drunk in love ♦ naëlle

J'ai passé la soirée avec ma cousine, une des nombreuses victimes de cet accident de métro qui a eu lieu lorsqu'on est revenus de Nouvelle Calédonie, à boire du vin et à rire sur des potins. Pendant ce temps là, je savais que Naëlle était avec une bande de mecs en blousons de cuir et grosses motos. Je lui fais confiance, et j'espère juste qu'elle ne va pas arriver à trois heures du matin, ronde comme une queue de pelle. Je suis revenue vers minuit trente chez moi, et j'ai retiré mon jeans et mes converses alors que j'entendais sonner à l'interphone. Ca devait être ma belle motarde qui a enfin pu se libérer de sa réunion du MC dans lequel elle s'est engagée. Alors j'ai déverrouillé la porte d'entrée et je l'ai attendue comme ça, contre l'encadrement de la porte, en souriant. Je l'avoue, je suis un peu plus joyeuse que d'habitude. Quand je la vois arriver, dans sa grosse veste de cuir, je la trouve vraiment canon. « Si j'avais su, je serai venue avec toi dans ta réunion de bikers. » dis-je alors, en sautant dans ses bras pour l'embrasser.

J'étais au Holy Motors toute la soirée, avec les gars, à boire quelques bières et à déconner. Je suis la seule femme du MC pour le moment, et je ne vois aucune différence entre eux et moi. La réunion s'est terminée il y a peu, et j'avais envie de voir ma belle brésilienne. Alors j'ai grimpé ma moto, enfilé mon casque et j'ai roulé jusqu'en bas de chez elle, comme souvent. Elle m'avait prévenue qu'elle passait la soirée avec sa cousine, et en arrivant là, je n'étais pas sûre qu'elle s'y trouve. Et pourtant, à peine mon doigt avait-il frôlé l'interphone que celui-ci annonçait que je pouvais entrer. Alors je me suis engouffrée dans le hall, puis les escaliers, avant de la trouver contre l'encadrement de sa porte, presque dévêtue, et visiblement, très heureuse de me voir, puisqu'elle me sautait directement dessus. « Je vois que t'as passé une bonne soirée, mon amour. » dis-je en souriant, après l'avoir embrassée en retour. Je la gardais dans mes bras pour rentrer dans son appartement, et refermais sa porte d'un coup de pied.

Mon Dieu que j'aime entendre le son de sa voix, l'entendre me dire que je suis son amour, me sentir belle et importante sous ses yeux. Sentir son parfum mélangé à l'odeur de l'extérieur me donne envie de m'endormir comme une enfant, juste comme ça, mais je ne le ferai pas, parce que je veux profiter d'elle, de sa présence, de sa voix, sa chaleur, et ça même si elle sent la bière. Je ris légèrement quand elle fait allusion à mon taux d'alcoolémie positif. « Oh, tu sais. Une soirée entre filles avec une bouteille de vin. » avouais-je avec un sourire alors qu'elle me ramène à l'intérieur de chez moi. « Et toi alors, ta soirée bières, potes et motos ? » demandais-je en plantant mon regard dans le sien, avant de caresser son visage et de me détacher de ses bras pour l'aider à retirer son gros blouson. « Tu m'as jamais dit que tu avais une moto. Tu me la montreras ? » demandais-je doucement, avant de me rendre dans la cuisine pour sortir de quoi grignoter pour nous deux.

Un léger rire venait trahir mon silence. Je savais bien qu'elle n'était pas dans le même état que d'habitude, ça me faisait penser à notre première soirée en Nouvelle Calédonie, avec le jet-lag et les quelques cocktails qu'on s'est tous enfilés ce soir là. « Ca a parlé potins et un peu de moi ? » dis-je en souriant avant qu'elle ne me demande, de manière plus ou moins directe, comment s'était passée ma soirée, et peut-être même en quoi elle consistait. « Des bières, des motos et des mecs. On a écouté du vieux rock sur un jukebox, on a parlé mécanique et ce genre de trucs. » dis-je en souriant, en ne lâchant pas son regard. Je retire ma veste avec son aide et je la bazarde sur une chaise, alors qu'elle évoque ma bécane. « C'était un cadeau de mon père. Elle est en bas, tu la verras demain si tu veux. Sinon, j'ai une photo quelque part. » dis-je en souriant, alors que je la regarde se rendre dans sa cuisine. Ca tombait vraiment bien étant donné que j'ai l'estomac dans les talons. « Tu m'as manqué, tu sais ? » dis-je en souriant.

Même si elle a raison, que j'ai pas mal parlé d'elle à ma cousine, je lui lance un sourire amusé, et un regard assez défiant. « Tu crois que t'es mon unique centre d'intérêts ? » Je laissais planer un léger silence avant de rire. « Bon, c'est vrai, j'ai un peu parlé de toi. » Je n'ai aucune culpabilité à l'avouer, alors je souris bêtement. Quand elle me parle de sa soirée, j'ai du mal à comprendre ce qui a bien pu prendre autant de temps là-dedans. Un léger regard méfiant dans sa direction. « Tu me le dirais si y avait des filles ? » demandais-je, une pointe de jalousie dans la voix, que je n'arrivais pas à dissimuler. Alors qu'elle évoque sa moto, je sens qu'elle a une certaine émotion vis à vis de son père. C'était la première fois qu'elle me parlait de lui, et il fallait que ce soit pour un deux roues. « Avec plaisir. Et je veux bien voir la photo, en attendant demain. » En voyant son regard quand je me trouve dans la cuisine, je comprends rapidement qu'elle n'a pas mangé ce soir et que de simples grignotages n'allaient pas suffire. « Tu veux que je te prépare quelque chose, mon coeur ? » demandais-je en souriant, avant d'attacher mes cheveux avec une pince.

J'aime pas ce regard défiant, et j'ai du mal à comprendre son léger pique. Je suis quelque peu surprise, et j'ouvre la bouche, sans qu'aucun son ne sorte, jusqu'à ce que son rire ne rende l'atmosphère moins bizarre, au point que je reprends mon souffle. « Pendant un instant, j'me suis sentie trop mal ! Refais plus ça. » dis-je en riant très légèrement, encore un peu déboussolée. Mais mon instant de doute se dissipe relativement vite, quand j'entends une pointe de jalousie dans sa question. Un sourire en coin se dessine sur mon visage. « Et prendre le risque de me faire passer un savon ? » répondis-je, avec une pointe de défi dans la voix, avant de la regarder comme une enfant. « Promis, y'avait pas de filles, rien de dénudé, rien de répréhensible. Que des potes qui boivent des bières en parlant de moteur, carburateur, alternateur et autres drôleries mécaniques. » souriais-je doucement. Je sortais alors mon téléphone et fouinais dans ma galerie pour trouver la photo avant/après de ma Indian, où on me voit en compagnie de mon père. Enfin..bref. Je lui tends alors l'appareil en souriant. « Voilà la bête. On fera un tour dessus, un de ces quatre. » souriais-je le moins tristement possible. Il se trouve bien plus franc quand elle me propose de me préparer quelque chose à grailler. Je la regarde longuement alors qu'elle attache ses cheveux, avant de sourire. « Seulement si j'peux te manger après. » ricanais-je doucement, avant de la rejoindre dans sa cuisine et de poser mes lèvres dans sa nuque et de passer mes bras autour d'elle. « Tu veux que je t'aide, d'ailleurs ? »

Dans mon envie de la taquiner, je me suis rendu compte que j'étais allée un peu trop loin, j'ai senti l'angoisse et la peur. Je m'en suis voulu, un peu. Je voulais la rassurer, beaucoup. Alors j'ai souri tendrement, avant de poser mes lèvres sur sa peau. Son rire était faux. « Promis, je recommencerai plus. Désoléééée. » dis-je en souriant. Puis elle vient attiser ma jalousie, et c'est de bonne guerre avec le coup que je lui ai fait juste avant. Si j'avais eu des fusils dans les yeux, je crois qu'elle serait actuellement criblée de balles. « Tu te fous de moi ? » grognais-je, avant qu'elle ne me regarde avec ses grands yeux azurs. J'étais un peu plus détendue, mais je gardais cet air renfrogné. « Mouais... Je vais essayer de te croire, cette fois. Mais fais gaffe. » marmonnais-je. Il fallait que j'apprenne à lui faire confiance, et ça allait venir avec le temps. J'attrapais son téléphone et regardais l'écran, sur lequel je voyais une Naëlle à peine sortie de l'adolescence, fière de sa bécane, et celle d'elle et d'un homme de grande stature, son bras par dessus son épaule, et cette même moto bien plus éclatante. « C'est ton père, avec toi ? C'est vrai qu'elle vaut le coup d'oeil, comme toi à l'époque. » dis-je en souriant, avant de remarquer sa mine un peu triste. Heureusement, elle retrouve rapidement sa bonne humeur, et me rejoint dans la cuisine en plaquant son corps contre le mien, pour mon plus grand plaisir. « Tu peux faire ce que tu veux de moi... » dis-je en souriant, avant de sortir quelques choses de mon placard, avant de lui faire face. « Mon coeur, je peux te demander quelque chose ? » fis-je, d'une voix des plus mielleuses.

Sonnée. Voilà ce que j'étais. J'ai tenté de rire, mais je n'en avais pas le coeur. Et ça s'est visiblement vu, puisqu'elle a fini par s'excuser, ce qui me fit sourire un peu mieux. J'aime pas la sentir coupable, mais j'aime quand elle s'efforce de se montrer si mignonne. « Tu sais comment faire pour te faire pardonner. » dis-je en riant doucement. Sa jalousie bien titillée, et c'est un juste retour de flamme pleinement assumé, je dois avouer que j'adore sa réaction. « Un peu. » ricanais-je fièrement. Malgré tout, je remarquais que la confiance n'était pas encore le point d'encrage de notre relation. Je peux le comprendre, avant même qu'elle ne soit au courant de mon passé relationnel. « Promis. Je t'enverrai des photos de nos réunions si tu veux. » Instaurer un climat de confiance entre nous. Je dois tout faire pour que ça roule, même si j'ai perdu la main. Quand elle me pose des questions sur la photo, je ressens une sorte de pincement au coeur. Habituellement, je m'en fous. Mais pas ce soir. La voix un peu nouée, je prends le temps de répondre malgré tout. « Ouais, c'est lui... Crois moi, je suis mieux maintenant. » avouais-je dans un léger rire. J'essaie d'être au plus près d'elle, pour penser à autre chose qu'à cette nouvelle que je ne digère pas. Ces mots qu'elle me dit, ils me font du bien, et c'est exactement ce dont j'ai besoin. « Vraiment tout ? Pour l'instant, je veux juste rester là, avec toi. » dis-je en souriant. Il viendra plus tard, le moment de folâtrer. Et quand elle me fait face, avec ce ton mielleux, je penche légèrement la tête sur le côté. « Euh ouais, dis moi ? »

Je la préfère ainsi, souriante et de bonne humeur. Je ris doucement quand elle dit que je sais comment me faire pardonner. « Et encore, t'as rien vu. » répondis-je en souriant, avant de passer doucement ma langue sur ma lèvre inférieure. Je soupire une fois qu'elle avoue qu'elle s'est foutue de moi, mais dans un sens, je préfère cela. Vaut mieux qu'elle me taquine, plutôt qu'elle me mente. Je croise les bras un instant, comme agacée, avant de sourire. « C'est une idée que j'aime bien, ça. Et vous allez vous réunir souvent ? » demandais-je, un peu décontenancée à l'idée de la voir s'envoler tous les soirs ou toutes les semaines dans son garage, entourée de mecs, qui doivent certainement aimer les call-girls et autres joyeuseries. Quand je parle de son père, je vois son visage qui change. Sa voix n'est pas aussi enjouée que d'habitude, et surtout, elle expédie le sujet rapidement. « Qu'est-ce qui se passe, avec ton père ? T'as pas l'air bien, d'un coup. T'as toujours été canon, de ce que je vois. » finis-je par avouer dans un sourire. En effet, il doit bien avoir quelque chose qui cloche. Elle saute toujours sur l'occasion quand je fais ce genre d'allusions et là, elle me dit juste qu'elle veut rester là, comme ça. Je suis surprise, mais c'est tout de même agréable. Je lui prépare donc un petit plat, et une fois toutes les choses prêtes à cuire, j'attends qu'elle me relâche un peu. « Je veux adopter un chaton... Tu viens avec moi demain ? S'il te plait, dis ouiiii... » dis-je en la regardant tendrement, mes mains sur sa clavicule et un petit sourire en coin.

Je reconnais bien là ma jolie brésilienne. Sensuelle et séduisante, séductrice même. Elle a le don de me faire penser à des choses bien plus agréables que ce petit jeu qu'elle a mis en place à mon arrivée. Comme quoi, tout bascule souvent en quelques minutes. « Intéressant... » répondis-je simplement, en souriant en coin. Pour ce qui est des réunions, je sentais une sorte d'inquiétude dans sa question. Alors je passais délicatement mes doigts dans ses cheveux, avec un sourire. « En vrai, j'en sais rien. C'était la première ce soir, et on est prévenus quelques jours avant. Donc je te le dirais en avance. » murmurais-je contre ses lèvres avant de les embrasser tendrement. Je ne voulais pas entendre cette question, et pourtant, elle l'a posée. J'essaye de fuir son regard, avant d'esquisser un léger sourire. « Rien, on s'est pas parlés depuis... quatre ans. J'suis un peu... chamboulée. » Je récupère mon téléphone, avant de quitter ma galerie, sans poser un seul regard sur cette photo mensongère. Je me sens protégée contre elle. Elle met une sorte de barrière entre moi et mes émotions, et ça me fait du bien. Pourtant, je sais que je dois m'en décoller pour assouvir les désirs de mon estomac. Mais avant que je ne me bouge, elle me parle d'aller adopter un chaton. Je ris légèrement, en m'étant attendu à tout sauf à ça. « Ouais, si tu veux. Si y'a qu'une boule de poils pour te rendre un peu plus heureuse, je signe. » répondis-je en souriant, avant de me décaler pour la laisser passer.