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Doit-on se fier aux apparences
...ou chercher à comprendre les travers?
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Milo Novak ✧ Jane Monroe
Milo Novak ✧ Jane Monroe
Le voyant bouger, mes yeux suivent ses mouvements sans pour autant en amorcer, ne sachant pas s'il désire partir, fermer la discussion ou tout autre. Au lieu de quoi, je me retrouve plutôt dans ses bras. Un peu surprise, son merci se glisse au creux de mon oreille en me tirant un doux sourire. Sans prononcer un mot, je resserre simplement l'étreinte d'une pression passagère. Pour lui signifier que ce n'est rien. Pour lui rappeler que je suis là ou du moins, que je tenterais de l'être s'il a besoin de moi.
Le laissant se redresse, je me raidis un peu lorsqu'il m'attrappe les bras, mais ne manque pas plus d'un respire, étouffant la panique naissante et sans lieu d'être puisqu'il n'y a pas la moindre méchanceté qui pointe dans le regard de mon ami à cette instant. Bien au contraire d'ailleurs, il a le regard doux, affichant une certaine tristesse ou même des remords face à son histoire ou peut-être la mienne.
Un faible hochement de tête approuve sa déduction. Peut-être que c'est le cas, oui. Peut-être pas aussi. Puisqu'IL n'est jamais revenu et que je n'ai pas vécu cette confrontation. Puisque je n'ai pas eu à faire face à des réponses que je ne suis peut-être pas encore capable d'entendre. Mais une part nous semble commune : la douleur lié à la disparition. A-t-il subi la même amertume? Ça, je ne sais pas, mais est-ce que ça se dit vraiment?
- La méritais-tu plus? Le questionnais-je directement, avec léger sourire compatissant au coin des lèvres. Je ne pense pas, affirmais-je sans attendre qu'il ne réponde, ne voulant pas l'entendre se remettre le poids du monde sur les épaules.
Ce n'est pas une question de mérite ou non si Neal est sorti de sa vie ou si Charles est sorti de la mienne. Un citation d'un vieux film, entendu en reprise avec de la musique me revient en tête et j'en baisse la tête, me perdant dans mes pensées un instant. "we're all in our private traps, clamped in them, and none of us can ever get out." "Sometimes... we deliberately step into those traps." "I was born into mine. I don't mind it anymore." J'étais née dans la mienne. Et contrairement à ce personnage, ça continuait de me dévorer par moment. Me faisant me demander si j'arriverais un jour à m'en extirper totalement, sans que le passé ne vienne m'y replonger.
J'étais bien prête à croire Milo qu'avoir les réponses n'apportaient finalement pas grand chose, peut-être était-ce pourquoi j'avais arrêté de les chercher désespérement, passant les différents stades d'acceptations avec l'idée que je n'aurai jamais de confirmation à ces doutes pesants que je trainais et qui parfois revenait me prendre à la gorge. Avec le temps, ils s'étaient épuisés, se faisait moins fort, moins présents, s'estompaient. Depuis que j'étais à Boston, ça ne m'étais pas tellement revenu en tête, les souvenirs matériel avec lui étant pour la plupart restés dans ma chambre lorsque j'étais partie en vitesse. Peut-être était-ce mieux ainsi en fait.
- Tu n'as pas besoin de t'excuser, affirmais-je. Tu avais besoin de cette réponse, expliquais-je. Et peut-être que j'avais aussi besoin de te la donner, avouais-je en penchant la tête, mon sourire vacillant légèrement. Une fracture semblable peut-être aider à en guérir une autre?
Un regard vers la cuisinière m'apprend que la carafe d'eau que j'avais mis a bouillir est arrivé à terme depuis un moment et que je ne m'en suis pas rendu compte, la laissant refroidir simplement sur le comptoir sans jamais me verser de thé, trop prise par la conversation et le manque d'envie de me séparer de Milo dans de telles circonstances, même si ce n'est que pour quelques pas. Pesant les diverses propositions, je reviens vers les pupilles de Milo, lui offrant un sourire un peu plus habituel.
- Tu veux marcher un peu? Lui proposais-je. Je n'ai pas très faim, mais il y a un café plus loin qui accepte les chiens, je profiterais pour le sortir, indiquais-je en ayant un mouvement vers Haïku qui ne s'est pas vraiment éloigné depuis le début et qui relève déjà la tête d'envie au mot "sortir".
Posant les pieds au sol, je m'éloigne tranquillement du comptoir, mais tends la main vers Milo pour savoir s'il me suivra ou non. S'il ne veut pas y aller, on peut tout aussi bien faire autre chose, mais je me dis simplement que ça peut être d'une pierre, deux touches. Goûter la température extérieur nous fera peut-être du bien au moral ou les changera-t-il au moins un peu comme il semble le vouloir. S'il arrive à rire d'ici à ce qu'il reparte, ce sera une grande victoire.
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mots : 777 • nightgaunt
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