(Neasar) Can't stop thinking of you

La situation déraillait en quelques secondes. Toute ma soirée se bouleversait dans cette ruelle sombre non loin du Lord Hobo. Je pensais profiter d’une soirée pas trop chargée. J’allais travailler quelques heures avant que Vaughn n’arrive pour prendre un verre et nous irions ensuite nous isoler à Carson Beach afin de discuter. Cependant, tout se modifiait à cause d’une seule personne : Caesar. Je m’étais précipité à ses côtés lorsqu’il s’était effondré. Il respirait toujours. Son cœur cognait si fort. Et putain il y avait de la drogue dans ses poches. À quel point avait-il consommé avant de venir ? Après l’avoir mis en PLS, je contactais les secours gardant un œil attentif sur lui. Lui qui laissait passer un mot. Lui qui se trémoussait au sol. Je prenais les choses en main sans attendre. Des mouvements lents et précis pour lui retirer sa veste. Oh bordel, j’aurai préféré lui retirer à un autre moment… Pour autre chose de tellement plus plaisant. Enfilant sa veste par-dessus mes vêtements pour éviter de la laisser traîner, j’entendais les secours arriver. Ma main trouvait celle de Caesar et je marmonnais sans être certain qu’il m'entende vraiment « Les secours arrivent… Tu t’accroches Honey… T’as pas l’droit de m’abandonner… Je t’aime et je veux pas te perdre… » Mes yeux ne le quittaient pas même lorsque les secours débarquaient dans la rue. Je refusais de bouger d’à ses côtés lorsqu’on l’auscultait. Ils l’embarquaient. Et moi j’étais qui ? J’étais ce gamin qui refusait d’abandonner et de laisser Caesar. J’étais ce gosse qui s’infiltrait dans le véhicule aux côtés du jeune homme étendu sur un brancard.

Les secours étaient là et ça n’apaisait pas la panique qui pulsait dans mon corps. Une panique qui ne faisait que s’intensifier parce que Caesar semblait plonger de plus en plus loin. Il semblait glisser trop profondément dans ce puits et j’avais beau tendre ma main, je ne parvenais pas à l’attraper. Je ne parvenais pas à le ramener vers moi. J’avais beau babiller tous ces mots importants, ça ne changeait rien à son état. J’avais beau confier cet attachement si grand, ça ne fonctionnait pas. Ils le transportaient. Ils l’embarquaient et je suivais. Je suivais dans le véhicule marmonnant n’importe quelle excuse pour pouvoir rester avec lui. Mon prénom glissait entre les lèvres de Caesar et j’attrapais sa main soufflant un « J’suis là… » qu’il n’entendait sans doute pas. Déjà plongé dans son inconscience. Ma jambe s’agitait nerveusement pendant tout le trajet. J’observais à peine les mouvements des personnes autour de moi. Je m’en foutais. Mes prunelles ne quittaient pas Caesar. J’avais presque envie qu’il se réveille d’un seul coup pour me dire que c’était une blague et qu’en fait tout ça n’était qu’un kidnapping orchestré pour passer du temps ensemble. Ça aurait été complètement fou. Mais, putain j’aurai préféré ça à cette angoisse. Cette angoisse dévorante de ne rien pouvoir faire. Juste être là et attendre. Attendre sans pouvoir deviner le futur. Le véhicule se garait enfin aux urgences et je suivais. Je suivais le brancard jusqu’à ce que quelqu’un me bloque la route. Quelqu’un me soufflant que je ne pouvais pas aller plus loin. Que je n’étais pas autorisé à suivre. Et je gueulais. Mon poing s’abattait sur le mur avant que je n’accepte de reculer levant les deux mains en l’air lorsque la menace de la sécurité tombait. Je reculais allant m’asseoir sur l’une de ces chaises dans le couloir. Je m’installais et je ne cessais d’agiter les jambes sous l’angoisse.

J’avais essayé de tenir dans ce couloir blanc que je détestais. J’avais essayé de prendre sur moi et de ne pas plonger dans la crise. Ne pas glisser dans la colère battant dans mes veines. Ne pas tomber dans l’angoisse bouffant mon être. Malheureusement, je me sentais glisser dans les profondeurs et ce n’était pas bon. Il ne fallait pas que je reste seul. Il fallait que je bouge, que je sorte. Lukas était venu me retrouver à l’hôpital. Cet hôpital que je quittais parce qu’on m’avait dit qu’il ne servait à rien d’attendre. Caesar était pris en charge et hors de danger. Cependant, puisque c’était une overdose, le jeune homme allait rester là pendant une semaine. Il n’aurait même pas le droit à son téléphone avant le week-end. Je détestais cette réalité. Mais, je ne pouvais que m'y plier sans faire d'histoire. J’avais pris soin de laisser mon numéro et mon nom à l’infirmière qui m’avait parlé pour être appelé s’il y avait besoin. Et j’avais quitté les lieux. Le cœur cognant trop fort, le ventre tordu et l’envie de disparaître cognant plus forte que tout. Heureusement que Lukas était avec moi sinon j’aurai pu finir sur un pont pour sauter dans le vide tant ELLE poussait.
Allongé dans mon lit, je sursautais soudainement. Le téléphone sonnait. L’hôpital. Mon ventre se serrait. Mon cœur s’accélérait. Passant mes mains sur mon visage suite au peu d’heures de sommeil que j’avais eu, je décrochais. J’étais bien Neal Hood, celui qui avait contacté les secours et accompagné Caesar. Oui j’étais bien celui qu’on pensait que j’étais pour Caesar. J’apprenais qu’il me demandait sur le champs et qu’il était préférable que je vienne. Alors j’obéissais le cœur craquelant un peu trop. Je sortais de chez moi empruntant un taxi pour me rendre à l’hôpital et me diriger vers la chambre indiquée. Une infirmière m’attendait soufflant que je pouvais rester quelques minutes seulement. J’acquiesçais me pliant aux règles avant de toquer sur la porte. Je l’ouvrais mes yeux tombant sur Caesar dans ce lit. Caesar en vie. Caesar qui avait fait une connerie. Était-ce de ma faute ? Je voulais éclater en sanglot, mais je n’en faisais rien. Je restais collé à la porte que je refermais les yeux rivés sur le jeune homme dans son lit et je murmurais « Il paraît que t’veux me voir… »

Je m’empressais de revenir au sein de la cage blanche pour Caesar. Parce qu’il me réclamait. Parce qu’il désirait me voir. Et peut-être aussi parce que je m’inquiétais trop. Je m’inquiéterai toujours tant que je ne l’aurai pas vu bouger et parler. J’avais besoin de me rassurer, de me dire qu’il était en vie et qu’il allait s’en tirer. Alors, je me retrouvais derrière cette porte à souffler pour me donner le courage d’entrer. Le courage de ne rester que quelques minutes avec lui avant de le laisser. Le courage de garder mes distances parce qu’au final tout ça c’était ma faute. Non ? Si je n’avais pas été celui qu’il était venu voir la veille, il n’aurait pas consommé autant. Si je n’étais pas entré dans sa vie, si je ne l’avais pas poussé à franchir les limites, il ne serait pas en train de sombrer comme ça. Encore une fois la preuve de ma toxicité tombait et ça m’écorchait. Ouvrant la porte, je lui jetais un regard. Lui sur ce lit. Lui vivant, mais brisé. Lui désirable, mais intouchable. Pour son bien. Refermant la porte, je m’y adossais restant sagement éloigné de Caesar à qui je murmurais quelques mots. Sa main se tendait vers moi et je ne bougeais pas. Sa réponse tombait. Foutrement inattendue. Mon cœur s’accélérait… Ou peut-être qu’il se fissurait. Je sentais mes doigts trembler. Fixant le sol, je secouais la tête marmonnant « Je… T’peux pas faire ça… Dire ça… Jouer comme ça… » Non. Il n’avait pas le droit de me faire comprendre que sa vie était mieux sans moi pour quelques jours après me dire qu’il ne voulait plus se passer de moi. Il ne pouvait pas souffler ces envies et ces sentiments alors que j’étais en train de le foutre en l’air. Mes yeux s’emplissaient de larmes alors que je relevais la tête pour le regarder « Tu… Putain… T’as vu dans quel état tu es ? Je… J’suis désolé… J’suis tellement désolé de… De foutre ta vie en l’air… Je… J’voulais pas ça j’te jure… Je… Je t’aime Caesar et je… J’voulais pas te détruire… J’voulais pas devenir ce poison pour toi… J’suis désolé… » Le sanglot quittait ma gorge et je le fixais hésitant. Ou peut-être pas si hésitant que ça puisque ma main cherchait déjà la poignée de la porte à l’aveugle pour m’enfuir loin. Pour arrêter de lui faire du mal.

Il ne jouait pas. J’avais du mal à croire qu’il ne s’amusait pas avec mon cœur à passer d’une décision à l’autre en peu de temps. Les cicatrices s’entassaient sur mon organe vital et je ne parvenais plus à encaisser. Je n’y parvenais plus à tel point que je pensais chaque jour à en finir et c’était compliqué de batailler contre cette voix dans ma tête. Les yeux emplis de larmes, je le regardais alors qu’il se lançait dans un monologue. Un monologue sur son état, sur les personnes perdues, sur ses impressions. Je mordais ma lèvre lorsqu’il parlait de ce courage qu’il avait eu besoin de trouver pour me parler. De ces désirs qu’il avait à mon égard. Et je secouais la tête négativement « Ne pas être bien n’est pas une excuse Cae’… Pas maintenant… J’suis dans un état pitoyable et je… Je ne m’amuse pas à t’faire du mal à cause de ça… » Non. Je ne soufflais pas le chaud puis le froid à mes proches simplement parce que j’étais foutu en l’air. Soupirant, je reprenais « Je t’ai dit au revoir parce que tu as clairement fait comprendre que c’était… C’est ce que tu veux… Je… J’suis désolé que tu aies perdu Drix et je… Comme j’ai dit à Tom, j’aurai aimé prendre sa place que vous continuiez vos vies tranquillement… Et je… J’sais pas qui est cette Sofia, mais désolé pour elle… Tu… T’es pas inutile… T’es pas un monstre… Mais je… Ouais t’as déconné… Et bordel, t’devrais pas avoir besoin de courage pour me parler à moi Caesar… J’croyais que tu pouvais tout m’dire… Et… J’arrive plus à suivre… Je… » Je glissais une main nerveuse dans mes cheveux en soupirant relevant mes prunelles emplies de larmes sur lui « Tu veux pas que je te quitte… Tu veux pas me lâcher… Mais merde… Il y a quelques jours à peine, rien n’était possible parce que tu peux pas… T’veux pas… Je… J’y comprends plus rien… » Je marchais de long en large sentant l’angoisse monter dans mon être. Je m’arrêtais soudainement en entendant les autres propos prononcés par le jeune homme. Mordillant nerveusement ma lèvre, je confessais « Lukas est au courant… Il est v’nu me chercher ici parce que ça allait pas alors il sait… » Je jouais carte sur table ne cherchant pas à masquer la réalité. « Mais j’lui demanderai de rien dire et il ne dira rien… Je ne dirai rien… Et je… Tu… Tu pourras continuer ta vie ici avec… Avec j’sais pas qui… Ta Sofia p’tetre… Ou Tom… Ou l’un de tes plan cul… J’en sais foutrement rien putain… Je… Merde… Caesar… » Je m’approchais soudainement de lui. Trop rapide. Peut-être un peu trop brutal. Mes mains se déposaient sur les joues de Caesar et je l’obligeais à me regarder dans les yeux. Si proche. Trop proche de lui. Les larmes coulaient le long de mes joues alors que j’avouais dans un sanglot « Tu m’as fait peur ! »