DAWHARA - i know you're dying to meet me

si c'est triste à vingt-quatre ans, presque vingt-cinq, d'se faire faire la morale par sa propre mère. hurler c'tait pas le bon mot, car maman sears elle ne "hurle" pas, elle "parle fort" pour utiliser ses propres mots. et si tu l'avais pas eu au téléphone y aurait eu des chances que t'arrives à l'entendre depuis le kentucky. déjà l'annonce de toute cette histoire, parce que t'avais eu besoin qu'on te confirme les informations d'source sûre, pas d'une vieille prise de sang, c'pas fiable la médecine. elle t'avait expliqué les grandes lignes, celles que tu avais refusé d'entendre depuis ton enfance car c'tait douloureux, découvrir une partie d'toi que tu détestais. t'avais suivi ses conseils, ou plutôt ses ordres, parce que la fille que t'avait vu à l'hôpital elle était dans l'même bateau que toi, y'avait aucune raison de l'accabler. alors t'avais rampé à contrecoeur jusqu'à l'accueil où t'avais réussi à avoir son adresse, normalement c'est illégal ouais, mais t'étais tombé sur l'infirmier de l'autre fois et avec la comédie comme quoi tu voulais tellement tisser un lien avec elle ... il y avait vu que du feu. quelques jours plus tard t'es là, à la débauche du barking crab quelques rues plus loin, comme par hasard, à  chercher l'endroit en question. un micro bouquet d'fleurs à la main, ta mère t'avais menacé d'venir ici si jamais tu te comportais pas convenablement, et elle avait insisté qu'un cadeau d'excuse c'tait la moindre des choses. tu traines des pieds, t'as mieux à faire dada, tu t'sens piégé, ça t'apprendra à être sincère avec ta mère. elle t'avait pas dit d'devenir un frère du jour au lendemain, mais seulement d'reconnaitre que t'avais abuser et que tu voulais pas la faire partir comme ça. tu sonnes au duplex portant l'numéro qu'on t'avait donné, l'nom moon à côté. t'attends quelques instants et la porte qui s'ouvre. m'la claque pas au nez s'teuplait, j'ai une migraine déjà. à travailler dans un resto ça arrive souvent avec les clients et la musique ambiante. tu restes sur l'palier à fixer adhara moon, l'bras qui se lève mécaniquement pour lui tendre la composition florale qu'la fleuriste t'avait composé "pour quelqu'un à qui vous tenez ?". non, pas plus que ça t'avais répondu en haussant les épaules. pardon d'avoir été lourd la dernière fois. c'tait l'avis de ta mère, pas l'tien, bien connu que dawie n'éprouve pas de remords quand il s'amuse. et avant d'appeler la police parce que j'ai ton adresse, c'est l'mec de l'hôpital qui t'a balancé. aucune gêne à l'jeter sous le train avec toi.

poupée exténuée, journée de repos méritée.. pour au final passer sa journée à bouger. adhara l'instable, l'étoile est filante, ne peut pas s'empêcher de voguer de gauche à droite. magasins, promenade en ville, et même un détour par le badgirlz pour s'assurer que tout allait bien. control freak ? peut-être un brin. mais elle aime avoir l'esprit sous haute tension plutôt qu'en veille. ça évite les pensées parasites. mais ce soir, c'est pop corn, netflix et plaid. la blonde arborant désormais une crinière barbe à papa d'un rose pastel déambule dans son duplex en jogging, tire ses longueurs en arrière pour les attacher pendant que le pop corn est dans le micro-ondes. le dilemme maintenant c'est : café ou chocolat chaud avec plein de chantilly ? est-ce raisonnable ? au fond, soyons honnêtes : elle a déjà fait son choix dès qu'elle a pensé à la chantilly. et c'est alors qu'elle se dirige tel un sniper en quête de sa cible vers son frigo... qu'elle entend sonner. sourcils qui se froncent, la poupée dévie de sa trajectoire, non sans laisser apparaître une moue... contrariée sur ses lèvres. et pire, c'est une mine déconfite qu'elle arbore quand elle reconnaît le grand brun devant sa porte. reconnaît.. à défaut de ce que son père a fait, visiblement. les doigts se serrent autour du bois, ongles qui tapotent nerveusement dessus. « je comptais pas le faire. » mais son ton laisse clairement entendre sa gêne. et c'est pire quand il lui tend... des fleurs ? les opales s'écarquillent. clignement des yeux intempestif. « hein ? » c'est plus fort qu'elle, ça sort tout seul. elle comprend pas. et il s'excuse. balance au passage l'autre abruti d'interne de la dernière fois qui a donné son adresse. « pas étonnant, il a pas l'air à l'aise avec le concept de confidentialité. » fort à parier que papa moon voulait pas forcément que sa progéniture se rencontre, encore moins de manière aussi improvisée. « et t'as pas à t'excuser. j't'ai laissé en plan dans ma propre chambre d'hôpital, pour mieux me faire dégommer par une infirmière. » peu importe, elle s'était évadé quand même, c'était le principal. « si y en a un qui devrait s'excuser, c'est mon père. » mais faut pas trop rêver, hein ? elle attrape les fleurs, « merci. » recule à l'intérieur du duplex. « j'ai des aspirines, si tu veux pour ta tête. » elle sait pas trop où elle va avec ça. courtoisie, culpabilité pour sa réaction de la dernière fois ? peu importe, si tu veux te barrer, fais le dawie, elle t'en voudra même pas.

t'es un mec tellement gentil, à écouter les conseils de maman pour éviter d'faire de la peine à cette "soeur". ça t'semble pas juste à faire tout ça alors que la vraie, skylar elle est dans le coma depuis un mois sans que tu puisses y faire quelque chose. tu serais mieux dans sa chambre d'hôpital à attendre qu'elle se réveille plutôt que de t'faire violence en venant jusqu'ici. faut qu'tu passes au dessus, qu'est-ce qui t'arrive dawie ? jamais tu t'es montré aussi hostile contre quelqu'un, à croire que c'est adhara la cause de tous tes malheurs. scar t'avait dit que t'étais obligé à rien, que t'en savais plus sur ta famille mais qu'à aucun moment t'avais signé un contrat t'forçant à devenir un moon à plein temps. c'est l'retour du karma. vu son état normal qu'ils lui soient tombé dessus, la meuf était une momie vivante quand elle avait pris la poudre d'escampette. tu sens ton corps se tendre quand elle mentionne son père, mais 'tes soulagé qu'elle le présente pas comme étant l'votre. c'est pas moi qui dirait l'contraire. mais elle a raison, vous êtes que des victimes collatérales des conneries d'un gars qui a pas réussi à garder son p'tit oiseau dans sa cage, et puis maman sears qui craque dès qu'on lui fait les yeux doux. ew. t'as moins l'impression d'être sur un ring d'boxe à l'affronter, surtout quand tu remarques finalement qu'elle a l'air prête à s'faire une soirée netflix toute seule, toi t'arrives pile au bon moment on dirait. la panique quand elle recule et te propose quelque chose pour ta tête. l'plan initial c'tait que tu la trouves, tu dises pardon et tu repartes. c'tait une blague la mal de crâne, j'fais souvent des blagues. quand t'es content, même quand tu déprimes, tu déconnes constamment dawie. mais là ça sort plus comme un triste aveu, parce que vous vous connaissez pas, elle rigole pas avec toi adhara comme c'est l'cas avec skylar. t'hésites, jettes un coup d'oeil de l'autre côté avant d'passer le cap et de rentrer dans l'antre de la moon. t'es toute seule ? y'a pas genre ta famille entière cachée dans les placards qui attend pour m'sauter dessus ? parce que ça sent l'traquenard, elle te fuit à l'hôpital et là elle t'ouvre sa porte, chelou un peu.

ouais, peut-être qu'elle a mal géré la situation. c'est même une certitude. et d'habitude, adhara, elle a tendance à travailler plutôt bien sous pression, mais pas ce genre là. celui ou, en l'espace de dix minutes chrono en main, on t'apprend 1) que ton père a été infidèle à ta mère et 2) que t'as de ce fait un demi frère donc tu n'as jamais connu l'existence. donc oui, elle a fuit comme une gamine de six ans sur le moment. et probablement que le karma a voulu un peu se venger de son comportement d'enfant. alors elle tente de se rattraper, l'étoile. hausse les épaules en se détournant vers l'entrée de son appart. vous êtes des victimes. elle, lui, le reste de sa fratrie, aussi. évidemment qu'elle en a parlé aux autres. à ses soeurs, en priorité. et alors que le brun avoue avoir parlé de mal de crâne pour blaguer, adhara hausse les épaules. « ah.. désolé. » d'habitude, elle est plus drôle que ça, elle aussi. mais elle te connaît pas, dawie, tu sais. elle sait pas lire en toi comme en luna par exemple, tout comme toi au fond.. tu la connais pas. tu sais rien, d'adhara. pourtant il entre. suit la petite silhouette qui slalome dans son appartement et s'autorise un rire à ta question. « et toi, tu me demande pas si je suis seule pour mieux me tuer et cacher le corps ? » elle regarde par dessus son épaule. finit par répondre tout en se dirigeant vers sa cuisine, sort une tasse pour retourner sur son objectif : chocolat chaud. chantilly. bouffe. « j'suis toute seule, pas de traquenard. promis. » elle désigne sa tasse. « j'allais m'faire un chocolat chaud, tu veux peut-être boire quelque chose ? ou te sauver en courant, j't'en voudrais pas non plus hein. » elle commence à mettre le lait à chauffer sagement, et se risque à demander, à supposer, même, vu sa présence : « t'as parlé à ta mère ? »

dawie petit animal effrayé qui est attentif au moindre son suspect, et si jamais les moons ils étaient tous là, le clan au complet pour te réduire au silence à tout jamais ? bon vu adhara ils doivent pas être géant dans la famille, tu pourrais carrément poser ton coude sur sa tête sans qu'elle ait à se baisser. mais tu restes sur tes gardes en la suivant, prêt à dégainer ta meilleure prise de karaté si quelqu'un venait à sortir de l'ombre en te tendant les bras et à t'appeler 'fils' ou 'frère'. mots interdits si ça vient pas de ton côté, de ta véritable famille. han han, pas d'psychologie inversé, j'suis clairement la cible ici. t'agites l'index pour désapprouver son hypothèse. comme si t'avais jamais pensé à la faire disparaître ... oups ? tu marches sur l'qui-vive, dawie en mission d'infiltration, jusqu'à ce qu'elle propose quelque chose à boire, là c'est ton ventre qui prend l'dessus. avec de la cannelle et de la chantilly ? instant d'égarement durant lequel tes yeux brillent de milles feux, t'en saliverais déjà si tu rencontrais pas l'regard d'adhara, te rappelant que ici tu es en territoire ennemi, l'envahisseur moon venu jouer sur tes terres à toi, le rightful américain. gentil d'me proposer la fuite maintenant que t'as fermé la porte. tu t'moques un peu, t'es coincé ici pour l'éternité et même plus, tu vas devenir la bestiole de compagnie de sa famille, le sang mêlé, l'impur, l'bâtard. aïe, toutes les fois où t'as entendu ses insultes à l'école, douloureux d'y repenser. ta bouche qui se pince quand elle parle de ta mère, c'est vrai que t'es là pour combler les désirs de la seule et l'unique. mouais. tu marmonnes comme un enfant pris sur l'fait, si c'est pas triste à ton âge de devoir encore lui rendre des comptes. heureusement que tu l'aimes de tout ton petit coeur de voyou à deux balles. ça lui a fait un choc. t'avoues en baissant la tête sur tes pieds. et tu lui avais surtout fait promettre de rien dire à celian et skylar. mais c'est la seule à savoir pour l'instant avec mon meilleur pote, j'ai rien dit à personne d'autre. même ta roro d'amour elle sait que dalle, ça craint non ?

qu'est-ce qu'elle fout ? elle en sait pas grand chose, à vraie dire. curiosité à assouvir, bonne conscience à se donner pour le paternel ? elle sait pas ce qu'elle attend de lui ou même si elle attend quoique ce soit. mais ça a pas l'air d'être un mauvais gars, dawie. alors peut-être est-ce simplement adhara et sa tendance naturelle à être sympa avec les gens qui parle. gamine trop sociable. « si mon paternel cherche à te faire disparaître, il le fera pas en passant par chez moi, sois rassuré. » luna ou ozzie, pourquoi pas hein, n'importe qui dans la famille moon à vraie dire. mais addie, ça fait des années qu'elle a pas parlé à papa moon, alors autant dire que dawie se trouve dans un safe space. et clairement, elle fait mouche la brune, quand elle mentionne le chocolat chaud. le sucre, valeur sûre et universelle. « avec tout ça, ouais. » dit-elle tout en sortant une seconde tasse. parce que là, si elle a lu entre les lignes, c'est parce qu'elles étaient aussi grosses que dans des cahiers pour enfants. « une porte ça s'ouvre tu sais ? promis j'ai pas verrouillé et mis la clé dans ma poche. » elle récupère le lait chaud - et madame elle anticipe, elle en avait déjà mis suffisamment pour deux - et remplit les deux tasses, question calme pour amener le sujet qui fâche. « normal, en même temps, suffit de voir nos réactions. » eux, ils refusaient d'y croire. elle, elle pensait probablement avoir laissé tout ça derrière elle. et dawie, il a parlé qu'à elle et son meilleur pote. addie elle hausse une épaule. verse le chocolat dans les tasses, la cannelle, avant d'aller prendre la chantilly dans le frigo. « j'en ai parlé qu'à mes sœurs. » montagne de chantilly et encore un peu de cannelle avant de glisser la tasse sur le bar. « c'est chaud. » précision, qu'il pense pas qu'elle essaie de le brûler de l'intérieur. poupée qui récupère sa propre tasse et contourne le bar pour aller se poser dans son canapé. « on est un peu vieux de toute façon pour rattraper le temps perdu comme dans les films et que je t'appelle bro. je pense qu'on est tous les deux d'accord là dessus. » mais est-ce que, pour autant, ils sont obligés de se fuir ? la poupée lève ses yeux noirs vers son invité impromptu, demande avec une pointe de curiosité dans la voix : « t'as.. jamais cherché à savoir qui était ton père ? »

clairement tu serais encore capable d'monter dans la camionnette d'un inconnu si il t'propose une sucette, mais tu t'penses vraiment en terrain hostile ici. pourtant à vu d'nez adhara elle doit pas être plus grande qu'roxane, mais justement, c'pas la personne que tu crains l'plus en même temps ? elles sont dangereuses les femmes, sous leurs airs faussement doux et délicats, tu l'devines le couteau qu'elle peut sortir du tiroir quand elle t'propose un chocolat. t'amadouer pour mieux te neutraliser. tu vas finir dans une fosse sceptique ? dévoré dans une ferme par des porcs ? ou alors tailler comme des sushis ? respires dada, tu vas nous faire une syncope à te torturer l'esprit comme ça. fais comme d'habitude, et penses à rien, ça devrait pas être compliqué. tu t'mets dans la peau d'un mentalist, à observer chacun de ses faits et gestes pour déceler l'faux pas qui t'indiquera quand fuir, t'armer d'un coussin et crier à l'aide. les yeux qui vont d'la tasse au lait chaud, de ses mains qui préparent ton dernier breuvage, puis à ses traits trop asiatiques quand elle t'révèle que t'es pas un homme piégé. j'te laisse le bénéfice du doute, et puis j'pourrais toujours l'enfoncer si j'suis coincé. t'as vu cette carrure adhara ? ça c'est du bestiau qui soulève cent-vingt kilos au développé couché, mais qui fond aussi en larme quand son p'tit orteil embrasse l'angle d'un meuble. faut que tu te rationalises dawie, pour une fois t'arrives même à t'fatiguer tout seul, ça sert à rien, s'tu dois mourir ici bah ... ainsi soit-il hein. ouais, surtout qu'ça fait des années qu'elle en avait pas entendu parlé. tu tends l'bras comme aimanté par l'chocolat fumant qui était suffisant pour t'faire oublier toute la méfiance que tu pouvais éprouver depuis le début. tasse que tu portes à tes lèvres, stoppé par son avertissement qui résonne dans ton esprit et aussi par l'annonce qui a finalement fait l'tour de ta tête. vous êtes combien ? enfin y'a combien d'enfants moon ? une seule c'tait pas assez déjà ? il avait chaud l'père, l'envie de procréer. déjà un dawie, une adhara et minimum deux soeurs, ça en fait des bambins ça. t'restes planté près du bar, bien qu'le canapé il t'appelle, il a l'air comfy af, mais comme elle vient d'le dire vous êtes plus des enfants à rêver d'avoir une belle et grande famille. disons que- souffle doucement sur la tasse tandis qu'une éclaboussure vient te brûler la joue, la grimace qui t'interrompant avant que tu ne reprennes quand tu l'essais d'un revers de la main. j'pars du principe qu'il m'a abandonné, pourquoi j'voudrais en savoir plus ? et ça s'arrête là, toi tu parles pas aux gars qui assument pas leur gosse.

méfiance et apprivoisement, pourquoi au final ? elle sait pas, et elle est pratiquement sûre qu'il sait pas non plus. à croire qu'une curiosité automatique anime des deux côtés, au point qu'ils continuent à parler. à se découvrir, se dévoiler tout en pudeur mais sans agressivité. l'étoile laisse apparaître l'ébauche d'un sourire à la remarque de l'homme, hausse une épaule tout en regardant par dessus son épaule, en direction de la porte. « évitons, je crois que ce genre de porte, c'est pas donné. » la poupée n'est pas du genre à compter son argent, mais pas non plus à le gaspiller. sauf, peut-être, le loisir de s'offrir un si grand duplex pour elle seule. et si d'apparence la poupée se montre calme, y a cette boule qui se manifeste dans le creux de son ventre, quand ils parlent de tout ça. de la trahison du père, de l'abandon du demi-frère. terme qui pique encore sur le bout de la langue, tant et si bien qu'elle préfère ne pas le dire. probablement qu'il préfère ça, lui aussi. « pas étonnant, pour que nous aussi on en entende pas un mot.. » et c'est probablement ça qui l'a le plus blessée, la poupée. le silence, l'ignorance, les questions sans réponses. est-ce que sa mère sait, ou bien dennis moon garde-t-il ce secret pour lui seul ? questions sans réponses, au risque de créer la discorde. et quand bien même la poupée n'est-elle plus en contact avec ses parents, qu'elle n'irait pas jusque semer la zizanie dans le couple moon. pas pour eux, non. pour sa fratrie, plutôt. « on est cinq. j'ai un frère aîné, un petit frère, une petite soeur, et ma jumelle. » fratrie moon pour laquelle l'étoile soulèverait des montagnes. tout pour eux, adhara. et alors qu'elle s'installe dans le canapé, il reste debout près du bar. la poupée hausse une épaule. « le canapé est grand, il te mordra pas. » épaule qui se hausse avec décontraction, alors qu'il répond à sa question. et la réponse, elle est légitime. lippes de la brune qui se pince pour ne former plus qu'une ligne fine. « ouais, je vois. » elle recule pour appuyer son dos au fond de sa place, tasse chaude entre ses doigts. regard perdu sur la table alors qu'elle réfléchit avant d'avouer : « j'aurais probablement réagi de la même manière pour être honnête. » et voilà que la nouvelle lui était tombée dessus. coup de massue. « ça vaut pas grand chose puisque je suis pas lui, mais... » elle soupire, prend une cuillère de chantilly - le sucre, ça rassure - avant de dire : « désolé que mon père aie été un con avec ta mère. » parce que c'est ce qu'il a été, right ?

terrorisé, il est passé où l'quaterback sur le terrain qui hésite pas à foncer à travers des mecs qui font l'double de son gabarit ? là tu ressembles plus à une souris prise au piège, pourtant adhara elle a rien du chat qui veut te torturer avant de t'engloutir pour t'faire disparaitre à tout jamais. elle y croirait si on venait lui dire que t'étais un insouciant, prêt à t'associer à n'importe qui parce que t'aimes l'monde ? manque de chance pour elle, fallait qu'elle soit associée à l'unique chose qui t'faisait sortir de toi, te rendait à fleur d'peau comme une bête effarouchée. tu pourrais faire un malaise, ici sur ce comptoir qui risquerait de te fracasser le crâne dès que tu perdrais connaissance, la gueule en plein sur la surface brillante, brûlée également au premier degré par ta tasse d'chocolat. mais vous êtes limite une équipe d'soccer. exagération, pourtant cinq personne ça t'semble fou. tu compte sur tes doigts, trois filles plus skylar, deux mecs et celian ... du jour au lendemain tu passes à quatre soeurs et trois frères, enfin demi. putain merci d'pas les avoir connu avant, t'aurais été ruiné pour les noëls et les anniversaires, l'cauchemar. coup d'oeil bref vers le canapé, yeux plissés durant ton analyse, y'a clairement assez d'place pour que tu t'y glisses sans avoir à supporter une proximité gênante. et alors de toute ta grâce, ta finesse, cette légèreté qui t'es connue, tu t'laisses tomber à une des extrémités. l'cacao qui envahie ta bouche et séduit ton palais, t'en oublierais presque où t'es avec ce souvenir d'enfance réconfortant. bah t'sais, c'est pas grave au fond, c'est pas comme si c'tait le seul au monde à faire ça. t'es pas l'enfant le plus malheureux du monde, t'as grandi avec une mère aimante qui s'est toujours souciée d'vous, prête à tout pour ses petits bâtards. j'ai un frère et une soeur moi, on a tous un père différent, dans la famille on est habitué à pas avoir d'père. c'est banal pour toi, quand les enfants préparaient les cadeaux pour la fête des pères, toi t'en profitais pour un faire un pour ta mère, comme ça elle en avait deux fois dans l'année. et c'pas à cause de toi qu'il a fait ça, c'tait déjà un grand garçon, il savait très bien ce qu'il faisait. tu tournes la tête vers elle, aucun d'vous n'est coupable, seulement des victimes des bêtises des adultes.

équipe de soccer ? les yeux s'agrandissent par dessus la tasse. « n'exagérons rien, à la limite.. une petite team bowling ? » moue sur les lippes féminines, elle hausse une épaule d'un air désinvolte, mais le rebord de sa bouche se retrousse pour laisser apparaître un fin sourire. parce qu'il a pas tort, comparé à la moyenne, la famille moon est.. vaste. pas de sa faute si le paternel a été productif avec sa mère... et de toute évidence, pas qu'avec elle. et c'est ça le pire, c'est que quand elle regarde dawie, addie, elle peut pas s'empêcher de se poser la question fatidique : est-ce que c'est le seul ? est-ce qu'elle a d'autres frères cachés sur la planète ou dans le fin fond du kentucky, des soeurs ? et pourtant dawie il est là, dans toute sa grâce, à se laisser tomber dans le canapé une fois certain qu'il ne le mangerait pas. à dire que c'est pas le seul au monde à faire ça. migne renfrognée de la poupée. « c'est pas eux qui méritent la tasse "father of the year", c'est clair. » amertume qui perce dans la voix quand elle se rappelle qu'elle a offert cette tasse à son paternel, à onze ans. si elle pouvait, elle irait la chercher pour la casser. attentive, elle écoute le brun expliquer qu'il a un frère et une soeur. pères différents. abandon quotidien. « je vois. au moins, vous pouvez compter les uns sur les autres. » tout comme adhara sait qu'elle peut compter sur ses frères et soeurs. ils sont toujours là, alors même que les parents ne le sont plus. ont tourné le dos à l'étoile pour mieux fixer d'autres cieux. « je sais, mais.. » mais vous avez le même âge, elle et toi dawie. et addie, elle peut pas s'empêcher de se dire que son père est probablement revenu pour elle et luna. qu'il l'a laissé pour elles. père modèle.. facade en papier mâché. elle secoue la tête. reprend une gorgée chocolatée. « je sais. » conclusion qu'elle appose avant de déposer sa tasse sur la table basse. « merci pour ta franchise dans tout ça, en tout cas. parce que c'est le genre de truc qui peut facilement exploser et.. j'crois qu'on s'en sort pas trop mal. » elle sait pas trop comment ils s'en tirent, mais a priori, c'est sans éclats de voix.