I got you...under my skin [Soli]

Quand il n'y a plus d'espoir moi je ne cesse de croire que ce sera meilleur.

Garett avait tendance à faire de moi sa bête noire, jusqu’à maintenant ça ne m’avait jamais vraiment posé de problèmes, bien au contraire puisque je ne pouvais pas l’encadrer mais la situation était tellement différente à ce stade que je ne pouvais tout simplement lui permettre de me charger, tel un animal qui transportait une charrue alors que les torts étaient partagés. Jamais il ne m’avait laissé une seule petite chance de voir au-delà du connard égocentrique et dégouté d’avoir vu son ex s’envoyer en l’air avec ma petite personne et peut-être que je n’avais jamais non plus été le mec attentif et qui lui laissait de quoi comprendre que je n’étais pas uniquement cet abruti qui le dégoutait mais il ne voyait pas les choses en prenant du recul et je tenais à lui faire comprendre qu’avec moi ça ne marcherait pas s’il n’était pas objectif. Le pire dans cette histoire c’est que je connaissais énormément de choses à son sujet, depuis que nous avions fait l’amour je m’étais renseigné, savoir qui il était me paraissait fondamental, surtout lorsqu’il occupait mes pensées aussi régulièrement que ça pouvait être le cas à l’heure actuelle. « Ah oui? Et que sais-tu donc de moi? » Il ne me croyait pas ? Il était curieux de savoir tout ce que j’avais appris de lui ? Très bien, je relevais la tête souriant amusé brisant finalement le silence pour énumérer de manière non exhaustive toutes les choses que je savais le concernant. « Eh bien, je sais que tu es né le 14 janvier 1993. Je sais que tu a des origines espagnoles et que tu es d’ailleurs né à Madrid. Oh, tu es étudiant en première année de communication, tu viens d’un milieu aisé, ta mère était mannequin et… Si je ne me trompe pas ton père est un designer ! » Il allait être surpris de toutes les informations que je possédais à son sujet, que voulez-vous, être très populaire pouvait être plus qu’utile. Je parlais ensuite plus sincèrement encore lui faisant comprendre que je ne cherchais pas à le jeter comme une merde lorsque je lui avais imposé une certaine barrière après la première partie de nos ébats, je ne voulais juste pas aller trop vite. C’était compréhensible je pense. « Qui est...Liam ? » Il ne le connaissait pas ? J’oubliais toujours que certains de mes proches n’étaient pas des gens populaires qui connaissaient tout le monde ou presque. « C’était… Mon petit-ami… Il est décédé récemment dans l’attentat qui a été commis sur Harvard, je m’en suis sorti mais pas lui ! » Ma gorge se nouait rien que d’en parler. « Il est donc trop tôt pour que je pense à faire plus que flirter. »

Quand il n'y a plus d'espoir moi je ne cesse de croire que ce sera meilleur.

Lorsqu’on me posait une question j’y répondais, lorsqu’on me défiait de répondre pour prouver mes propos alors j’y allais encore plus fort, je n’hésitais pas à lui fournir le plus de détails sur sa propre vie, peut-être qu’il serait mal à l’aise mais c’était aussi une manière de lui prouver que je n’étais pas uniquement intéressé par son petit cul que j’aimais pénétrer. Non, je m’intéressais tout simplement à lui, sa personnalité au-delà du fait que ce soit un petit con qui me tapait souvent sur le système. Je ne restais que très rarement sur des ondes négatifs, c’est vrai, quand on y réfléchi bien il y avait très peu de personnes avec qui mon entente n’était pas appréciable, peut-être Andy mais cet homophobe de première me dégoûtait, je faisais parfois le faux-cul avec lui pour ne pas faire d’histoires puisqu’il était proche d’un certain nombre de mes amis. Passons, je le voyais à la fois touché et mal à l’aise, mes prédictions étaient rarement fausses, voilà un exemple aussi flagrant que d’habitude. « Je ne pensais pas que tu m'accordais autant d'importance au point de savoir tout cela...Je suis réellement touché. Certes, je ne connais absolument rien de toi, ton prénom, ton âge, tes origines, ta situation...mais en revanche ce que je sais, est que j'ai passé un agréable moment avec toi, un moment que je n'ai jamais passé avec personne. Et pour te dire toute la vérité...cela va faire 1 semaine que je suis obsédé par toi, je pense à toi, je rêve de toi...la vérité est que je suis venu ce soir dans ce club afin de trouver une strip-teaseuse capable de te virer de mon esprit et cela n'a pas marché... » Je ne sais pas comment je devais prendre ses propos, bien-sûr que j’étais très touché, ça me faisait même très plaisir mais la situation m’effrayait également énormément. En effet, je flippais à l’idée qu’il puisse tomber accro à moi et que je le suive bêtement, je me connaissais, depuis quelques temps je tombais amoureux tellement plus facilement que par le passé et je ne voulais pas remplacer Liam comme s’il n’avait jamais été rien de plus qu’une connaissance pour moi, je me sentais trop mal pour lui faire ça. « J’ai plus de classe que n’importe laquelle des stripteaseuses du coin, tu devras taper plus fort si tu veux m’oublier sans être prétentieux. » Je souriais amusé m’installant tranquillement, tant pis pour mes potes, je voulais être encore un peu en sa compagnie. « D'ailleurs...comment tu t'appelles? » Il ne connaissait donc réellement pas mon prénom, je souriais buvant cul sec ma vodka en commandant une nouvelle tournée pour nous deux. « Soliman ! Enchanté. » Autant faire les choses dans l’ordre ! « Je suis désolé d'apprendre cela. J'ai perdu moi aussi une amie durant cet attentat et je sais ce que ça fait. » Je me mordillais la lèvre, en parler me retournait encore mais j’allais faire avec, comme toujours. « Désolé pour ton amie. »

Quand il n'y a plus d'espoir moi je ne cesse de croire que ce sera meilleur.

Je ne savais plus comment réagir à ses propos, je flippais pour être complètement honnête parce qu’il n’était pas dans mes habitudes de tomber amoureux, c’est bien simple depuis que ma copine sur le long terme, ma plus grosse relation m’avait cocufié à la fin du lycée avec mon meilleur ami dans ma propre chambre je ne voulais plus vraiment m’engager, Charlie avait réussi puis Liam mais à chaque fois je m’étais largement débattu contre mes sentiments pour ne pas souffrir à nouveau. Ici je n’étais pas amoureux, juste intrigué et attiré par Garett, il y avait une différence de taille mais je ne savais pas ce qu’il en était de lui et c’est ce qui me préoccupait. « Rassure toi, je n'ai plus tellement envie de t'oublier. » Encore une phrase qui me faisait un peu peur, je ne voulais pas qu’il s’attache à moi, il serait déçu, je n’étais pas un mec avec qui se caser durablement, je n’en étais pas capable, du moins c’est ce que je pensais. « Euhm… On en reparlera dans quelques semaines ! » Je souriais amusé même si je ne pouvais dissimuler une pointe de gêne, je ne savais pas comment me comporter pour le coup et c’était bien une première. Je me présentais plus en détails, il ne connaissait rien de moi après tout. « Et bien enchanté de même Soliman! Algérien, Tunisien ou Marocain? Ou alors je suis totalement à coté ? » Je souriais repensant à mes origines que j’avais un temps cherché à masquer dans le coin pour ne pas être la cible des racistes. A présent que j’étais parmi les mecs les plus populaires du campus je l’assumais complètement. « Je suis algérien… J’ai immigré ici avec mes parents lorsque j’avais huit ans. » Je parlais couramment l’arabe, l’anglais et le français, une chance pour moi qui me permettait de me distinguer de certains. Je buvais cul sec mon verre, je tenais très bien le choc étant un habitué des soirées sur le campus, l’avantage d’être étudiant depuis six ans dirons-nous. « Et sinon, que comptes-tu faire après? Il commence à se faire tard. » Bonne question, je jetais un coup d’œil à mes camarades répondant sans réfléchir. « Je n’ai rien de prévu… Pourquoi ? »

Quand il n'y a plus d'espoir moi je ne cesse de croire que ce sera meilleur.

Ce n’est pas réellement le fait d’avoir eu peur à un moment ou un autre d’être amoureux, j’appréciais vraiment la sensation qu’on éprouvait mais c’était surtout un désir de ne pas en subir les conséquences. L’éloignement de ses amis, la souffrance endurée lorsque plus rien n’allait et que l’on finissait par retrouver l’autre dans les bras de quelqu’un d’autre, un proche de préférence pour bien frapper là où ça faisait mal. Non, je n’étais plus capable de vivre une histoire comme ça, c’est bien simple, si j’avais pu quitter Harvard pour me rendre dans une forêt et y vivre tout seul tel un indien sans l’aide de quiconque je l’aurais fait sans hésitations. Depuis ce putain d’attentat je n’étais qu’un Soliman diminué, même au sexe je n’étais plus le jeune-homme plein de fougue que j’étais auparavant, si Garett avait pris son pied l’autre jour je ne vous explique même pas ce qu’il risquait d’éprouver lorsque je serais en pleine forme. Au fond je souhaitais plus qu’autre chose me remettre en selle mais la route était longue et le jeune homme n’était qu’une source de stress supplémentaire. L’entendre me dire des choses aussi gentilles et romantiques n’était pas désagréable en soi mais ça m’effrayait, je n’étais pas prêt, une relation officielle était encore inenvisageable à mes yeux, c’était comme de demander à un homme qui viendrait de voir sa jambe amputée de courir un marathon avec une prothèse, la tentative serait vouée à l’échec quoi qu’il puisse arriver. « Exactement, car tout compte fait je pourrais peut-être me lasser... » Il était vraiment mignon mais je ne croyais pas une seule seconde à ses propos, je me contentais de sourire répondant sur un ton défiant. « Tu n’y arriverais pas ! » Nous changions totalement de sujet pour aborder ma double nationalité. Aujourd’hui je l’avais abandonnée pour embrasser ma nationalité américaine, fini la nationalité algérienne et je m’en portais aussi bien. Je n’y étais pas retourné depuis quelques années et même si je m’étais projeté pendant un moment là-bas pour présenter Liam à ma famille une fois que j’aurais pu le faire à mes parents qui vivaient à New-York et bien, visiblement le tout était remis à plus tard. « Intéressant, j'ai moi même passé une partie de mon enfance en Espagne. » Je ne disais rien mais je le savais déjà, n’oublions pas que je m’étais renseigné à son sujet, je hochais donc la tête, signe que j’avais entendu. « Pour rien! La vodka est plutôt pas mal et les strip-teaseuses assurent...et sinon tu es déjà venu ici auparavant ? » Okay, je l’avais effrayé avec mes propos. « Ecoutes Garett, ne chasse pas ton naturel pour moi, tu perds tout ton intérêt sinon… Si tu veux venir boire un verre dans ma chambre tu es le bienvenue ! »

Quand il n'y a plus d'espoir moi je ne cesse de croire que ce sera meilleur.

Garett avait vraiment un effet très étrange sur moi, en plus de me mettre mal à l’aise avec ses propos qui ne faisaient qu’accentuer cette impression que j’avais et qui faisait comprendre que je n’étais clairement pas prêt pour me caser à nouveau seulement un mois après le décès de mon petit-ami dans une des bombes qui avait frappé le campus il parvenait à me faire sourire et même rire. Le voir se débattre et s’enfoncer dans des propos dont il ne pensait même pas un mot juste pour sauver les apparences était vraiment mignon. Il voulait vraiment bien faire les choses pour ne pas me brusquer et j’appréciais sa tentative de faire tout correctement pour que je puisse, au bout de la route finir dans ses bras et plus dépendant que jamais mais il en était loin. S’il y avait une chose qui ne me laissait jamais de marbre c’était avant tout la franchise, même en me faisant très peur par ce déboulement de sentiments il avait toutes les cartes en main pour me séduire et briser les chaines qui retenaient cette partie de ma personnalité qui n’attendait que de connaitre un amour sincère et passionnel à nouveau. Je ne lui dirais pas cependant, je ne voulais juste pas qu’il soit en retenue juste pour me faire plaisir, ça n’était pas lui, il ne me plaisait pas sans sa fougue, sans sa franchise. Le lui faisant remarquer tout en regardant à côté de lui le barman qui le dévisageait je ne pouvais retenir un petit gloussement, okay, il était plus prudent pour lui que nous quittions l’endroit, de toute manière je ne m’amusais pas ici et je saisissais donc l’occasion pour que nous puissions aller boire un dernier verre dans ma chambre, ce n’était pas une proposition masquée, ne soyez pas pervers, juste boire un coup, rien de plus dans ma tête… Pour le moment puisqu’on ne sait jamais ce qui peut se produire. « Je..tu as raison. En fait les strip-teaseuses sont lassantes, je sens que je vais finir par écorcher ce barman et ne me demande pas pourquoi, et enfin...j'ai envie d'être plus au calme. Bref, je te suis. » Je souriais amusé, ainsi il voulait étriper le barman qui ne me quittait pas des yeux ? « Tu es jaloux ! » Je me mordillais la lèvre inférieure quittant après quelques minutes la boite pour rejoindre ma voiture, j’attendais qu’il soit monté pour prendre la direction du campus.