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Je ne sais même plus comment la colère a commencé à verser entre nous. De ma fureur qui s’empoigne à la tienne. L’affrontement de deux mules. Et on ne lâche pas l’un comme l’autre. Deux facettes d’une même pièce, aussi contradictoires que semblables finalement. C’est ma colère qui est venue s’abattre sur ces murs, ce verre que j’ai brisé comme une enfant capricieuse avant de verser les larmes en silence. Je n’aurais pas eu assez de mes poings, ni même de ma gorge en fureur pour apaiser la violence que tu avais fait naître dans mes entrailles. C’est donc cela l’amour ? Aimer aussi passionnément qu’on déteste ? Il n’y a qu’une seule certitude Devon. A ton contact, je m’embrase, je me consume. Des plus célestes volutes aux plus noires flammes. Mais on ne voit que la jeunesse dans mes traits enfantins, une rancœur de Gamine, un orgueil prenant trop de place pour le frêle de ma silhouette. Alors je retrouve mes réflexes. Je lorgne mon indépendance, ma propre appartenance au monde. Je viens cueillir la nuit de mes ombres. J’erre comme je l’ai fait après Eux tu sais. Un toit et puis deux. De la drogue. Bien trop sans doute. Et ce réflexe de me protéger de la rue. Adopter un coin sombre, en repli. J’ai fermé les paupières tout juste quelques heures, épuisée, avant d’être embrassée par la chaleur du jour. Les muscles souffrent, la peau pleure encore, et les pas chancellent. C’est pathétique tu sais ? Je t’imagine, insaisissable, droit, fier, avec d’autres femmes même peut-être. Dans la chaleur d’un lit, dans le confort de draps, quand l’asphalte a paré mes inconsciences. Je suis bien trop jeune face à toi. Pathétique, c’est le mot oui. Chancelante encore, j’ouvre la porte de notre appartement, le trouve désespérément vide. Et je comprends que toi aussi, tu n’es pas resté là. La noirceur s’obstine sous mes yeux, et je viens poser mon sac, ma veste, les clés et puis le peu de dignité qu’il me reste. Et si tu ne revenais pas ? J’enlève mes vêtements encore transie par le froid avant d’aller sous la douche. Contemple mon reflet quelques secondes. Mauvaise Fille. Mauvaise Tête. Il n’y a que la solitude qui t’accueille, te tolère Lyra Bain. Le jet d’eau me réveille quelque peu, engourdie encore, alors que l’eau me lave, on n’y voit plus le sel au milieu de celle-ci.
@Devon Bulger féuntrucbo
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