alaska&driss • on s'évite... plus pour longtemps.

Ma nuque, mes épaules jusqu'à mes doigts, se raidirent, j'étais cramponné à sa table, toujours posté devant elle, elle qui ne levait pas les yeux vers moi depuis le début. Elle avait beau m'envoyer tout ça à la figure, son regard était de marbre malgré l'énervement apparent. Je ne suis pas du genre à insister, mais pour une fois, mes arguments commençaient à la toucher, je le sentais dans ses gestes. Impressionnant en même temps, à dix-huit ans avoir une telle attitude, c'était preuve d'une maturité inégalable. ça devenait clair et peut-être que je n'aurais pas du tant insister, mais la glace était enfin briser et ce que j'avais découvert méritait toute mon attention. “Non, j’ai jamais insinue ca.” son visage c'était pâlit, un point sensible venait d'apparaître et au fond, j'espère ne pas avoir a entendre une réponse négatif à ma question. Ces mots étaient plutôt bon signe et je ressentis un certain soulagement. mais qu'allait être la suite dorénavant ? Cet énième silence, elle semblait perdu. plusieurs choses se bousculaient dans ma tête, sa sensibilité me faisait succomber, mais sa fragilité me bloquait. Comme une ami, je l'aurai prise dans mes bras, comme un amant j'aurai posé mes lèvres sur les siennes pour la rassurer mais en tant que connaissance, comme elle me l'avait si bien démontré, je ne ferais rien je peux te faire une promesse là, tout de suite. jamais je ne te mentirais. me méfier d'elle ? Je devrais peut-être mais son comportement m'indiquait le contraire, cette peur que l'on se serve d'elle, elle me l'avait bien transmise. oui, tu me plais.

En une fraction de minute, j’etais passee de la fille avec de l’assurance qui savait ce qu’elle voulait et qui avait de la repartie, a la fille qui ne savait plus quoi dire, qui etait perdue, qui etait plantee sur ses pieds completements petrifie. Changement radicale de comportement, autre chose que je detestais. Quand j’etais sur scene et que je dansais, je savais exactement ce que je devais faire, chaque pas, chaque port de bras, chaque combinaison, chaque execution etait minusieusement calcule et je l’excutais avec justesse sans fautes, sans maladresses. Dans la vraie vie, les choses ne se deroulaient pas telles quelles. Ce n’etait pas une simple routine de danse qu’il fallait suvivre a la lettre. On faisait des rencontres, des rencontres qui changent notre vie, qui nous font devier du chemin qu’on s’etait predefini a suivre. Driss avait juste justement ete cette rencontre, celle qui changeait tout. Je me levais de ma chaise. J’etais face a lui maintenant, sans echappatoire. Pourquoi faire de toute facon? A quoi que je fuis maintenant alors que je lui avais dis, alors le mur que j’avais forge entre nous venait d’ecrouler. Plus rien ne comptait de ce qui s’etait passe avant, il n’y avait plus de marches arrieres a faire. je peux te faire une promesse là, tout de suite. jamais je ne te mentirais. est-ce que je pouvais vraiment lui faire confiance? De ce que j’avais vu, aujourd’hui, oui, il n’etait pas comme les autres mecs que j’avais rencontre. Meme si j’avais peur, quelque chose me disait que je pouvais lui faire confiance. oui, tu me plais. Je hochais la tete automatiquement, completement muette. Je ne m’etais jamais retrouve sans voix. Bon sauf peut-etre la fois au bal de promo avec mes deux frères mais c’etait vraiment une autre situation. “Je sais plus quoi dire la…”

“Je sais plus quoi dire la…” Elle s'était levé de sa chaise, encore un pas vers moi ce qui me rassurait de plus en plus. La carapace qu'elle m'avait imposé depuis le début semblait disparaître peu à peu, mais là voir, devant moi c'est un énorme pas. Mes paroles l'avaient touché, ma sincérité avait été mise à rude épreuve mais quand on veut quelque chose, on se donne les moyens d'y arriver. Ma devise depuis des années, et ce n'était pas une saute d'humeur qui allait me faire changer d'avis. Je ne savais pas quoi ajouter de plus, en faire trop ou pas assez, il fallait maintenant trouver le juste milieu pour ne pas lui redonner l'envie de fuir. Mon sourire était dans le seul but de la rassurer, ses grands yeux me fixaient enfin sans retourner machinalement sur des notes inutiles.
J'avance ma main de son visage pour décaler une de ses mèches tombant sur son visage. Mes intentions étaient bonnes, cette fille n'est pas comme les autres, plus je passais du temps avec elle, plus je savais que je ne devais pas passer à côté. Je m'accrochais de plus en plus et je commençais à savoir ce qu'il allait arriver. moi je pense qu'on devrait, au lieu de se fuir, déjà passer plus de temps ensemble, si tu es d'accord. oh oui pitié, plus d'ignorance. et surtout continuer de faire connaissance, comme ça tu n'auras plus peur de moi ajoutais-je ironiquement. et qui sait, en sortant de cette pièce, peut-être qu'on pourrait repartir ensemble.

J’etais comme transfixee. J’avais l’impression qu’on venait de me coller les pieds sur le sol avec de la superglue, incapable de bouger ne serait qu’un millimeter. Cependant, je voulais m’avancer, et m’approcher de lui. Je m’etais moi-meme imposée cette distance et malaise entre nous. J’etais reponsable de tout cela, alors je devais essayer de l’arranger. Je savais que cela allait etre dure, ne plus le fuir, le voir et lui parler normalement. Cependant, il fallait que je prenne sur moi et que je le fasse, parce que j’avais pas vraiment envie de le perdre. Mon regard etait toujours posé sur lui, incapable de retirer mes yeux de lui. Soudain, je vis sa main s’avancer vers mon visage. En temps normal, j’aurais recule pour eviter le contact, aussi minimal qu’il aurait pu etre. Seulement, je restais inerte le laissant me remettre une meche de cheveux en arriere. Sans que je me rends compte ma main vient rejoindre la sienne sur le cote de mon visage. Pour la premiere fois depuis longtemps, ma peau rencontrait a nouveau en contact avec la sienne. C’etait different cette fois-ci. Je me demandais pourquoi j’en etais venue a faire cela. Un geste automatique? Je ne sais pas, et au fond, au point ou j’en etais, j’en avais plus rien a faire. Quand on franchissait les obstacles, plus grand chose ne comptait vraiment. C’etait un peu comme les sentiments. On avait beau vouloir ne pas les avouer, mais une fois que c’etait fait, a quoi bon retourner sur ses pas si ce n’etait que pour se retrouver dans le deni totale et ne pas souffrir encore plus. moi je pense qu'on devrait, au lieu de se fuir, déjà passer plus de temps ensemble, si tu es d'accord. J’hochais la tete sans rien dire. A quoi bon fuir alors que tout etait mis a nu maintenant? et surtout continuer de faire connaissance, comme ça tu n'auras plus peur de moi. Je laissais echapper un petit rire. Je n’avais pas specialement peur de lui. J’avais peur de ce qui m’attendait, peur que j’allais me faire jeter, peur de me faire avoir. J’avais le droit de l’avoir cette angoisse après tout. et qui sait, en sortant de cette pièce, peut-être qu'on pourrait repartir ensemble. Un petit sourire s’affiche alors sur mon visage. Ca faisait tout de meme du bien d’avoir tout mis au clair. C’est comme si on venait de me retirer un poids enorme du coeur. Je me sentais mieux maintenant, plus autant panique. “D’accord...” murmurai-je toujours pas sure de mes paroles.

Les choses c'étaient rapidement arrangées finalement, et tout de pouvait être que mieux par la suite. La suite ? On ne l'a connait pas encore, mais je savais que plus j'avancerais vers elle, plus je m'accrocherais. Bonne ou mauvaise chose, je m'en fous, je suis sûr que dorénavant, je suis là pour elle quoi qu'il arrive entre eux. Je scrutais son visage, ses grands yeux bleus qui me regardent me déstabilisent mais je ressens quelque chose. Heureux, ouais j'suis heureux d'être coincé ici, avec elle, heureux d'être avec elle. J'ai la particularité de ne jamais avoir eu peur de montrer ou dire mes sentiments; force ou faiblesse au moins je suis honnête. La jeune femme hoche la tête et souris à mes remarques, elle paraît imperturbable et sûre d'elle, ce que, au fond, j'attendais. J'ai pas pour habitude de penser aux autres dans ses moments là, j'suis perdu comme une égoïste et je ne pense plus qu'à cette personne en face de moi, à la suite, ce que je pense de tout ça. Ce travail que je devais faire, oublié. Mes affaires au fond de la salle, maintenant tout me paraissait centré autour de nous.
Un contact venant d'elle, sa main venait de rencontrer la mienne, mouvement impulsif que je savais sincère, Alaska venait enfin vers moi d'elle même et je ne comptais plus la lâcher. Je garde sa main dans la mienne lorsqu'elles retombent et spontanément je l'attire vers moi. nous sommes proche maintenant, je peux sentir son parfum. Le silence était encore trop présent, mais je commençais à comprendre sa manière de fonctionner, avec le temps elle serait peut-être plus bavarde. maintenant il faut qu'on trouve comment sortir

Je n’etais pas sure de ce qui allait se passer maintenant, de comment notre relation allait evoluer, ni dans quel sens tout cela allait prendre. Je savais seulement qu’a partir de maintenant fuir ne servait plus a rien, que c’etait inutile de s’ignorer d’avantage. Je n’avais peut-etre pas assure la premiere fois en m’imposant toutes ses restrictions. Cette fois-ci, je voulais essayer de faire les choses d’une meilleure facon. Je ne savais pas encore comment j’allais m’y prendre, comment surpasser mes peurs mais j’allais y arriver. Pourquoi? Parce que je voulais que ca fonctionne, je voulais apprendre a le connaitre, je voulais savoir la suite des evenements. Je ne pouvais pas juste m’arreter la et tout laisser en suspens, j’en etais incapable maintenant. Ma main toujours dans la sienna, il m’attirait vers lui. A nouveau, j‘avais envie de fuir. Mon cerveau me disait de courier, de partir loin, de ne pas me lancer dans quelque chose dont je ne savais pas la fin. Mon coeur de l’autre cote me disait de me laisser faire, de m’ouvrir vers lui. La distance se resserait entre nous. Mes yeux etaient toujours rives sur lui, impossible de me detacher de lui. Je pouvais a present sentir son parfum. Un doux parfum qui me rassurait. Je n’avais pas a avoir peur. Petit a petit, je me sentais de plus en plus en confiance, meme si cette nouvelle proximite me mettait un peu mal a l’aise. maintenant il faut qu'on trouve comment sortir. Pendant l’instant de quelques minutes, j’avais completement oublie que la porte etait coincee et qu’il fallait essayer de trouver un moyen pour sortir de cette piece. Je reflechissais a un moyen. “T’as pas un couteau Suisse ou un truc dans le genre?” lui demandai-je. Il allait me prendre pour une folle, mais je l’avais fait assez de fois. En ayant grandis avec 2 freres, je peux vous dire que j’avais du trouver des moyens pour survivre a leur conneries.

elle n'avait pas reculé d'un pouce mais je sentais ses hésitations et elle avait le droit d'avoir peur malgré tout. Quand on va vers l'inconnue, que l'on a toujours fait exprès de ne pas s'ouvrir sentimentalement pour ne pas être blessé. L'histoire de l'âge devait jouer, mais j'aime à croire que cela ne change pas la manière d'être. Comme tout le monde le sait, les hommes deviennent matures bien plus tard que les filles. Je n'avais jamais eu l'impression d'avoir fait des choses puérils auparavant mais tout à toujours été comme ça, pourquoi est-ce que ça changerait ? La médecine apprends la rigueur et veut découvrir la vérité pourquoi mentir au contraire ? “T’as pas un couteau Suisse ou un truc dans le genre?” sa voix me ramena à la réalité, oui j'avais posé cette question, comment allons-nous sortir d'ici, mais en fait c'était juste pour combler ce silence. Sa question m'étonna tout de même, je n'avais jamais tenté d'ouvrir une porte avec un couteau suisse, mais Alaska avait l'air sûre d'elle, peut-être l'avait-elle fait auparavant. J'ai voulu éviter toute question embarrassante, elle avait ses propres dons, mis a part la danse. « je vais essayer de trouver ça » cependant, partir fouiller mes affaires impliquait de me séparer de sa main et je n'en avais pas envie, tant pis pour la porte, restons ensemble. Je m'en voulais un peu, mais mes émotions prenaient tout à coup le dessus. Je n'ai pas pu m'en empêcher, j'espère qu'elle ne m'en voudra pas, j'espère que ce n'est pas précipité. Ma main s'était spontanément retiré de la sienne mais pour se poser dans son cou, nous étions trop proche pour qu'elle m'évite subitement mais je me suis rapproché d'elle pour l'embrasser. Bonne idée ou pas, si je l'ai fais c'est pour une bonne raison. Cette fille m'attirait depuis le début, on s'en fous des points communs par milliers et de l'avis des autres. J'avais envie d'agir, et c'était le bon moment.

La vie est souvent definie par une serie d’evenements controles ou non. On decide de prendre un chemin quelconque a un croissement sans vraiment savoir ce qui est a la fin. On espere seulement que c’est quelque chose de bien et qui nous rendra heureux. La pluspart du temps c’est le cas. On arrive a la fin du chemin et on est comble, satisfait du chemin qu’on a trace. Puis il y a cette chance qu’a la fin de ce chemin, on s’est fait avoir et qu’on est malheureux. C’est alors ce moment-la qu’on aurait prefere faire demi-tour avant et d’avoir choisi l’autre chemin. Je pouvais encore faire demi-tour si je le voulais, je pouvais encore fuir, il n’etait pas encore trop tard. Cependant, est-ce que je le voulais, tout jeter a l’eau sans raisons, juste parce que j’avais peur d’etre blesse. On ne pouvait pas vivre dans notre bulle sans cesse par peur de souffrir. Quand on voulait quelque chose, il fallait s’y lancer meme si on etait pas sure du denouement. « je vais essayer de trouver ça » Je lui repondis avec un petit sourir m’appretant a resentir un vide dans ma main alors qu’il allait retourner chercher dans ses affaires. Au fond, je n’en avais pas envie, mais il fallait bien qu’on finisse par sortir de cette piece. Je ne voulais vraiment pas dormir ici, meme si j’etais en compagnie de Driss. J’allais justement faire demi-tour sur mes pas pour fouiller dans mon sac lorsque je sentis sa main se retire de la mienne et de venir se poser dans mon coup. Tout allait trop vite. Un coup, je le regardais completement perdue, le prochain, ses levres etaient posées sur les miennes. Je n’avais aucune idee quoi faire. J’avais ete prise par surprise, submerge par ce qui venait de se passer. Je fermais les yeux et fondais dans le baiser, repondant doucement a ses levres.

 Ce baiser, je l'attendais inconsciemment. Intense et agréable j'avais du la surprendre encore plus, mais elle ne recula pas. Mais tout cela pris fin à cause d'un bruit, dehors, quelqu'un venait de descendre ces foutu escaliers. Je ne me rappelai plus depuis combien de temps on s'était retrouvé coincés, le temps passe trop vite. Cette personne ouvrit la porte de l'extérieur, apparemment ça marchait de ce sens là. Je reculais mon visage, déçu de ne pas pouvoir continuer cet instant. Après quelques explications avec cet inconnu qui nous avait sauvé de la nuit à l'université. je regardais Alaska«je dois rentrer chez moi, on se retrouve ce soir ? » timidement nous nous étions retirés l'un de l'autre pour aller chercher nos affaires. avant de partir.

sujet terminé.