(Neasar) Can't stop thinking of you

Je secouais négativement la tête marmonnant un « Être désolé n’efface rien… Tu m’as fait mal… » J’aurais aimé lui dire qu’il me faisait toujours trop mal, mais ce n’était guère le moment de l’accuser. Ce n’était pas le moment de le pousser à tomber un peu plus dans le précipice. Je ne voulais pas. Les nouvelles sur Hendrix quittaient les lèvres de mon Honey et elles me percutaient vivement. Elles m’envoyaient au fond du trou. Soupirant, je babillais « J’peux m’occuper de le dire à Tom… Cae’… T’as pas à gérer ça… Tu dois penser à toi alors je… Je peux le faire… Je peux gérer… » Je pouvais m’occuper de cette histoire. Le soulager d’un poids que j’acceptais de prendre sur mes épaules. Et, lentement, tout s’effritait. Tout se mélangeait. Tout était trop instable nous concernant. Les larmes glissaient sur mes joues. Réelles. Incontrôlables. Les sanglots s’échappaient de Caesar charcutant mon cœur. Les mots tombaient poussant mes sourcils à se froncer. Relevant le regard vers lui, je marmonnais « Tout recommencer ? Le bonus ? » parce que je n’y comprenais rien. Est-ce qu’il voulait tout effacer de notre histoire et repartir au début ? Comme si nous n’étions que des amis qui n’avaient rien partagé de plus que de l’amical ? Et pourquoi parler de bonus ? Est-ce que ça voulait dire que nous pouvions continuer à nous voir, à nous toucher, à nous embrasser ? Est-ce que ça donnait droit à plus ? Je n’en savais foutrement rien et je m’approchais de Caesar laissant mes mains se poser sur ses joues alors que je lui confiais ma peur. Cette peur qui cognait encore en moi. Les sentiments passaient les lèvres de Caesar poussant mes yeux à se fermer et accélérant mon cœur. Avant même que je ne puisse répondre, il s’approchait de moi. Ses lèvres entraient en contact avec les miennes me poussant à soupirer de bien être. Mes mains glissaient dans sa nuque venant caresser sa peau du bout des doigts. Je me laissais emporter dans le baiser. Quelques secondes. Quelques minutes. Jusqu’à ce que le souffle ne me manque. Et je m’écartais à peine déposant mon front contre le sien. Dans une supplication, je murmurais « Ne refais plus jamais ça Honey… »

Un nouveau soupir glissait entre mes lèvres suite aux mots soufflés par mon Honey. Ces mots si froids qui me remettaient à ma place m’empêchant de le soulager d’un poids dont il se croyait responsable. Un poids dont il était responsable ? Je n’en savais rien parce que, même s’il m’expliquait qui il était et ce qu’il faisait, je savais qu’il n’était pas seul dans cette histoire. Il était coupable oui. Mais, il n’était pas le seul coupable. Quand bien même c’était horrible de ma part, j’étais quelque peu soulagé qu’Hendrix ait accepté de prendre pour tout le monde. J’étais soulagé qu’Hendrix ne dénonce ni Tom, ni Caesar. Ça m’aurait été trop difficile à supporter. Mordiller nerveusement ma lèvre, je confiais « Je… J’veux pas vivre sans toi Honey… » pour lui faire comprendre que je ne voulais pas qu’il finisse en prison lui aussi. Peut-être aussi que je voulais lui faire entendre qu’Hendrix avait fait un choix en se dénonçant et qu’il n’était pas responsable de ça. Il n’était pas responsable de la place d’Hendrix en prison non. Je marmonnais d'ailleurs un « C'pas ta faute... » pour être encore plus clair. Les sanglots s’invitaient dans ma gorge. Les larmes glissaient un peu trop incontrôlables le long de mes joues. Et j’étais perdu dans les propos de Caesar. Tout recommencer ? Neasar n’être qu’un bonus ? Je ne comprenais pas ce qu’il désirait dire par ces mots et il ne semblait plus savoir ce qu’il cherchait à dire. Soupirant une nouvelle fois, je ne creusais pas plus ne voulant pas tomber sur quelque chose qui me ferait mal au cœur. Je m’approchais du jeune homme déposant mes mains sur ses joues et confiant ma peur alors qu’il venait confier ses sentiments. Ces sentiments qui me réchauffaient agréablement. Autant que les lèvres de Caesar qui s’échouaient sur les miennes pour un baiser qui me faisait soupirer de bien-être. Un baiser dans lequel je me laissais glisser le temps de quelques minutes. Et, déposant mon front contre le sien, la supplication glissait. La promesse résonnait. J’hochais doucement la tête pour dire que ça me suffisait pour le moment. Cette promesse me suffisait. Susurrant un « Je t’aime Cae’… », je m’approchais de nouveau pour m’emparer des lèvres du jeune homme alors que mes bras s’enroulaient autour de son cou. Je me laissais happer dans ce baiser désireux d’oublier tout autour de moi. Désireux que ce ne soit que lui et moi. Seulement nous. Neasar.

Les larmes glissaient sur les joues de Caesar et je n’aimais pas ça. Je n’aimais pas voir ces larmes sur son si beau visage. Ça provoquait quelque chose de dérangeant à l’intérieur de mon être. Ça venait doucement fissurer mon cœur parce que, zut, je voulais le voir heureux. Tout le temps. Je voulais le voir sourire. Incessamment. Il méritait tant d’être heureux. Il méritait tant une vie où tout irait mieux pour lui… Une vie où peut-être je n’avais pas ma place. Moi le gamin un peu trop toxique qui foutait tout en l’air. Je tentais de le rassurer. De lui dire que ce n’était pas sa faute quand bien même ça pouvait l’être. Mais, je ne voulais pas qu’il se torture avec ça. Je ne voulais pas qu’il se fasse du mal avec de telles pensées. Alors, je me laissais emporter ailleurs. Dans un autre monde. Dans un endroit meilleur. Nos lèvres se trouvaient. La promesse glissait et elle me suffisait sur l’instant. Et, comme pour pousser le jeune homme à plus, comme pour lui demander encore plus de tenir cette promesse, les sentiments glissaient entre mes lèvres. Ces sentiments si réels et si forts qui n’auraient pas dû être là parce que, merde, j’étais en couple. Ces sentiments qui étaient là malgré tout et contre lesquels je ne pouvais rien. Caesar me les rendait et nos lèvres se retrouvaient une nouvelle fois. Le contact était délicieux. Le contact était apaisant. Caesar était en vie et il allait s’en sortir. Caesar était à mes côtés et il m’aimait. C’était tout ce à quoi je pensais alors que je me laissais happer dans le tourbillon délicieux. Finalement, à bout de souffle, Caesar venait me souffler des mots. Une demande à laquelle j’acquiesçais doucement. Décrochant ses bras de mon cou, je bougeais pour venir m’installer dans le lit aux côtés du jeune homme. Ouvrant les bras, je le laissais venir se blottir contre moi en murmurant « J’reste jusqu’à ce que tu t’endormes Honey… » Ouais, je pouvais bien rester dans cette chambre pour les minutes à venir. Après tout, Caesar semblait vraiment épuisé et j’étais persuadé qu’il allait rapidement s’endormir. L’une de mes mains glissait dans son dos tandis que je murmurais « Tu es en sécurité Honey et tout va bien se passer… Dors… » d’une voix rassurante les yeux perdus dans le vague fixant le mur blanc qui me faisait face.

Je me glissais dans ce lit aux côtés de Caesar comme s’il s’agissait de la place que je me devais d’occuper. J’acceptais l’invitation dans ce lit auprès de lui comme si j’avais réellement le droit d’être là avec lui et que toute cette histoire n’était pas de ma faute. Stupide gamin. J’étais presque certain d’être un peu trop coupable dans tout ça. J’étais persuadé d’avoir foutu en l’air trop de choses. Ma relation avec mon Honey allait parfaitement bien avant le mois d’Octobre. Les choses étaient parfaites entre nous et avec ces limites qu’il avait su imposer et que j’avais su respecter. Puis Octobre était passé par là. L’Enfer s’était abattu sur moi. Les faux-pas avaient été commis. Tout avait été foutu en l’air. J’avais foutu Caesar en l’air. Je le savais. Je le sentais. Et une part de moi se doutait qu’il vaudrait mieux que je disparaisse. Lui aussi serait mieux sans moi. Tellement de monde serait mieux sans moi. Un soupir glissait entre mes lèvres tandis que j’ouvrais les bras le laissant se blottir contre moi sa tête sur mon torse. Ma main glissait dans son dos et je murmurais des mots rassurants pour l’aider à plonger dans le sommeil réparateur. Ce sommeil dont son corps avait besoin et qui lui ferait tant de bien. Les yeux perdus dans le vague, j’osais murmurer un « Je t’aime… » en réponse au sien. Je n’étais pas certain qu’il l’entende. Il semblait déjà sombrer un peu trop vite. Un peu trop loin. Ses bras serraient mon corps comme pour me rapprocher un peu plus et je restais là. Je restais là quelques longues minutes à attendre de l’entendre respirer paisiblement. Je finissais par me décoller doucement de lui. Mes lèvres se déposaient sur son front. Je m’éloignais. Je disparaissais de cette chambre sachant que je ne pourrais pas disparaître de sa vie. Je tenais tellement à lui… Beaucoup trop… Pourtant, il fallait que je disparaisse pour qu’il aille mieux. Non ?