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Elle est venue te voir à l'université, seule d'abord. Et vous avez parlé, enfin elle a parlé, beaucoup, toi tu as rien dis, absolument rien dit. Elle t'a parlé des attentats, elle a dit ce qu'elle avait vu et qu'elle était venue te voir chaque nuit pendant que tu dormais. Mais tu ne sais, tu n'as pas voulu savoir pourquoi elle te disait ça. Elle t'a touché la main, elle t'a touché le visage aussi mais à chaque fois tu as reculé. Zéro mot, rien, tu n'as même pas dis bonjour, au revoir parce que la politesse était importante mais tu n'as rien dis, strictement rien dis. Alors elle t'a emmené à son hôtel pour parler plus facilement, comme si le monde extérieur te protégeait, tu n'as pas su dire non, alors tu es allé avec elle, tu as marché jusqu'à cet hôtel plutôt miteux et elle t'a demandé de l'argent, beaucoup d'argent. Mais toi tu avais rien, bien trop rien sur toi. Juste 5 dollars pour prendre le bus finalement. Pas de carte. Pas de liquide supérieur à 5 dollars pour quatre tickets de bus. Pas de chéquier. Rien du tout. Parce que c'est Sophia qui gère tes comptes et tu achètes jamais rien après tout. Alors, tu ne l'as pas vu venir, tu n'as jamais su combien de temps il est resté là à faire ça mais tu as tout pris, pleurant à chaudes de larmes, essayant de te calmer, essayant d'être fort mais il t'a réouvert des plaies guérris, il t'a encore plus détruit que tu ne l'es. Puis tu es sortit, tu ne sais comment, déposer devant l'université en silence, en pleine nuit. Tu finis par avancer, lentement, trop lentement à ton gout en directement d'une adresse que tu connais trop bien. Silence ragueur dans l'âme, tu as mal partout et tu continues de pleurer face à la violence de ses gestes. Un homme et une femme qui viennent de prendre la fragilité d'un autiste qui n'a rien demandé à personne. Difficilement, tu as une envie de te laisser aller. De Pleurer, de crier, de hurler, tu as mal, tellement mal, tu es brisé, tu ne veux plus que personne ne te voit comme ça. Et tu penses à ta soeur qui a du supporter cela pendant des années, tu ne sais pas comment. Tu arrives enfin devant son immeuble, levant la tête de ton sweat à capuche avant d'avancer. Heureusement, personne ne te voit, personne ne t'a vu et tu ne veux pas que cela en soit autrement. Ton père te tuerait et elle se vengerait facilement. Parce que te toucher c'est toucher à ta soeur et là toucher c'est bien te toucher. Le plus difficile reste à expliquer ça. Sauf que tu sonnes et personne ne répond, comme si elle était encore dehors. Alors tu t'assois, en silence, venant poser la tête contre le mur en silence. Tes envies de sommeil profond jusqu'à un non réveil te transporte et c'est ce qui est en train d'arriver, lentement, contre ton gré ..
@Deirdre M. Wheelan
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