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9h55 ; " Et vous souhaitez quelle couleur Mademoiselle Marriott-Wildingham ? " Je regarde la palette devant moi et soupire doucement. Rouge, comme au bal ? Noir, je trouve que ça fait négligé. Le rose pale, c'est ma marque de signature et je ne porte pratiquement que ça. Mais aujourd'hui, j'ai envie de changer un peu. Mon index droit tendu vers la plaquette, je montre le baby blue qui me fait de l'oeil. Ça change et ça reste quand même discret. " Pour Thaïs, c'est du transparent, des paillettes si elle en veut et c'est tout " Que je lance avant de me concentrer sur mon entourage. Je suis contente que Francesca soit venue avec nous. Ça va lui faire du bien de changer d'air aussi, de ne pas passer sa journée à penser à Tallev, à leur couple et à faire la crêpe au soleil. Elle a bronzé, certes, mais c'est mauvais pour la peau, tout le monde le sait. Mes mains sont vite dénudées de vernis, de leur couche spéciale pour qu'ils durent plus longtemps et ne cassent pas à tout va. Des boissons nous sont rapidement servies et je lève les yeux vers l'écran géant qui montre des images qui ne sont pas bonnes à voir pour tout le monde. Seulement, Thaïs ne fait pas attention, elle choisit ses paillettes. Argentées, dorées, roses, bleus, violettes, il y en a pour tous les gouts ! Et rapidement, mon regard ne peut pas se décoller de l'écran. " Montez le son " Que je lâche, sèchement. Je fixe l'écran et mes mains commencent à trembler. La photo de Wesley est en haut à gauche de l'écran et je peux lire les mots "man shot by a former employee". Je déglutis difficilement et appuie moi même sur le bouton du son. La journaliste explique que Wesley, en route pour sa réunion, s'est fait tiré dessus. " Non, non, non, non, non " Mon sang ne fait qu'un tour. J'attrape mon téléphone, préviens Dimitri de descendre immédiatement au salon avant d'embrasser Thaïs - lui expliquant que tata revient vite - et ma meilleure amie qui n'a pas le temps de m'embrasser, de me retenir, rien. J'attrape mon sac et compose le numéro de Karl. Dans 2 minutes dehors. Je cours dans les escaliers, dans le hall d'entrée et saute dans ma voiture en direction de l'hôpital. J'en profite pour prévenir Will, expliquer plus de choses à Dimitri sur mon départ précipité, prévenir aussi Maria. Mes notifications sont folles et je ne cesse d'envoyer des messages à Wesley pour lui demander si c'est une blague, pourquoi est-ce qu'il me fait ça mais aussi, voire surtout, de ne pas mourir. Pas maintenant. Pas aujourd'hui, ni demain.
10h43 ; " Vous avez intérêt à me retrouver Spence Davis ou je vous jure que je colle une rançon sur sa tête " Que je crache presque au visage des policiers alors que je suis en salle d'attente. Personne ne sait rien, personne ne sait où il est parti et si les cancans vont bon trains, personne ne vous nous donner des nouvelles de Wesley pour le moment. Will est en chemin et je ne suis personne de la famille. C'est à ce moment que je me rends compte que j'ai bien oublié de prévenir une personne : Hope. Il est 10h45 lorsque je lui écris un message simple et court. Je n'ai rien de plus à lui dire que son futur ex-mari s'est fait tirer dessus et qu'il est entre la vie et la mort, dans son propre hôpital. Peut-être qu'elle n'en aura rien à faire mais j'ai fais ce que j'avais à faire. Maria est avec moi et elle doit me prendre pour une folle. Je passe de debout à assis aussi vite que Tigrou saute à l'aide de sa queue en ressort. Mes talons claquent sur le sol et je pose violemment mes mains sur le bureau des infirmières qu'elles vont finir par me demander de rentrer chez moi si je ne finis pas en cellule. Au loin, je vois Will arriver et je fonce dans ses bras, contournant la poussette d'Eden avec brio. " Il a perdu beaucoup de sang… Il est au bloc " Que je souffle avant de lâcher l'étreinte et de le laisser partir vers Maria. Je ne suis pas de bonne compagnie depuis le début de cette matinée. J'ai peur, j'ai tellement peur. Je m'isole un peu, écris de longs messages sur mon téléphone et n'en envoie que quelques uns.
11h22 ; Un docteur entre dans la salle d'attente, se dirige vers le bureau des infirmières et je les vois hocher de la tête en direction de Will et Maria. Je file vers eux pour ne louper aucun morceau. La balle a principalement traversé un muscle, son pronostique vital n'est pas engagé, à moins d'une complication. Mes mains tremblent et c'est bientôt mon corps entier qui se met à trembler. Il est dans un coma artificiel à cause de la perte de sang. La dose de produits chimiques va être réduite rapidement, dès qu'il aura récupéré. J'attrape la main de Will pour ne pas m'écrouler, pour ne pas m'effondrer devant toute la salle d'attente. Le regard vide, j'ai le visage qui tourne sur la scène devant moi. Il y a des gens qui nous envient d'avoir des nouvelles, des personnes qui pleurent, effondrées, et d'autres qui tendent de garder leur calme parce qu'ils n'ont pas le choix. Personnellement, c'est à ce moment là que je perds mon calme. Je sors en courant de la salle d'attente et ne m'arrête qu'une fois dans le parc de l'hôpital. Assise devant un banc, en boule, j'essaye de me contenir, de ne pas hurler pour n'effrayer personne. C'est tellement dur. J'ai peur, terriblement peur. Peur de le perdre. Peur de me retrouver toute seule. Peur de voir Andrew débarquer à tout moment et nous lire le contenu de son testament. Inspire, expire Ella, tout va bien se passer, il est fort. Et quand je ne crois plus aux conneries que je me raconte, que mon estomac se vrille et que je suis obligée de courir vers une poubelle pour rendre les quelques popcorns mangés hier soir, je décide de rentrer. Je demande à Will de m'indiquer la chambre de son frère dès qu'il la saura et je me dirige vers la Chapelle où je reste pendant un certain temps. Pour tout dire, cinq minutes ou trois heures, je n'en sais rien. Je suis à genoux, les mains croisées devant moi et je prie. Je récite ces passages de la Bible que je connais par coeur. Je confesse mes péchés et quand mon téléphone vibre dans la poche de ma jupe, je regarde rapidement. Mes résultats sont arrivés. Les résultats de mon kit d'il y a dix jours sont là… Je me lève, me dirige vers l'endroit où on peut retirer tout cela. Je suis un robot, mes pieds me guident mais ma tête est ailleurs, probablement toujours dans la Chapelle. Les papiers en mains, je les serre contre ma poitrine et souffle " T'avais promis qu'on les ouvrirait ensemble "
Fin d'après-midi ; Mon portable vibre à nouveau. C'est Will. Son frère est en chambre. J'arrive rapidement, l'estomac vide, et quand je le vois branché à je ne sais combien de machines, je suis obligée de cacher mon visage et d'étouffer un gémissement de douleur derrière l'enveloppe de l'hôpital. Je fais un pas en direction de la chambre et on m'arrête. Seulement la famille. Je dévisage l'infirmier qui me barre le passage et le fusille du regard " Si vous ne voulez pas devoir trouver un nouvel hôpital où exercer, dégagez de mon chemin " Que je crache, haineuse et clairement pas prête à ce que qui que ce soit se mette en face de moi. Je le refuse, tout simplement. La sécurité arrive et je les regarde un à un. " Je veux voir le chef du service, tout de suite. Dites lui que Mademoiselle Marriott-Wildingham est là " Et s'il n'y a pas de plaque au nom de ma famille à l'étage où Wesley se trouve, il y en a une à l'étage oncologie. Nous avons fais une jolie donation après la mort de mon père pour remercier le personnel soignant, ceux qui lui ont permis de partir avec un sourire sur le visage. Le Chef de service est rapidement là et on m'accorde l'accès à la chambre de Wesley. Je ne fais pas attention à qui est là, qui n'est pas là. Il ne peut y avoir que ses parents, Will, Maria, Eden et peut-être Hope. Je fonce sur le lit, les yeux pleins de larmes et attrape sa main. " Me fais pas ça. Tu m'as promis qu'on apprendrait tous les deux ce que c'était qu'aimer, qu'être amoureux. Bats toi Wesley " Les machines s'emballent, je suis vite écartée et je bute contre une chaise. Will est là. Je croise son regard et souffle " Il peut pas faire ça… " Et quand tout revient à la normale, je laisse mon enveloppe avec Will et file au chevet de Wesley. Cette fois, je me mets du côté gauche et prends sa main dans la mienne, à nouveau. " J'ai reçu mes résultats de test… Je peux pas les ouvrir sans toi. Tu m'avais promis qu'on les ouvrirait ensemble… Qu'on affronterait ça ensemble " Que je lâche, étouffant un sanglot en me raclant la gorge. " PI t'appartient pas encore alors je t'interdis de mourir alors que t'as pas 100% de l'entreprise. Tu m'entends, je t'interdis de te laisser aller Wesley ! " Mon ton change, ma voix est presque menaçante. " Je suis prête à te menacer toute la soirée s'il le faut ! Je t'avais dis, s'il t'arrive un truc, je mets les meilleurs médecins du pays sur le coup, pour te sauver et pouvoir te tuer après. Alors réveille toi ! " Mon ton est sec, froid, colérique presque. Et puis ma voix se brise à nouveau. " Par pitié, réveille toi " Je mords ma lèvre inférieure, ayant du mal à me contenir. Les larmes ne couleront pas mais elles titillent le ras de mes cils. Il ne peut pas me faire ça, pas maintenant… Mes lèvres se portent à ses doigts et j'embrasse sa main, dans l'attente d'un geste, d'un mouvement, de quelque chose. La voix d'Eden me vient dans les oreilles et je ne fais pas attention. Je sais qu'il est bien entouré, il n'a pas besoin de moi mais Wesley… Si. Ou c'est moi qui ait besoin de lui. C'est une bonne question.… just come back to me, please.
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