tendue, baiser subtil au bout de la barre toxique. et la musique qui se rapproche, elle happé - nymphe dont le corps se détache, les iris sombres qui le cherchent. c'est un jeu sans cesse, au rythme envoûtant. la symphonie qui me charme, à me faire l'amour - quand c'est son corps qui j'imagine contre le mien.

sensuelle, dans les rues de boston. s'allument, les cierges du désir, le palpitant qui s'expulse contre la cage thoracique. clope qui se répend - un goût différent, à celui des baisers qu'il me donnait, là quand les sables mouvants bouffait nos chevilles. elle me consume, la nicotine qui s'étend le long de ma gorge - délicate, la fumée, à sa merci, la jolie couleur de l'épiderme. les iris qui le cherchent, se plongent à lui, à désirer connaître tous les secrets, les désirs que les monstres tiraillent - s'arrachent le repas, ils sont dignes, conquérants de leur proie. et tristement, c'est de lui, que je me chéris, de cette arrogance peinte sur mes lèvres. nymphe adorée, le corps qui s'étend sur la symphonie. boston est différente, ce soir. boston retrouve sa reine. lippes qui s'effleurent, à le doter d'un rêve effacé - la malice dans le regard, cette évidence, cette sensualité qui chagrine, ne s'approche que dangereusement, attire l'addiction, et soudainement, s'envole. éternelle frivole. le feu m'attire, je suis sienne, m'y brûler est un délice. dévaste le monde, d'un battement de cil, d'une arrogance laissée sur le bout de nicotine. et là, la musique qui valse, me baise quand la voix s'élève. les musiciens charmeurs, les cordes qui parfois déraillent, et c'est la voix qui éclate, les notes divines. yeux clos, le corps à la dérive, se laisse aller dans l'étreinte des notes que ma gorge échappe, le talent sur le bout des lèvres, m'échapper ailleurs, le monde n'a plus de sens, il n'est plus rien. je suis le monde, l'être suprême, juste le temps d'une musique. et je veux, l'attirer - t'attirer, neal, avoir ton attention, avoir tes désirs.