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Je n’avais pas spécialement d’ambitions sur ce monde. Les nuits, je les imaginais douces, poétiques, un brin macabre mais fantastiques. La vie m’a appris autre chose depuis. Elle m’a appris la peur au ventre, la suspicion mais surtout qu’on ne s’élève que par sa propre force, sa seule volonté. Je n’avais plus de sens sur tout ça, hormis de les venger. Et puis, il y a eu Devon. Et avec lui, une ambition de déployer de plus noires ailes sur le monde. De régner, de l’aider à s’élever, douce et intransigeante, je serai ce joyau muet qui l’aiderait à briller de toutes les ténèbres dont il est capable. Alors un sourire s’accroche à mes lèvres à ta question. « Je sais surtout qu’on est toujours mieux servi par soi-même. Qu’il vaut mieux dévorer avant de l’être. » Il n’y a pas de pitié, pas de compassion, et encore moins pour nous autres pauvres femmes. On doit apprendre l’habileté, la stratégie aussi. Et j’en aborde les prémices, laissant les naïvetés enfantines au placard, les retrouvant pourtant avec plaisir dans ta compagnie. « Et toi ? » Je ne sais pas ce que tu fais, je ne sais pas ce que tu imagines, ce que tu prépares pour le monde et ma curiosité est piquée, je dois bien l’avouer. Je viens t’offrir quelques délices de poison, un coton doux pour les sens, de quoi améliorer l’obscurité ambiante et c’est avec un certain plaisir que tu te l’offres. « C’est bon non ? » Bon de sombrer, de se laisser aller quelque peu, de laisser parler les démons pour mieux les apprivoiser. On est pas ici pour longtemps autant cueillir ce qui nous est offert, dans le paradis comme dans l’enfer. Les notions sont trop binaires, la vie c’est un entremêlement des deux extrêmes, un constant paradoxe. A l’image de ce que nous tissons toi et moi. Mes yeux brillent malgré les noirceurs, conquérante frêle face au monde. Je te dévoile mes trésors alors que ma gorge aspire une nouvelle goulée de fumée heureuse. « Il va falloir être prudente. » que je souffle en me mettant en marche, sautant entre les toits, trouvant des chemins là où la plupart ne connaissent pas, je suis comme un chat sous la lune, Vagabonde experte, moins sur Boston mais tout de même. Jusqu’à arriver sur un rebord plus à l’écart, d’où la vue est parfaite, je te tends la main pour que tu me rejoignes, dévoilant une vue parfaite sur la ville, agrémentée d’un abri et d’un simple matelas. « C’est un ami qui m’a emmené là, il n’est plus là depuis, c’est un peu son héritage. » Un coin que j’aime hanter parfois, me rappelant celle que j’étais alors, et celle que je suis devenue depuis.
Les Fleurs du Mal
w/ @Veïa Alvisio
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