Don't know where I'm heading - WESLA

C'est une danse. C'est un jeu. C'est malsain. Mais j'en redemande. Toujours. Parce que c'est pour cela que je vis. Et je m'autorise à croire que toi aussi. Nous ne sommes pas sains, nous ne voulons pas de facilité, de douceur. On veut se torturer, ressentir quelque chose, se pousser à bout pour mieux se retrouver. Ou se détester. Parce que son visage, plus je le regarde et plus j'ai envie de le gifler. Mais c'est peut-être ça aussi, la vie. Il ne va faire que de s'imaginer que tout est insonorisé à la perfection parce que je ne me lancerais pas sur ce jeu. Il serait capable de vouloir me faire crier certaines choses pour assouvir son esprit et ses envies et je le refuse. Et ce que j'ai envie de crier, personne n'a envie de l'entendre. Enfin, pas lui, pour sur. Les gouttelettes le long de sa mâchoire me rendent folle. Tout chez lui m'électrise. Je pense même que s'il pose une main sur moi maintenant, je risque de disjoncter. " Oui je comprends. Il y a beaucoup à gagner et à perdre ici " Et je ne sais même pas vers quoi la balance pencherait en cas d'écart de conduite. Enfin, pour ça aussi, il faudrait déjà définir ce qu'est un écart de conduite. Le baiser dans l'ascenseur ? Probablement un. Mais c'est tout. Nous sommes très professionnels tous les deux. Enfin, c'est ce que je crois jusqu'à ce qu'il se rapproche de moi et qu'il pose sa main sur mon cou. Je déglutis difficilement et soutiens ce regard qu'il me lance. C'est moi qui vais avoir besoin d'une bonne douche putain. Ses lèvres frôlent les miennes et mon cerveau se met sur pause. J'ai l'impression de partir, de m'évanouir, de disparaître sous le désir. Mes mains le long de mes cuisses, j'appuie mes doigts sur ces dernières, comme au Jardin Japonais l'autre fois. C'est ma façon de me concentrer, de ne pas vaciller, de ne pas me perdre. Ses mots m'assassinent et je ne sais pas quoi répondre. J'ai envie d'y être, sur ce menu. Mais en même temps, je ne suis pas une femme que l'on fait venir dans sa suite pour s'occuper de ce qu'aucune autre n'est capable de faire. Je le laisse quitter la salle de bain et reste là quelques secondes. J'entends le bruit de ses chaussures dans l'escalier et je pourrais le pousser. Il n'y a pas de rembarre ici. Une pression dans le dos et il pourrait dévaler les escaliers. Bye bye. Je pourrais le faire, j'en serais plus que capable mais s'il retombe bien, c'est une action pour rien. Alors, pour me contenter, j'attrape le verre à brosse à dents que je lance à l'autre bout de la salle de bain. Il éclate en milles morceaux et souffle un léger " Oops " Avant de me diriger vers l'étage principal de cette suite. Cet excès de colère, ce verre brisé, c'est tout ce dont j'avais besoin pour me ressaisir. C'est ma vie et j'ai le contrôle. Un talon sur l'escalier et je me rends compte que mes jambes sont encore dans la salle de bain. Ou peut-être même dans l'ascenseur. Mais c'est tête haute que je descends et le retrouve rapidement près de la table basse. Je me laisse tomber sur le canapé blanc et croise son regard. " Alors, la prochaine fois que l'on se voit, c'est pour signer un pré-accord ? " Que je demande, croisant mes jambes, comme pour me redonner de la force. Putain que je n'aimerais pas être un mec à ce moment parce qu'on pourrait voir depuis Mars ce dont j'ai envie. J'attrape mon verre et le tend vers lui. Nous n'avons pas trinqué au champagne mais nous le pouvons maintenant. J'ai déjà hâte de boire ce verre. Mon regard glisse d'ailleurs sur ce dernier et je sais que je vais devoir le remercier pour avoir gérer cette livraison sans que je lui dise quoi que ce soit. Ce sont les verres gravés au nom de l'hôtel et les glaçons dans le verre sont ma dernière lubie : des cubes qui ne fondent pas - pour ne pas ajouter d'eau dans l'alcool - et ils sont en forme de M. Une parfaite réplique de notre si célèbre M. Tout est parfait. Rien ne pourrait foutre quoi que ce soit en l'air à ce moment même.